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Showbizz Publié le mardi 22 décembre 2009 |

Après sa nomination aux Grammy Awards aux Etats-Unis, une première pour la Côte d’Ivoire, Dobet Gnahoré, depuis Paris, se confie en exclusivité à Fraternité Matin.

Vous venez d’être nominée aux Grammy Awards. Quels commentaires ?

C’est une grande chance pour moi, je ne m’y attendais pas du tout. La chanson qui m’a valu d’être nominée est un mélange de mon morceau ‘‘Paléa’’ avec une mélodie de Shade qui a été chanté par India Arie, une très bonne chanteuse américaine. C’est juste une nomination, le prix lui-même sera remis en février, je crois. Mais quel que soit le résultat, ça permet de faire circuler mon nom et amènera des personnes à découvrir ma musique.

N’est ce pas votre duo avec la chanteuse américaine qui vous a valu cette nomination ?

C’est sûr, même si j’ai déjà fait quatre tournées aux Etats-Unis avec près de 100 concerts, je n’ai pas la notoriété de India Arie. C’est elle grâce à sa renommée et son talent, qui m’a permis d’être parmi de mes chansons qui lui a plu et qu’elle l’a réinterprétée sur son album.

Aujourd’hui vous entrez dans la cour des grands au même titre que des artistes mondialement connus comme Ali Farka Touré, également nominé aux Grammy Awards. Quelle orientation comptez-vous désormais donner à votre carrière ?,

Je ne compte rien changer. J’ai la chance d’être bien encadrée. Je vais sort mon troisième album en février prochain et ensuite il y aura une tournée pour la sortie de l’album. Une carrière, ça se construit petit à petit. Il faut être très patient et continuer à évoluer car rien n’est acquis dans ce métier. Cette nomination me permettra peut-être d’avoir plus de reconnaissance. Mais elle ne changera pas l’orientation de ma carrière.

Et si une major venais à s’imposer à vous ?

Non, car j’ai la chance de travailler depuis 2003 avec un label qui s’appelle « contre Jours » créé par Michel De Bock et qui me laisse faire ma musique comme je la sens. Je ne fais pas une musique commerciale qui doit suivre les règles du marché, donc je n’ai pas de pression de ce côte-là.

Comment comptez-vous rentabiliser cette porte qui vous est ouverte ?

Ça, c’est le travail de mon manager. C’est sûr que c’est un argument supplémentaire pour vendre des spectacles et des disques. Mais là où on voit la vraie valeur d’un artiste, c’est sur scène. Si tu es bon, les gens parlent de toi et un jour où l’autre, ça finira par payer.


Vous tournez beaucoup en Occident. Quel est le sentiment qui vous anime de ne pas être prophète chez vous ?

Je suis forcément déçue. Mais, je pense que c’est dû au fait que j’ai commencé ma carrière en 2000. Ce qui, a coïncidé avec l’entrée de la Côte d’Ivoire en période de crise politique. J’ai eu des opportunités en Europe et je les ai saisies. En 2002, je suis revenue en Côte d’Ivoire pour enregistrer un album avec Marcellin Yacé et l’on avait prévu de le sortir en octobre 2002. Malheureusement Marcellin a été tué aux premières heures du déclenchement de la crise. Cela m’a affectée. J’ai finalement pu sortir mon premier album en 2004 en Europe avant de venir le mettre sur le marché en Côte d’Ivoire. Pour que l’œuvre soit jouée sur les antennes, on m’a demandé de payer. J’ai refusé d’entrer dans ce système et préféré être patiente, de continuer ma carrière internationale en espérant qu’un jour les médias ivoiriens s’intéresseront à ma carrière.


Que comptez-vous faire pour être mieux connue en Côte d’Ivoire ?

Comme je le disais, c’est sur scène qu’on sait qui est qui. J’espère convaincre le public ivoirien sur scène en présentant à Abidjan le spectacle qui m’a permis de fais plus de cinq cents concerts à travers le monde. Nous avons déjà présenté un extrait de ce concert en octobre dernier dans le cadre du festival d’hommage à Marcellin Yacé organisé par Kady Bomou. En outre, nous serons au Palais de la Culture le 2 janvier prochain dans le cadre de la 10 ème édition de la nuit des étoiles avec Barbara Kanam et Manou Gallo.



Qu’allez-vous justement proposer d’exceptionnel à ce public Abidjan si exigeant ?

Je viendrai avec mon groupe composé de trois musiciens (guitare, basse, batterie). Nous interprèterons des chansons du premier et du deuxième album et aussi quelques nouvelles chansons du troisième album à venir. Le spectacle est un mélange de chants et de musique. Mais aussi de danse car j’ai eu une formation en la matière au village Kiyi et j’en profite pour rendre hommage à une de mes formatrices, Péhoula Zéréhoué, qui a été un modèle pour moi et qui nous a quittés récemment.


Avez-vous néanmoins des appréhensions, vu que vous n’êtes pas assez, connue chez vous en Côte d’Ivoire ?

On a toujours des appréhensions avant chaque spectacle où que ce soit. Car on se demande si les gens vont aimer. Mais quand tu es généreux sur scène, quand tu donnes tout ce que tu as, quand tu fais vibrer le public, il te le rend et il t’apprécie.


Que pensez-vous de la musique ivoirienne ?

Actuellement, quand on parle musique ivoirienne, revient le coupé décalé tant mieux, si ça marche. Mais, il faut que les gens sachent que la Côte d’Ivoire, ce n’est pas que ça. Nous avons un patrimoine culturel très riche et il faut le valoriser. Je regrette qu’on n’incite plus les jeunes à pratiquer des instruments de musique et qu’on n’ait pas davantage d’écoles de musique et de clubs où les jeunes musiciens peuvent progresser. Si la musique malienne est si bien représentée au niveau mondial, c’est parce que les Maliens ont su valoriser leur culture et leurs instruments traditionnels tout en évoluant avec les musiques modernes. Ils ont gardé leur authenticité.


Quelles relations avez-vous avec les artistes ivoiriens et africains ?

Entre artistes, on est toujours solidaires. C’est un métier qui n’est pas facile et qui veut qu’on se soutienne. J’ai eu la chance d’être invitée par Angélique Kidjo pour rendre hommage à Miriam Makéba avec Rokia Traoré, Sayon Bamba, Asha, Ayo, Vusi Mahlsela et Baaba Maal à Paris et à Londres. C’était l’occasion de faire de nouvelles rencontres et d’échanger nos expériences. Sur mon prochain album, Soum Bill, Fatoumata Diawara et Vusi Mahlasela sont venus poser leur voix pour des duos ; ce furent de belles rencontres.Interview réalisée

Par ISSA T. Yeo in Frat mat du samedi 19 décembre 2009
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