Après l'intervention des religieux et des militantes féminines dans le cadre du débat sur la légalisation de la polygamie que votre quotidien préféré a initié la semaine dernière, le député de Duekoué, Gilbert Déhé Gnahou, donne aujourd'hui sa position.
•La question de la légalisation de la polygamie a-t-elle été discutée à l'Assemblée nationale ?
Nous avons cogité sur une loi au niveau de l'Assemblée nationale mais nous ne sommes pas encore tombés d'accord sur la légalisation de la polygamie. A l'Assemblée, nous sommes partagés. Moi, je suis pour la légalisation. Mon exemple, c'est que je vis avec mes deux épouses depuis 1980, sans problèmes.
•La légalisation de la polygamie profite-t-elle aux Ivoiriens ?
Je me demande bien s'il existe un Ivoirien qui n'est pas polygame. En tant que député, nous sommes en train de laisser une tranche de notre population dans la rue. Les jeunes gens nés hors mariage, sont abandonnés. Les parents ne les reconnaissent plus. Que fait la société pour les prendre en compte ? C'est pour cela que nous réfléchissons sur la légalisation de la polygamie pour la prise en compte de ces enfants. Tous ceux qui sont dans les quartiers précaires sont des jeunes gens qui n'ont pas été reconnus par leurs pères. Ceci n'est pas normal.
•Que répondez-vous aux femmes qui estiment que les hommes devraient plutôt maîtriser leur sexualité?
Il ne s'agit pas de maîtriser la sexualité. C'est prendre un court chemin que de raisonner ainsi. Quelqu'un habite à Cocody et il a une maîtresse à Yopougon avec qui il fait trois enfants. Celle de Cocody ne les connaît pas. Et le jour de la mort du père, on les présente à la femme légale qui les refuse. Ces enfants sont laissés pour compte. C'est cela le vrai problème.
•Mais l'homme ne pourrait-il pas éviter ce problème, en restant fidèle à sa femme ?
Dans ce cas, c'est l'homme qui doit être puni. Les enfants ne sont pas responsables. Dans la pratique, l'homme n'est jamais inquiété et ce sont les enfants qui en pâtissent.
•Voulez-vous dire que la loi contre l'infidélité doit être appliquée dans sa rigueur ?
Il n'y a rien de plus bête que cette loi. C'est une loi copiée sur la France, sans tenir compte de nos réalités. Même en France, Mitterrand a eu une deuxième femme. Il a eu des enfants avec elle. Est-ce que ses enfants ne sont pas reconnus ? En Côte d'Ivoire, je parie ma tête qu'il n'y a pas un seul Ivoirien qui puisse me dire qu'il n'est pas polygame. Dans le sens étymologique du mot, nous sommes tous des polygames.
•Quelle formule faut-il adopter pour légaliser la polygamie ?
Je souhaiterais que la polygamie soit d'option. Celui qui veut être polygame, il le devient sinon, il reste monogame. Je pars de deux principes. La Côte d'Ivoire a affirmé sa laïcité dans la Constitution. Elle est un agglomérat de religion. Je me demande bien pourquoi on prend une loi chrétienne pour régir le régime matrimonial. Ceux qui ne sont pas chrétiens, que faisons-nous d'eux ? Les obligeons-nous à respecter la loi chrétienne ? Les musulmans disent qu'on peut avoir jusqu'à quatre femmes. La loi ne doit pas contraindre les Ivoiriens à être monogames. Le deuxième principe est que la Côte d'Ivoire a affirmé sa liberté dans la Constitution. Mais, où est la liberté si on nous impose de nous marier à une seule femme ? Dans ce cas, nous ne sommes plus libres.
•Comment gérer les tensions de ménage?
La légalisation de la polygamie vient plutôt mettre de l'ordre dans la maison. Tous les enfants ont les mêmes droits.
•Et que faire face à l'héritage qui divise même les foyers monogames ?
L'héritage est un problème de sang. Comment vouloir qu'après la mort du père, l'enfant ne reçoive rien ? La femme doit reconnaître cet enfant, et l'autorité doit veiller à cela.
N'est-ce pas une atteinte à la dignité de la femme qui bénéficie du mariage légal ?
Les femmes mêmes sont complices de l'adultère. Nous trichons ensemble. Les femmes mariées trompent leur mari. Au niveau de l'Assemblée nationale, je décrie la loi sur le mariage. Elle est hypocrite. Au Mali, la polygamie est d'option. Au Sénégal, au Togo, c'est pareil. Pourquoi pas en Côte d'Ivoire où même des pasteurs ont des amantes ?
•Dans ce cas, à combien limiter le nombre des épouses ?
Mais celui qui a les moyens d'entretenir mille épouses, qu'il les prenne !
•Cela veut dire que vous êtes pour un nombre illimité des épouses !
La contrainte devient les moyens financiers. Mais la loi ne doit pas contraindre à limiter le nombre des épouses. Ce qui est contraignant, c'est le fait de faire fi de notre Constitution laïque et de liberté. Il faut qu'on légalise la polygamie au lieu de tricher. Les gens contournent la loi. Quand une loi est contraignante, on la contourne. Voilà pourquoi, il faut faire des lois souples et des lois sociables. Et la légalisation de la polygamie comme option, n'a rien de contraignant.
