Le scoop est relaté par tous les tabloïds anglais dans leur édition du mercredi 16 septembre 2009 : La société Trafigura accepte de verser des indemnités à toutes les victimes du déversement des déchets toxiques. Le négociant multinational en produits pétroliers dont les déchets toxiques avaient été déversés en Côte d'Ivoire en 2006, a annoncé, ce mercredi, avoir proposé un accord à l'amiable aux victimes. 31.000 victimes du Probo Koala s’étaient regroupées de façon à intenter une ‘’glass action’’ en droit anglo-saxon, c'est-à-dire un procès au civil pour une masse de demandeurs. Trafigura, dont le siège est à Londres, était poursuivi par ces victimes ivoiriennes, représentées par le cabinet britannique Leigh Day and co. Un procès en l’occurrence devant la Haute Cour de Londres était prévu, étant entendu que l’action pénale elle s’est éteinte l’année dernière avec le procès des déchets toxiques à Abidjan. Les dirigeants de Trafigura l’affréteur du Probo Koala avaient brillé par leur absence aux assises d’Abidjan en 2008, car la Chambre d’accusation avait estimé que les charges pesant sur eux étaient insuffisantes. Mais les victimes avaient hurlé au déni de justice au motif que Trafigura avait déjà justement conclu une transaction avec l’Etat ivoirien. Une transaction de 152 millions d’euros (100 milliards de FCFA) en échange de l’abandon des poursuites. Si donc la transaction que vient de proposer Trafigura est acceptée par les victimes, il n’y aurait plus de procès. Autre nouveauté dans ce dossier, c’est que les employés de la société Trafigura étaient au courant bien avant la pollution d’une opération chimique. Ces révélations viennent d’un échange de mails entre des dirigeants de Trafigura qui tendrait à prouver qu’ils étaient d’abord parfaitement au courant de la toxicité des déchets du Probo Koala et ensuite de leurs origines mexicaines. Selon la presse anglaise, ces révélations constituent bien entendu une pression sur Trafigura qui peut expliquer que le groupe anglo-néerlandais soit à présent disposé à lâcher du lest. Autre élément qui a pu jouer sur leur décision, c’est le rapport des enquêteurs des Nations Unies sur les déchets du Probo Koala qui, rappelons-le, ont fait officiellement 17 morts, 69 blessés et plus de 100.000 plaignants. Les rapporteurs des Nations Unies recommandent à l’affréteur de prendre toutes les mesures y compris financières pour assister les victimes. Ceci explique peut-être cela. Cet accord intervient, il faut le préciser, à quelques jours d’un procès qui promettait d’être très médiatisé. Selon plusieurs sources, l’affréteur veut à tout prix éviter de passer devant les tribunaux. Toujours selon le quotidien britannique The Independent, cet accord pourrait se compter en dizaines de millions de livres (plusieurs milliards de FCFA).
Olivier Guédé
Olivier Guédé