Martin Sokouri Bohui : “C’est celui qui ne veut pas des élections qui casse les édifices de l’Etat”

La crise qui secoue la Commission électorale indépendante (CEI) et les actes de vandalisme perpétrés par les militants du RHDP constituent la trame de la causerie de ce vendredi. Notre Voie : Deux semaines après l’éclatement du scandale de la CEI, après son aveu et le résultat de l’enquête judiciaire qui l’accable, Mambé s’entête toujours à ne pas démissionner de la présidence de la CEI. Qu’est-ce que vous en pensez ? Martin Soukouri Bohui : Il y a un proverbe de chez nous qui dit que si tu marches dans une zone marécageuse et que tu ne veux pas que tes pieds touchent la boue, c’est finalement tes fesses qui se retrouvent dans la boue. En effet, celui qui, voulant éviter la boue, saute à gauche et à droite, finit par glisser et s’affaisse dans la boue. C’est cela qui risque d’arriver à Mambé. En effet, comme vous l’avez dit, Mambé lui-même a reconnu qu ’il y a eu dysfonctionnement de ses services. il a également reconnu que le fichier contenant les 429000 pétitionnaires issus de son croisement clandestin a été installé sur les ordinateurs de nombreuses commissions lovcales à l’insu des commissaires superviseurs de la CEI. On ne peut avoir dit des choses aussi graves et ne peut en tirer les conclusions qui s’imposent, c`est-à-dire démissionner de ses fonctions de président.

Pire, la justice de son pays l’a reconnu comme coupable suite à une enquête. S’il y a un minimun de sagesse en lui, il devrait démissionner, parce qu’il ne peut pas prétendre être au-dessus de la loi.

Enfin, Mambé est président de la CEI parce le camp présidentiel avait espéré qu’il se mettrait au- dessus des intérêts partisans pour ne travailler que dans l’intêtrêt de la nation. S’étant rendu coupable de fraude, le camp présidentiel lui a naturellement retiré sa confiance. Quand il dit qu’il demeure président de la CEI, est-ce seulement pour le seul RHDP pour lequel il travaille ? Quand on occupe une fonction aussi sensible et qui, dans le cas d’espèce, tient la vie du pays, on ne s’appartient plus. On appartient à la nation. De sorte que quand un problème qui est de nature à mettre la vie de la nation en péril surgit, on doit s’effacer pour sauver la nation. Surtout quand on est à l’origine de ce problème. En s’entêtant à vouloir demeurer à la présidence de la CEI alors qu’une partie de ceux qui ont intérêt aux élections ne lui font plus confiance, Mambé montre que, pour lui, c’est sa personne qui prime sur l’intétrêt de la nation. C’est regrettable et c’est pitoyable. Mais Mambé ne doit s’en prendre qu’à lui-même, parce que ce n’est pas nous qui lui avons demandé de faire un croisement clandestin qui a détruit la confiance que nous avions placée en lui.

N.V. : Certes, l’actualité est dominée par l’affaire Mambé. mais l’actualité, c’est aussi les violentes manifestations du RHDP qui s’expriment en termes de destruction et d’incendie des édifices publics, en l’occurrence les tribunaux et les sous-préfectures. Comment le camp présidentiel appréhende-t-il ces évènements ?

M.S.B. : Ce que nous voyons en ce moment avec les casses et les incendies me désespère de l’oppostion ivoirienne. Cela me conforte dans l’idée que ce n’est pas une opposition constructive. Pour elle, quand on est dans l’opposition, il faut détruire le pays. Pour les dirigeants de cette opposition, la Côte d’ivoire ne doit exister que s’ils sont au pouvoir. Ce sont les mêmes qui ont pourtant gouverné ce pays pendant 40 ans sans partage et dans la paix grâce à une opposition civilisée ; ce sont eux qui ont envoyé cette guerre dès qu’ils sont passés dans l’opposition. Ils sont donc à l’origne de la crise sans précédent que la Côte d’ivoire traverse. Ce sont eux qui crient à longueur de journée que le camp présidentiel ne veut pas aller aux élections. Et pourtant, chaque jour, ils posent des actes (casses, incendies, destruction de bâtiments publics) qui nous éloignent des élections. C’est celui qui a peur des élections qui envoie la guerre. C’est celui qui ne veut pas des élections qui casse les édifices de l’Etat pour empêcher leur organisation. Mais pourquoi détruisent-ils leur pays ? tout simplement parce que nous voulons que seuls les nationaux prennent part au vote comme cela se passe dans tous les pays au monde. Ils dfétruisent leur propre pays, parce qu’ils veulent que les étrangers prennent part à nos élections. Ils s’opposent à ce que les étrangers soient extraits de la liste électorale sur laquelle ils se sont frauduleusement inscrits.


N.V. : Vous, vous parlez d’étrangers. Mais le RHDP, notamment le RDR, parle d’ivoiriens du nord que vous seriez en train de retirer de la liste électorale parce qu’ils seraient leurs militants ! Que répondez-vous ?

