Le Directeur National de Campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo, chargé des Ivoiriens de l’étranger, le ministre Gnamien Yao, par ailleurs Conseiller spécial du Président de la République et Membre de la Cellule diplomatique de la Présidence de la République, dévoile dans cette interview sa stratégie de campagne pour la victoire du candidat de La Majorité Présidentielle. Son plaidoyer, c’est qu’il se noue autour de Laurent Gbagbo un nouveau pacte républicain pour la réhabilitation de la souveraineté de la Côte d’Ivoire.
Monsieur le Ministre, vous avez effectué une tournée en Europe et aux Etats-Unis. Quelles visions ont les Ivoiriens de l’étranger de l’évolution de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire ?
Je voudrais, comme d’habitude, vous dire merci, et dire que nous avons séjourné pendant deux semaines : du 14 au 29 décembre 2009 en France et aux Etats-Unis, pour nous adresser aux Ivoiriens de l’étranger, en tant que Directeur National de Campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo chargé des Ivoiriens de l’étranger.
Ce qui est important à retenir, c’est que le Président Laurent Gbagbo nous a mis en mission pour nous adresser aux Ivoiriens de l’étranger. Il ne nous a pas dit d’aller seulement nous exprimer à ses partisans, il ne nous a pas dit d’aller parler simplement aux militants du Front Populaire Ivoirien, il ne nous a pas dit d’aller parler simplement aux gens de son ethnie ou aux électeurs de sa chapelle religieuse. Il a dit de parler aux Ivoiriens de l’étranger, et c’est ce que nous avons fait, parce qu’au cours de nos meetings, nous n’avons pas contrôlé les cartes d’appartenance à La Majorité Présidentielle ou aux associations et mouvements qui soutiennent le Président Laurent Gbagbo. Je dois dire que j’ai été bien accueilli.
Les préoccupations qui ont été abordées, tournent autour de la survie de la Côte d’Ivoire. Et donc, par rapport à la survie de la Côte d’Ivoire, des questions pertinentes ont été évoquées.
La première des questions pertinentes a été la souveraineté de notre pays. A ce sujet, on n’a pas besoin d’être d’un bord ou d’un autre pour se mettre ensemble, il faut éviter de scier la branche sur laquelle on est tous assis, étant entendu que cette branche a pour nom : la Côte d’Ivoire.
Toujours par rapport à la survie de la Côte d’Ivoire, nous avons prêché l’union, l’entente et le pardon des offenses. Je pense que notre message a été entendu. Parce que, partout où nous sommes passés, nous avons été acclamés.
Deuxièmement, nous avons expliqué aux Ivoiriens de l’étranger que la façon de battre campagne quand on est à l’extérieur n’a pas la même signification que quand on est à l’intérieur. Parce qu’à l’extérieur, le seul document qui compte c’est le passeport qui porte la mention : République de Côte d’Ivoire. Donc, tous les candidats à la présidentielle doivent être respectés, parce qu’ils sont tous porteurs d’idéal pour la Côte d’Ivoire, et il nous appartient d’être attentifs à leurs différents projets pour la Côte d’Ivoire, afin qu’en connaissance de cause, nous puissions nous mobiliser pour les voter.
Troisièmement, nous avons dit que, c’est vrai qu’a priori, en tant qu’électorat, leur nombre, c’est-à-dire ceux qui sont à l’extérieur, n’est pas très élevé, mais ils constituent ce que nous appelons « électorat de prestige, électorat diplomatique », ce petit quelque chose qui vient bonifier la victoire du candidat à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. En tant que tel, leur rôle est déterminant. Et donc, il faudrait qu’ils s’organisent pour que les élections se déroulent dans la quiétude et faire en sorte que, de part leur comportement, les pays dans lesquels ils se trouvent respectent davantage la Côte d’Ivoire.
Le dernier point sur lequel nous avons insisté c’est la paix dans notre pays. En termes de paix, les Ivoiriens de l’étranger sont inquiets et sont impatients de savoir comment est-ce qu’on peut parler de sortie de crise, et aller aux élections en ayant deux chefs d’Etat Major ? Ça, c’est un paradoxe, parce qu’ils vivent au quotidien là-bas la démocratie. Donc, ils ont du mal à comprendre que dans un pays où il y a deux chefs d’Etat Major on veuille aller aux élections.
Aller aux élections avec deux chefs d’Etat Major dans leur entendement, c’est consacrer la partition de notre pays. Parce qu’il peut se faire que quelqu’un se déclare élu au Nord, que quelqu’un se déclare élu au Sud et qu’il ait l’allégeance de l’un ou l’autre des chefs d’Etat Major, pour qu’on retourne à la case départ.
L’autre préoccupation, et ça, je l’ai longuement dit à Paris et à Philadelphie où je m’adressais à mes compatriotes qui voulaient investir en Côte d’Ivoire, que nos préoccupations se situaient en termes de bonne gouvernance et de l’unicité des caisses. Ils sont un peu gênés que jusqu’à présent l’unicité des caisses soit un slogan et que ça ne se traduise pas en réalité. Voici en gros quelques préoccupations d’ordre général rencontrées ici et ailleurs par rapport aux Ivoiriens de l’étranger que nous avons rencontrés.
Comment s’est déroulé chez eux l’enrôlement ?
Il faut reconnaître que l’enrôlement de nos compatriotes s’est très mal passé, de sorte qu’en France sur plus ou moins 100.000 personnes, il y a seulement 16.000 personnes qui ont été enrôlées. Aux Etats-Unis, il y a seulement 3.000 personnes qui ont été enrôlées, ainsi de suite. La question qui m’a été posée à chacune de mes étapes [que ce soit à Philadelphie, que ce soit à New York, que ce soit à Washington ou à Paris…] que fait-on des non enrôlés ?
Nous avons donc dû mettre en place un Conseiller spécial, chargé des Ivoiriens non enrôlés qui soient favorables au Président Laurent Gbagbo pour qu’ils ne se sentent pas exclus du processus électoral. Je pense que ce message-là a été entendu, et ce Conseiller-là est au travail.
Est-ce que les préoccupations sont les mêmes aux Etats-Unis qu’en France ?
Evidemment, cela ne peut pas être les mêmes. Paris, c’est Treichville.
Vous sentez qu’en France, le débat est comme ce qu’on vit à Abidjan. Les positions sont quelquefois très radicales, maximalistes… et donc, la méthode d’approche est une méthode totalement différente.
Par contre, j’ai eu beaucoup de satisfaction aux Etats-Unis où c’est le pragmatisme anglo-saxon. Là, les gens comprennent mieux l’idée de « majorité Présidentielle ». C’est-à-dire, ils estiment qu’un parti politique n’est pas une prison, si ton candidat n’est pas à la hauteur, tu peux décider d’accorder ton suffrage à un autre candidat sans qu’on ne te taxe d’être vendu ou d’avoir trahi.
Donc, l’idée de « majorité présidentielle » a été très bien perçue aux Etats-Unis, tandis qu’en France, il a fallu un peu plus de temps pour que je puisse convaincre, surtout les militants et sympathisants du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire.