Entretien réalisé par N.D
•La question de la légalisation de la polygamie a-t-elle été discutée à l'Assemblée nationale ?
Nous avons cogité sur une loi au niveau de l'Assemblée nationale mais nous ne sommes pas encore tombés d'accord sur la légalisation de la polygamie. A l'Assemblée, nous sommes partagés. Moi, je suis pour la légalisation. Mon exemple, c'est que je vis avec mes deux épouses depuis 1980, sans problèmes.
•La légalisation de la polygamie profite-t-elle aux Ivoiriens ?
Je me demande bien s'il existe un Ivoirien qui n'est pas polygame. En tant que député, nous sommes en train de laisser une tranche de notre population dans la rue. Les jeunes gens nés hors mariage, sont abandonnés. Les parents ne les reconnaissent plus. Que fait la société pour les prendre en compte ? C'est pour cela que nous réfléchissons sur la légalisation de la polygamie pour la prise en compte de ces enfants. Tous ceux qui sont dans les quartiers précaires sont des jeunes gens qui n'ont pas été reconnus par leurs pères. Ceci n'est pas normal.
•Que répondez-vous aux femmes qui estiment que les hommes devraient plutôt maîtriser leur sexualité?
Il ne s'agit pas de maîtriser la sexualité. C'est prendre un court chemin que de raisonner ainsi. Quelqu'un habite à Cocody et il a une maîtresse à Yopougon avec qui il fait trois enfants. Celle de Cocody ne les connaît pas. Et le jour de la mort du père, on les présente à la femme légale qui les refuse. Ces enfants sont laissés pour compte. C'est cela le vrai problème.
•Mais l'homme ne pourrait-il pas éviter ce problème, en restant fidèle à sa femme ?
Dans ce cas, c'est l'homme qui doit être puni. Les enfants ne sont pas responsables. Dans la pratique, l'homme n'est jamais inquiété et ce sont les enfants qui en pâtissent.
•Voulez-vous dire que la loi contre l'infidélité doit être appliquée dans sa rigueur ?
Il n'y a rien de plus bête que cette loi. C'est une loi copiée sur la France, sans tenir compte de nos réalités. Même en France, Mitterrand a eu une deuxième femme. Il a eu des enfants avec elle. Est-ce que ses enfants ne sont pas reconnus ? En Côte d'Ivoire, je parie ma tête qu'il n'y a pas un seul Ivoirien qui puisse me dire qu'il n'est pas polygame. Dans le sens étymologique du mot, nous sommes tous des polygames.
•Quelle formule faut-il adopter pour légaliser la polygamie ?
Je souhaiterais que la polygamie soit d'option. Celui qui veut être polygame, il le devient sinon, il reste monogame. Je pars de deux principes. La Côte d'Ivoire a affirmé sa laïcité dans la Constitution. Elle est un agglomérat de religion. Je me demande bien pourquoi on prend une loi chrétienne pour régir le régime matrimonial. Ceux qui ne sont pas chrétiens, que faisons-nous d'eux ? Les obligeons-nous à respecter la loi chrétienne ? Les musulmans disent qu'on peut avoir jusqu'à quatre femmes. La loi ne doit pas contraindre les Ivoiriens à être monogames. Le deuxième principe est que la Côte d'Ivoire a affirmé sa liberté dans la Constitution. Mais, où est la liberté si on nous impose de nous marier à une seule femme ? Dans ce cas, nous ne sommes plus libres.
•Comment gérer les tensions de ménage?
La légalisation de la polygamie vient plutôt mettre de l'ordre dans la maison. Tous les enfants ont les mêmes droits.
•Et que faire face à l'héritage qui divise même les foyers monogames ?
L'héritage est un problème de sang. Comment vouloir qu'après la mort du père, l'enfant ne reçoive rien ? La femme doit reconnaître cet enfant, et l'autorité doit veiller à cela.
N'est-ce pas une atteinte à la dignité de la femme qui bénéficie du mariage légal ?
Les femmes mêmes sont complices de l'adultère. Nous trichons ensemble. Les femmes mariées trompent leur mari. Au niveau de l'Assemblée nationale, je décrie la loi sur le mariage. Elle est hypocrite. Au Mali, la polygamie est d'option. Au Sénégal, au Togo, c'est pareil. Pourquoi pas en Côte d'Ivoire où même des pasteurs ont des amantes ?
•Dans ce cas, à combien limiter le nombre des épouses ?
Mais celui qui a les moyens d'entretenir mille épouses, qu'il les prenne !
•Cela veut dire que vous êtes pour un nombre illimité des épouses !
La contrainte devient les moyens financiers. Mais la loi ne doit pas contraindre à limiter le nombre des épouses. Ce qui est contraignant, c'est le fait de faire fi de notre Constitution laïque et de liberté. Il faut qu'on légalise la polygamie au lieu de tricher. Les gens contournent la loi. Quand une loi est contraignante, on la contourne. Voilà pourquoi, il faut faire des lois souples et des lois sociables. Et la légalisation de la polygamie comme option, n'a rien de contraignant.
Entretien réalisé par N.D