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Politique Publié le lundi 5 octobre 2009 | Nord-Sud

Charles Blé Goudé, Pdt du Cojep (Auteur) : “On a voulu utiliser Affi N`Guessan contre moi”

Après la publication de son second ouvrage, «D'un stade à l'autre» chez Frat Mat édition, Charles Blé Goudé, président de l'Alliance des jeunes patriotes, du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep) et fondateur de Leader's Team Associated s'est confié à Nord-Sud Quotidien.


•Dans votre ouvrage, l'on est frappé par l'utilisation abondante de symboles. Vous comparez le stade de rugby de Marcoussis au stade de football de Bouaké. Du Ballon «déformé» d'un sport brutal peu connu en Afrique au ballon rond du foot très populaire qui fait rêver tous les enfants noirs. Vous mettez également face-à-face une ancienne puissance coloniale et votre pays. Pourquoi cette volonté d'opposer ces deux mondes ?

Pour ce qui est du symbolisme, il faut rappeler qu'en Afrique on parle beaucoup avec les images. J'affirme donc, à travers ce style mon africanité. Il y a aussi qu'on fait rarement attention aux réalités qui nous entourent. Moi, j'étais au stade de Bouaké lors de la cérémonie de la flamme de la paix. C'est sur le chemin du retour, alors que j'échangeais avec des amis que l'idée d'écrire ce livre m'est venue. Nous avons commencé à le mettre en forme. Notre but n'est pas d'opposer deux mondes. Dans ce livre tout bouge. Tout est comparaison, tout est opposition, tout est choc des contraires pour que triomphe la conscience africaine. Je parle ainsi du rugby : Pour dénoncer le fait qu'on ait enfermé dans un stade de rugby avec pour entraineur M. Pierre Mazeaud, les plus hautes autorités de mon pays. L'ancien Premier ministre de la Côte d'Ivoire, Alassane Dramane Ouattara qui, quoiqu'on dise, a quand même participé à sa manière au développement du pays. L'ancien président Henri Konan Bédié, le président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, le Premier ministre en son temps, Affi N'Guessan… n'ont même pas eu droit à une salle de conférence. C'est dans ce stade d'entrainement qu'on les a enfermés. Un lieu par définition où l'athlète vient pour prendre des ordres, des consignes qu'il doit appliquer. Voilà comment je résume cela. Je crois que c'est à dénoncer.


•Votre vision du rugby est assez réductrice dans cet ouvrage. Non ?

En tout cas, vous trouverez rarement des enfants africains dans les villages en train de pratiquer ce sport. Tout petit, on jouait tous au football. C'est arrivé au collège qu'on a découvert le rugby. Ce sport n'est pas dans nos mœurs. Alors, tout ce qui sort d'un tel cadre ne pouvait qu'être rejeté. Lorsqu'on s'est retrouvé à Bouaké dans le stade de Football, la magie était que tous ceux que vous voyiez dans ce lieu étaient ceux qui s'affrontaient dans les rues. Les armées que vous avez vues dans le stade et dont les éléments étaient côte-à-côte en train d'assurer la sécurité du président Laurent Gbagbo et du Premier ministre Guillaume Soro, s'affrontaient dans les savanes et dans les forêts. Leurs leaders eux-mêmes s'affrontaient. Dans les tribunes, nous avons vu aussi le président Gbagbo et le président Compaoré assis côte-à-côte. Eux qui n'avaient plus de rapports de fraternité depuis un certain temps. Ce sont des preuves qui montrent qu'on a bien fait de passer physiquement d'un stade de rugby à un stade de football. On est également passé théoriquement d'un stade de face-à-face à un stade de côte-à-côte.


•Justement, vous parlez d'un face-à-face qui a abouti à un côte-à-côte. Quelle place accordez-vous à MM. Ouattara et Bédié dans cette seconde situation qui semble mieux vous ravir ?

