Le RDR vient de perdre la mairie de Daloa. Le poste lui ayant été ravi par un cadre de son principal allié du RHDP, le PDCI. Ceux qui croyaient encore naïvement à cette alliance contre nature en sont pour les frais. Et ça ne fait que commencer. Le nouveau maire de la commune de Daloa s’appelle Séry kossougro. Il succède à ce poste, à feu Frédéric Guédé Guina, qui avait remporté l’élection municipale de 2001 sous les couleurs du RDR. La particularité de ce renouvellement de la municipalité, c’est que non seulement l’écrasante majorité RDR du conseil municipal a volé en éclats, mais en plus, le bourreau du parti du brave tchè est un cadre du PDCI, l’autre poids lourd du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix. En attendant que la bataille de la cité des antilopes livre tous ses secrets, à Abidjan, on commence déjà à jaser sur les éventuelles leçons tant locales que nationales que l’on peut tirer de l’infortune du pauvre Diabaté Karamoko, ex-1er adjoint au maire et candidat du RDR. Du côté de la rue Lepic, au lieu d’analyser froidement la situation, on a tôt fait de trouver des boucs émissaires parfaits. La déconvenue de Daloa serait le fait de malheureux conseillers municipaux corrompus. Des hommes et des femmes sans foi ni loi qui auraient rangé leur conviction au placard pour quelques billets de banque. Il faut l’avouer, l’analyse ne vole pas très haut. Mais en elle-même, elle est un aveu de taille. Ouattara qui bâti son mythe sur sa supposée richesse, serait-il si désargenté pour que ses propres camarades, des conseillers municipaux de surcroît, lui tournent le dos pour de l’argent ? L’argent aurait-il fini par changer de camp ? Ou bien Ouattara est tellement égoïste qu’il laisse dans le dénuement, les animateurs de son parti sur le terrain. A moins qu’on avoue ainsi que la présupposée richesse de Ouattara n’était en vérité qu’une fable pour tromper la vigilance des âmes naïves ? L’avenir nous le dira. En attendant, on est bien obligé d’aller au-delà de simples considérations mercantiles. Pourquoi les conseillers municipaux, donc des responsables politiques d’un certain niveau, choisissent-ils, en parfaite connaissance de cause, de faire mordre la poussière à un des leurs ? On peut évoquer des inimités personnelles avec le candidat choisi par le parti. Mais pourquoi alors les autres n’arrivent pas à s’entendre sur le nom d’un autre camarade. Surtout que le parti dispose d’une bonne majorité ? Mieux , pourquoi tout en étant des supposés alliés, le PDCI a-t-il tenu à fragiliser le RDR dans une période de précampagne aussi cruciale où tous les faits et gestes sont analysé à la loupe ? Pour ce qui concerne le RDR, la débâcle de Daloa prouve au moins une chose. Le parti de Ouattara est à la croisée des chemins. L’unité que ses cadres affichent parfois en public n’est en vérité qu’une union de façade. La longue crise entretenue au départ par le RDR a eu ses effets. Nombre de cadres ont tout perdu, tandis qu’une petite clique qui s’est refugiée au sein du gouvernement s’enrichit. Le RDR aussi est gagné par l’usure du pouvoir quoi qu’en disent ses dirigeants. Ces derniers ont beau accuser le président Laurent Gbagbo et le FPI de tous les péchés du monde, leurs militants ne sont pas naïfs. Ils voient bien que leur train de vie a changé et que les pseudo discours de solidarité ne sont que de la poudre aux yeux. Plus grave, le patron lui-même ne fait plus rêver. Ses nombreuses tournées à l’intérieur du pays ne font qu’accroître le désarroi des responsables de base. Ceux qui se battent depuis des lustres en espérant rentrer dans leurs fonds, un jour, sont plus que déçus. Le Wari fatchê n’est en réalité qu’un homme déconnecté des réalités du terrain. A Yopougon, on dirait qu’aujourd’hui , au RDR, chacun se cherche. Pour ce qui est de la candidature de Koussougro, elle vient une fois de plus de confirmer ce que les observateurs sérieux de la politique ivoirienne disent depuis longtemps : l’alliance du RHDP n’est qu’une alliance de circonstance. Une alliance au sommet dans laquelle aucun militant de base de chacun des partis ne se reconnaît. De sorte que ceux qui pensent à un report de voix, rêvent. C’est d’ailleurs ce que confirment les sondages sur la présidentielle prochaines. Ces études indiquent que Laurent Gbagbo sortira vainqueur au second tour que ce soit face à Bédié ou Ouattara. Et que aucun de ses deux leaders ne pourra pas bénéficier du report des voix de l’autre. En 2000, au cours de la campagne électorale, le président Laurent Gbagbo aimait dire que Dieu envoie des signes pour avertir les hommes. Il avait notamment évoqué les cas de Milosevic en Yougoslavie et D’Abdou Diouf au Sénégal, pour attirer l’attention de la junte militaire. Aujourd’hui, Dieu nous donne à méditer sur la situation de Daloa. Comprenne qui voudra. Guillaume T.Gbato
Politique Publié le vendredi 20 novembre 2009 | Notre Voie