M.S.B. : Ce n’est pas nouveau ce que vous dites là. C’est la stratégie du RDR pour se comporter en tribu assiégée aux fins de s’attirer le soutien de la communauté internationale, parce que c’est un problème sensible. Mais nous ne nous laisserons pas distraire par cette tactique. L’une des raisons farfelues avancées par le RDR pour envoyer la guerre dans ce pays était qu’il voulait «réhabiliter» les ressortissants du nord qui, selon le parti de Ouattara, étaient marginalisés par le pouvoir en place. Ce parti a ainsi trompé certains de nos frères du nord pour les entraîner dans une guerre qui, pour eux devrait faire en sorte qu’un fils du nord devienne président de la République. En réalité, cette guerre n’était pas celle des fils du nord. Car celui dont il est question, en l’occurence Alassane Dramane Ouattara, n’est pas un fils du nord de la Côte d’ivoire. Cet homme a envoyé la guerre parce qu’il voulait ajouter sur sa carte de visite le fait d’avoir été président d’un pays qui n’est pas le sien et non pour arranger le nord. A preuve, c’est qu’à Marcopussis et encore aujourd’hui, personne de ceux qui ont envoyé la guerre ne parle des problèmes du nord dans les différents forums qui traitent de la crise ivoirienne. Ils ne parlent que du partage du pouvoir. Et pourtant Dieu seul sait combien sont nombreux les problèmes dans lesquels la guerre a plongé le nord de notre pays. Il n’y a pas de route, pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de pompe villageoise, etc. Bref, au nord, tout est en ruine du fait de la guerre Aujourd’dhui, c’est le président Gbagbo dont on disait qu’il n’aimait pas les ressortissants du nord, et à qui on a soumis ces problèmes qui s’évertue à les régler. Il a, par exemple, tiré l’eau sur plus de 40 kilomètres pour permettre aux populations de Korhogo d’avoir de l’eau potable. Ce que Alassane Ouattara ne peut et ne sait faire. Tout ce qu’il sait faire, c’est ameuter les populations pour les conduire à la guerre pour sa propre gloire. Pire, quand la guerre a pris fin, aucun de ceux qui ont envoyé la guerre qui a fait reculer le nord de plusieurs années en arrière n’est allé soutenir ces populations qui ont été meurtries par la guerre. Quand ils y sont allés grâce à l’accord politique de Ouagadougou, c’était pour demander aux populations de les voter. Nos frères du nord qui ont donc compris que ceux qui ont envoyé la guerre se battent pour leur propre nombril et non pour leurs interêts. Alors ils ne se laisseront plus tromper par les mêmes qui veulent ramener la guerre. Ils ont compris que ces messieurs ne travaillent pas pour la Côte d’ivoire. Si beaucoup de cadres du nord qui, hier, ont fleurté avec le RDR se sont détournés de ce parti pour rejoindre le camp présidentiel, c’est parce que la vérité a fini par rattraper et dépasser le mensonge. Et nos frères du nord savent très bien que ceux qu’on retire de la liste électorale ne sont pas des fils du Nord de la Côte d’ivoire, leur pays. Ce sont des étrangers qui se sont frauduleusement inscrits sur la liste électorale. Et c’est d’ailleurs beaucoup de nos frères du nord qui nous aident à repérer ces étrangers fraudeurs sur la liste. Cela dit, on a toujours dit que le RDR est un parti des étrangers qui se bat dans l’unique intérêt des étrangers. C’est cette thèse qu’il confirme en voulant brûler la Côte d’ivoire parce qu’on retire les étrangers de notre liste électorale. L’ensemble des ivoiriens, qu’ils soient du Nord, du Centre, de l’Est ou de l’Ouest, a compris que les thèses d’ivoiritaire et de xénophobie que brandit le RDR ne peuvent plus prospérer. Car un pays qui a plus de 26% d’étrangers sur son sol ne saurait être xénophobe.


N.V. : Parlant justement du retrait des étrangers sur la liste électorale, Sidiki Konaté, porte- parole des FN, dit que la guerre civile se prépare en Côte d’ivoire. Quel est votre avis ?

M.S.B. : C’est une sortie malheureuse de la part de ce frère qui est porte-parole des FN. Nous savons tous que Sidiki Konaté est un proche collaborateuir du Premier ministre Guillaume Soro qui se bat aux côtés du président Laurent Gbagbo pour ramener la paix dans ce pays. Il est de surcroît membre du gouvernement. Ce n’est pas une guerre civile qui se prépare. Nous mettons en œuvre le mode opératoire du processus électoral qui est à sa phase du contentieux. Pour lequel deux listes ont été produites d’où il faut retirer les fraudeurs et ajouter les ivoiriens qui ont été omis. Sidiki Konaté ne doit pas exploiter cette étape du processus électoral pour brandir le spectre de la guerre après ce que les ivoiriens ont vécu depuis le 19 septembre 2002. Les FN, qui sont engagées dans la rechreche de la paix aux côtés du président Laurent Gbagbo, ont un rôle primordial à jouer dans l’acquisition définitive de la paix. C’est pourquoi j’invite mon frère Sidiki à aider le pays à ne plus basculer dans la violence par des propos inutilement incendiaires. Cons-truisons ensemble cette paix tant recherchée par des propos apaisants. En expliquant les différentes étapes du processus et en demandant à tous ceux qui n’ont pas le droit de vote de se retirer du processus électoral.

Interview réalisée par Boga Sivori