C’est un fait, une réalité évidente: Gbagbo n’a plus confiance à son parti, le Fpi. Il est convaincu que le Front populaire ivoirien est l’ombre de lui-même et ne vit que sur sa prétendue légitimité de premier parti d’opposition à Houphouët-Boigny. Embourgeoisement, scandale de toutes sorte, ingratitude envers les militants de base, arrogance outrancière, corruption, enrichissement illicite, clientélisme, etc. sont autant de tares qui minent le parti frontiste et qui ont fini par décrédibiliser totalement aux yeux de l’opinion les barons de la Refondation. Prenant très au sérieux, les notes des « grandes oreilles » de la République, Laurent Gbagbo a pistonné son épouse Simone, vice-présidente chargée de la vie de son parti, à organiser un séminaire sur l’état de santé du Fpi. Ce conclave a lieu dans le village même du woody, à l’abri des tintamarres de la capitale économique. Ainsi, du 17 au 19 juillet 2009, Simone et un groupe de durs parmi les durs de la camarilla frontiste se sont retrouvés à Mama. Leur diagnostic du parti est sans appel: le Fpi est en perte de vitesse et éprouve des difficultés sans précédent à faire passer son message sur le terrain en dépit des tapages médiatiques. La vérité, c’est que le slogan «la guerre a empêché Gbagbo de travailler» ne fait plus recette. Les Ivoiriens dans leur grande majorité ont compris l’escroquerie dont ils sont victimes. Le document confidentiel du séminaire assorti de recommandations, remis à Gbagbo, est formel sur le recul du parti frontiste: «Le séminaire a permis de constater un déficit de cadres et d'énormes difficultés de terrain dans les CNO en général, et en particulier le Pays Baoulé, Tagbana, Djimini, Gins et Djamala. En conséquence, le séminaire recommande à l'ensemble des cadres du Parti d'apporter un soutien aux camarades desdites zones» mentionne le document dont nous avons reçu copie. L’égocentrisme et l’ingratitude de certains cadres ont été également relevés. Ainsi, «Le séminaire recommande aux militants du FPI une plus grande ouverture d'esprit, de cohésion, d'entente et un sens de l'accueil et les appelle à renoncer à l'idée de militants de première heure pour éviter au Parti de devenir un Parti «d'anciens combattants». Par pudeur ou simple volonté de ne pas frustrer davantage de cadres qui se comportent en grand « manitou » du régime, le séminaire a laissé le soin au chef lui-même de tirer les oreilles à ceux-ci à la fin du séminaire. Laurent Gbagbo après avoir reçu les conclusions de ce conclave, n’est pas passé par quatre chemins pour cracher ses vérités à ses camarades qui ont perdu le sens de leur combat. Au vu de la gravité des comportements de ses lieutenants, Gbagbo a même cru à la thèse d’un complot de ses camarades contre lui. Aussi, leur a-t-il dit de ne pas se tromper de combat. Car, il y va de leur survie au propre comme au figuré. «Si moi je ne suis pas élu, vos fortunes vous les perdrez» a-t-il martelé aux cadres du Fpi. Avant d’ajouter, l’air très sérieux «Ne pensez pas que c’est à moi que vous faites du mal. C’est bien à vous-mêmes que vous le faites, parce que c’est vous qui allez perdre vos postes». Depuis ce jour, Gbagbo a pris l’option de ne pas confier sa campagne au Fpi qu’il sait non seulement minoritaire mais aussi décrédibilisé par la faute de cadres «arrogants, cupides et menteurs»
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté