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Économie Publié le lundi 21 septembre 2009 | Nord-Sud

Tourisme : Grand-Bassam, les hôtels broient du noir

Grand-Bassam, la ville historique avec ses belles plages et nombreux réceptifs hôteliers, est en difficulté. Le tourisme balnéaire sombre dans la léthargie.

Pollution des rivages, absence d'une brigade de salubrité pour le nettoyage régulier, appareils métalliques dans les réceptifs hôteliers, insécurité au niveau de la baignade, insécurité liée au manque d'éclairage de la plage etc. Le taux de fréquentation des plages de Grand-Bassam baisse. Les touristes se font désormais désirer. Une situation alarmante pour les gérants d'établissements hôteliers. J.L, gérant d'un réceptif hôtelier en bordure de mer est amer. Il soutient qu'ils sont devenus des opérateurs économiques sinistrés. «Nous subissons la crise économique et nous sommes bloqués par les élections. La clientèle aujourd'hui à Grand-Bassam a considérablement changé. Ce sont les nationaux qui s'intéressent maintenant au tourisme. Or les vrais touristes venant de l'extérieur sont porteurs d'argent » raconte-t-il avec regret.

Beaucoup de plagistes mais peu de consommateurs

Aujourd'hui, avec le recul du nombre touristes étrangers, les rénovations ont été reléguées au second plan. «Les charges de fonctionnement d'un hôtel sont énormes et nous n'avons plus les moyens pour joindre les deux bouts», dit-il. Effectivement, l'édifice dont le passé glorieux ne fait l'ombre d’aucun doute, présente un pâle visage. Les appareils de climatisation sont frappés par la rouille. Les postes téléviseurs ont perdu leur éclat.
«Chaque mois, nous investissons entre 300.000 et 400.000 Fcfa pour l'entretien de l'hôtel », explique l'opérateur économique. Il note que les factures ne cessent de croître alors que le chiffre d'affaires enregistre une dégringolade dans l'ordre de 40%. Une catastrophe. Aujourd'hui, dans toute la région, il est rare de voir des hôtels de 200 chambres. L'économie touristique est sinistrée ». Comme J.L, la plupart des gérants des complexes hôteliers vivent la même galère. Toutes les initiatives, pour le moment, ont échoué. Par exemple, ni les travaux de rénovation mensuels destinés à maintenir le site attrayant, ni les prix abordables n'ont réussi à redonner vie à un secteur pourtant vital pour la région. Selon des spécialistes, le sel marin présente une menace pour les hôtels et restaurants situés en bordure de mer. Il a pour effet d'oxyder les éléments métalliques des bâtiments. Les portes et portails ne sont pas épargnés par ces contraintes liées à l'environnement.
A l'Etoile du Sud, hôtel quatre étoiles, les difficultés sont les mêmes. Les gérants se contentent des séminaires pour tenir la route. «Aujourd'hui, nous ne vivons que de séminaires et cérémonies. Mais depuis ces deux derniers mois, le nombre de séminaires a considérablement baissé parce que les organisateurs ont choisi de les tenir à Abidjan à cause des élections qui approchent. Notre souhait c'est que les élections se tiennent parce que quand le pays marche, l'hôtellerie se porte mieux. Nous prenons plus d'extra quand nous avons des activités. Nous souffrons et ne savons pas à quand la fin de notre calvaire et jusqu'à quand on pourra tenir. Il y'a les charges et les impôts », souligne Jacques Ablé, gérant de l'Etoile du Sud, ajoutant la mise au chômage de plus de 50% du personnel.
Jacky, gérant de la Madrague depuis plus de 20 ans est aussi frappé par la crise. Pour lui, comme l'éléphant, le tourisme est en voie de disparition. «Les activités ont considérablement chuté. En semaine, les chambres restent vides. Le restaurant aussi. Le circuit touristique a connu un frein », argumente-il.
Terresso, un restaurant également situé en bordure de mer n'a pas meilleur visage. L'hôtel construit sur le modèle des villages du Nord, est en état de ruines avancé. Les toits en paille sont presque dans l'ensemble, en lambeaux. Des travaux de rénovation ont débuté depuis le début du mois de septembre.
Grand-Bassam a une plage d'environ 20km, devenue un site touristique. Les week-ends et jours fériés, les populations des zones urbaines venaient s'y recréer. Les statistiques de ces cinq dernières années concernant l'exploitation des fichiers d'autorisation délivrées par la municipalité montrent que plus de 94% de la population qui fréquente le site vient du district d'Abidjan. 43% sont des associations ou des groupes de jeunes. 21% d'associations religieuses fréquente le site pour des retraites spirituelles. A cela s'ajoute les populations locales qui visitent également le site. Mais, ces nombreux flux ne profiterait pas assez aux réceptifs hôteliers car, selon les gérants, il y'a plus de cars que de véhicules personnels qui prennent d'assaut le site. Créant des embouteillages monstres à l'entrée du pont de la ville.


La politique de gestion défaillante

Le tourisme balnéaire peine à se développer faute de véritable politique. Les différents acteurs intervenant dans cette chaîne n'ont pas d'action concertée. Chacun mène ses activités selon son gré. Ce qui constitue un handicap pour le tourisme à Grand-Bassam. La police maritime chargée de contrôler la plage est orpheline. Selon le commandant Silué, il y'a un manque de moyen de locomotion pour la sécurisation des touristes et des nombreux plagistes qui affluent le long de la plage. Ce qui rend la tâche pénible. L'arrondissement maritime est responsable du domaine public maritime. Elle veille à la sécurité et à la sûreté des biens et des personnes dans la zone maritime de la ville. La maison du patrimoine culturel, géré par M. Assamoa About Aimé, est la structure pour l'instant qui gère le site en attendant qu'un office du tourisme soit mis en place.

Emmanuelle Kanga Correspondante régionale
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