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International Publié le vendredi 11 décembre 2009 | Nord-Sud

Canada : Ces Ivoiriens heureux et fiers d`y vivre

De Montréal à Edmonton, en passant par Ottawa, la diaspora ivoirienne prend de l'ampleur en terre canadienne. Les nombreux atouts qu'offre le pays expliquent en partie cet attrait. Même si tout n'est pas rose, les témoignages insistent davantage sur la joie de vivre à plus de douze mille kilomètres de la Côte d'Ivoire. Reportage.

La salle située au sous sol d'un centre culturel du 419 St Roch au Nord de Montréal paraît à première vue exigüe. Mais la pièce arrive tout de même à contenir la cinquantaine d'Ivoiriens réunis cet après midi dominical ensoleillé. Membres ou sympathisants de l'Association des Ivoiriens du Canada (Aica) de Montréal, ils se retrouvent une fois par mois pour parler social, accueillir et servir de guide aux nouveaux arrivants. Qui ne se comptent plus seulement du bout des doigts. Le pays des feuilles d'érable est passé au rang des destinations les plus prisées des diplômés ivoiriens depuis quelques années. Par grappes, ceux-ci viennent grossir les rangs de leurs compatriotes déjà installés depuis de nombreuses années. L'île de Montréal représente de loin le réceptacle du Québec pour ceux qui foulent la province la première fois. La quasi-totalité des nouveaux arrivants choisissent à juste titre Montréal, la principale ville francophone de la Belle Province. Ailleurs au Canada, c'est la langue anglaise qui est usitée au quotidien.
L'ambiance est bon enfant au sein de l'Aica, une association créée en septembre 2007. « Quand je suis arrivé à Montréal, je me suis renseigné sur l'existence d'un association regroupant des Ivoiriens. Il n'y en avait presque pas. C'est ainsi que j'ai contacté quelques personnes et l'Aica a vu le jour », raconte fièrement Mamadou Cissé, informaticien. C'est naturellement lui qui est choisi pour présider aux destinées de ladite association. Celle-ci réunit des femmes et des hommes originaires des différentes régions de Côte d'Ivoire. Les divergences politiques qui peuvent pointer du nez dans ce genre de rassemblement hétéroclite, sont ici reléguées aux calendes grecques. On est très loin des querelles byzantines ivoiriennes.
A la fin de la rencontre qui aura duré près d'une heure et demie, les nouveaux venus déclinent leurs identités et sont dirigés vers une cellule chargée de les guider dans leurs futures démarches professionnelles. Ce dimanche là, ils sont une demi-douzaine de personnes à se signaler. Les enseignants du secondaire forment le gros lot. Quelques voix chahutent ces profs qui ont abandonné leurs élèves au pays pour l'aventure.

Bonne Politique d'immigration

Cette affluence massive d'immigrants, surtout d'origine africaine, enregistrée au fil des années, s'explique en partie par sa politique d'immigration très attractive. Sur la principale chaîne de télévision québécoise, par exemple, une réclame (« L'immigration, c'est bienvenue ! ») vante même l'apport significatif des étrangers au développement de la province. Un appel d'air que personne ne semble contester. Contrairement à d'autres pays occidentaux tels la France, l'Italie ou l'Espagne, les problèmes de « Sans-papiers » dans cet immense pays sont très minimes. La politique d'immigration (une sorte de pêche aux têtes bien pleines) mise en place au Canada, pays fédéral regroupant onze provinces autonomes, permet d'octroyer un titre de Résident permanent aux nouveaux venus et à tous les membres de leurs familles.
Au fil des années, le nombre d'Ivoiriens enregistré, dans les différentes provinces du Canada, surtout au Québec, est en forte hausse. Il y a ceux venus directement de Côte d'Ivoire et ceux qui s'étaient auparavant installés ailleurs avant d'émigrer au Canada. Tous, à quelques exceptions près (fonctionnaires internationaux, diplomates..) ont suivi le long processus de demande d'immigration qui peut prendre entre deux à cinq années selon l'endroit où la demande a été effectuée. A Montréal et à Ottawa (la capitale fédérale), ceux que nous avions rencontrés et interrogés, dans leur majorité, multiplient les superlatifs pour expliquer les raisons de leur installation au Canada. Y. Coffi, la quarantaine bien sonnée, est de ceux qui ne tarissent pas d'éloges sur la vie dans le pays de la chanteuse Céline Dion. Installé à Victoria (Colombie-Britannique) depuis une dizaine d'années, ce docteur en Informatique, enseignant à l'université de Victoria, est visiblement enchanté quand il parle des possibilités multiples qu'offre son pays d'adoption. «C'est le premier pays civilisé au monde. Ici, le respect des droits de l'Homme n'est pas un vain mot », admet-il. Il est rejoint dans son analyse par Valère qui vit à Montréal. Ce dernier qui a vécu et étudié le Droit en France affirme se sentir désormais à l'aise dans ce pays.

Ivoiro-canadiens et fiers

Sa décision de partir de l'Hexagone a été motivée par la discrimination et le racisme qui n'en finissent pas de ternir la réputation du pays qualifié de Patrie des droits de l'Homme. «Quand tu es Noir en France, tu as du mal à trouver du boulot. J'ai choisi le Canada qui est un pays d'opportunité», se justifie t-il. Après deux années de présence au Québec, Valère se montre satisfait de sa situation, lui qui est présentement fonctionnaire au ministère de la Fonction publique du Québec. Mais il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. « Je suis en train de faire une équivalence de mes diplômes afin de m'inscrire à l'université et faire le droit canadien, dans le but un jour de devenir avocat », poursuit-il, avec un brin d’optimiste. A 250 kilomètres d'Ottawa, résident L. Fofana et sa famille. Ce natif de Mankono et docteur en électronique ne rêve pas un seul instant retourné travailler en Côte d'Ivoire. Après l'obtention de son doctorat en France, il émigre un an au pays de l'oncle Sam avant de poser ses valises à Ottawa. Il est suivi quelques mois plus tard par son épouse et sa fille. Aujourd'hui, il réside dans une bourgade de l'Ontario où il exerce dans le nucléaire, en tant que…Canadien. La loi du Canada facile cette obtention de la nationalité. La condition sine qua none à remplir par tout postulant est de cumuler trois années (environ 1.095 jours) de présence physique dans le pays. La suite n'est qu'une simple formalité.
Nombreux sont donc les Ivoiriens qui sont aussi Canadiens et qui en éprouvent une fierté. Si les opportunités ne manquent pas au Canada, le parcours qui mène au Graal est parfois sinueux. Ils sont légion ceux qui n'ont d'autre alternative que reprendre les études afin de décrocher un emploi qui correspond à leur profil. Cette option est fortement recommandée pour mieux s'imprégner du système éducatif canadien diamétralement opposé au système occidental et pour bien s'intégrer au plan professionnel.
O. Hawa infirmière auxiliaire à Montréal et D. Kadidjatou enseignante de Français langue étrangère près d'Ottawa ont été obligées de reprendre leurs études pour intégrer leurs secteurs professionnels respectifs. Hawa et Kadidjatou font partie du lot de celles qui ont suivi leurs époux au Canada. Cette obligation de revenir sur les bancs de l'école à manquer de décourager Y. Abdul. Désenchanté par la complexité de la situation, celui-ci avait un moment envisagé le retour au pays. Ancien professeur du secondaire technique à Abidjan, il s'est vu contraindre de se recycler en s'inscrivant à l'école Polytechnique de l'Université de Montréal. Heureusement, l'Etat canadien offre des bourses à tous ceux inscrits dans des établissements reconnus et des prêts parfois consistants à rembourser plus tard. Ces moyens financiers obtenus, l'inquiétude a fait immédiatement place à l'espoir. Abdul est quasiment assuré d'avoir un poste d'ingénieur après ses études à Polytechnique. Les autorités administratives canadiennes sont conscientes des difficultés d'insertion qui les rebutent dès le départ. La connaissance de la langue anglaise s'avère incontournable pour espérer obtenir un emploi. Même dans la seule province francophone du pays, être bilingue reste un atout majeur. En outre, de nombreuses professions sont réglementées, comme la médecine ou l'architecture. Malgré l'énorme besoin (le Québec par exemple a un manque incroyable de médecins chiffré à près d'un millier de postes), y accéder passe par des examens et des stages supplémentaires ; voire une ou plusieurs années d'études universitaires.

Etre bilingue, un immense atout

Mais les anciens rassurent : on finit toujours par obtenir un travail à la hauteur de ses espérances. Un ingénieur ou un cadre des finances qui a acquis de l'expérience en arrivant au Canada ne finira pas dans la sécurité ou la restauration comme c'est le cas dans d'autres pays d'Europe. De plus, l'environnement (disponibilité du logement, aides financières fédérales et provinciales et la beauté naturelle du pays) finissent par remonter le moral à ceux qui sont gagnés par le coup de blues. Dans la Belle Province, le ministère de l'Immigration et des communautés culturelles propose désormais aux nouveaux arrivants, une formation d'une semaine dans laquelle des modules sur la culture du pays ou les méthodes de recherche d'emploi (confection des CV et des lettres de motivation) sont enseignés. A propos de boulot, on indique ici que 30% seulement des offres sont publiées via les journaux ou les sites internet. Les 70% restants passent par le réseautage (le bouche à oreille, les recommandations…). Il est donc conseillé à chacun de se faire un carnet d'adresses ou de contacts afin d'être directement informé sur les postes ou possibilités proposés par telle ou telle entreprise.
Au rythme actuel des arrivées, la diaspora ivoirienne au Canada pourrait être la plus importante d'Europe et d'Amérique.


Reportage réalisé à Montréal et Ottawa par Karim Wally
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