Ils sont pris à partie lors des recouvrements et autres tâches liés à leurs fonctions. Il ne se passe pas de jour sans qu’un huissier ne soit agressé par un redevable.
Les attaques verbales et surtout physiques font partie de leur quotidien. Chaque jour, ils sont pris pour cibles dans l’exercice de leur fonction. Me Lorougnon Jean Pierre, huissier de justice, se rappelle la journée mouvementée du lundi 2 mars où il a failli laisser la peau. Venu pour recouvrer le loyer de l’un de ses clients à Marcory-Anoumanbo, Jean Pierre essuie les injures puis la bastonnade à sang des locataires qui refusent de régler la facture de trois mois d’arriérés. «C’est un immeuble à deux étages. J’ai été commis en octobre 2007 pour faire le recouvrement. Il se trouve que depuis janvier 2009, il y a quatre locataires qui n’arrivaient plus à régler leur facture. C’est ainsi que le propriétaire m’a mandaté pour enclencher une procédure d’expulsion », affirme-t-il, précisant que bien avant cette étape, il avait proposé un règlement à l’amiable, resté lettre morte. « Le jour des faits, je suis venu leur signifié l’acte de justice qui m’autorise à engager l’expulsion. J’ai été accueilli avec des tonnes d’insultes. J’ai été traité de tous les sales mots. Mais, ils ne sont pas arrêtés là», avance Me Lorougnon.
Battu à sang et menacé de mort
Face à la menace d’expulsion, deux des quatre locataires passent à la vitesse supérieure. Selon lui, ils se sont armés de gourdins et de fils électriques pour le rouer de coups. «Mon Clerc et moi, sommes sortis avec des blessures à la tête. Nous avons été copieusement tabassés sans que personne ne vienne à notre secours. Je signale que bien avant notre arrivée sur les lieux, j’ai pris attache avec le commissariat de police du 9ème arrondissement. Nous devrions être assistés par la force publique ce qui n’a pas été le cas. J’ignore totalement les raisons de cette attitude qui frise même le dédain», grogne ce jeune huissier de justice, qui est sorti de cette mésaventure avec des blessures à la tête et au dos. La série noire continue avec son lot d’agressions. Le danger est d’autant plus réel que certains huissiers de justice risquent leur vie. Ce n’est pas Magloire Yobouet, qui dira le contraire.
Avec une expérience professionnelle de plus de dix ans, il pensait être à l’abri de toutes surprises désagréables. Mais, le 5 juillet 2009, au quartier Maroc de la commune de Yopougon, il se rend à l’évidence. Selon ses propres mots, des hommes lourdement armés le prennent en chasse. «Je faisais le recouvrement pour un richissime commerçant libanais. Je devais encaisser les loyers de deux immeubles. Ce jour-là, j’ai perçu 20 millions Fcfa, mais j’ai été suivi. En regagnant mon bureau au Toit Rouge, je suis tombé dans un piège au niveau du marché de Kouté. Trois individus armés de pistolets automatiques m’ont intimé l’ordre de descendre de ma voiture. Ils ont emporté les 20 millions Fcfa et mon véhicule. Ils n’ont menacé de mort à travers des lettres anonymes », nous confie-t-il. Me Magloire soutient qu’il vit dans la peur et l’angoisse. « C’est dommage. Nous ne sommes pas protégés. C’est un travail à haut risque mais les autorités ne font rien pour assurer notre sécurité dans l’exercice de notre fonction », renchérit Me Bamba Mamadou dans son cabinet à Adjamé 220 logements. Il soutient avoir été mordu par le chien de l’une des débitrice de sa cliente. C’est une femme d’affaire qui vend des pagnes et des bijoux. Elle livre ses marchandises à crédit et elle s’est attachée les services d’un huissier de justice pour faire le recouvrement. C’est ainsi que le 20 novembre, Me Bamba se rend à la cité des Arts à Cocody où réside Mme Douhou Géneviève, la débitrice.
