Le Palais de la culture de Treichville s'est vêtu de ses meilleurs habits, samedi, pour le concert de Johnny Pacheco. Le troisième du genre à Abidjan après ceux de 1966 et de 1974. 35 années après donc, la légende vivante de la musique afro-cubaine, revisitait les bordures de la lagune Ebrié.
Il est exactement 18h. Pile poil. Le décor est majestueux. La cinquantaine d'hôtesses arborant des tricots « Concert Johnny Pacheco » illumine les allées de la salle Bernard Dadié. Le public arrive au compte-gouttes. Il est à majorité composé de personnes du troisième âge. Il y en a de toutes les couleurs. De toutes les nationalités aussi. Péruviens, Colombiens, Espagnols, Français, Africains et Ivoiriens guettent l'arrivée du maestro. La nuit tombe sur Abidjan et l'effet éolien sur la lagune est maîtrisé. Sur la scène, on s'active. Les derniers tests sont effectués. Ça promet ! Près de nous, le professeur Aliou, président de l'Université de l'atlantique et amoureux de la musique afro-cubaine, est enthousiaste. « Pacheco est dominicain et non Colombien… », Commence-t-il par préciser. Avant de s'épancher : « Il a bercé mon enfance. C'est un artiste qui appartient au temps qui lui a conféré son talent. En vinyle, j'ai la totalité de sa discographie. Johnny Pacheco ne cessera pas d'être le plus grand aux côtés d'Abelardo Barrosso, Rafael Laï, Benimoré et autres Celia Cruz… ». Le public grossit. Il s'impatiente aussi. Il est maintenant 19h. Les « Fanias All Stars », le groupe qui accompagne Johnny Pacheco, sont là. Tous vêtus de chemises blanches, ils se préparent pour mettre le « fuego » (le feu). Marcos Quintani est à la basse. Luis Rodriguez à la guitare acoustique. A la Conga, on retrouve Willy Romero. Le Bongo est confié à Willy Fernandez. Les trompettistes Roberto Rodriguez et Steve Cruz semblent d'attaque. Comme premier chanteur, il y a l'expérimenté Gorge Maldonado. Le jeune mais non moins talentueux, Reyera, est le second chanteur. Bamba Bakary, le maître de cérémonie, s'empare du micro, entretient le public et raconte : « ce concert est un cadeau pour les gens de ma génération. J'ai tout fait pour que ce monument de la musique afro-cubaine, vienne. Cela avec le soutien logistique, matériel et financier de Balliet Bléziri Camille et de Yves de M' Bella… ». 19h10mn. Alors que tout semble prêt pour l'arrivée du maître, Bamba Bakary, ressort en flèche de la cabine pour annoncer que Johnny Pacheco exige une chaise avant de monter sur scène. Il aurait mal à une jambe. La chaise arrive mais retourne d'où elle est venue. « Trop petite… ». Pardon ? « Non, trop basse », explique Bamba Bakary. Finalement, quatre chaises blanches seront superposées pour le bonheur de l'artiste. 19h12 mn. Apparaît (enfin) Johnny Pacheco. Le jeune homme de 77 ans n'a pas changé. Tout juste se déplace-t-il difficilement, soutenu par sa canne noire. Lui-même est habillé d'un pantalon noir, d'une chemise manche longue noire et de souliers de la même couleur. Seule sa chevelure, abondante, est blanche. L'arrangeur, l'auteur, le compositeur, l'interprète, le flutiste, le trompettiste, le directeur musical, le producteur, la bibliothèque, le monument (ouf !)… est bien présent. Le public se lève et lui offre un standing ovation. L'émotion est là ! Johnny Pacheco continue de faire rêver tous ces Salseros. Un Européen, assis là-haut, hurle « Musique ! ». Il est écouté. Après la deuxième chanson, coup d'arrêt. Bamba Bakary demande aux cameramen postés dans tous les coins de la salle de ranger leurs cameras. Le manager de Juan Pablo Pacheco Knitting « Johnny» (une dame) rappelle qu'aucune clause du contrat signé ne fait cas de prises de vues. La parenthèse est fermée. Bien encadré par Reyera et Maldonado, Johnny Pacheco se régale et régale. Il ne lâche pas sa célèbre flûte. Le public est aux anges. Ça danse partout. De vrais pas de Pachanga comme nous n'avions jamais vu… Lorsque les premières notes de « Guantanamera » se font entendre, c'est l'extase. Bamba Bakary explique que Johnny Pacheco veut voir de bons danseurs sur la scène. Entraînés par les belles mélodies, les plus audacieux se présentent. Une chanson est spécialement dédiée à Abidjan. Les flashes d'appareils photos se succèdent. Les dernières chansons sont « Carabine », « Flavito » et « Acuyuyé ». Il est 21h09 mn. Le doyen est épuisé. Il se retire. Son épouse le soutient. Remarque, à aucun moment il ne s'est assis sur la chaise qu'il avait pourtant exigée. « Pacheco est éternel ! Il est inoubliable… », répète mécaniquement le professeur Aliou, heureux de ces deux heures passées « au paradis ».
