La remise de la liste électorale provisoire au chef de l'Etat a mis sur la place publique la situation de millions d'Ivoiriens incapables de prendre part au vote en l'état actuel des choses.
Remise solennelle, débat solennel. Ce qui aura fait l'évènement hier au Palais, ce n'est certainement pas le petit coffret blanc contenant la version électronique de la liste électorale provisoire. L'opinion publique a été prise à témoin sur le cas des 2.752.181 personnes comptabilisées parmi les 6.384.316 enrôlées au cours de l'opération d'identification et d'enrôlement. Certes, les différents intervenants ont essayé d'adoucir l'onde de choc. Pour le président de la Commission électorale indépendante, Robert Beugré Mambe, « on ne pas peut dire qu'il s'agit de cas de fraude. » Tout au plus, peut-on estimer que les croisements n'ont pas permis pour l'heure de les clarifier.
Le chef de l'Etat lui a esquivé. Quelques bouts de phrases ont trahi son intérêt pour le sujet. « Il faut aller aux élections en 2009, le reste on peut voir après », a-t-il lancé sans préciser s'il faisait référence à ces cas à problème. Puis, il a insisté sur la séance de travail qu'il devait avoir après la cérémonie avec le Premier ministre et M. Mambe Beugré notamment. Insistant sur le retour à la boussole que constitue l'Accord politique de Ouagadougou (Apo). « Pas de commentaires », a-t-il lâché invitant à avancer vers les élections.
Comment avancer vers les élections quand près de 3 millions de personnes sont momentanément exclues du processus ?
Une petite analyse des chiffres laisse plutôt pantois. La liste de 2000 compte 5.475.143 inscrits. Selon l'information officielle, 2.752.181 personnes présentent sur la liste provisoire de 2009 ne figurent pas sur la liste de 2000 et le fichier fusion des Ivoiriens (issu de la fusion de la vingtaine de fichiers historiques retenus pour le croisement). Du coup, la liste de 2000 doit être ramenée à au plus 2.722.962 inscrits. Or, seules 2.678.069 inscrits de 2009 ont passé avec succès le test de croisement. Du coup, 2. 752. 181 passent à la trappe. Pourtant, la liste de 2000 est une liste de consensus depuis l'Apo (Voir extraits du décret). « Les personnes inscrites sur la liste électorale de 2000 ont la qualité d'électeur à moins d'être frappées d'incapacité ou d'indignité, prévues à l'article 4 du Code électoral », dispose ledit décret. Peut-on alors aller raisonnablement au vote en laissant de côté ces 2. 752. 181 personnes dont beaucoup ont voté en 2000 ? Assurément pas si l'on ne veut pas priver injustement des millions d'Ivoiriens de leur droit de vote. Dans ces conditions, il faudra alors trouver les moyens de régler ces cas qui pèsent comme une hypothèque sur l'élection présidentielle dont la tenue à la date du 29 novembre relève de la chimère. La Cei sera alors obligée de se donner le temps d'examiner toutes les réclamations avant d'arrêter la liste définitive, conformément au décret du 14 avril 2008. A moins de choisir la solution de facilité qui ouvrirait alors la voie à tous les abus : aller au vote avec 2.678.069 électeurs, c'est-à-dire ceux qui ont réussi officiellement au test de croisement.
Kesy B. Jacob
Remise solennelle, débat solennel. Ce qui aura fait l'évènement hier au Palais, ce n'est certainement pas le petit coffret blanc contenant la version électronique de la liste électorale provisoire. L'opinion publique a été prise à témoin sur le cas des 2.752.181 personnes comptabilisées parmi les 6.384.316 enrôlées au cours de l'opération d'identification et d'enrôlement. Certes, les différents intervenants ont essayé d'adoucir l'onde de choc. Pour le président de la Commission électorale indépendante, Robert Beugré Mambe, « on ne pas peut dire qu'il s'agit de cas de fraude. » Tout au plus, peut-on estimer que les croisements n'ont pas permis pour l'heure de les clarifier.
Le chef de l'Etat lui a esquivé. Quelques bouts de phrases ont trahi son intérêt pour le sujet. « Il faut aller aux élections en 2009, le reste on peut voir après », a-t-il lancé sans préciser s'il faisait référence à ces cas à problème. Puis, il a insisté sur la séance de travail qu'il devait avoir après la cérémonie avec le Premier ministre et M. Mambe Beugré notamment. Insistant sur le retour à la boussole que constitue l'Accord politique de Ouagadougou (Apo). « Pas de commentaires », a-t-il lâché invitant à avancer vers les élections.
Comment avancer vers les élections quand près de 3 millions de personnes sont momentanément exclues du processus ?
Une petite analyse des chiffres laisse plutôt pantois. La liste de 2000 compte 5.475.143 inscrits. Selon l'information officielle, 2.752.181 personnes présentent sur la liste provisoire de 2009 ne figurent pas sur la liste de 2000 et le fichier fusion des Ivoiriens (issu de la fusion de la vingtaine de fichiers historiques retenus pour le croisement). Du coup, la liste de 2000 doit être ramenée à au plus 2.722.962 inscrits. Or, seules 2.678.069 inscrits de 2009 ont passé avec succès le test de croisement. Du coup, 2. 752. 181 passent à la trappe. Pourtant, la liste de 2000 est une liste de consensus depuis l'Apo (Voir extraits du décret). « Les personnes inscrites sur la liste électorale de 2000 ont la qualité d'électeur à moins d'être frappées d'incapacité ou d'indignité, prévues à l'article 4 du Code électoral », dispose ledit décret. Peut-on alors aller raisonnablement au vote en laissant de côté ces 2. 752. 181 personnes dont beaucoup ont voté en 2000 ? Assurément pas si l'on ne veut pas priver injustement des millions d'Ivoiriens de leur droit de vote. Dans ces conditions, il faudra alors trouver les moyens de régler ces cas qui pèsent comme une hypothèque sur l'élection présidentielle dont la tenue à la date du 29 novembre relève de la chimère. La Cei sera alors obligée de se donner le temps d'examiner toutes les réclamations avant d'arrêter la liste définitive, conformément au décret du 14 avril 2008. A moins de choisir la solution de facilité qui ouvrirait alors la voie à tous les abus : aller au vote avec 2.678.069 électeurs, c'est-à-dire ceux qui ont réussi officiellement au test de croisement.
Kesy B. Jacob