Il semble qu’il a été aussi difficile de convaincre certains militants du FPI du fait que vous étiez sincère pour le Président Laurent Gbagbo…
C’est tout à fait normal. Il faut être aussi honnête, quand ceux-là soutenaient le Président Gbagbo aux premières heures du multipartisme, nous autres, nous étions ses opposants. Donc, c’est tout à fait normal qu’avant de m’accepter, ils me fassent subir quelques épreuves, c’est tout à fait normal. Mais, je crois qu’à travers vos dires, à travers vos actes, on peut tout de suite comprendre si vous êtes dans le vrai ou si vous êtes dans le faux, parce que comme les Anglais le disent « the truth is never wrong », c’est-à-dire que « la vérité n’est jamais fausse ». Et la vérité, c’est que ce n’est pas la première fois dans notre pays que quelqu’un qui est d’un parti A porte son choix sur le candidat d’un parti B. Et ça, j’ai puisé dans l’histoire politique de notre pays pour dire que dans les années 50, le patriarche Gon Coulibaly dans le Nord de la Côte d’Ivoire a eu à choisir entre son fils Béma Coulibaly et le Président Félix Houphouët-Boigny. Il a choisi Félix Houphouët-Boigny. D’ailleurs, nos aïeuls même nous ont indiqué qu’en construisant la Côte d’Ivoire que quelqu’un pouvait être ton enfant, mais s’il n’avait pas de vertus, tu pouvais choisir l’enfant de l’autre comme chef du village. Et ça, je pense que j’ai été longuement ovationné et ils m’ont accepté en tant que tel.
Quelles leçons tirez-vous de ce voyage ?
Beaucoup de leçons.
Premièrement, nos compatriotes ne sont pas des automates déshumanisés, ils savent ce qui se passe, ils suivent l’actualité, et pour rien au monde, qu’on soit de tel ou de tel bord, ils ne veulent brader la Côte d’Ivoire. Cela m’a vraiment plu.
La deuxième leçon qu’il faut tirer, c’est qu’à l’étranger, ils ne vivent pas la différence que nous vivons ici. A l’étranger, ils sont un, ils forment une famille.
A l’étranger, les élections se présentent comme un facteur de cohésion, un facteur de rassemblement plutôt qu’un facteur de division. Dans tous les cas, ils sont convaincus que c’est le meilleur d’entre nous qui les dirigera, qu’il soit de tel ou de tel bord, excusez-moi du peu, ça ne changera pas trop leur statut là-bas. Parce qu’ils seront Ivoiriens avant d’être partisans d’autres choses.
La leçon que nous retenons aussi c’est qu’ils comprennent que le Président Laurent Gbagbo est un homme courageux, ils comprennent que le Président Gbagbo, en rentrant d’Italie alors que son pays était attaqué, a posé un acte historique majeur qui fait que où qu’on se trouve, on devrait pouvoir se mobiliser pour lui accorder notre suffrage. Et ça, c’est quelque chose d’important qui n’est pas discriminatoire, qui est objectif. C’est-à-dire que n’importe lequel de nous à la place de Laurent Gbagbo aurait bénéficié du suffrage de ses compatriotes s’il agissait comme ça. C’est donc ce qu’il faut retenir de ce voyage.
Est-ce que les Ivoiriens de l’extérieur croient en cette élection-là, surtout dans les délais donnés, c’est-à-dire fin février début mars 2010 ?
Comme moi, je suis le Directeur national de campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo et que j’ai ma feuille de route, j’ai essayé de leur dire et de leur expliquer un peu les délais qui nous étaient impartis pour aller aux élections. Mais leur esprit critique, le fait qu’ils pratiquent les élections dans les pays dans lesquels ils se trouvent, les amène à me poser beaucoup de questions. Et je crois que l’affaire Beugré Mambé n’est pas faite pour les rassurer. Tout ce qu’on sait c’est qu’on voterait en 2010, mais à New York, à Washington, à Philadelphie, à Paris… j’ai eu du mal à leur dire que les élections seront avant la fin du mois de février. Ils y croient, mais ils se posent des questions, ils sont des Saint Thomas.
Vous-même, en tant que Directeur national de Campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo, est-ce que vous y croyez ?
Moi, je fais mon job ! Et ma feuille de route est donnée par la direction nationale de campagne. Nous travaillons par objectif. Et l’objectif, c’est les élections : fin février – début mars 2010. C’est donc par rapport à ça que je suis en train de travailler.
Quand le CPC arrête une décision, elle est valable dans certaines conditions de pression et de température, c’est valable dans un environnement. Si l’environnement change, les données changent. Et je dis que pour le moment ma feuille de route, c’est fin février – début mars. Et c’est par rapport à ça que j’ai travaillé.
Quand vous faites vos sondages au niveau de l’extérieur, pensez-vous que votre candidat va gagner ?
Oui ! Là-bas, l’esprit de « majorité présidentielle », c’est-à-dire le soutien républicain au Président Laurent Gbagbo est une réalité. Pourquoi ? Quand vous prenez la France, il y a eu le Général de Gaulle. La France était sous occupation allemande, et il s’est trouvé un homme pour dire « nous, nous ne méritons pas cela. Et toute la France s’est mobilisée derrière De Gaulle, de sorte qu’il y a des gaulistes de gauche, des gaulistes de droite, il y a des gaulistes du centre.
En France, je leur ai dis que le Président Gbagbo est notre De Gaulle. C’est-à-dire quelqu’un qui a dit « non, la Côte d’Ivoire ne mérite pas d’être ravalée au rang d’appendice de quelques puissances que ce soit. » Et donc, par rapport à ça en France, ils comprennent bien quand je leur parle de cette façon-là. Donc, le Président Gbagbo a la côte. Cela veut dire qu’on ne rentre même pas dans d’autres considérations, mais je dis l’élection du Président Laurent Gbagbo, c’est la réhabilitation de la souveraineté de notre pays. Dans un premier temps, avant de voir clair, il faut que notre pays existe d’abord. C’est la deuxième conquête de notre indépendance qui se joue. Pourquoi ? Ailleurs, quand vous prenez les armes pour changer l’ordre politique, on ne vous adresse pas la parole, mais ici, le Président Gbagbo a accepté de tendre la main à nos frères qui, pour une raison ou pour une autre, ont pris les armes contre la République. Donc, c’est le point important qui fait que le Président Gbagbo est bien perçu là-bas. Encore une fois, le message que nous avons délivré là-bas est un message de rassemblement. Le Président Gbagbo nous a demandé de rassembler les Ivoiriens autour de la Côte d’Ivoire. Une fois que la Côte d’Ivoire va être debout, toutes les autres considérations vont être possibles. Je crois qu’un tel message est très bien entendu.
Aux Etats-Unis, mon discours était facilité, parce que les Etats-Unis ont connu ce que nous appelons la guerre de sécession, donc, ils savent que lorsque votre pays est menacé de division, vous devez vous unir pour réunir le pays, et puis après, on parle. Ils ont vécu tout récemment le 11 septembre 2001, ils ont vu comment cet événement a fait que tous les Américains se sont rassemblés autour de leur Président quel que soit leur clivage politique, même les médias.