Guy-Florentin Yaméogo
Il est exactement 18h. Pile poil. Le décor est majestueux. La cinquantaine d'hôtesses arborant des tricots « Concert Johnny Pacheco » illumine les allées de la salle Bernard Dadié. Le public arrive au compte-gouttes. Il est à majorité composé de personnes du troisième âge. Il y en a de toutes les couleurs. De toutes les nationalités aussi. Péruviens, Colombiens, Espagnols, Français, Africains et Ivoiriens guettent l'arrivée du maestro. La nuit tombe sur Abidjan et l'effet éolien sur la lagune est maîtrisé. Sur la scène, on s'active. Les derniers tests sont effectués. Ça promet ! Près de nous, le professeur Aliou, président de l'Université de l'atlantique et amoureux de la musique afro-cubaine, est enthousiaste. « Pacheco est dominicain et non Colombien… », Commence-t-il par préciser. Avant de s'épancher : « Il a bercé mon enfance. C'est un artiste qui appartient au temps qui lui a conféré son talent. En vinyle, j'ai la totalité de sa discographie. Johnny Pacheco ne cessera pas d'être le plus grand aux côtés d'Abelardo Barrosso, Rafael Laï, Benimoré et autres Celia Cruz… ». Le public grossit. Il s'impatiente aussi. Il est maintenant 19h. Les « Fanias All Stars », le groupe qui accompagne Johnny Pacheco, sont là. Tous vêtus de chemises blanches, ils se préparent pour mettre le « fuego » (le feu). Marcos Quintani est à la basse. Luis Rodriguez à la guitare acoustique. A la Conga, on retrouve Willy Romero. Le Bongo est confié à Willy Fernandez. Les trompettistes Roberto Rodriguez et Steve Cruz semblent d'attaque. Comme premier chanteur, il y a l'expérimenté Gorge Maldonado. Le jeune mais non moins talentueux, Reyera, est le second chanteur. Bamba Bakary, le maître de cérémonie, s'empare du micro, entretient le public et raconte : « ce concert est un cadeau pour les gens de ma génération. J'ai tout fait pour que ce monument de la musique afro-cubaine, vienne. Cela avec le soutien logistique, matériel et financier de Balliet Bléziri Camille et de Yves de M' Bella… ». 19h10mn. Alors que tout semble prêt pour l'arrivée du maître, Bamba Bakary, ressort en flèche de la cabine pour annoncer que Johnny Pacheco exige une chaise avant de monter sur scène. Il aurait mal à une jambe. La chaise arrive mais retourne d'où elle est venue. « Trop petite… ». Pardon ? « Non, trop basse », explique Bamba Bakary. Finalement, quatre chaises blanches seront superposées pour le bonheur de l'artiste. 19h12 mn. Apparaît (enfin) Johnny Pacheco. Le jeune homme de 77 ans n'a pas changé. Tout juste se déplace-t-il difficilement, soutenu par sa canne noire. Lui-même est habillé d'un pantalon noir, d'une chemise manche longue noire et de souliers de la même couleur. Seule sa chevelure, abondante, est blanche. L'arrangeur, l'auteur, le compositeur, l'interprète, le flutiste, le trompettiste, le directeur musical, le producteur, la bibliothèque, le monument (ouf !)… est bien présent. Le public se lève et lui offre un standing ovation. L'émotion est là ! Johnny Pacheco continue de faire rêver tous ces Salseros. Un Européen, assis là-haut, hurle « Musique ! ». Il est écouté. Après la deuxième chanson, coup d'arrêt. Bamba Bakary demande aux cameramen postés dans tous les coins de la salle de ranger leurs cameras. Le manager de Juan Pablo Pacheco Knitting « Johnny» (une dame) rappelle qu'aucune clause du contrat signé ne fait cas de prises de vues. La parenthèse est fermée. Bien encadré par Reyera et Maldonado, Johnny Pacheco se régale et régale. Il ne lâche pas sa célèbre flûte. Le public est aux anges. Ça danse partout. De vrais pas de Pachanga comme nous n'avions jamais vu… Lorsque les premières notes de « Guantanamera » se font entendre, c'est l'extase. Bamba Bakary explique que Johnny Pacheco veut voir de bons danseurs sur la scène. Entraînés par les belles mélodies, les plus audacieux se présentent. Une chanson est spécialement dédiée à Abidjan. Les flashes d'appareils photos se succèdent. Les dernières chansons sont « Carabine », « Flavito » et « Acuyuyé ». Il est 21h09 mn. Le doyen est épuisé. Il se retire. Son épouse le soutient. Remarque, à aucun moment il ne s'est assis sur la chaise qu'il avait pourtant exigée. « Pacheco est éternel ! Il est inoubliable… », répète mécaniquement le professeur Aliou, heureux de ces deux heures passées « au paradis ».
Guy-Florentin Yaméogo