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Showbizz Publié le lundi 21 décembre 2009 | Nord-Sud

Norbert Etranny (directeur du Cnac) : “Qu`on nous donne plus d`argent”

Le Ballet national est à l`agonie. Le directeur du Centre national des arts et de la culture (Cnac) pense que s’il reçoit des moyens le “Grand ballet” va revivre.


La restructuration du Ballet national de 1994 a-t-elle constituée un frein à l`épanouissement de l`institution ?

Le seul frein à l`émergence de toutes les activités culturelles d`une façon général est un frein budgétaire. Dans sa nouvelle monture, le ballet a eu à recevoir des invitations de l`extérieur qu`on n`arrive pas à honorer parce qu`on ne peut pas payer le transport. Donc voilà de façon succincte les contraintes. Je pense que fondamentalement, c`est un problème de moyens. Ma philosophie, c`est de ne pas m`arrêter à ce constat et m`assoir pour pleurer. Nous essayons de nous battre. Comme nous n`avons pas d`argent, nous luttons pour plus d`imaginations. C`est ce qu`on fait actuellement. Nous lancerons un bouquet regroupant le théâtre, la danse et le cinéma pour 2010.


Pensez-vous que cette nouvelle politique permettra au Ballet national de décoller ?

Si je pouvais lire l`avenir, j`aurai pu vous répondre. Nous nous employons à faire en sorte que tout ce qui dépend de nous soit réuni. Pour le reste, tout dépend de Dieu et de ceux qui détiennent les fonds. Sinon, tout ce qui peut permettre, techniquement, au Ballet national de redécoller, nous nous employons à cela. Il se trouve que maintenant, il n’y a pratiquement plus de conférence budgétaire. Avant, chaque responsable de structure ou d`une direction de l`administration se présentait à cette conférence, sortait ses arguments et le budget était alloué en fonction de ce qui était présenté. Chose qui ne se fait plus. Le budget se donne par département ministériel. Et c`est le ministère qui essaie de le repartir. Du coup, lorsqu`on va aux conférences, quels que soit les arguments que vous sortez, vous êtes poliment écoutés mais, ils ne vous donnent pas l`argent par rapport à ce que vous avez dit.


Récemment, le président de la République a manifesté le besoin d`avoir un véritable Ballet national. Qu`en est-il réellement ?

Oui, il y a cette démarche. Le ministre de la Culture et de la Francophonie a été saisi. Il nous a appelés, nous avons échangé là-dessus. Nous sommes sur un projet. Je pense que s`il aboutit, ce sera un levier pour propulser le Ballet.


Pourrait-on avoir un avant goût de ce projet ?

Je ne pense pas que cela soit possible administrativement. C`est un projet. S`il aboutit, vous le saurez.


Il s`agira de vous donner plus d`argent ?

En gros, c`est cela. Si j`essais d`interpréter un peu la pensée du président de la République, je me dis qu`il sera question de remettre en scelle le Ballet national. La population a connu un Ballet national majestueux. Seulement, il était majestueux parce qu`il y avait des moyens mis à sa disposition. Pour exemple, tous les acteurs de cette troupe étaient des fonctionnaires. C`est lorsque le temps des ajustements structurels est arrivé que tous ces avantages ont été balayés. Selon moi, c`est cette image qui est resté dans la mémoire du président. Quand il est allé en Guinée, il a constaté que ce pays a pu conserver un grand ballet malgré les ajustements structurels. Donc quand il est revenu de son voyage, il s`est ouvert au ministre de la Culture et a souhaité la mise en place d`une structure à l`image de celle de la Guinée. Nous essayons d`évoluer dans ce sens. Nous allons chercher à le rencontrer et écouter ses attentes. Je ne peux pas entrer dans les détails car nous ne maîtrisons pas les autres aspects.


Pensez-vous détenir des ressources humaines pour répondre à cette main tendue du chef de l`Etat?

En principe, les hommes se forment. Former des gens, soulève encore la question des moyens. Pour la danse et le théâtre, la formation n`est pas livresque. C`est la pratique. Il faut recruter des personnes, les faire répéter tout le temps et faire en sorte qu`elles aient le minimum pour vivre. Et si vous ne l`avez pas, votre ballet ne sera que virtuel. Sinon, ce ne sont pas les hommes qui manquent. Par exemple, à l`époque du ``Grand ballet``, il n`y avait pas cette profusion de compagnies privées qu`on a aujourd`hui. Dans tous les quartiers d`Abidjan et même à l`intérieur du pays, il y a des personnes qui se battent, qui créent des spectacles. Si nous avons les moyens de rassembler les meilleurs éléments de ces troupes, nous formerons une sorte d`équipe nationale comme au football. Mais, si on les rassemble et qu`on n`est pas en mesure de leur donner de quoi s`offrir un café, cela causera un autre problème. Le vivier humain existe. Maintenant il nous faut quelques moyens pour que la mayonnaise prenne.

Interview réalisée par Sanou Amadou (Stagiaire)
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