Il faut revenir aux origines de la crise. C'est M. Guillaume Soro qui a revendiqué la rébellion. C'est donc lui, si l'on veut être honnête, qui s'est opposé au président Gbagbo. MM. ADO et Bédié ont dit ne pas se reconnaître dans cette rébellion. ADO a même précisé qu'il n'a pas la tête d'un rebelle. Moi je ne connais pas les dimensions de la tête d'un rebelle en tout cas. Mais, c'est pourquoi quand je parle, je ne parle que de Guillaume Soro et du président Gbagbo. Maintenant, peut-on dire que MM. ADO et Bédié sont aussi passés du face-à-face au côte-à-côte ? Ils étaient opposés hier. C'est M. Bédié qui a pris un mandat d'arrêt international contre Alassane Dramane Ouattara pour interdire sa candidature. Et en retour, M. Ouattara a utilisé le général Robert Guéi pour renverser le président Bédié. Ils étaient opposés mais aujourd'hui, ils sont au sein d'une formation qu'on appelle le Rhdp (ndlr, Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Mais là encore, je ne peux pas appeler cela un côte-à-côte. Voilà Djédjé Mady qui vient d'essuyer la honte à Kong. Le Pdci aussi prépare la riposte dans sa base. Finalement, est-ce que réellement MM. Ouattara et Bédié sont dans un côte-à-côte ? Je ne le crois pas. Sinon, ils auraient pu s'entendre pour aller en rangs serrés face à leur adversaire.


•Dans le livre, vous opposez également deux époques. Celle des «fils à papa» et celle «des papas à fils» dans laquelle vous citez le président Laurent Gbagbo, les footballeurs Didier Drogba, Yaya Touré mais certainement vous-même. Vous insistez comme si vous célébriez une vengeance sur la première époque où vous étiez des mal-lotis.

Non ! Je fais tout simplement une dénonciation. C'est une dépréciation de l'ancienne époque que je fais. Je veux dire que j'encourage plutôt la jeune génération à se bâtir sur des valeurs à partir de leur propre travail.


•Vous n'avez pas un brin de rancune contre les fils à papa de l'époque ?

Non, je ne saurais avoir de rancoeur. C'est une fierté pour moi aujourd'hui et pour mon pays de savoir que la coupe d'Europe qui est un trophée de valeur a été saisie par les mains du chef de l'Etat ivoirien grâce à un jeune homme qui a à peine la trentaine et qu'on appelle Touré Yaya. Le papa de Yaya Touré Gnégnéri a franchi le portail de la présidence de la République. Il est venu y célébrer son fils. Donc, il est allé au sommet de l'Etat grâce à son fils. Par le temps passé, c'était le schéma contraire. Ce sont les enfants qui arrivaient au sommet de l'Etat grâce à leurs parents. Aujourd'hui on dira voici le papa de Touré Yaya. On dira voici la maman de Baky Koné. C'est de tout cela que je veux parler. Cette nouvelle génération de jeunes qui se réalisent eux-mêmes et qui sont issus de familles modestes. Je préfère cela, parce que quand vous créez une richesse vous-même, vous en connaissez la valeur et vous savez l'utiliser. Vous en êtes fier. C'est pourquoi j'ai dédié ce chapitre à mes propres enfants en leur demandant de se réaliser eux-mêmes. Ce n'est donc pas par rancœur que je l'écris. J'encourage le travail, je célèbre le travail. C'est tout !


•Vous célébrez le travail en demandant à chaque jeune de se hisser au sommet en faisant son propre lit. Finalement, cette course au leadership à tout prix que vous préconisez ne va-t-elle pas occasionner l'anarchie dans le pays?

Non, on peut se réaliser soi-même sans être leader. C'est cela que je voulais dire. Je n'encourage pas tout le monde à être leader. Le monde est organisé et il est hiérarchisé. Touré Yaya s'est battu pour son équipe, Barcelone, qui a remporté la coupe d'Europe. Il n'est pas le capitaine de Barcelone. Regardez aujourd'hui son grand frère Kolo Touré qui est le capitaine de Manchester City en Angleterre. Voir un jeune ivoirien occuper un tel poste est une fierté pour nous tous. C'est notre ambassadeur. Je veux donc dire que dans tel ou tel domaine, chacun doit réussir à se réaliser. Si vous êtes un balayeur, je vous encourage à être un bon balayeur. Quand vous êtes un maçon, je vous encourage à être fier et à devenir un bon maçon. Nous sommes en train de construire une patrie. Chacun fait son travail et on sera tous fiers de notre patrie la Côte d'Ivoire. C'est cela que j'encourage.


