Dans ce défilé d’images incessantes d’une vie au Félicia, tout est magique. Artistes, virtuoses, dirigeants, arbitres, supporteurs, journalistes, policiers, commerçants … Le dimanche, c’est la vie en abrégé. La scène commence au petit matin. La « mafia » de la billetterie et son réseau, les fugitifs de la sorcellerie et leurs scrutateurs, les vendeuses de pains, d’oranges, d’œufs bouillis, d’arachides, les petits frères de joueurs, les voisins du quartier, des parents attendant des arrivées de car de l’intérieur du pays … Plus le match prévu est explosif, plus l’activité de ce petit matin est foisonnante. Les commentaires sont toujours chauds et les scénarios de matches déjà ébauchés. On scrute les nuages, les visages, les passages, les bagages, chacun est à l’affût du moindre signe pour savoir si « ça ira aujourd’hui ». Le match commence à la réunion technique. Et ça chauffe déjà! On palabre sur tout : le ballon du match, les couleurs de maillots, le banc de touche, le vestiaire, les ramasseurs de balles, l’accès au stade. Le secrétaire général représentant son club doit se battre et transpire à grosses gouttes; il faut suivre à la règle les consignes du véritable décideur: l’homme aux forces occultes. S’il dit qu’il faut jouer en blanc ou en tout noir et que le vestiaire doit être celui des anciens combattants, il faut y arriver !! La meilleure façon de mettre l’équipe sur la voie de la victoire. Me revient aussi à l’esprit la bataille du début de semaine, dans le choix des arbitres de la fameuse “CCQRP”… Je me souviens des “missions” de collaborateurs directs de certains grands manitous dans des villes de l’intérieur dès le lundi... Ainsi, le grand dirigeant était celui qui gagnait cette première bataille du matin. Certains grands noms faisaient ainsi, bien sûr, partis de la légende. Assirifix Kangah, Kolo Silué, Eliason Kouamé, Kaba Koné entre autres… Aux environs de onze heures, il m’arrivait d’observer attentivement des gens “plantés “à mi-distance des portes du Félicia. Je m’approchais souvent d’eux pour en saluer certains : « que faites vous là déjà si tôt ? ». “Fadel, on gagne le match aujourd’hui. Y a rien au village …! C’est ce que je suis en train de faire … ». “Comment ça ?”.”Regarde, on a déjà installé les banderoles, elles ont été bien lavées …et puis on a déjà aspergé le coin. On attend que les autres passent et puis c’est fini, la chance sera avec nous ….”.
La chronique de Nasser EL FADEL
La chronique de Nasser EL FADEL