Les médias ont pris position pour l’Amérique même sans chercher à savoir quelle est la part de responsabilité de l’Amérique dans ce qui s’est passé. Et lorsque je leur ai expliqué cela aux Etats-Unis, le message est passé. Il ne s’agit pas de Gbagbo, mais de la Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas de dire qui a tort, qui a raison ! Il s’agit de dire quels que soient nos problèmes, rassemblons-nous autour de celui qui a lutté pour que la Côte d’Ivoire soit restée debout, et puis après, on verra.
Pensez-vous que Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, adversaires redoutables de Gbagbo, ne peuvent pas rassembler les Ivoiriens ?
Le Président Bédié, le Premier Ministre Alassane Ouattara et le Président Gbagbo, on est comme sur un terrain de foot en train de jouer, et puis, subitement, il se met à pleuvoir. Premièrement, vidons d’abord l’eau du stade. Une fois l’eau vidée, on peut reprendre le match.
Nous estimons que le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara, normalement devaient même sursoir à leur candidature. Ils devaient se mettre avec le président Gbagbo pour réhabiliter la Côte d’Ivoire, et une fois que le pays est réhabilité, le débat s’engage. Tant que nous avons deux chefs d’Etat Major dans notre pays, tant que nous n’avons pas l’unicité des caisses, ça ne sert à rien de vouloir être candidat. Parce que, de toutes les façons, à supposer que le Premier Ministre Ouattara gagne avec deux chefs d’Etat Major, que Bédié gagne avec les mêmes chefs d’Etat Major et sans unicité des caisses, ils mèneront le même combat que Laurent Gbagbo, c’est-à-dire le combat pour la réunification de la Côte d’Ivoire.
Nous estimons que si eux deux qui ont dirigé ce pays pendant longtemps, qui ont une expérience internationale, qui savent ce que c’est que la démocratie, ils savent qu’on ne peut pas imposer la démocratie à un peuple en difficulté, les Etats-Unis n’ont pas connu la démocratie pendant la guerre de sécession, c’est après la guerre de sécession quand ils ont réunifié leur pays qu’ils ont mis en place un processus que nous envions aujourd’hui.
Moi, mon plaidoyer c’est que le Président Bédié et le Premier Ministre Ouattara acceptent de se mettre autour du Président Gbagbo pour sauver la Côte d’Ivoire.
Une fois que la Côte d’Ivoire est réunifiée, a une seule armée, on a la paix, l’unicité des caisses, on est respecté dans le monde parce que nous ne sommes pas un pays à problème… à ce moment-là, le jeu démocratique est possible, une fois qu’on a retrouvé cela, je retourne au PDCI. Mais tant qu’on n’a pas réussi cela, je suis mobilisé pour la défense de la République de Côte d’Ivoire.
Vous vous rappelez que quand la France était en difficulté dans les années 40, tous les mobilisés venaient de partout, de tout l’empire colonial français. Aujourd’hui, nous devons nous considérer comme mobilisés, vous, au niveau de la presse, nous, au niveau des hommes politiques, les intellectuels, les musiciens… Pourquoi aujourd’hui on entend des musiques patriotiques ? Parce que la patrie est en danger. Et lorsque la patrie est en danger, il n’y a pas de gauche, il n’y a pas de droite, il n’y a pas de Bédié, il n’y a pas de Ouattara, il n’y a pas de Gbagbo… Celui qui est là, qui doit nous conduire pour la réhabilitation de l’unité de la Côte d’Ivoire s’appelle Laurent Gbagbo.
Je le dis souvent à mes enfants, dans la vie, chacun a sa chance, chacun a son destin. Hier, c’était Henri Konan Bédié avec l’article 11 de la constitution, toute la Côte d’Ivoire s’est mobilisée autour du Président Bédié pour l’article 11, même ceux qui ne voulaient pas qu’on applique l’article 11 de la constitution, on est tous descendu dans la rue pour que Bédié soit le Président de par l’article 11. Aujourd’hui, c’est le tour de Gbagbo. Ça, vraiment, c’est la chance du Président Gbagbo, il faut respecter sa chance.
Une grande majorité des Ivoiriens aujourd’hui redoute encore les démons du passé qui sont en train de ressurgir…
Non ! Je vais vous dire une chose. Normalement, moi, j’ai 50 ans bientôt, je suis un enfant de l’indépendance. Je suis gêné que la Côte d’Ivoire ait la chance d’avoir un ancien Président de la République, combien d’anciens Premiers Ministres… et que les problèmes de la Côte d’Ivoire se traitent hors de la Côte d’Ivoire. Le Président Houphouët dans sa tombe est en train de se tourner là-bas. Parce qu’on ne peut pas être du pays de l’apôtre du dialogue et aller chercher les vertus du dialogue ailleurs. C’est-à-dire, nous sommes dans l’eau, et puis, on a soif !
Moi, je pense que normalement le dialogue devait nous amener à nous retrouver pour nous parler quel que soit le problème. Et puis, je m’inscrits en faux par rapport à tous ceux qui pensent que la crise ivoirienne est une crise identitaire. Ce n’est pas vrai. C’est plutôt un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, on n’a pas de problème identitaire, je suis désolé. Chez nous ici, les Baoulé ont épousé des Sénoufo, des Sénoufo ont épousé des Agni, des Agni ont épousé des Bété… on est tellement imbriqué les uns dans les autres que le problème identitaire n’est rien d’autre qu’un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire. Parce que dès qu’on agite ça, tout arrête de marcher, on se dresse les uns contre les autres. Or, nous sommes dans un environnement qui est tel qu’on vous dresse les uns contre les autres pour vous empêcher d’avancer. Parce que les premiers n’ont pas envie d’être rattrapés. Donc, si les premiers peuvent semer toute sorte de discordes entre vous pour entamer votre cohésion, parce que c’est dans la cohésion et dans l’union qu’on est fort, nous pouvons dire que les dérives identitaires ou les pseudo-dérives identitaires ne sont rien d’autres qu’un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire.
Pensez-vous donc que le délit de patronyme n’est pas justifié ?
Non, ça, ce n’est pas justifié. Ce sont des choses qu’on peut régler entre nous ici. Pourquoi ? Chaque Ivoirien a un village…
Donc, vous prônez le retour au village ?
Non ! Je dis que chaque Ivoirien a un village. Cela veut dire qu’ici en Côte d’ Ivoire, on ne peut pas dire que parce que tu t’appelle Cissé tu n’es pas Ivoiriens ! Moi, j’ai des parents qui sont de Prakro, un village de Dimbokro, qui s’appelle Cissé, et pourtant, c’est Baoulé bon teint.
Quand vous allez à Bocanda, vous avez là des Daouda Yao. Et puis, moi qui vous parle, j’ai des cousins, des nièces et des oncles « Traoré » qui vivent à Bouaké. En fonction de quoi vous allez dire que comme ils s’appellent « Traoré » ils ne sont pas Ivoiriens…
Mais, on ne comprend pas pourquoi ils sont traqués…
C’est pourquoi je dis que le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara, le Président Gbagbo, le Premier Ministre Soro… nous tous, nous devons nous mobiliser contre ces pratiques. C’est la seule trouvaille que les ennemis de la Côte d’Ivoire ont pu inventer pour pouvoir nous dresser les uns contre les autres quand nous voulons être unis pour avancer.
Qui sont ces ennemis, Monsieur le Ministre ?
Ecoutez ! Dans les relations internationales, un pays fait face à plusieurs types de menaces : il y a des menaces extérieures, il y a des menaces intérieures. Et aujourd’hui, lorsque vous voulez rattraper les premiers [qui ne sont pas forcément les Etats, les premiers peuvent être des acteurs non étatiques, ça peut être des puissances d’argent, ça peut être la mafia, ça peut être des groupes religieux, ça peut être des sectes…], ils peuvent inventer toutes sorte de chose pour vous empêcher d’évoluer, et c’est ce complot-là qui guette la Côte d’Ivoire. Faisons attention !
Le constat que l’on a fait, c’est que vous avez mis un accent particulier sur les Ivoiriens d’Europe, et vous ne priorisez pas les pays d’Afrique. Quel est votre plan d’action à ce niveau ?
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une élection est une compétition qui obéit à plusieurs enjeux. C’est donc en fonction des enjeux qu’on définit les priorités. Si c’est un enjeu numérique, la France représente 40% de l’électorat à l’étranger. C’est tout à fait normal qu’on s’intéresse à la France. Parce que, en termes de réservoir des voix, l’hexagone représente 40% de l’ensemble des Ivoiriens qui peuvent voter à l’étranger.
Maintenant, si c’est un enjeu diplomatique, Paris vient en premier lieu. Paris, c’est un enjeu diplomatique. Quand tu as gagné à Paris, tu te sens bien dans ta peau pour des raisons historiques. Notre histoire, notre géographie et même notre actualité nous imposent de gagner en France pour le Président Gbagbo. C’est donc un impératif pour nous.
Ensuite, quand vous prenez les capitales des multilatéralismes : New York, nous pensons que le Président Gbagbo doit gagner à New York. Ça fait bien de gagner à New York où se trouve le siège des Nations-Unies. Quand tu gagnes aux USA où se trouve le siège des Nations-Unies, où se trouve le Fonds monétaire international où l’on parle de bonne gouvernance, on parle de droit de l’homme, où se trouve la Banque mondiale… tu te sens bien. Nous ne pensons pas que dans ces pays-là qu’on dise vous avez triché, vous avez contraint les gens… De façon libre, ils vont voter. Et quand vous gagnez à Bruxelles, siège de l’Union Européenne, vous vous sentez aussi bien dans votre peau.
C’est pour cela que vous délaissez les pays d’Afrique ?
Non ! J’ai parlé des enjeux. Le Burkina Faso représente un autre enjeu, nous pensons que le Président Gbagbo doit gagner chez le médiateur.
Le médiateur doit savoir qu’il n’a pas eu tort de faire confiance au Président Gbagbo, et que les Ivoiriens qui vivent au Burkina Faso sont au top des réalités de la Côte d’Ivoire et qu’ils peuvent gagner. Maintenant, les autres pays, c’est-à-dire nos voisins sont aussi importants. Nous nous proposons d’aller au Sénégal, en Guinée, au Ghana… mais, encore une fois, l’adage dit « qui trop embrasse, mal étreint », c’est-à-dire si tu n’as pas de cap, aucun vent ne te sera favorable. Voilà pourquoi nous avons défini des priorités, mais cela ne veut pas dire que les autres ne sont pas des priorités. Cela veut tout simplement dire qu’il faut un début à tout, et nous pensons que le début de notre action c’est Paris, c’est Washington, c’est New York, c’est Bruxelles, c’est le Burkina Faso… et le reste s’en suit.
Un dernier mot.
Mon dernier mot, il y en a deux. Premièrement, nous devons voter les enfants de la décolonisation. C’est-à-dire, ceux qui n’ont pas connu la colonisation, mais qui sont nés au moment où la Côte d’Ivoire était en train d’être décolonisée. Ceux-là sont nés dans le multipartisme. Ils doivent expliquer aux jeunes que nous sommes que la Côte d’Ivoire n’a jamais eu peur du multipartisme, que ce n’est pas la première fois que des candidats du nord, des candidats de l’ouest, des candidats du centre s’affrontent. Ils doivent aussi comprendre que lorsqu’ils s’affrontaient, les mêmes menaces guettaient la Côte d’Ivoire, puisqu’il y a eu des morts à Dimbokro.
Quand vous prenez les morts de Dimbakro, tout le monde est dedans, quand vous prenez les morts de Séguéla, il y a tout le monde dedans, quand vous prenez les morts de Bouaflé, tout le monde est dedans… Donc, à un moment donné, ils se sont dit qu’il faut taire notre adversité, repousser l’ennemi qui est de l’extérieur, et puis après, on va voir. C’est comme cela qu’en 1951, qu’on s’appelle Sékou Sanogo, qu’on s’appelle Adrien Dignan Bailly, qu’on s’appelle Houphouët-Boigny, qu’on s’appelle Gon Coulibaly… ils se sont tous rassemblés autour de Houphouët-Boigny.
Ce pacte a permis à la Côte d’Ivoire de vivre au moins 40 ans de stabilité, 40 ans de paix.
Deuxième défi, nous avons encore connu le multipartisme en 1990. Et, au jour d’aujourd’hui, c’est le même scénario des années 50 qui est là. Il y a un candidat originaire du nord, un candidat originaire du centre-ouest, un candidat originaire du centre, un candidat originaire des 18 montagnes… cela veut dire que le tableau des années 50 est là, faisons très attention. C’est la raison pour laquelle, le plaidoyer que nous faisons, c’est qu’il y ait un nouveau pacte républicain, évidemment, autour du candidat Laurent Gbagbo pour que nos enfants et petits-enfants puissent vivre le multipartisme comme nous le souhaitons.
Je pense qu’il nous appartient, les enfants de l’indépendance, de promouvoir ce pacte républicain, de faire en sorte que ce pacte républicain puisse être concret pour garantir non pas 40 ans de stabilité, mais peut-être 100 ans de stabilité pour nos enfants et petits-enfants qui pourront vivre la démocratie.
Moi, je suis convaincu du succès de ce pacte républicain autour du Président Laurent Gbagbo, pour les prochaines années, un homme du nord peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus ; un homme de l’ouest peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus ; un musulman peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus. Parce que nos enfants, excusez-moi, ils n’en n’auront rien à faire avec les origines de qui que ce soit. Pour nos enfants, ou bien tu as des valeurs pour nous diriger ou bien tu n’as pas de valeurs. Et en cela, je pense que le Président Obama aux Etats-Unis a fait mentir tous ceux qui pensaient qu’il y avait des impossibles sur cette terre. Il n’y a pas d’impossible sur cette terre. Le Président Houphouët-Boigny nous rappelle que tous les changements les plus souhaités ont leur mélancolie. Mais le Président ajoute que « tous les changements sont possibles pour vue qu’ils se déroulent dans la paix, dans l’ordre et surtout dans la discipline. »
Je pense que se sont des mots forts de notre devise. Il appartient à nos aînés que sont le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara ou le Président Laurent Gbagbo de nous tracer des sillons pour que demain nos enfants et petits-enfants puissent élargir ces sillons dans la paix et dans la prospérité.
Par rapport à nos amis qui vivent à l’étranger, mon message est clair. Ne jamais scier la branche sur laquelle on est assis. Cette branche-là, s’appelle la Côte d’Ivoire. Donc, où qu’ils se trouvent, qu’ils fassent tout pour préserver la Côte d’Ivoire de mauvais comportements, parce que si la Côte d’Ivoire n’existe plus, eux-mêmes non plus n’existeront plus.
