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Société Publié le lundi 8 mars 2010 | Nord-Sud

Constance Yaï (ancienne ministre de la Promotion de la femme) : “Les femmes ne sont pas écoutées”

«La coordination des actions en vue d'améliorer le statut de la femme en Côte d'Ivoire a manqué. Chaque structure a fonctionné selon ses aspirations. Les gouvernements africains n'ont pas tenu leurs engagements par rapport à la promotion de la femme. Les mouvements de femme doivent les interpeller. Le débat sur l'emploi des femmes et leur pauvreté n'est pas à l'ordre du jour lors des réunions importantes. Nous sommes en droit d'être pessimistes et tristes parce que les perspectives ne sont pas heureuses. Les femmes ne constituent plus un enjeu comme au début des indépendances où les partis uniques se sont appuyés sur elles. Les femmes ne sont pas écoutées. Pis, elles ne s'écoutent pas entre elles. Nous devons toutes nous remettre en cause. Que faisons-nous ? Sommes-nous prêtes à prendre le pouvoir ou acceptons-nous d'être des prétextes ? Quand il s'agit de nous proposer des projets pour augmenter le prix du gombo, c'est en ce moment qu'ils savent où nous trouver. Quand il s'agit du maraîcher, on pense aux femmes. Depuis 1960, l'école de gendarmerie n'est pas ouverte aux femmes. Malgré la déclaration du président relative au quota de 30%, on constate que les femmes ne sont pas présentes dans le gouvernement actuel. Combien de femmes y a-t-il à la commission électorale indépendante ? Dans les faits, la Côte d'Ivoire a reculé. 30 ans après les premiers ministères de la femme, revenir à 2 femmes sur une équipe de 28 personnes est un recul. Nous sommes fatiguées des intentions. D'ailleurs, le quota réservé aux femmes doit être de 50%. Dans les conseils d'administration, il doit avoir autant de femmes que d'hommes. Et à la fin, tout le monde doit percevoir les 6 millions. Mais quand tu dénonces ces aspects, on te traite de mauvaise femme. Pour eux, la bonne femme, c'est celle qui se reconnaît dans le patriarcat. Or, ce système soumet la femme. Quand vous remettez en cause le patriarcat, vous devenez une mauvaise femme. C'est pourquoi certaines femmes se taisent pour être bonnes. Sinon la Côte d'Ivoire regorge de nombreuses femmes littéraires et juristes. Elles n'ont pas besoin de marcher pour se faire entendre. Mais elles peuvent au moins constater que la Côte d'Ivoire a choisi de les ignorer. »

Propos recueillis par Nesmon De Laure (stagiaire)
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