Les attaques se poursuivent
Il raconte sa mésaventure. « Elle a pris des marchandises d’une valeur de 500 000 Fcfa avec ma cliente. Dame Douhou devait solder le crédit fin septembre. Ce qui n’a pas été fait alors on lui a accordé un délai d’un mois. Elle ne s’est pas exécutée et je suis allé lui signifier cela. Elle a purement et simplement lâché son chien sur moi prétextant que je l’harcelais. L’animal m’a mordu», révèle-t-il. Le calvaire des « corbeaux » est loin de prendre fin. Me Cissé Yao Jules, vice-président de la Chambre nationale des huissiers de Côte d’Ivoire (Chnhci), nous livre sa propre mésaventure. Le 23 février 2004, à son cabinet à Aghien, dans la commune de Cocody, il a frôlé la mort. « Tapé Koulou, directeur de publication du journal Le National, avait laissé une ardoise à la clinique Avicenne. La mère de Al Moustapha y recevait des soins à son compte. Il a émis un chèque sans provision. Je devais donc saisir les avoirs du journal pour que la clinique rentre dans ses fonds. C’est ainsi que Tapé Koulou s’est déporté à mon bureau escorté d’hommes en arme. Il m’a menacé de mort. J’ai eu le reflexe de me barricader en attendant l’intervention d’un détachement du camp de gendarmerie de Aghan. Il est reparti tout en promettant de me faire la peau », témoigne-t-il. Malgré la menace, poursuit Me Cissé, la procédure est allé jusqu’au bout. « Nous sommes conscients des dangers qui nous guettent chaque jour », reconnaît le vice-président de la Chnhci. Mais, confesse-t-il, la profession est gangrénée par des brebis galeuses qui outre passent leurs prérogatives. « Certains de nos collègues font du zèle en s’arrogeant des pouvoirs qui, en réalité, ne sont pas de leur ressort. Ils se comportent comme des banquiers en plaçant l’argent de leurs clients. C’est ce qui pose des problèmes de confiance. On assiste souvent à des cas d’abus de confiance où des collègues sont impliqués. Il faut le dire, la plupart des huissiers sont formés sur le tas. La question de la formation incombe au ministère de la Justice. Il n’existe pas de cabinets boutiques mais c’est plutôt l’Etat qui joue el rôle de boutique», accuse Me Cissé, affirmant que les indélicats de la corporation doivent subir la rigueur des textes car nul n’est au-dessus de la loi.
Une enquête réalisée par Ouattara Moussa (Stagiaire)
Les attaques verbales et surtout physiques font partie de leur quotidien. Chaque jour, ils sont pris pour cibles dans l’exercice de leur fonction. Me Lorougnon Jean Pierre, huissier de justice, se rappelle la journée mouvementée du lundi 2 mars où il a failli laisser la peau. Venu pour recouvrer le loyer de l’un de ses clients à Marcory-Anoumanbo, Jean Pierre essuie les injures puis la bastonnade à sang des locataires qui refusent de régler la facture de trois mois d’arriérés. «C’est un immeuble à deux étages. J’ai été commis en octobre 2007 pour faire le recouvrement. Il se trouve que depuis janvier 2009, il y a quatre locataires qui n’arrivaient plus à régler leur facture. C’est ainsi que le propriétaire m’a mandaté pour enclencher une procédure d’expulsion », affirme-t-il, précisant que bien avant cette étape, il avait proposé un règlement à l’amiable, resté lettre morte. « Le jour des faits, je suis venu leur signifié l’acte de justice qui m’autorise à engager l’expulsion. J’ai été accueilli avec des tonnes d’insultes. J’ai été traité de tous les sales mots. Mais, ils ne sont pas arrêtés là», avance Me Lorougnon.
Battu à sang et menacé de mort
Face à la menace d’expulsion, deux des quatre locataires passent à la vitesse supérieure. Selon lui, ils se sont armés de gourdins et de fils électriques pour le rouer de coups. «Mon Clerc et moi, sommes sortis avec des blessures à la tête. Nous avons été copieusement tabassés sans que personne ne vienne à notre secours. Je signale que bien avant notre arrivée sur les lieux, j’ai pris attache avec le commissariat de police du 9ème arrondissement. Nous devrions être assistés par la force publique ce qui n’a pas été le cas. J’ignore totalement les raisons de cette attitude qui frise même le dédain», grogne ce jeune huissier de justice, qui est sorti de cette mésaventure avec des blessures à la tête et au dos. La série noire continue avec son lot d’agressions. Le danger est d’autant plus réel que certains huissiers de justice risquent leur vie. Ce n’est pas Magloire Yobouet, qui dira le contraire.
Avec une expérience professionnelle de plus de dix ans, il pensait être à l’abri de toutes surprises désagréables. Mais, le 5 juillet 2009, au quartier Maroc de la commune de Yopougon, il se rend à l’évidence. Selon ses propres mots, des hommes lourdement armés le prennent en chasse. «Je faisais le recouvrement pour un richissime commerçant libanais. Je devais encaisser les loyers de deux immeubles. Ce jour-là, j’ai perçu 20 millions Fcfa, mais j’ai été suivi. En regagnant mon bureau au Toit Rouge, je suis tombé dans un piège au niveau du marché de Kouté. Trois individus armés de pistolets automatiques m’ont intimé l’ordre de descendre de ma voiture. Ils ont emporté les 20 millions Fcfa et mon véhicule. Ils n’ont menacé de mort à travers des lettres anonymes », nous confie-t-il. Me Magloire soutient qu’il vit dans la peur et l’angoisse. « C’est dommage. Nous ne sommes pas protégés. C’est un travail à haut risque mais les autorités ne font rien pour assurer notre sécurité dans l’exercice de notre fonction », renchérit Me Bamba Mamadou dans son cabinet à Adjamé 220 logements. Il soutient avoir été mordu par le chien de l’une des débitrice de sa cliente. C’est une femme d’affaire qui vend des pagnes et des bijoux. Elle livre ses marchandises à crédit et elle s’est attachée les services d’un huissier de justice pour faire le recouvrement. C’est ainsi que le 20 novembre, Me Bamba se rend à la cité des Arts à Cocody où réside Mme Douhou Géneviève, la débitrice.
Les attaques se poursuivent
Il raconte sa mésaventure. « Elle a pris des marchandises d’une valeur de 500 000 Fcfa avec ma cliente. Dame Douhou devait solder le crédit fin septembre. Ce qui n’a pas été fait alors on lui a accordé un délai d’un mois. Elle ne s’est pas exécutée et je suis allé lui signifier cela. Elle a purement et simplement lâché son chien sur moi prétextant que je l’harcelais. L’animal m’a mordu», révèle-t-il. Le calvaire des « corbeaux » est loin de prendre fin. Me Cissé Yao Jules, vice-président de la Chambre nationale des huissiers de Côte d’Ivoire (Chnhci), nous livre sa propre mésaventure. Le 23 février 2004, à son cabinet à Aghien, dans la commune de Cocody, il a frôlé la mort. « Tapé Koulou, directeur de publication du journal Le National, avait laissé une ardoise à la clinique Avicenne. La mère de Al Moustapha y recevait des soins à son compte. Il a émis un chèque sans provision. Je devais donc saisir les avoirs du journal pour que la clinique rentre dans ses fonds. C’est ainsi que Tapé Koulou s’est déporté à mon bureau escorté d’hommes en arme. Il m’a menacé de mort. J’ai eu le reflexe de me barricader en attendant l’intervention d’un détachement du camp de gendarmerie de Aghan. Il est reparti tout en promettant de me faire la peau », témoigne-t-il. Malgré la menace, poursuit Me Cissé, la procédure est allé jusqu’au bout. « Nous sommes conscients des dangers qui nous guettent chaque jour », reconnaît le vice-président de la Chnhci. Mais, confesse-t-il, la profession est gangrénée par des brebis galeuses qui outre passent leurs prérogatives. « Certains de nos collègues font du zèle en s’arrogeant des pouvoirs qui, en réalité, ne sont pas de leur ressort. Ils se comportent comme des banquiers en plaçant l’argent de leurs clients. C’est ce qui pose des problèmes de confiance. On assiste souvent à des cas d’abus de confiance où des collègues sont impliqués. Il faut le dire, la plupart des huissiers sont formés sur le tas. La question de la formation incombe au ministère de la Justice. Il n’existe pas de cabinets boutiques mais c’est plutôt l’Etat qui joue el rôle de boutique», accuse Me Cissé, affirmant que les indélicats de la corporation doivent subir la rigueur des textes car nul n’est au-dessus de la loi.
Une enquête réalisée par Ouattara Moussa (Stagiaire)