Serge Koffi
Monsieur le Ministre, vous avez effectué une tournée en Europe et aux Etats-Unis. Quelles visions ont les Ivoiriens de l’étranger de l’évolution de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire ?
Je voudrais, comme d’habitude, vous dire merci, et dire que nous avons séjourné pendant deux semaines : du 14 au 29 décembre 2009 en France et aux Etats-Unis, pour nous adresser aux Ivoiriens de l’étranger, en tant que Directeur National de Campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo chargé des Ivoiriens de l’étranger.
Ce qui est important à retenir, c’est que le Président Laurent Gbagbo nous a mis en mission pour nous adresser aux Ivoiriens de l’étranger. Il ne nous a pas dit d’aller seulement nous exprimer à ses partisans, il ne nous a pas dit d’aller parler simplement aux militants du Front Populaire Ivoirien, il ne nous a pas dit d’aller parler simplement aux gens de son ethnie ou aux électeurs de sa chapelle religieuse. Il a dit de parler aux Ivoiriens de l’étranger, et c’est ce que nous avons fait, parce qu’au cours de nos meetings, nous n’avons pas contrôlé les cartes d’appartenance à La Majorité Présidentielle ou aux associations et mouvements qui soutiennent le Président Laurent Gbagbo. Je dois dire que j’ai été bien accueilli.
Les préoccupations qui ont été abordées, tournent autour de la survie de la Côte d’Ivoire. Et donc, par rapport à la survie de la Côte d’Ivoire, des questions pertinentes ont été évoquées.
La première des questions pertinentes a été la souveraineté de notre pays. A ce sujet, on n’a pas besoin d’être d’un bord ou d’un autre pour se mettre ensemble, il faut éviter de scier la branche sur laquelle on est tous assis, étant entendu que cette branche a pour nom : la Côte d’Ivoire.
Toujours par rapport à la survie de la Côte d’Ivoire, nous avons prêché l’union, l’entente et le pardon des offenses. Je pense que notre message a été entendu. Parce que, partout où nous sommes passés, nous avons été acclamés.
Deuxièmement, nous avons expliqué aux Ivoiriens de l’étranger que la façon de battre campagne quand on est à l’extérieur n’a pas la même signification que quand on est à l’intérieur. Parce qu’à l’extérieur, le seul document qui compte c’est le passeport qui porte la mention : République de Côte d’Ivoire. Donc, tous les candidats à la présidentielle doivent être respectés, parce qu’ils sont tous porteurs d’idéal pour la Côte d’Ivoire, et il nous appartient d’être attentifs à leurs différents projets pour la Côte d’Ivoire, afin qu’en connaissance de cause, nous puissions nous mobiliser pour les voter.
Troisièmement, nous avons dit que, c’est vrai qu’a priori, en tant qu’électorat, leur nombre, c’est-à-dire ceux qui sont à l’extérieur, n’est pas très élevé, mais ils constituent ce que nous appelons « électorat de prestige, électorat diplomatique », ce petit quelque chose qui vient bonifier la victoire du candidat à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. En tant que tel, leur rôle est déterminant. Et donc, il faudrait qu’ils s’organisent pour que les élections se déroulent dans la quiétude et faire en sorte que, de part leur comportement, les pays dans lesquels ils se trouvent respectent davantage la Côte d’Ivoire.
Le dernier point sur lequel nous avons insisté c’est la paix dans notre pays. En termes de paix, les Ivoiriens de l’étranger sont inquiets et sont impatients de savoir comment est-ce qu’on peut parler de sortie de crise, et aller aux élections en ayant deux chefs d’Etat Major ? Ça, c’est un paradoxe, parce qu’ils vivent au quotidien là-bas la démocratie. Donc, ils ont du mal à comprendre que dans un pays où il y a deux chefs d’Etat Major on veuille aller aux élections.
Aller aux élections avec deux chefs d’Etat Major dans leur entendement, c’est consacrer la partition de notre pays. Parce qu’il peut se faire que quelqu’un se déclare élu au Nord, que quelqu’un se déclare élu au Sud et qu’il ait l’allégeance de l’un ou l’autre des chefs d’Etat Major, pour qu’on retourne à la case départ.
L’autre préoccupation, et ça, je l’ai longuement dit à Paris et à Philadelphie où je m’adressais à mes compatriotes qui voulaient investir en Côte d’Ivoire, que nos préoccupations se situaient en termes de bonne gouvernance et de l’unicité des caisses. Ils sont un peu gênés que jusqu’à présent l’unicité des caisses soit un slogan et que ça ne se traduise pas en réalité. Voici en gros quelques préoccupations d’ordre général rencontrées ici et ailleurs par rapport aux Ivoiriens de l’étranger que nous avons rencontrés.
Comment s’est déroulé chez eux l’enrôlement ?
Il faut reconnaître que l’enrôlement de nos compatriotes s’est très mal passé, de sorte qu’en France sur plus ou moins 100.000 personnes, il y a seulement 16.000 personnes qui ont été enrôlées. Aux Etats-Unis, il y a seulement 3.000 personnes qui ont été enrôlées, ainsi de suite. La question qui m’a été posée à chacune de mes étapes [que ce soit à Philadelphie, que ce soit à New York, que ce soit à Washington ou à Paris…] que fait-on des non enrôlés ?
Nous avons donc dû mettre en place un Conseiller spécial, chargé des Ivoiriens non enrôlés qui soient favorables au Président Laurent Gbagbo pour qu’ils ne se sentent pas exclus du processus électoral. Je pense que ce message-là a été entendu, et ce Conseiller-là est au travail.
Est-ce que les préoccupations sont les mêmes aux Etats-Unis qu’en France ?
Evidemment, cela ne peut pas être les mêmes. Paris, c’est Treichville.
Vous sentez qu’en France, le débat est comme ce qu’on vit à Abidjan. Les positions sont quelquefois très radicales, maximalistes… et donc, la méthode d’approche est une méthode totalement différente.
Par contre, j’ai eu beaucoup de satisfaction aux Etats-Unis où c’est le pragmatisme anglo-saxon. Là, les gens comprennent mieux l’idée de « majorité Présidentielle ». C’est-à-dire, ils estiment qu’un parti politique n’est pas une prison, si ton candidat n’est pas à la hauteur, tu peux décider d’accorder ton suffrage à un autre candidat sans qu’on ne te taxe d’être vendu ou d’avoir trahi.
Donc, l’idée de « majorité présidentielle » a été très bien perçue aux Etats-Unis, tandis qu’en France, il a fallu un peu plus de temps pour que je puisse convaincre, surtout les militants et sympathisants du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire.
Il semble qu’il a été aussi difficile de convaincre certains militants du FPI du fait que vous étiez sincère pour le Président Laurent Gbagbo…
C’est tout à fait normal. Il faut être aussi honnête, quand ceux-là soutenaient le Président Gbagbo aux premières heures du multipartisme, nous autres, nous étions ses opposants. Donc, c’est tout à fait normal qu’avant de m’accepter, ils me fassent subir quelques épreuves, c’est tout à fait normal. Mais, je crois qu’à travers vos dires, à travers vos actes, on peut tout de suite comprendre si vous êtes dans le vrai ou si vous êtes dans le faux, parce que comme les Anglais le disent « the truth is never wrong », c’est-à-dire que « la vérité n’est jamais fausse ». Et la vérité, c’est que ce n’est pas la première fois dans notre pays que quelqu’un qui est d’un parti A porte son choix sur le candidat d’un parti B. Et ça, j’ai puisé dans l’histoire politique de notre pays pour dire que dans les années 50, le patriarche Gon Coulibaly dans le Nord de la Côte d’Ivoire a eu à choisir entre son fils Béma Coulibaly et le Président Félix Houphouët-Boigny. Il a choisi Félix Houphouët-Boigny. D’ailleurs, nos aïeuls même nous ont indiqué qu’en construisant la Côte d’Ivoire que quelqu’un pouvait être ton enfant, mais s’il n’avait pas de vertus, tu pouvais choisir l’enfant de l’autre comme chef du village. Et ça, je pense que j’ai été longuement ovationné et ils m’ont accepté en tant que tel.
Quelles leçons tirez-vous de ce voyage ?
Beaucoup de leçons.
Premièrement, nos compatriotes ne sont pas des automates déshumanisés, ils savent ce qui se passe, ils suivent l’actualité, et pour rien au monde, qu’on soit de tel ou de tel bord, ils ne veulent brader la Côte d’Ivoire. Cela m’a vraiment plu.
La deuxième leçon qu’il faut tirer, c’est qu’à l’étranger, ils ne vivent pas la différence que nous vivons ici. A l’étranger, ils sont un, ils forment une famille.
A l’étranger, les élections se présentent comme un facteur de cohésion, un facteur de rassemblement plutôt qu’un facteur de division. Dans tous les cas, ils sont convaincus que c’est le meilleur d’entre nous qui les dirigera, qu’il soit de tel ou de tel bord, excusez-moi du peu, ça ne changera pas trop leur statut là-bas. Parce qu’ils seront Ivoiriens avant d’être partisans d’autres choses.
La leçon que nous retenons aussi c’est qu’ils comprennent que le Président Laurent Gbagbo est un homme courageux, ils comprennent que le Président Gbagbo, en rentrant d’Italie alors que son pays était attaqué, a posé un acte historique majeur qui fait que où qu’on se trouve, on devrait pouvoir se mobiliser pour lui accorder notre suffrage. Et ça, c’est quelque chose d’important qui n’est pas discriminatoire, qui est objectif. C’est-à-dire que n’importe lequel de nous à la place de Laurent Gbagbo aurait bénéficié du suffrage de ses compatriotes s’il agissait comme ça. C’est donc ce qu’il faut retenir de ce voyage.
Est-ce que les Ivoiriens de l’extérieur croient en cette élection-là, surtout dans les délais donnés, c’est-à-dire fin février début mars 2010 ?
Comme moi, je suis le Directeur national de campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo et que j’ai ma feuille de route, j’ai essayé de leur dire et de leur expliquer un peu les délais qui nous étaient impartis pour aller aux élections. Mais leur esprit critique, le fait qu’ils pratiquent les élections dans les pays dans lesquels ils se trouvent, les amène à me poser beaucoup de questions. Et je crois que l’affaire Beugré Mambé n’est pas faite pour les rassurer. Tout ce qu’on sait c’est qu’on voterait en 2010, mais à New York, à Washington, à Philadelphie, à Paris… j’ai eu du mal à leur dire que les élections seront avant la fin du mois de février. Ils y croient, mais ils se posent des questions, ils sont des Saint Thomas.
Vous-même, en tant que Directeur national de Campagne Adjoint du candidat Laurent Gbagbo, est-ce que vous y croyez ?
Moi, je fais mon job ! Et ma feuille de route est donnée par la direction nationale de campagne. Nous travaillons par objectif. Et l’objectif, c’est les élections : fin février – début mars 2010. C’est donc par rapport à ça que je suis en train de travailler.
Quand le CPC arrête une décision, elle est valable dans certaines conditions de pression et de température, c’est valable dans un environnement. Si l’environnement change, les données changent. Et je dis que pour le moment ma feuille de route, c’est fin février – début mars. Et c’est par rapport à ça que j’ai travaillé.
Quand vous faites vos sondages au niveau de l’extérieur, pensez-vous que votre candidat va gagner ?
Oui ! Là-bas, l’esprit de « majorité présidentielle », c’est-à-dire le soutien républicain au Président Laurent Gbagbo est une réalité. Pourquoi ? Quand vous prenez la France, il y a eu le Général de Gaulle. La France était sous occupation allemande, et il s’est trouvé un homme pour dire « nous, nous ne méritons pas cela. Et toute la France s’est mobilisée derrière De Gaulle, de sorte qu’il y a des gaulistes de gauche, des gaulistes de droite, il y a des gaulistes du centre.
En France, je leur ai dis que le Président Gbagbo est notre De Gaulle. C’est-à-dire quelqu’un qui a dit « non, la Côte d’Ivoire ne mérite pas d’être ravalée au rang d’appendice de quelques puissances que ce soit. » Et donc, par rapport à ça en France, ils comprennent bien quand je leur parle de cette façon-là. Donc, le Président Gbagbo a la côte. Cela veut dire qu’on ne rentre même pas dans d’autres considérations, mais je dis l’élection du Président Laurent Gbagbo, c’est la réhabilitation de la souveraineté de notre pays. Dans un premier temps, avant de voir clair, il faut que notre pays existe d’abord. C’est la deuxième conquête de notre indépendance qui se joue. Pourquoi ? Ailleurs, quand vous prenez les armes pour changer l’ordre politique, on ne vous adresse pas la parole, mais ici, le Président Gbagbo a accepté de tendre la main à nos frères qui, pour une raison ou pour une autre, ont pris les armes contre la République. Donc, c’est le point important qui fait que le Président Gbagbo est bien perçu là-bas. Encore une fois, le message que nous avons délivré là-bas est un message de rassemblement. Le Président Gbagbo nous a demandé de rassembler les Ivoiriens autour de la Côte d’Ivoire. Une fois que la Côte d’Ivoire va être debout, toutes les autres considérations vont être possibles. Je crois qu’un tel message est très bien entendu.
Aux Etats-Unis, mon discours était facilité, parce que les Etats-Unis ont connu ce que nous appelons la guerre de sécession, donc, ils savent que lorsque votre pays est menacé de division, vous devez vous unir pour réunir le pays, et puis après, on parle. Ils ont vécu tout récemment le 11 septembre 2001, ils ont vu comment cet événement a fait que tous les Américains se sont rassemblés autour de leur Président quel que soit leur clivage politique, même les médias.
Les médias ont pris position pour l’Amérique même sans chercher à savoir quelle est la part de responsabilité de l’Amérique dans ce qui s’est passé. Et lorsque je leur ai expliqué cela aux Etats-Unis, le message est passé. Il ne s’agit pas de Gbagbo, mais de la Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas de dire qui a tort, qui a raison ! Il s’agit de dire quels que soient nos problèmes, rassemblons-nous autour de celui qui a lutté pour que la Côte d’Ivoire soit restée debout, et puis après, on verra.
Pensez-vous que Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, adversaires redoutables de Gbagbo, ne peuvent pas rassembler les Ivoiriens ?
Le Président Bédié, le Premier Ministre Alassane Ouattara et le Président Gbagbo, on est comme sur un terrain de foot en train de jouer, et puis, subitement, il se met à pleuvoir. Premièrement, vidons d’abord l’eau du stade. Une fois l’eau vidée, on peut reprendre le match.
Nous estimons que le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara, normalement devaient même sursoir à leur candidature. Ils devaient se mettre avec le président Gbagbo pour réhabiliter la Côte d’Ivoire, et une fois que le pays est réhabilité, le débat s’engage. Tant que nous avons deux chefs d’Etat Major dans notre pays, tant que nous n’avons pas l’unicité des caisses, ça ne sert à rien de vouloir être candidat. Parce que, de toutes les façons, à supposer que le Premier Ministre Ouattara gagne avec deux chefs d’Etat Major, que Bédié gagne avec les mêmes chefs d’Etat Major et sans unicité des caisses, ils mèneront le même combat que Laurent Gbagbo, c’est-à-dire le combat pour la réunification de la Côte d’Ivoire.
Nous estimons que si eux deux qui ont dirigé ce pays pendant longtemps, qui ont une expérience internationale, qui savent ce que c’est que la démocratie, ils savent qu’on ne peut pas imposer la démocratie à un peuple en difficulté, les Etats-Unis n’ont pas connu la démocratie pendant la guerre de sécession, c’est après la guerre de sécession quand ils ont réunifié leur pays qu’ils ont mis en place un processus que nous envions aujourd’hui.
Moi, mon plaidoyer c’est que le Président Bédié et le Premier Ministre Ouattara acceptent de se mettre autour du Président Gbagbo pour sauver la Côte d’Ivoire.
Une fois que la Côte d’Ivoire est réunifiée, a une seule armée, on a la paix, l’unicité des caisses, on est respecté dans le monde parce que nous ne sommes pas un pays à problème… à ce moment-là, le jeu démocratique est possible, une fois qu’on a retrouvé cela, je retourne au PDCI. Mais tant qu’on n’a pas réussi cela, je suis mobilisé pour la défense de la République de Côte d’Ivoire.
Vous vous rappelez que quand la France était en difficulté dans les années 40, tous les mobilisés venaient de partout, de tout l’empire colonial français. Aujourd’hui, nous devons nous considérer comme mobilisés, vous, au niveau de la presse, nous, au niveau des hommes politiques, les intellectuels, les musiciens… Pourquoi aujourd’hui on entend des musiques patriotiques ? Parce que la patrie est en danger. Et lorsque la patrie est en danger, il n’y a pas de gauche, il n’y a pas de droite, il n’y a pas de Bédié, il n’y a pas de Ouattara, il n’y a pas de Gbagbo… Celui qui est là, qui doit nous conduire pour la réhabilitation de l’unité de la Côte d’Ivoire s’appelle Laurent Gbagbo.
Je le dis souvent à mes enfants, dans la vie, chacun a sa chance, chacun a son destin. Hier, c’était Henri Konan Bédié avec l’article 11 de la constitution, toute la Côte d’Ivoire s’est mobilisée autour du Président Bédié pour l’article 11, même ceux qui ne voulaient pas qu’on applique l’article 11 de la constitution, on est tous descendu dans la rue pour que Bédié soit le Président de par l’article 11. Aujourd’hui, c’est le tour de Gbagbo. Ça, vraiment, c’est la chance du Président Gbagbo, il faut respecter sa chance.
Une grande majorité des Ivoiriens aujourd’hui redoute encore les démons du passé qui sont en train de ressurgir…
Non ! Je vais vous dire une chose. Normalement, moi, j’ai 50 ans bientôt, je suis un enfant de l’indépendance. Je suis gêné que la Côte d’Ivoire ait la chance d’avoir un ancien Président de la République, combien d’anciens Premiers Ministres… et que les problèmes de la Côte d’Ivoire se traitent hors de la Côte d’Ivoire. Le Président Houphouët dans sa tombe est en train de se tourner là-bas. Parce qu’on ne peut pas être du pays de l’apôtre du dialogue et aller chercher les vertus du dialogue ailleurs. C’est-à-dire, nous sommes dans l’eau, et puis, on a soif !
Moi, je pense que normalement le dialogue devait nous amener à nous retrouver pour nous parler quel que soit le problème. Et puis, je m’inscrits en faux par rapport à tous ceux qui pensent que la crise ivoirienne est une crise identitaire. Ce n’est pas vrai. C’est plutôt un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, on n’a pas de problème identitaire, je suis désolé. Chez nous ici, les Baoulé ont épousé des Sénoufo, des Sénoufo ont épousé des Agni, des Agni ont épousé des Bété… on est tellement imbriqué les uns dans les autres que le problème identitaire n’est rien d’autre qu’un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire. Parce que dès qu’on agite ça, tout arrête de marcher, on se dresse les uns contre les autres. Or, nous sommes dans un environnement qui est tel qu’on vous dresse les uns contre les autres pour vous empêcher d’avancer. Parce que les premiers n’ont pas envie d’être rattrapés. Donc, si les premiers peuvent semer toute sorte de discordes entre vous pour entamer votre cohésion, parce que c’est dans la cohésion et dans l’union qu’on est fort, nous pouvons dire que les dérives identitaires ou les pseudo-dérives identitaires ne sont rien d’autres qu’un nouveau visage de la guerre contre la Côte d’Ivoire.
Pensez-vous donc que le délit de patronyme n’est pas justifié ?
Non, ça, ce n’est pas justifié. Ce sont des choses qu’on peut régler entre nous ici. Pourquoi ? Chaque Ivoirien a un village…
Donc, vous prônez le retour au village ?
Non ! Je dis que chaque Ivoirien a un village. Cela veut dire qu’ici en Côte d’ Ivoire, on ne peut pas dire que parce que tu t’appelle Cissé tu n’es pas Ivoiriens ! Moi, j’ai des parents qui sont de Prakro, un village de Dimbokro, qui s’appelle Cissé, et pourtant, c’est Baoulé bon teint.
Quand vous allez à Bocanda, vous avez là des Daouda Yao. Et puis, moi qui vous parle, j’ai des cousins, des nièces et des oncles « Traoré » qui vivent à Bouaké. En fonction de quoi vous allez dire que comme ils s’appellent « Traoré » ils ne sont pas Ivoiriens…
Mais, on ne comprend pas pourquoi ils sont traqués…
C’est pourquoi je dis que le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara, le Président Gbagbo, le Premier Ministre Soro… nous tous, nous devons nous mobiliser contre ces pratiques. C’est la seule trouvaille que les ennemis de la Côte d’Ivoire ont pu inventer pour pouvoir nous dresser les uns contre les autres quand nous voulons être unis pour avancer.
Qui sont ces ennemis, Monsieur le Ministre ?
Ecoutez ! Dans les relations internationales, un pays fait face à plusieurs types de menaces : il y a des menaces extérieures, il y a des menaces intérieures. Et aujourd’hui, lorsque vous voulez rattraper les premiers [qui ne sont pas forcément les Etats, les premiers peuvent être des acteurs non étatiques, ça peut être des puissances d’argent, ça peut être la mafia, ça peut être des groupes religieux, ça peut être des sectes…], ils peuvent inventer toutes sorte de chose pour vous empêcher d’évoluer, et c’est ce complot-là qui guette la Côte d’Ivoire. Faisons attention !
