C’est avec un grand retard que j’apprends la maladie de la palme d’or de la meilleure vedette et du meilleur compositeur de la musique congolaise. Depuis le OK JAZZ de Franco, Youlou Mabiala a subjugué l’Afrique par sa voix. Un chanteur qui plait et qui attire. Tout commence à Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. J’avais toujours pensé que Youlou Mabiala était de Kin. Or, il est de Brazzaville. Les deux pays parlent la même langue : le lingala. Au cours des festivités de la fête de l’Indépendance de son pays, en 2004, et devant le président de la République, il chante. Au bout de quelques minutes, il tombe. Il vient d’avoir un Accident Vasculo-cérébral (AVC). Il ne pourra plus faire sa deuxième prestation. Il est conduit dans une clinique à Paris aux bons soins de son Président. Ce sauvetage lui a permis de rester en vie. Le Christ a dit de chercher la vie et le reste viendra. Depuis ce jour, jusqu’aujourd’hui, Youlou Mbabiala ne peut plus chanter. D’ailleurs, il ne parle pas. Il balbutie des mots. Ce grand de la chanson africaine vit comme un indigent chez des amis dans une banlieue parisienne, abandonné de tous sauf de quelques fans. Il souffre dans sa chair et dans son âme. Une partie de son corps est paralysé. Sa femme, l’une des filles de Franco, l’assiste dans la douleur. Les médecins disent qu’il peut encore monter sur scène mais les soins demandent beaucoup d’argent. Malgré les efforts de l’Etat, il a toujours besoin d’argent. On vient de publier le palmarès des meilleurs chanteurs en France. Leur gain est immense. Comme chaque année, c’est Johnny Halliday qui vient en tête avec 11 millions d’euros. Il a vendu l’année dernière 850 000 CD et DVD. Il a des royalties de 25 pour cent. Ces chanteurs européens n’ont pas besoin de l’aide de quiconque pour se faire soigner. Ils ne tendent la main à aucun homme politique pour survivre. Et pourtant Youlou Mabiala aurait pu vendre facilement plus de 500 000 mille CD ou DVD en deux ou trois ans et vivre dans l’opulence et la bonne santé. Et pourquoi n’a-t-il pas réussi ? C’est une question à poser aux mélomanes africains. Pourquoi les Africains tuent leurs artistes en achetant les k7 piratés ? Pourquoi nos artistes ne vendent pas plus de 15 milles k7 en deux ans et qu’on vend la même k7 piratée à plus de 200 0000 exemplaires ? Les k7 et les CD piratés n’ont pas de frontière. C’est un marché sûr et rentable. Hélas, c’est de la contrebande. Rien n’est fait pour combattre, efficacement, la piraterie. Elle n’est pas loin de la vente de la drogue. C'est-à-dire l’assassinat, la mort. Ici, on vient de prendre des nouvelles lois juridiques. Pour moi, la meilleure solution se trouve dans l’intelligence du client. Décider de ne pas payer tout ce qui est piraté. C’est la bataille la plus difficile et la plus longue à mener. Les artistes doivent mobiliser les religieux pour dire aux méchants les conséquences de leurs actes. En Côte d’Ivoire, nous avons de nombreux artistes malades. On ne remerciera jamais assez Mohamed Salamé, de Comium, qui a remis un chèque consistant à la (Fondaci) Fondation des artistes de Côte d’Ivoire pour soigner les artistes malades. Du côté du ministère de la culture et de la francophonie des dispositions sont prises pour venir en aide aux artistes malades. L’artiste doit se prendre en charge ou rester toujours à la charge de l’Etat ? Que faire ? Tant que les pirates, que j’appelle les criminels, vont sévir, il appartient à l’Etat comme c’est le cas dans certains pays de prendre des artistes en charge en tenant compte de certains critères. Il n’est pas normal que des artistes de renom comme Youlou Mabiala vivent ainsi dans l’indigence. En attendant que des solutions soient trouvées, je recommande aux artistes musiciens d’investir les bénéfices de ce qu’ils gagnent dans les affaires comme l’a fait Franco ou se trouver un deuxième travail comme c’est le cas chez les écrivains. Tshala Muana me l’avait dit à l’époque où il était difficile de pirater avec les disques comme , aujourd’hui avec les k7. Pour le moment prions pour Youlou Mabiala. Les miracles existent. C’est une question de foi. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly