Cette année, 14 pays africains francophones fêtent le cinquantenaire de leur indépendance. L'ex-métropole, la France, a concocté le concept « 2010-Année de l'Afrique ». « La célébration en 2010 du 50ème anniversaire de l'indépendance de quatorze ex-colonies françaises doit être l'occasion de souligner et de confirmer l'évolution des relations entre la France et l'Afrique subsaharienne qui doivent rester privilégiées tout en étant renouvelées, équilibrées et transparentes », selon un communiqué de l'Elysée. Les contours flous de cet objectif rappellent le discours, jugé cynique, par une opinion africaine, de Nicolas Sarkozy en juillet 2007 à Dakar. Il disait : « Le drame de l'Afrique n'est pas dans une prétendue infériorité de son art, sa pensée, de sa culture (...) le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire ». Mis en rapport avec le défilé militaire qu'il prévoit le 14 juillet sur les champs-Elysées, ce discours présage la célébration de la Françafrique. A Abidjan, Laurent Gbagbo a eu le nez creux, qui a vite pris ses distances initiant hier les festivités du cinquantenaire de son pays. Cela, avant même qu'il ne soit invité sur les bords de la Seine, pour assister à la parade en question. Dimanche, le président ivoirien a scruté l'avenir des relations de coopération franco-ivoiriennes. Certes, mais il a réaffirmé la vraie indépendance. Laurent Gbagbo a revendiqué la souveraineté d'un Etat indépendant, en dénonçant le joug néocolonial. Parce que « les Africains savent défiler et danser », a-t-il ironisé, il a préféré « réfléchir » au sens de l'indépendance. Le parti unique, les coups d'Etat, la politique de la main tendue… Voilà les maîtres-mots de la Françafrique qu'il a invité les Africains à méditer. Le président ivoirien veut également savoir « pourquoi ceux qui soutenaient hier le parti unique, soutiennent aujourd'hui le vote ». Avec le cinquantenaire, fini l'obscurantisme ? En tout cas, Laurent Gbagbo préconise une profonde réflexion de la coopération France-Afrique. Bien plus, il entend que les Africains arrachent la démocratie, un « impératif pour nous », dit-il. Le jubilé de la Côte d'Ivoire devra amener les Ivoiriens à prouver la capacité de leur pays à s'assumer, dira pour sa part l'ambassadeur Pierre Kipré. Il estime que l'heure est venue pour les Ivoiriens de croire en la liberté de la Côte d'Ivoire. Ce qu'il appelle « la fête du corps de la pensée » s'annonce ainsi comme un point de départ dans les relations France-Côte d'Ivoire. C'est ce que l'ambassadeur appelle la vraisemblance. Toute chose qui rime avec l'affirmation, la réalisation de soi par soi-même. Pour finir, la célébration anticipée, par rapport à celle que prépare la France, dérange par son coût : 14 milliards de Fcfa selon La lettre du Continent.
Bidi Ignace
Bidi Ignace