Des mots, de la rhétorique, de belles images mais aussi de la bonne ambiance. Il y en avait, hier, à satiété, au Palais de la culture de Treichville, autour de “Dire bien. Dix ans de mots qui témoignent…”. Une collection de chroniques linguistico-politiques publiées entre 1997 et 2007 dans les quotidiens La voie et Notre Voie par Koné Dramane (Ed. Vallesse), qui y était dédicacée sous le haut patronage du président de la République, Laurent Gbagbo. “Dans notre pays, chacun a son rôle à jouer. Et le linguiste Koné Dramane a joué son rôle. Il explique aux Ivoiriens ce que veulent dire les mots. Les mots que nous prononçons indiquent ce que nous sommes”, s’est félicité le chef de l’Etat ivoirien, tout en tournant en dérision certains leaders politiques nationaux ayant ignoré le pouvoir des mots. En outre, Laurent Gbagbo a soutenu que «Koné Dramane, à travers son ouvrage «donne une clé pour aller au-delà de ce qui est dit» parce qu’on peut utiliser «un mot comme un bouclier et comme un masque». Convaincu que Koné Dramane aura encore de la matière à la faveur de la période électorale prochaine, le chef de l’Etat a proposé que tous les mots utilisés pendant la crise ivoirienne soient consignés dans un ouvrage. Par ailleurs, le président Gbagbo a justifié sa présence à cette cérémonie par le fait qu’il s’agit de Koné Dramane dit Tchègba. «Il a été mon ministre, il est universitaire avec qui j’ai milité dans le même parti (FPI, ndlr) mais surtout mon ami. Je suis fier de lui. Tout a été dit. Il y a longtemps qu’on attendait que ce livre paraisse», a martelé le chef de l’Etat. «Le sens est tiraillé dans tous les sens» Bien avant, Koné Dramane a exprimé sa reconnaissance au chef de l’Etat pour l’avoir encouragé à écrire ce livre et a salué sa sagesse de Cicéron qu’il tient d’ailleurs «en amitié». Il a également saluéle symbole de la résistance et de la liberté qu’incarne, a-t-il insisté, Laurent Gbagbo. Il a eu les mêmes mots pour le parrain de la cérémonie, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Koulibaly Mamadou, «qui fait des Koulibaly, un nom d’auteur et d’acteur». Il a surtout fait savoir que son livre repose sur une conviction qu’il porte en lui et s’inscrit dans une dynamique mondiale de mutations où chacun se bat pour que sa ligne triomphe. «Aujourd’hui, la frontière entre le positif et le négatif n’est toujours pas visible. La mondialisation n’est pas une uniformisation de la pensée. Le sens est tiraillé dans tous les sens. Et le sens est en sens dessus dessous», a expliqué l’auteur de «Dire bien». Lien étroit entre langues et politique Le professeur Séry Bailly, qui a présenté le livre, en a retenu une «triple nécessité». Le linguiste Koné Dramane, selon lui, a su allier dans le genre qu’il a choisi (la chronique) le sens dans la relation et dans sa mise en relation. Le deuxième élément qu’il a évoqué est l’oeuvre qui est «un lien étroit entre langues et politique». Evoquant la nécessité de mémoire, il a indiquéque ce livre rappelle à chacun des leaders d’opinion ce qu’il a dit et fait en regardant dix années arrière. Séry Bailly a également relevé, en tant que chroniqueur lui-même, les exigences et les difficultés liées au genre tout en invitant les Ivoiriens à «bien voir pour bien dire», les performances de Koné Dramane, «homme de partage» tant au plan linguistique, du plaisir… que de la morale. En conclusion, le professeur Séry Bailly a clamé que «Dire bien» n’est pas un livre d’histoire mais un ouvrage capable de rafraîchir la mémoire et que chacun doit se le procurer car «parler bien, c’est désangoisser». Une semaine des cultures, des peuples et des langues en Côte d’Ivoire Quant à Nguessan Kouadio Jérémie, préfacier de l’ouvrage, il a témoigné comment le maitrisard d’espagnol Koné Dramane est devenu linguiste pour lui avoir, selon lui, montré le chemin dès leur rencontre, en 1976, à Grenoble (France). Le doyen de l’UFR Langues, Littérature et Civilisations à l’université de Cocody-Abidjan, a surtout formulé une doléance au Chef de l’Etat en faveur de l’instauration “d’une journée ou d’une semaine des cultures, des peuples et des langues en Côte d’Ivoire». Fidèle Diomandé, directeur général de Vallesse éditions, la maison éditrice de l’ouvrage, a célébré «un livre exceptionnel» avec un «excellent peintre de la société» ivoirienne qui fait l’unanimité et manie à souhait «la langue» française. «Depuis 10 ans, il aide à comprendre la dynamique linguistique de notre pays», a-t-elle souligné avant de rendre hommage à La Refondation SA qui a permis de collecter les écrits de «Dire bien». Le député Sokouri Bohui, l’inspecteur d’Etat Abou Dahamane Sangaré, le socialiste français Guy Laberti, la présidente des femmes patriotes, Geneviève Bro-Grébé, le gouverneur du district d’Abidjan, Pierre Amondji, le professeur Didi Séry, ainsi que de nombreuses autres personnalités ont pris part à cette cérémonie animée par les artistes Bomou Mamadou, John Kyffy et Aïcha Koné. Schadé Adédé
Politique Publié le jeudi 8 octobre 2009 | Notre Voie