Le constat que l’on a fait, c’est que vous avez mis un accent particulier sur les Ivoiriens d’Europe, et vous ne priorisez pas les pays d’Afrique. Quel est votre plan d’action à ce niveau ?
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une élection est une compétition qui obéit à plusieurs enjeux. C’est donc en fonction des enjeux qu’on définit les priorités. Si c’est un enjeu numérique, la France représente 40% de l’électorat à l’étranger. C’est tout à fait normal qu’on s’intéresse à la France. Parce que, en termes de réservoir des voix, l’hexagone représente 40% de l’ensemble des Ivoiriens qui peuvent voter à l’étranger.
Maintenant, si c’est un enjeu diplomatique, Paris vient en premier lieu. Paris, c’est un enjeu diplomatique. Quand tu as gagné à Paris, tu te sens bien dans ta peau pour des raisons historiques. Notre histoire, notre géographie et même notre actualité nous imposent de gagner en France pour le Président Gbagbo. C’est donc un impératif pour nous.
Ensuite, quand vous prenez les capitales des multilatéralismes : New York, nous pensons que le Président Gbagbo doit gagner à New York. Ça fait bien de gagner à New York où se trouve le siège des Nations-Unies. Quand tu gagnes aux USA où se trouve le siège des Nations-Unies, où se trouve le Fonds monétaire international où l’on parle de bonne gouvernance, on parle de droit de l’homme, où se trouve la Banque mondiale… tu te sens bien. Nous ne pensons pas que dans ces pays-là qu’on dise vous avez triché, vous avez contraint les gens… De façon libre, ils vont voter. Et quand vous gagnez à Bruxelles, siège de l’Union Européenne, vous vous sentez aussi bien dans votre peau.
C’est pour cela que vous délaissez les pays d’Afrique ?
Non ! J’ai parlé des enjeux. Le Burkina Faso représente un autre enjeu, nous pensons que le Président Gbagbo doit gagner chez le médiateur.
Le médiateur doit savoir qu’il n’a pas eu tort de faire confiance au Président Gbagbo, et que les Ivoiriens qui vivent au Burkina Faso sont au top des réalités de la Côte d’Ivoire et qu’ils peuvent gagner. Maintenant, les autres pays, c’est-à-dire nos voisins sont aussi importants. Nous nous proposons d’aller au Sénégal, en Guinée, au Ghana… mais, encore une fois, l’adage dit « qui trop embrasse, mal étreint », c’est-à-dire si tu n’as pas de cap, aucun vent ne te sera favorable. Voilà pourquoi nous avons défini des priorités, mais cela ne veut pas dire que les autres ne sont pas des priorités. Cela veut tout simplement dire qu’il faut un début à tout, et nous pensons que le début de notre action c’est Paris, c’est Washington, c’est New York, c’est Bruxelles, c’est le Burkina Faso… et le reste s’en suit.
Un dernier mot.
Mon dernier mot, il y en a deux. Premièrement, nous devons voter les enfants de la décolonisation. C’est-à-dire, ceux qui n’ont pas connu la colonisation, mais qui sont nés au moment où la Côte d’Ivoire était en train d’être décolonisée. Ceux-là sont nés dans le multipartisme. Ils doivent expliquer aux jeunes que nous sommes que la Côte d’Ivoire n’a jamais eu peur du multipartisme, que ce n’est pas la première fois que des candidats du nord, des candidats de l’ouest, des candidats du centre s’affrontent. Ils doivent aussi comprendre que lorsqu’ils s’affrontaient, les mêmes menaces guettaient la Côte d’Ivoire, puisqu’il y a eu des morts à Dimbokro.
Quand vous prenez les morts de Dimbakro, tout le monde est dedans, quand vous prenez les morts de Séguéla, il y a tout le monde dedans, quand vous prenez les morts de Bouaflé, tout le monde est dedans… Donc, à un moment donné, ils se sont dit qu’il faut taire notre adversité, repousser l’ennemi qui est de l’extérieur, et puis après, on va voir. C’est comme cela qu’en 1951, qu’on s’appelle Sékou Sanogo, qu’on s’appelle Adrien Dignan Bailly, qu’on s’appelle Houphouët-Boigny, qu’on s’appelle Gon Coulibaly… ils se sont tous rassemblés autour de Houphouët-Boigny.
Ce pacte a permis à la Côte d’Ivoire de vivre au moins 40 ans de stabilité, 40 ans de paix.
Deuxième défi, nous avons encore connu le multipartisme en 1990. Et, au jour d’aujourd’hui, c’est le même scénario des années 50 qui est là. Il y a un candidat originaire du nord, un candidat originaire du centre-ouest, un candidat originaire du centre, un candidat originaire des 18 montagnes… cela veut dire que le tableau des années 50 est là, faisons très attention. C’est la raison pour laquelle, le plaidoyer que nous faisons, c’est qu’il y ait un nouveau pacte républicain, évidemment, autour du candidat Laurent Gbagbo pour que nos enfants et petits-enfants puissent vivre le multipartisme comme nous le souhaitons.
Je pense qu’il nous appartient, les enfants de l’indépendance, de promouvoir ce pacte républicain, de faire en sorte que ce pacte républicain puisse être concret pour garantir non pas 40 ans de stabilité, mais peut-être 100 ans de stabilité pour nos enfants et petits-enfants qui pourront vivre la démocratie.
Moi, je suis convaincu du succès de ce pacte républicain autour du Président Laurent Gbagbo, pour les prochaines années, un homme du nord peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus ; un homme de l’ouest peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus ; un musulman peut, demain, être Président de la République sans que le ciel ne nous tombe dessus. Parce que nos enfants, excusez-moi, ils n’en n’auront rien à faire avec les origines de qui que ce soit. Pour nos enfants, ou bien tu as des valeurs pour nous diriger ou bien tu n’as pas de valeurs. Et en cela, je pense que le Président Obama aux Etats-Unis a fait mentir tous ceux qui pensaient qu’il y avait des impossibles sur cette terre. Il n’y a pas d’impossible sur cette terre. Le Président Houphouët-Boigny nous rappelle que tous les changements les plus souhaités ont leur mélancolie. Mais le Président ajoute que « tous les changements sont possibles pour vue qu’ils se déroulent dans la paix, dans l’ordre et surtout dans la discipline. »
Je pense que se sont des mots forts de notre devise. Il appartient à nos aînés que sont le Président Bédié, le Premier Ministre Ouattara ou le Président Laurent Gbagbo de nous tracer des sillons pour que demain nos enfants et petits-enfants puissent élargir ces sillons dans la paix et dans la prospérité.
Par rapport à nos amis qui vivent à l’étranger, mon message est clair. Ne jamais scier la branche sur laquelle on est assis. Cette branche-là, s’appelle la Côte d’Ivoire. Donc, où qu’ils se trouvent, qu’ils fassent tout pour préserver la Côte d’Ivoire de mauvais comportements, parce que si la Côte d’Ivoire n’existe plus, eux-mêmes non plus n’existeront plus.
Serge Koffi