•Vous revenez également sur l'accord du «Café de Versailles» qui a permis lors des audiences foraines d'éviter un bain de sang consécutif à la discorde entre les militants du parti au pouvoir et ceux de l'opposition. S'agissait-il là du dialogue direct, version Blé Goudé et jeunes de l'opposition ?

Oui, nous avons fait notre dialogue direct en son temps. On a pris de la hauteur. Nous avons mis de côté notre orgueil et nous nous sommes retrouvés.


•Vous montriez déjà la voie aux aînés ?

On l'avait dit dans notre déclaration que nous invitions les aînés à créer un cadre de travail pour se retrouver et parler des difficultés qui entourent les audiences foraines. Nous avons lancé l'appel. En son temps, nous avons été reçus par le Premier ministre Charles Konan Banny. Après, nous avons également été reçus par le chef de l'Etat lui-même. Karamoko Yayoro de la jeunesse du Rdr s'est assis avec Blé Goudé proche du président Gbagbo. Mais personne n'a changé de camp. Nous avons discuté. KKB, président de la jeunesse du Pdci-Rda a échangé avec Blé Goudé et on a parlé de la Côte d'Ivoire. Là encore, personne n'a changé de camp. Stéphane Kipré en son temps, président de la jeunesse du Mfa d'Anaky Kobena a parlé avec Blé Goudé. C'est à cela que nous encourageons les uns et les autres. C'était le sens que nous voulions donner à cette rencontre historique.


•Au sein du Front populaire ivoirien, des responsables se sont plaints de cette initiative estimant que vous avez agi en solitaire ?

Je ne veux pas rémuer le couteau dans une plaie à peine cicatrisée. Je pense que le livre est là. Et tout ce dont vous parlez est à l'intérieur du livre. J'ai même donné une interview à l'époque. Tout cela s'y trouve. J'invite les uns et les autres à lire.


•Est-ce que la mauvaise qualité de vos rapports avec le président du Fpi, Pascal Affi N'guessan ne trouve pas son origine dans cette initiative du «café de Versailles» qui a été vue comme une défiance ?

Tout cela est aujourd'hui derrière. Par devoir de mémoire, l'interview et tout ce que je pense être ma pensée sont contenus dans le bouquin. Il y a eu des convulsions. C'est normal. Il y en a qui n'ont jamais compris notre position. Dans le livre je le dis d'ailleurs. Je me suis considéré comme un maître qui donne un cours dans une classe à des élèves. Le maître a affaire à trois catégories d'élèves. La première catégorie, c'est celle qui comprend tout de suite quand le cours est donné. La deuxième catégorie, c'est celle qui a besoin d'étudier pendant plusieurs jours, plusieurs semaines avant de comprendre. Et la dernière catégorie, c'est celle qui ne comprendra jamais. Celui qui donne le cours ne doit pas se décourager pour autant. Il doit continuer la pédagogie pour faire passer son message. Et je pense qu'aujourd'hui tout le monde a compris que notre démarche était le chemin.


•Quels sont aujourd'hui vos rapports avec M. Affi N'guessan et les autres hauts responsables du Fpi?

Nous avons de très bons rapports les gens du Fpi et moi. A la veille d'échéances aussi importantes que les présidentielles, nous tous qui nous reconnaissons au président Laurent Gbagbo, nous avons compris que l'intérêt se trouve dans le rapprochement. Je mets surtout en avant le fait que le président Affi N'guessan, président du Fpi a été Premier ministre. Il est mon père. Je lui dois respect et considération. Dans les faits, Je n'ai jamais eu de problèmes avec lui. Mais j'ai eu beaucoup de problèmes avec des gens qui pensaient se servir de lui pour régler des comptes à Blé Goudé. Mettez-vous à sa place. On vous fait croire que ce jeune homme ne vous respecte pas, qu'il est ceci, qu'il est cela. Automatiquement, vous vous serez braqué. Aujourd'hui, en tout cas lui et moi nous parlons beaucoup. Parce qu'il fait partie de ceux qui sont fiers de moi.


Interview réalisée par Djama Stanislas
Coll : BKI
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