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Showbizz Publié le lundi 28 décembre 2009 | Fraternité Matin

Musique : Manou Gallo, l’artiste aux 400 concerts mondiaux, méconnue dans son pays.

Vous faites partie du trio de dames qui vont jouer le 2 janvier à la «Nuit des étoiles» au Palais de la culture. Quels commentaires?

C’est toujours un plaisir de venir jouer dans son pays. Surtout que je n’ai jamais fait officiellement de concert en Côte d’Ivoire. C’est un honneur pour moi de participer à ce plateau qui date de longtemps. Ça sera également une occasion pour moi de montrer ma musique au public et singulièrement aux dames. Je suis donc contente d’être là.

Avez-vous une idée précise de la «Nuit des étoiles» et qu’allez-vous proposer de particulier au public ivoirien pour ce premier contact?

C’est un beau plateau qui consacre la gent féminine sur le plan musical. Je me souviens que j’ai assisté, il y a longtemps, à cette «Nuit des étoiles». Je pense que les choses évoluent avec une nouvelle génération.

Vous dégagez de l’énergie sur les scènes à l’extérieur lors de vos spectacles. N’avez-vous pas d’appréhensions pour ce premier contact avec le public ivoirien qui est tout aussi difficile et exigeant?

Je ne fais pas une musique commerciale. Je me considère comme une instrumentiste. Peut-être que c’est parce que je viens de la vieille école. Pour moi le plus important et l’essentiel, c’est qu’on reconnaisse le talent d’un artiste. tre une star juste pour le plaisir ne m’intéresse donc pas. Un artiste doit prendre tout le temps pour bien se faire connaître par un travail bien fait. Une fois qu’il est connu, c’est pour l’éternité. C’est l’exemple des artistes comme Manu Dibango. J’ai envie d’être dans cette posture. C’est vrai qu’on n’est pas très connu ici. Mais, ce n’est pas ce qui m’importe.

Ce qui est important chez moi, c’est le message que je véhicule et l’image que j’ai envie de donner de la femme africaine. C’est une occasion pour le public de venir me découvrir sur scène le 2 janvier. Cela dit, c’est sûr que j’aurai le tract parce que j’ai mes amis et ma famille qui certainement seront dans la salle. Mais, je sais être professionnelle. Je viens d’une tournée qui m’a conduite à Haïti, au Guatemala et au Canada ; j’essayerai à mon humble niveau d’être professionnelle.

Qu’est-ce qui fait votre force aujourd’hui sur le plan international?

C’est mon originalité. Aujourd’hui, les choses changent. Il y a tellement de concurrence. Mais, on arrive à se faire une place au soleil avec ce que nous avons de plus profond en nous-même. Je suis une femme du rythme. J’ai eu la chance d’avoir un don que j’essaie d’exploiter.

Votre passage au village Ki-yi vous a-t-il aidé dans ce sens?

Certainement. J’ai fait trois ans au village Ki-yi après le groupe Woya, ensuite j’étais au groupe Zap Mama. Je pense que tout cela me permet de faire ma musique. La base de ma colonne vertébrale, ce sont les rythmes.

Comment votre intégration s’est faite dans le monde du showbiz international?

Je suis allée au départ en Europe pour faire l’audition avec Zap Mama. J’ai tourné avec ce groupe pendant six ans dans le monde entier. Je pense qu’il y a des cycles dans la vie. Il y a eu les cycles du Village Ki-yi, de Woya, etc. Je préparais mes morceaux et Dieu a fait que j’ai eu un premier concert à Bruxelles dans des clubs de jazz. Tout est parti comme ça. J’ai donc fait mon premier album. Ma force ou mon arme est ma guitare bass. Aujourd’hui, on parle de moi un peu partout.

Faut-il forcément se faire parrainer ou appartenir à des réseaux avant d’éclore en Occident?

Il y a deux musiques. La musique commerciale où il n’y a que des vendeurs de disques qui sont milliardaires. Et nous. Nous sommes musiciens et jouons tous les soirs dans les clubs de jazz, les festivals. Je ne fais donc pas partie du gros bazar.

A vous entendre, tout baigne pour vous à Bruxelles…

Non, pas du tout. Je suis une musicienne qui essaie de gagner sa vie avec ce qu’elle fait. Le plus important pour moi, c’est que les gens retiennent mon nom en tant qu’une grande musicienne quand j’aurai 70 ans et plus. J’ai été formée. Mon rôle également est de transmettre ce que j’ai appris. Je ne suis pas dans les grosses machines en cherchant à être à tout prix une grande star internationale.

Récemment, vous avez joué dans une pièce de théâtre avec une Rwandaise. Voulez-vous abandonner la musique pour les planches?

Il s’agit d’une pièce qui s’intitule «La femme fantôme.» Cette pièce parle d’une femme africaine dont la famille a été décapitée au cours des événements au Rwanda qui émigre en Angleterre.

Elle déchante parce qu’elle se rend compte que l’Occident n’est pas ce qu’on a décrit dans les livres. Il y existe des camps de réfugiés, des difficultés de tous ordres. C’est une pièce émouvante dont j’ai pris le plaisir à jouer avec Karen Kemevera. Nous avons tourné avec cette pièce pendant un an. D’ailleurs, cette année, je suis allée au Rwanda jouer la pièce. Je suis une femme engagée. Sans le voir depuis Divo, j’ai bousculé des rangs.

Vous travaillez souvent avec le musicien Manu Dibango. Où en êtes-vous avec vos projets?

Manu Dibango est mon «père.» Il fait partie effectivement de ceux qui me donnent le courage et la force de continuer la musique. Il m’a invitée à la célébration de ses quarante ans de carrière.

Nous avons joué ensemble. Il est formidable. Je passe toujours de bons moments avec lui. Il m’a parlé de son prochain album. J’espère qu’on le fera ensemble.

A quand votre prochain album?

Je viens juste d’enregistrer un album pendant l’Eté qui va sortir début 2010. J’ai envie qu’il sorte en Europe au même moment qu’en Côte d’Ivoire.

Quels sont les thèmes que vous abordez et votre programme des tournées?

Chaque fois que je viens en Côte d’Ivoire, je fais un tour à Port-Bouët pour voir les enfants atteints du Vih/sida. J’ai donc composé un morceau «espoir» que je chante en duo avec la Burundaise Kadjannin. L’album est un voyage à travers funk, reggae, jazz, blues, etc. Un album que j’ai moi-même arrangé. Pour l’actualité, je pars à Budapest faire un album avec un groupe avec qui j’ai l’habitude de jouer. Ensuite, je joue au «Cabaret sauvage» à Paris avec Angélique Kidjo. J’ai également une tournée en Hollande.

N’avez-vous pas peur de la piraterie qui sévit en ce moment?

Mon souhait est que mon album sorte ici. Même si ce n’est pas une musique commerciale. Les Ivoiriens écoutent aujourd’hui toutes les musiques. Je pense qu’il leur suffit de comprendre mon univers musical. J’espère sortir l’album en Europe et en Côte d’Ivoire malgré la piraterie.

Que pensez-vous de la musique ivoirienne, notamment du coupé décalé qui cartonne dans les boîtes de nuit du monde entier?

Il y a beaucoup de mélanges dans la musique avec des styles variés. J’aime beaucoup le Zouglou parce que je trouve les textes assez poignants. Je ne comprends pas trop le feeling du coupé décalé. Par contre, il y a des morceaux qui déchirent par moments. Etant donné que c’est un phénomène, il marche fort un peu partout.


Récemment, vous avez été distinguée au Kenya. Comment avez-vous vécu ces moments?

Je ne savais pas que j’avais un prix. J’avais un concert dans ce pays. Et c’est aux pas de course que je suis allée jouer là-bas. Ce prix m’a permis de représenter la Côte d’Ivoire au plus haut niveau. Je représente le pays partout. J’ai rencontré Wyclef et nous sommes en train de travailler sur un gros projet. Quand on sera prêt, on vous informera.

Quel est votre sentiment avec la distinction de Dobet Gnahoré aux Grammy Awards?

Je trouve cela génial. Elle a commencé au village et je pense que tout va bien se passer pour elle.

On joue ensemble le 2 janvier à Abidjan. C’est également probable qu’on joue ensemble à Bruxelles. Nous avons des styles différents. J’avoue que je suis très heureuse pour elle. Car elle est dynamique et a du talent. On ne fait qu’avancer. On ne peut plus régresser.

Interview réalisée par Issa T.Yéo
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