Il est peut-être temps que M. Soro Guillaume, ci-devant le Premier ministre de la Côte d'Ivoire, donne aux Ivoiriens la liste provisoire des bienfaits que la rébellion armée a apportés à ce pays. Voici un jeune homme " fabriqué " par le Fpi et qui, tout puissant secrétaire général de Fesci, a contribué à " perturber " la bonne marche de l'école ivoirienne dans les folles années 90 au bénéficie du parti susnommé. Sorti de l'Université, il se retrouvera à la tête d'une rébellion au motif que les armes se seraient imposées à eux pour lutter contre la " xénophobie, l'exclusion, le délit de faciès, l'injustice " incarnés, selon eux, par le régime du président Gbagbo. Et aussi pour " restaurer la démocratie " ? Bref, M. Soro Guillaume a pris les armes pour chasser son ancien maître, le président Gbagbo qui lui a tout enseigné, (selon son propre mot), du pouvoir. Sans manquer à chaque fois qu'il trouvait un micro, de traiter ce dernier de tous les noms et de l'accuser de tous les péchés d'Israël. " Laurent Gbagbo n'est pas un homme digne de confiance… c'est un roublard à qui on ne peut faire confiance… Nous demandons à la communauté internationale de le mettre à l'écart…Pour nous, le départ de M. Gbagbo du pouvoir est un préalable à toute négociation ". Pendant combien de temps n'avons-nous pas entendu M. Soro Guillaume dire ce qui apparaît aujourd'hui comme des futilités (et qu'il regrette sans doute) sur les antennes des chaînes de radios et de télévisions internationales ? N'est-ce pas tout ceci qui a attiré l'attention de la communauté internationale sur notre pays ? Laquelle communauté internationale avait pris une position presque favorable à M. Soro Guillaume et ses amis qui déclaraient chaque fois qu'ils se battaient réellement pour le bien-être des populations au nom desquelles ils ont affirmé avoir pris les armes. Cette attitude pour le moins complaisante de cette communauté Internationale avait, dans le temps, ulcéré le pouvoir Fpi dont le chef finira par comprendre que le meilleur moyen d'avoir la " paix " était d'introduire le " biberon du pouvoir ", dans la bouche de ceux qui ont pris les armes. C'est ce qui fut fait en mars 2007 à travers l'accord de Ouagadougou qui devrait apporter la paix à la Côte d'Ivoire par les élections au bout de 10 mois. D'ailleurs le président Gbagbo déclarera quelques jours après la signature de cet accord que s'il " savait que l'argent pouvait acheter les hommes " il " n'aurait jamais dépensé autant d'argent pour acheter des armes ". Accord à la suite duquel, M. Soro Guillaume sera bombardé premier ministre de Côte d'Ivoire. Une ascension fulgurante au son du crépitement des armes. " Je ne suis pas venu pour m'éterniser à la tête de la primature…au soir du 29 novembre, je quitte la primature pour céder la place à mon successeur ", répond-il à tous ceux qui le soupçonnent de vouloir s'incruster à la Primature. Quand aura lieu l'élection présidentielle M. le premier ministre ? " Evitons de tomber dans le fétichisme des dates… ! " Botte-t-il en touche à plusieurs reprises. Rangeant à la primature toutes les revendications de la rébellion, il est devenu aujourd'hui, par la force des choses, un défenseur de la souveraineté ivoirienne. Roulant dans la farine les Ivoiriens qui ont pensé qu'il voulait organiser les élections et partir de la primature qui lui " a volé sa jeunesse " (selon son propre terme), M. Soro Guillaume n'hésite plus à voler la vedette aux dirigeants du Fpi et même à Blé Goudé, quand il s'agit de répondre sèchement à la communauté internationale qui les presse (lui et celui dont il dit qu'il est son maître) de respecter leurs engagements en organisant l'élection présidentielle à la date qu'ils ont eux-mêmes fixée. " Les ivoiriens sont suffisamment mûrs, les Ivoiriens sont suffisamment responsables pour organiser des élections, non pas pour faire plaisir à la communauté internationale…c'est pourquoi, on est toujours un peu gêné quand on voit des