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Société Publié le mardi 24 novembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Mgr Antoine Koné (Evêque d’Odienné) : “L’Eglise ne peut pas se taire parce que certains de ses fils et filles se sont discrédités”

Dimanvche dernier au petit séminaire d’Anyama, Monseigneur Antoine Koné a livré une homélie dans laquelle il dénonce la gestion du pays, l’enrichissement illicite par les dirigeants, l’hooliganisme de la Fesci. Dans ce prêche, l’homme de Dieu a invité l’Eglise à ne plus se taire. Nous vous proposons l’intégralité de son homélie.

L'émotion m'étreint. Elle m'étreint de la façon la plus forte en cette heure solennelle d'évocation du souvenir et de la célébration du jubilé des 50 ans d'existence de cette maison de formation, berceau commun de l'émergence et de la maturation de nos vocations presbytérales.
Cinquante années durant lesquelles l'Esprit de vérité et du service s'est répandu sur des générations de futurs prêtres, devenus prêtres et de laïcs engagés faisant la fierté de votre maison. Mais ce n'est pas le lieu pour moi de redire ici l'histoire de ces cinquante ans. Je m'en vais vous parler de ce pourquoi depuis cinquante ans cette maison existe : façonner des cœurs et des intelligences pour le service de la vérité de l'homme debout devant Dieu et devant son histoire.
Ce séminaire a été voulu pour élever, cultiver des vocations à l'amour-service disons à l'amour-serviteur, pour les élever avec la grâce de Dieu, à la dignité du sacerdoce ministériel qui est service de Dieu à travers le saint service de l'homme. Cinquante ans où des témoins de l'amour de Dieu, les formateurs ont formé des générations de serviteurs de l'Eglise dans le presbytérat. Cinquante ans de maturation de l'esprit de service dont nos communautés humaines ont besoin pour se développer en Christ et en société.
Ce disant, voici que subitement, chers grands séminaristes, mon esprit se surprend à passer, à repasser et à méditer, comme en un regard historique mémorable, une à une ces années que j'ai vécues intensément ici, ces douze années où, avec d'autres confrères et surtout avec d'adorables apprentis prêtres, j'ai cherché le visage du Seigneur imprimé au fond du cœur de chacun d'entre vous et de vos aînés que j'ai connus ici.
Oui, douze années de grâce, dans la lutte contre moi-même et la confiance en Dieu et en l'homme, au bout desquelles le Seigneur aux desseins insondables m'a choisi et pris du milieu de mes étudiants pour me consacrer, sans aucun mérite de ma part, et m'envoyer porter sa Bonne Nouvelle de salut et de vie aux hommes et aux femmes de ce vaste diocèse d'Odienné où la mission, peut-être plus qu'ailleurs, ne semble qu'à ses débuts.
Oui un diocèse qui suscite beaucoup d'espoir au milieu de tant de jeunes et d'enfants dont la vie est sans cesse menacée de péril, dans une région où les populations sont abandonnées à leur triste sort, notamment par certains de ses fils hauts cadres dont la majorité semblent avoir décidé, sans apparemment honte ni remords, de fixer comme in aeternum leur demeure dans la partie Sud de l'Ebumie, prétextant l'éloignement de leur terre natale des avantages abidjanais ou des lacs Ebrié.
Ceci dit, je remercie de nouveau et fortement ceux des cadres de cette région qui veulent relever le défi du développement de leur région avec l'Eglise catholique, depuis mes deux prédécesseurs, et peut-être plus aujourd'hui qu'hier ! Tous les autres cadres et fils du pays sont les bienvenus chez eux dans le diocèse d'Odienné. Je remercie également encore ceux des missionnaires prêtres, religieux et religieuses qui ont cru à l'évangélisation dans cette région dite islamisée, à tort, selon moi, malgré les statistiques et le constat de l'extérieur, ces missionnaires zélés qui continuent à croire que l'annonce de l'Evangile est d'abord en direction de ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ, même s'il faut veiller à enraciner la foi dans le cœur des baptisés éparpillés ici et là dans les services de l'Etat ou dans certaines entreprises de développement économique. "Allez, de toutes les nations, faites des disciples " (Mt 28, 19-20) afin que le Christ-Roi de l'univers soit aussi Roi pour toutes les nations qui sont dans cette belle région qui a besoin du développement de l'agriculture pour que le commerce, charisme de l'habitant, y soit encore plus florissant.
Oui, sans l'Eglise, qui peut être, disons ontologiquement, attentif au cri d'hommes et de femmes minés par la pauvreté et victimes d'un développement sans visage, destiné à rassasier des minorités au détriment de la grande majorité qui croupit dans les kraals de la misère ? Ce faisant, l'Eglise ne fait que s'inscrire dans la logique du Christ Roi de l'univers dont la royauté-messianité se conjugue au temps de cette kénose profonde de soi où il se rend solidaire des exclus et des damnés de nos sociétés. Le missionnaire dans cette région n'a pas d'autre exemple-modèle que celui du Maître qui s'est fait proche de tous afin que l'homme vive de sa présence royale de service et d'amour.
Oui, nous contemplons ce matin un Roi Serviteur de l'amour de Dieu pour le bonheur de l'homme. Un Roi, assis sur le Trône de la réalité de la croix ; disons, au regard de la misère des peuples dont il porte le poids par son Eglise, un Roi cloué sur le bois de la croix du maldéveloppement du monde. Un Roi faible, encore humilié, apparemment vaincu par la folie d'un monde ennemi de la vérité et qui préfère s'abreuver aux sources du mensonge. Mais en fait, c'est un roi glorifié par l'assomption des souffrances de l'humanité où qu'elle se trouve.
Mais, malgré et à cause de tout cela, c'est surtout un Roi généreux en Amour parce qu'il est lui-même l'Amour. Aussi peut-il aimer jusqu'au bout, une fois que par l'incarnation du Verbe, ce Fils-Roi, Prince de la paix des cœurs, a voulu élever définitivement l'humanité à la filiation divine. Un Roi amoureux de l'homme qu'il veut installer dans la vérité de son être pour qu'il puisse jouir de la divinité avec Lui. Un Roi Témoin de la vérité de l'être de Dieu, parce que lui-même est la Vérité de Dieu. Un Roi qui veut être servi non pas par des esclaves mais par des amis ! Des amis qu'il croit capables de vérité, car il les a rendus capables de faire ce qu'il leur commande : " Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande " (Jn 15, 14). Or la vérité s'accorde avec l'accomplissement de la volonté divine.
Chers grands séminaristes, nous voilà avertis. Vous connaissez la suite du texte, et notamment ce passage : "Je vous appelle mes amis parce que tout ce que j'ai appris auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et institués, pour que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous l'accordera ". Nous sommes ici au séminaire pour que par l'Eglise, l'Esprit de vérité, celui du discernement sans complaisance humaine et complice, vérifie ce choix afin que vous puissiez partir et porter seulement ces fruits qui demeurent pour la gloire de Dieu. Vous m'avez compris ! Un des fruits qui demeurent pour la gloire de Dieu, c'est la haine du mensonge dans la vie du prêtre : haïr le mensonge de la parole proférée et de la parole donnée et reprise, dans une vie sacerdotale happée par les envies du monde et la gloriole qui, en tant que telle est toujours imbécile.
Oui dit le Christ : "Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de lu vérité écoute ma voix." (Jn 18, 35-37). Mais n'aurait-on pas assez écouté sa voix pour être dans cette vérité qui libère, parce que cette Vérité c'est l'Esprit du Père et du Fils qui peut faire crier vers Dieu : " Abba, Père ". N'aurait-on pas assez écouté la voix du Fils venu dans la chair qui a dit : " Si vous m'aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; moi je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. C'est lui l'Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d'accueillir parce qu'il ne le voit pas et qu'il ne le connaît pas " (Jn 14, 15-17) Dieu merci qu'au séminaire ici nous sommes branchés sur l'Esprit Saint, l'Esprit de Vérité qui nous achemine au choix décisif d'une consécration définitive à Dieu, malgré le mensonge du monde et peut-être même à cause de ce mensonge que l'Eglise combat pour relever le défi de l'humanisation des hommes et des femmes que le Christ inscrit par sa Royauté au Livre de la Vie.
Oui, chers amis, nous contemplons aujourd'hui encore un Roi en mission d'Amour et de manifestation de la vérité de Dieu. Ici, en effet, est la mission essentielle du Christ-Roi de l'univers, une mission hautement messianique, née en Dieu Lui-même, une mission qui va jusqu'à se confondre avec sa propre identité. Oui dit le Christ : " Je suis le chemin, la vérité et la vie " (Jn 14, 6).
Le chemin est ainsi tracé pour ceux qui se réclament du Christ, c'est-à-dire pour reprendre l'expression du Plan d'Action de la CERAO : "les fidèles du Christ, évêques, prêtres, consacrés et laïcs", tous consacrés prêtres, prophètes et rois dans les eaux baptismales. A cet titre, les disciples du Christ ont été établis par Lui-même dans la vérité pour être au service de la vérité ; cette vérité qui est Dieu Lui-même et force de libération de toutes formes d'aliénation selon cette parole du Maître au Père : "Consacre-les par la vérité : Ta Parole est vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient eux aussi consacrés par la vérité" (Jean 17, 17-19).
Oui plus particulièrement incorporés au Christ pour sa Mission d'Evangélisation, les disciples consacrés dans la vérité comme évêques, prêtres et diacres, sont des témoins, ou plutôt, doivent être des témoins privilégiés et avertis de la Vérité et se comporter par conséquent comme tels, parce qu'ils ont la certitude que le Christ les a installés dans le témoignage de la vérité qui les rend forts devant toute adversité. Le Christ nous envoie pour rendre témoignage à la vérité tout comme Lui, au prix de l'abaissement et de la souffrance.
Alors, d'où vient notre manque de courage à tenir le discours de la vérité, notre manque d'audace à dire les choses telles qu'elles se présentent en toute objectivité ? Oui, comment expliquer que nous préférions nous adonner à la poésie facile et abstraite, endormante et trompeuse là où l'on attend de nous la vérité qui libère et sauve. Oui, tout porte vraiment à croire que nous voulons protéger quelques avantages ou des miettes qui tombent de la table des maîtres de ce monde, de sorte qu'elle reste plus que vraie la parole du sage : " la bouche qui mange ne parle pas ".
Il faut oser le redire, surtout quand on est investi de la mission de faire la vérité ! Aujourd'hui, c'est sans risque, puisque le Christ a assumé par avance ce risque et qu'il en a payé le prix. Oui, guetteurs sur les remparts de la vie de nos populations citadines et rurales, serions-nous devenus des chiens muets n'avertissant plus ceux qui doivent l'être, comme si nous avions abandonné le peuple, pauvre et exploité, démuni et livré aux mains de qui sait les exploiter, aux mains de certains manipulateurs de sensibleries malheureusement dits " hommes de Dieu ", et de certains politiciens, tous véreux ?
Le constat est net : à coup sûr, ceux-là n'hésitent point à offrir nos populations en holocauste sur l'autel des intérêts égoïstes et démoniaques, surtout quand on feint respectivement, de proclamer l'avènement d'une société sans injustice alors que celle-ci crève les yeux, et d'invoquer l'Esprit-Saint dont les vrais rendez-vous sont toujours manqués dans des prédications où sont adroitement enfouis, de l'adresse même du diable, les envies et les intérêts de ceux qui, pour plagier le moraliste, vivent aux dépens de ceux qui les écoutent. Plus qu'un délit, l'abus de confiance, disons plutôt l'abus de la confiance, devrait être puni, non seulement comme un crime contre l'humanité, mais comme un déicide si nous étions tous en régime de vraie foi en Dieu, et de vraie démocratie. En effet, on abuse de la confiance d'auditoires de fidèles, parfois trop crédules, qui pensent honnêtement Dieu et son salut, quand le prédicateur pense argent et biens matériels. Chers amis grands séminaristes, votre prédicateur du jour n'est ni amer ni futuriste, il se veut réaliste, du réalisme de la vigilance pour lui-même et pour vous qui vous préparez à être, demain, des témoins de la vérité de Dieu en toutes circonstances.
La méga star du reggae venu du pied du Denguélé a su trouver les mots adéquats pour fustiger cette sorcellerie moderne qui a déjà enlevé la vie à tant de fils et de filles de ce pays. Oui, "Allez dire aux hommes politiques qu'ils enlèvent nos noms dans leur business. On a tout compris. Ils nous utilisent comme des chameaux dans des conditions qu'on déplore. Ils nous mènent souvent en bateau, vers des destinations qu'on ignore, ils allument le feu, ils l'activent et après ils viennent jouer aux pompiers. On a tout compris...". Et l'on pourrait pour être juste ajouter cette interrogation : "Mais où étaient les "Hommes de Dieu" ? La foi de ces pasteurs et prédicateurs, toutes confessions religieuses confondues ? Où étaient ces charismatiques faiseurs de miracles, prophètes de beaux jours qui ne se lèvent que dans leurs imaginations et leurs flots impétueux de paroles vaines ? Ce disant manquerais-je de foi ? Non !
Mais, on a tout compris ! Et notre Eglise catholique doit comprendre aussi que sa mission ici en Afrique est d'être la voix des sans voix. Elle doit courageusement dénoncer tout pouvoir politique, économique et spirituel qui, malheureusement comme ici et là dans notre sous-région, cherche habilement ses intérêts matériels ou tend à confisquer les libertés, à imposer la pensée unique et à ethniciser l'armée, la police afin de se maintenir au sommet de l'Etat pour la suite des temps, l'expression " pour les siècles des siècles " ne convenant qu'à Dieu dans son éternité !
Chers grands séminaristes, vous avez tout compris ! Notre Afrique est encore malade d'elle-même ! Pouvoir confisqué ici, mensonge étatisé là, et que sais-je encore ! Et l'on regarde, muet comme des carpes
Est-il concevable que des artistes tels que SOUM BILL, BILLY BILLY, YODE et SIRO soient seuls à être écoutés, et plus écoutés apparemment que l'Eglise, parce que meurtris dans leur cœur à cause du sort de leur pays, ils sont très critiques vis-à-vis de tout pouvoir dans notre société actuelle ? Une certaine sagesse cléricale les désavouerait parce qu'ils disent ce que certains des tenants de cette sagesse ne peuvent plus dire, et pour cause ! Oui la situation dépeinte par ces artistes qui ont aussi leurs faiblesses, est paradoxalement propice à quelques individus qui thésaurisent or et argent pour assurer leur avenir et celui de leurs progénitures qui ne souffriront plus jamais jusqu'au retour du Christ, pense-t-on.
Et l'Eglise ne peut pas se taire parce que certains de ses fils et filles se sont de quelque manière discrédités aux yeux de l'opinion publique. La Parole que nous avons à dire ne nous appartient pas. Aussi devons-nous la dire, même à nos dépens humains ! Dieu nous interpelle et nous enjoint de dire sa vérité pour le salut de tous ! Il est bon pour nous d'écouter ici le prophète Ezéchiel : "Fils d'homme, je t'établis guetteur pour la maison d'Israël ; quand tu entendras une parole venant de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : tu vas mourir, et tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas au méchant pour le mettre en garde contre sa mauvaise conduite, afin qu'il vive, il mourra de son péché mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang... Si un juste se détourne de sa justice et commet l'injustice, je le ferai trébucher, il mourra - c'est parce que tu ne l'auras pas averti qu'il mourra de son péché - ; mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang... " La parole de Dieu peut-elle être plus claire pour nous les pasteurs et ceux qui commettent l'iniquité en foulant aux pieds les droits de leurs frères et sœurs ?
Ceux-là peuvent oublier l'avertissement de l'Ecriture qui dit : "L'homme avec ses honneurs mais qui n'a pas compris, est pareil à la bête qui s'est tue" (PS 49, 21) ; c'est-à-dire, selon le verset 13, correspondant du même psaume : "il ne passe pas la nuit". Mais le guetteur ne saurait mettre la parole de Dieu sous le boisseau ! Par ailleurs la parabole du pauvre Lazare et du riche n'est pas très loin ici, avec sa conclusion : "Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent! S'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes, même si quelqu'un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus". Mais faut-il encore que les riches de ce monde se rendent compte qu'ils ont aujourd'hui plus que Moïse et les prophètes : Jésus-Christ, le nouveau Moïse et son Eglise!
Chers grands séminaristes, vous avez tout compris, vous qui vous préparez à être des guetteurs dans l'Eglise catholique pour nos sociétés!
Vous vous préparez à être serviteurs de la vérité de Jésus-Christ, sans compromission aucune ; surtout sans pactiser avec le mensonge. Vous avez compris qu'il est difficile de garder le silence devant les injustices de notre et dans notre société. Vous êtes jeunes, et vous êtes outrés de constater le silence de mort devant certaines exactions. Nous vos aînés vous dirons sans doute que nous agissons à la base dans la discrétion. Ce qui est bien vrai. Mais quand trop c'est trop, quelle discrétion peut encore faire se contenir la révolte intérieure du pauvre, par exemple de l'étudiant non protégé par quelque organisation estudiantine qui lui assure une sécurité de logement et qui, à cause de son non militantisme estudiantin, subit bien des pressions, voire des exactions de la part de ses collègues étudiants bien protégés et qui ont pignon sur rue ?
Comment, en effet, garder le silence devant toutes ces incohérences qui vont se multipliant sous nos cieux ? Oui, comment concevoir que des cités universitaires, construites à partir de l'argent du contribuable, soient confisquées impunément par une horde d'étudiants intouchables qui dicte sa loi et défie toute autorité ?
Et puis, dans un autre domaine : Comment encore se voiler le visage devant tout ce gaspillage d'or et d'argent ordonné à célébrer, lors de la nuit de Miss Côte d'Ivoire, la nudité de quelques jeunes filles dites courageuses qui se déhanchent telles...je tais la comparaison... sur une scène, proche du harem, pour le plaisir de nos yeux éhontés ? La botanique, ce n'est pas que pour les plantes, surtout quand elles sont exotiques ! L'Afrique est en train de créer aussi ses espaces verts érotiques pour l'aération de sa libido par trop longtemps contenue dans l'intimité du temple de l'agapè du respect de la dignité de l'homme et de la femme dans leur corps. Ah ! Pauvre Afrique à la traîne des inventions valorisantes, mais apte au mimétisme imbécile !
La dignité de la femme africaine dans sa beauté naturelle se mesurerait-elle maintenant selon des critères venus d'outre-mer ? Est-ce surtout par les formes de son corps que l'Africain apprécie la beauté féminine ? On voudrait goûter aux plats cuisinés par nos différentes Miss ! Ou encore admirer la tenue de leur chambre ou maison ! Pauvre Afrique, incapable d'inventer ses plaisirs et ses loisirs ! Et l'on comprend alors l'expansion du tourisme sexuel pour occidentaux nantis ou désœuvrés qui ne sauraient impunément faire chez eux ce qu'ils font chez nous, sans être inquiétés d'aucune manière. Comment le seraient-ils si nous-mêmes nous sommes les pourvoyeurs de ce commerce éhonté, quand nous laissons s'organiser ces choses ! Oui, c'est la mondialisation ! Jusques à quand accepterons-nous d'être la poubelle de l'humanité quand ce sont les moins disanst chez eux, - vous avez tout compris! Qui viennent nous imposer leurs lois par l'argent trompeur et avilissant ?
Chers grands séminaristes, vous avez tout compris. Vous vous formez à dire et faire la vérité par votre parole et votre vie, en tant que prêtres, témoins de la vérité. Votre Maître, notre Maître à tous n'a pas fouillé dans les poubelles, il les a nettoyées par la vérité de son comportement sans compromission avec le mal quel qu'en soit le visage ! A vos marques donc pour la construction d'une société respectueuse de Dieu dans sa créature humaine. L'incarnation du Verbe de Dieu nous oblige à ce respect !
Mais au fond, qu'est-ce qui nous arrive, à nous, disciples du Christ, appelés à être témoins de la vérité à la suite du Maître qui n'a pas craint de dire d'Hérode dont les menaces se faisaient persistantes ; "Allez, dites à ce renard : Voici, je chasse des démons et j'accomplis des guérisons aujourd'hui et demain, et le jour suivant, car il ne se peut qu 'un prophète périsse hors de Jérusalem" (Luc 13, 32-33). Qu'est-ce qui nous arrive, dans notre Eglise, d'hésiter ou d'avoir honte d'appeler un chat, chat, et un chien, chien ? Quelles peurs ou compromissions phagocyteraient-elles notre parole ?
Chers grands séminaristes, prions pour notre propre conversion ! Elle s'impose pour tous les fidèles du Christ, - tels que indiqués plus haut -, même si l'Esprit de Dieu toujours à l'œuvre nous devance dans notre action d'évangélisation!
Oui, comment croire que nous ne puissions rien dire de toutes ces aberrations et malversations auxquelles se livrent certains de nos frères et sœurs dont notre silence nous rendrait complices ? Oui, des enquêtes qui n'ont jamais abouti et qui peut-être resteront telles pour toujours. Que dire en vérité des déchets toxiques et de leurs vrais agents, déchets de la mort qui continuent à fragiliser la santé déjà précaire des populations? Que dire de toutes ces tueries inutiles qui ont fait couler tant de larmes? Qui nous dira la vérité sur les milliards générés par le cacao et le café volatilisés pendant que les paysans sont dangereusement exposés à la maladie et à la famine, surtout ceux dont les enfants ne connaîtront jamais la joie de la scolarisation.
Qui s'occupent des enfants de la rue, condamnés à la délinquance sous le regard indifférent des racketteurs à l'impunité garantie? Qui s'occupe de ces enfants garçons et filles qui dorment sur les espaces de nos institutions religieuses, sujets à la prostitution et au banditisme à ciel ouvert, et qui, par là même, nous disent la vérité de notre démocratie et notre solidarité nationale, pendant que certains fils et filles à papa louent à prix d'or avec l'argent du contribuable pour leur week-end des voitures de luxe? C'est de la bonne manière, pour ne pas dire de bonne guerre, car il faut bien dépenser quelque part l'argent que les banques refusent d'abriter sans justificatifs honnêtes!
C'est un discours déjà entendu. Mais ce disque ne sera jamais rayé, aussi longtemps qu'il faudra dénoncer le mal où qu'il se trouve ! Mais il nous fait mal de dénoncer les maux de notre société, sans pouvoir réel de les corriger. Aussi devons-nous compter avec foi sur l'Esprit pour nous reformer tous et nous convertir afin que notre Eglise forme les jeunes à un presbytérat de service du pauvre et que les futurs prêtres s'attellent dès maintenant à ce service dans la kénose de leur propre personne et le renoncement à l'esprit du monde. Cet esprit semble avoir envahi nos presbytères où certains agents pastoraux sont installés en maîtres et potentats au détriment de l'esprit du service, rendant notre Eglise comme inexperte en humanité ! Mais il n'y a pas à se décourager. L'Esprit de Dieu que nous appelons au secours, est toujours à l'œuvre. Aussi comptons-nous donc sur votre détermination de jeunes amis du Christ et de sa vérité pour aider à la solution de tant de problèmes qui minent le moral des populations.
Il est temps que nous nous réveillions pour bâtir l'Eglise-Famille de Dieu, experte en humanité et qui se dévoue pour tous dans son choix préférentiel pour le pauvre. Une Eglise où les pasteurs en premiers responsables, animent les CEB sans attendre d'y être invités. Nous devons nous lever pour dénoncer le mal, avec la conscience du martyre, c'est-à-dire au risque de nos vies. Car, l'oiseau qui annonce le jour doit s'attendre à souffrir de la rosée.
Mes chers amis, si, en effet, vous voulez servir le Seigneur et non vous faire servir, préparez-vous au renoncement à vous-mêmes, à vos affections particulières, à vos aises d'hommes en quête d'avoir et de pouvoir. Préparez-vous à la souffrance de l'incompréhension de votre propre milieu sacerdotal et chrétien. Préparez-vous à essuyer les railleries des bien-pensants de notre clergé et de notre société. Préparez-vous à lutter contre la confiscation de vos personnes par vos parents et vos amis. Préparez-vous à l'amour, cet amour dont le Christ a dit : " II n 'y a pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ses amis". Le prêtre ne cultive pas la recherche de la promotion sociale, il est promu par sa communauté au vu de son attachement au service de Dieu au milieu de la communauté !
A la suite du Christ, faisons autant que la grâce nous est donnée, faisons de tous les membres de nos communautés des amis, à la manière du Christ ! Car dans "le moi du Christ", nous offrons son sacrifice. Puisse-t-il dans "notre moi", à nous, s'offrir encore comme Rédempteur de tous, au service de la vie véritable !
Chers apprentis prêtres, je vous engage ce jour, vous encore vierges de toutes compromissions, je le suppose, à être des prophètes de notre temps : des prophètes qui tiennent parole et tiendront la parole qui libère et guérit. Est-ce que l'Eglise de Côte d'Ivoire et d'Afrique peut compter sur vous ?
Vos évêques vous donnent leur confiance. Soyez formidables.
Odienné peut-il compter sur des prêtres " Fidei donum " qui viennent de partout de la Côte d'Ivoire ? Vous serez encore plus formidables ! J'attends avec affection dans mon diocèse ceux qui seront dûment formés à la mission et que la collégialité épiscopale libérera pour le service des populations de ce diocèse ouvert à l'accueil de la Parole de Dieu et à la foi qui se démontre par les œuvres et l'engagement des communautés chrétiennes au profit de tous, sans exception ni d'ethnie ni de religion ! Car Dieu ne fait pas acception des personnes ! Ainsi, que Dieu raffermisse votre volonté d'être au service de la vérité pour que nos peuples, en attendant la joie éternelle, connaissent déjà sur terre le bonheur que leur destine le Christ, Lui qui est le Roi de l'Univers, hier, aujourd'hui et pour les siècles des siècles !
Amen.
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