L'Ong ‘’Beda-CI’’ a été créée en mars 2009. Son objectif, l'insertion sociale des albinos et l'amélioration de leurs conditions de vie. Dans la suite de notre dossier sur les superstitions, son président insiste sur le danger que ces personnes courent en Côte d'Ivoire du fait de certaines superstitions.
Quelle est la situation des albinos aujourd'hui en Côte d'Ivoire ?
Contrairement à certains pays, on peut dire que la situation des albinos en Côte d'Ivoire est moins grave. Mais, ils sont cependant soumis à trois types de problèmes.
Lesquels ?
Nous avons le problème oculaire, le problème cutané et le problème d'insertion. Pour ce qui concerne le problème cutané (c'est-à-dire le problème de la peau), il faut savoir que les albinos sont fragiles sous le soleil. Ils ne tiennent pas face aux rayons solaires. Cela entraîne chez eux des cancers de la peau. Au plan oculaire, l'albinos a souvent des problèmes de vue, c'est naturel. Parce que même les verres pharmaceutiques n'améliorent pas souvent leur situation. Ce qui fait que la plupart des albinos n'arrivent pas à suivre leurs études jusqu'à un certain niveau. Quand au problème d'insertion, l'albinos est mal vu dans la société à cause du rejet social. Certaines personnes ont même tendance à dire que les albinos sont des sorciers. Et que si une personne s'approche d'un albinos, elle peut faire des enfants albinos. D'autres vont jusqu'à ne pas les accepter dans leur famille, on les fuit.
Est-ce l'effet de la superstition ?
Souvent. J'ai vécu une situation au niveau de Guitry, pas loin de Lakota, où un enfant albinos a été tué et dépossédé de ses organes en 2008. C'était même l'œuvre des parents. Aux II-Plateaux, un albinos qui régulait la circulation a été tué aussi et dépossédé de ses organes, c'était en 2009.
Est-ce que vous croyez à ces superstitions ?
En tant qu'Africain, il faut croire à la superstition.
A votre avis, dans quel but sont utilisés ces organes ?
Ce sont des questions que tout le monde se pose. Mais je pense que c'est dans le but de s'enrichir.
Pourquoi de telles pratiques ?
Elles existent à partir des anciennes traditions. Il y a des gens qui disent par exemple que les os ou le sang d'un albinos permettent d'avoir assez de poissons quand on va à la pêche. Ce sont des préjugés. Et, je crois que la société commence à comprendre.
Est-ce qu'il y a d'autres torts que ces préjugés causent aux albinos?
Certains utilisent leurs cheveux par exemple. Mais, en Côte d'Ivoire la situation est moins critique par rapport à d'autres pays, notamment l'Afrique centrale.
Pourquoi ?
Parce qu'en Côte d'Ivoire, il n'y a pas assez de cas. J'ai tourné un peu à l'intérieur du pays, les albinos vivent mieux.
Mais, ces pratiques n'ont pas totalement disparu, surtout avec les élections qui s’annoncent.
Oui. Et il faut faire très attention.
Qu'est-ce que l'Ong fait pour mettre fin à toutes ces pratiques?
Nous avons déjà commencé une campagne de sensibilisation. A partir du mois de janvier, nous allons faire une conférence de presse avec des sociologues, des généticiens, des dermatologues pour dire aux populations que les albinos ne sont pas différents d’elles. Ce n'est pas en prenant leurs organes qu'on deviendra riche. Certaines personnes vont jusqu'à dire que quand vous mariez une femme albinos vous aurez la prospérité dans la famille. Aucun albinos n'est épargné par ces pratiques. Même moi, il arrive que des personnes qui me rencontrent dans la rue, me disent : « excusez-moi, je veux vous donner quelque chose, pour un sacrifice ».
Avez-vous des actions à mener par rapport à l'amélioration de la condition physique des albinos, parce que beaucoup n'ont pas les moyens pour se traiter ?
Nous avons déjà pris contact avec des dermatologues et des ophtalmologues. Au niveau du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville, le Dr Kanga, médecin-chef en dermatologie, a déjà commencé à traiter près de 100 à 200 albinos avec le concours de notre Ong.
Comment doivent-ils s'y prendre pour bénéficier de ces soins ?
On passe dans les différentes familles pour prodiguer des conseils. Maintenant, pour les albinos qui ont des problèmes de peau, nous les orientons vers la dermatologie. Nous avons même adressé des courriers aux Forces nouvelles pour mener des actions au niveau de Bouaké.
Avez-vous d'autres actions en vue?
Oui. Nous allons aussi dans les écoles pour rentrer en contact avec les enfants albinos. Quand nous découvrons par exemple qu'un enfant albinos est assis derrière nous demandons à l'instituteur ou au directeur de le mettre devant et d'écrire un peu plus gros pour lui.
Où trouvez-vous le financement?
Nous avons des problèmes à ce niveau. Nous travaillons avec ce que nous avons. Nous avons demandé de l'aide aux autorités, aux organismes internationaux et à la société civile.
Combien de structures prennent en charge la situation des albinos ?
Nous sommes la seule structure pour le moment.
Est-ce qu'il y a eu un recensement pour déterminer le nombre d'albinos en Côte d'Ivoire ?
Nous avons plus de 200 à 300 albinos déjà recensés au niveau d'Abidjan. A Bouaké, nous venons de commencer le recensement. Nous allons installer des sections partout.
Avec ce nombre, pensez-vous qu'il y a assez d'albinos en Côte d'Ivoire par rapport aux autres pays africains?
Oui. Mais, il faut des moyens pour les prendre en charge. Nous demandons de l'aide. Surtout de la part du gouvernement afin de nous permettre d'atteindre notre objectif. Aujourd'hui, certains albinos vont jusqu'à mendier. A l'hôtel de ville, il y a une femme albinos et ses enfants qui sont sous le soleil en train de mendier. Avec la fragilité de leur peau, c'est extrêmement angoissant et ça fait pitié. Il faut aider ces familles, ces enfants. La Côte d'Ivoire a besoins d'eux, ils contribuent au développement de ce pays voire du monde.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Quelle est la situation des albinos aujourd'hui en Côte d'Ivoire ?
Contrairement à certains pays, on peut dire que la situation des albinos en Côte d'Ivoire est moins grave. Mais, ils sont cependant soumis à trois types de problèmes.
Lesquels ?
Nous avons le problème oculaire, le problème cutané et le problème d'insertion. Pour ce qui concerne le problème cutané (c'est-à-dire le problème de la peau), il faut savoir que les albinos sont fragiles sous le soleil. Ils ne tiennent pas face aux rayons solaires. Cela entraîne chez eux des cancers de la peau. Au plan oculaire, l'albinos a souvent des problèmes de vue, c'est naturel. Parce que même les verres pharmaceutiques n'améliorent pas souvent leur situation. Ce qui fait que la plupart des albinos n'arrivent pas à suivre leurs études jusqu'à un certain niveau. Quand au problème d'insertion, l'albinos est mal vu dans la société à cause du rejet social. Certaines personnes ont même tendance à dire que les albinos sont des sorciers. Et que si une personne s'approche d'un albinos, elle peut faire des enfants albinos. D'autres vont jusqu'à ne pas les accepter dans leur famille, on les fuit.
Est-ce l'effet de la superstition ?
Souvent. J'ai vécu une situation au niveau de Guitry, pas loin de Lakota, où un enfant albinos a été tué et dépossédé de ses organes en 2008. C'était même l'œuvre des parents. Aux II-Plateaux, un albinos qui régulait la circulation a été tué aussi et dépossédé de ses organes, c'était en 2009.
Est-ce que vous croyez à ces superstitions ?
En tant qu'Africain, il faut croire à la superstition.
A votre avis, dans quel but sont utilisés ces organes ?
Ce sont des questions que tout le monde se pose. Mais je pense que c'est dans le but de s'enrichir.
Pourquoi de telles pratiques ?
Elles existent à partir des anciennes traditions. Il y a des gens qui disent par exemple que les os ou le sang d'un albinos permettent d'avoir assez de poissons quand on va à la pêche. Ce sont des préjugés. Et, je crois que la société commence à comprendre.
Est-ce qu'il y a d'autres torts que ces préjugés causent aux albinos?
Certains utilisent leurs cheveux par exemple. Mais, en Côte d'Ivoire la situation est moins critique par rapport à d'autres pays, notamment l'Afrique centrale.
Pourquoi ?
Parce qu'en Côte d'Ivoire, il n'y a pas assez de cas. J'ai tourné un peu à l'intérieur du pays, les albinos vivent mieux.
Mais, ces pratiques n'ont pas totalement disparu, surtout avec les élections qui s’annoncent.
Oui. Et il faut faire très attention.
Qu'est-ce que l'Ong fait pour mettre fin à toutes ces pratiques?
Nous avons déjà commencé une campagne de sensibilisation. A partir du mois de janvier, nous allons faire une conférence de presse avec des sociologues, des généticiens, des dermatologues pour dire aux populations que les albinos ne sont pas différents d’elles. Ce n'est pas en prenant leurs organes qu'on deviendra riche. Certaines personnes vont jusqu'à dire que quand vous mariez une femme albinos vous aurez la prospérité dans la famille. Aucun albinos n'est épargné par ces pratiques. Même moi, il arrive que des personnes qui me rencontrent dans la rue, me disent : « excusez-moi, je veux vous donner quelque chose, pour un sacrifice ».
Avez-vous des actions à mener par rapport à l'amélioration de la condition physique des albinos, parce que beaucoup n'ont pas les moyens pour se traiter ?
Nous avons déjà pris contact avec des dermatologues et des ophtalmologues. Au niveau du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville, le Dr Kanga, médecin-chef en dermatologie, a déjà commencé à traiter près de 100 à 200 albinos avec le concours de notre Ong.
Comment doivent-ils s'y prendre pour bénéficier de ces soins ?
On passe dans les différentes familles pour prodiguer des conseils. Maintenant, pour les albinos qui ont des problèmes de peau, nous les orientons vers la dermatologie. Nous avons même adressé des courriers aux Forces nouvelles pour mener des actions au niveau de Bouaké.
Avez-vous d'autres actions en vue?
Oui. Nous allons aussi dans les écoles pour rentrer en contact avec les enfants albinos. Quand nous découvrons par exemple qu'un enfant albinos est assis derrière nous demandons à l'instituteur ou au directeur de le mettre devant et d'écrire un peu plus gros pour lui.
Où trouvez-vous le financement?
Nous avons des problèmes à ce niveau. Nous travaillons avec ce que nous avons. Nous avons demandé de l'aide aux autorités, aux organismes internationaux et à la société civile.
Combien de structures prennent en charge la situation des albinos ?
Nous sommes la seule structure pour le moment.
Est-ce qu'il y a eu un recensement pour déterminer le nombre d'albinos en Côte d'Ivoire ?
Nous avons plus de 200 à 300 albinos déjà recensés au niveau d'Abidjan. A Bouaké, nous venons de commencer le recensement. Nous allons installer des sections partout.
Avec ce nombre, pensez-vous qu'il y a assez d'albinos en Côte d'Ivoire par rapport aux autres pays africains?
Oui. Mais, il faut des moyens pour les prendre en charge. Nous demandons de l'aide. Surtout de la part du gouvernement afin de nous permettre d'atteindre notre objectif. Aujourd'hui, certains albinos vont jusqu'à mendier. A l'hôtel de ville, il y a une femme albinos et ses enfants qui sont sous le soleil en train de mendier. Avec la fragilité de leur peau, c'est extrêmement angoissant et ça fait pitié. Il faut aider ces familles, ces enfants. La Côte d'Ivoire a besoins d'eux, ils contribuent au développement de ce pays voire du monde.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