déclarations çà et là, sur des questions qui relèvent de la souveraineté nationale et du respect qu'on doit à chaque Etat…Il y a des déclarations çà et là qui disent qu'il faut qu'il y ait des élections en Côte d'Ivoire le 29 novembre et que les listes n'ont pas besoin d'être parfaites…quand on dit ça d'un pays, je crois que l'on n'a pas de respect pour la population de ce pays. C'est comme si l'on disait que nous en Afrique, on n'a pas besoin de bonne liste pour aller aux élections…je pense qu'il faut qu'on donne de la considération à l'Afrique et aux africains… ". Déclare t-il, en réponse à M. Alain Joyandet (secrétaire d'Etat français à la coopération) depuis la Chine où il est en villégiature aux frais des populations d'un pays ruiné par l'une des rébellions les plus inutiles qui soient. Faut-il rappeler à M. Soro Guillaume que c'est la rébellion armée qui a offert l'occasion à la communauté internationale de s'ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire ? Pendant combien de temps le premier ministre va t-il continuer à ruser avec les Ivoiriens en embouchant la même trompette que ceux contre qui il a pris inutilement les armes ? Serions-nous aujourd'hui dans cette situation insupportable s'il n'y avait pas eu de rébellion armée ? Est-il nécessaire de rappeler au premier ministre que quand on prend les armes pour semer la zizanie dans un pays en provoquant le déplacement de plusieurs centaines de milliers de populations (qui abandonnent tous en fuyant), en détruisant inutilement les services de l'Etat civil, on ne peut pas après, rechercher des listes électorales parfaites pour aller aux élections et prendre prétexte de cela pour prolonger la souffrance des Ivoiriens qui n'en peuvent plus ? Et que le dire, ce n'est pas faire de l'ingérence ? Quand on prend les armes pour attaquer celui qu'on considère comme " un roublard ", on ne peut pas après venir ruser avec le peuple en le " roulant dans la farine " avec des dates d'élections qu'on fixe sans pression et qu'on met tout en œuvre pour ne pas tenir pour maintenir des privilèges au détriment du peuple qui n'en peut plus. Entre le maître et l'élève, qui est le plus " roublard " ? La réponse appartient à ceux qui par les armes ont ruiné la souveraineté de la Côte d'Ivoire et qui aujourd'hui, à la surprise générale, se mettent à " raconter des conneries " (pour utiliser le bon mot de " Le Nouveau Réveil ") sur la souveraineté. : "On dit que je roule les gens dans la farine. Mais comment vous, vous faites pour que je vous roule chaque fois dans la farine ? " S'est interrogé le président Gbagbo en 2008 devant la communauté ivoirienne vivant aux Etats-Unis, en pensant sans doute à M. Soro Guillaume et aux opposants à son régime. Il est donc temps que M. Soro Guillaume arrête de ruser avec le peuple de Côte d'Ivoire. Quand on attaque son propre pays en ruinant sa souveraineté, son développement et en appauvrissant sa population sur la base d'arguments farfelus, on ne vient pas après se plaindre des ingérences étrangères. M. Soro devrait savoir que c'est quand les murs sont fissurés que les insectes s'y insèrent. Et qu'il aurait peut-être fallu commencer par ne pas prendre les armes pour ruiner la souveraineté de la Côte d'Ivoire. M. le premier ministre de Côte d'Ivoire devrait savoir que pour avoir une liste électorale parfaite, (comme si la perfection était de ce monde), on ne détruit pas l'Etat civil en incendiant les sous-préfectures. Quand on va au Burkina Faso chaque fois qu'une décision importante doit être prise pour l'avenir de la Côte d'Ivoire, on ne parle plus de souveraineté. Ouagadougou n'est pas situé en Côte d'Ivoire. La rébellion armée a ruiné la souveraineté de ce pays. Son Excellence M. le premier ministre de Côte d'Ivoire devrait le savoir et arrêter de donner des leçons sur le respect de la souveraineté. La date du 19 septembre 2002 est encore trop présente dans nos esprits.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO