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Société Publié le mardi 24 novembre 2009 | Le Temps

L’Ecole ivoirienne : On prépare l’échec

Le bras de fer entre des enseignants et l'Etat se poursuit à travers le déclenchement d'une grève illimitée.

Depuis le mois d'octobre 2009, l'école ivoirienne est perturbée par la grève des enseignants. Ceux-ci réclament à l'Etat de Côte d'Ivoire l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail par l'effet financier du reclassement. Ils reprochent au gouvernement de ne pas respecter la parole donnée. Pour protester contre ce que les enseignants appellent le non-respect de la parole donnée, les Syndicats des enseignants du secondaire général et technique, se sont réunis dans une Association dénommée : " Mouvement des Syndicats de l'enseignement secondaire général et technique de Côte d'Ivoire ", avec pour leitmotiv faire front à l'Etat par des revendications de tout ordre. La conséquence des actions menées par les enseignants, a enfoncé dans l'abîme l'école ivoirienne. Le niveau de l'enseignant secondaire général et technique dans l'ensemble prend alors un coup. Les partenaires de l'école ivoirienne décrient le bas niveau du système éducatif. Toutes choses qui se répercutent sur les examens de fins d'années tels que le Bac avec 20 % d'admis et le Bts 23 % de réussite. Des résultats très catastrophiques qui font dire à toute la Côte d'Ivoire que, les enseignants ivoiriens ont tué l'école ivoirienne. Les parents d'élèves accusent donc les enseignants d'être à la base de la détérioration du système éducatif. Cependant, ils campent sur leur position et menacent de décréter une année blanche, si leur revendication salariale n'est pas satisfaite. L'école étant un devoir régalien de l'Etat, les enseignants ont rejeté du revers de la main, toutes les accusations portées à leur encontre. Ils se défendent en faisant savoir que, si tous les leviers du système éducatif étaient dégagés, tout rentrerait dans l'ordre et l'Etat gagnerait en crédibilité. Car pour eux, il est du devoir de l'Etat de tout mettre en œuvre pour garantir la bonne marche de l'école. Les enseignants soutiennent que, depuis 20 ans, le niveau de l'enseignement secondaire s'est détérioré. On peut noter à cet effet qu'en 1996, le taux de réussite au Bac est de 7 %. Alors qu'en 2008- 2009, le résultat est de 20 %. Pour eux cette baisse de nouveau n'est pas liée à la performance des cours dispensés par les enseignants. Pour remédier à cette situation, le mouvement des Syndicats de l'enseignement secondaire général et technique de Côte d'Ivoire, préconise l'adoption par l'Etat de Côte d'Ivoire, le cadre d'action de Dakar initié en 2000, avec les six objectifs qui définissent les objectifs de L'école pour tous (Ept). Les enseignants tablent sur le fait qu'en 2004, ce plan malgré son importance n'a pas été adopté par la Côte d'Ivoire. Il n'y a donc pas eu, une nette lisibilité de l'orientation que voudrait donner les autorités ivoiriennes sur l'école ivoirienne.

L'abandon de l'Ecole ivoirienne

L'autre aspect de cette baisse de niveau que les enseignants refusent d'endosser la responsabilité, concerne l'abandon de l'école ivoirienne. Depuis 1985 disent-ils, l'Etat s'est désengagée dans la construction des établissements. Si bien que le vivier après 25 années d'existence ne répond plus à la démographie scolaire. Tout ceci a pour conséquence, l'effectif pléthorique dans des salles de classes avec dans le premier cycle un effectif variant entre 30 et 33 élèves par classe et dans le second cycle un effectif situé entre 20 et 23 élèves. Dans ce désengagement de l'Etat, les chiffres officiels donnent comme effectifs 66 élèves par classe dans le premier cycle et 55 dans le second cycle.

Les réformes de l'école

Dans cette même veine, les enseignants ont constaté l'échec de réforme de l'école entreprise par l'Etat. La méthode pédagogique est présentement décriée par les enseignants qui réclament un bilan. Aussi ont-ils remis en cause, la formation par compétence prônée par l'Etat. Pour les enseignants, c'est une infime partie qui a été initiée par le système de la formation par compétence. Ils ont insisté sur le fait que les 21.348 enseignants sortis de l'Ens sont déjà sur le terrain bien avant l'entrée en vigueur du système de formation par compétence. Les enseignants reprochent à l'Etat le fait que le système ne soit pas en conformité avec les enseignants pratiquants sur le terrain et que les autorités de l'école ivoirienne insistent de son application effective.

Les conditions d'enseignements défectueuses

Manque de salles spécialisées, absence de laboratoires et autres équipements pour l'expérience, sont autant de problèmes qui ont contribué à la destruction de l'école. Le plus grave concerne la suppression des internats, ont noté les enseignants. Les parents devenus de plus en plus pauvres, et l'analphabétisme grandissant, les parents n'arrivent plus à suivre leurs enfants. Telles sont les causes, selon les enseignants, qui minent l'école ivoirienne et qui empêche son avancement. Les professeurs appellent donc à la reprise d'un réel dialogue avec l'Etat pour la bonne marche de l'école.
Jean-Baptiste Essis
Jebessis8@gmail. Com
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