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Société Publié le mardi 9 mars 2010 | Nord-Sud

Cotisations anarchiques, racket… - Soubré : parents d`élèves et enseignants grognent

La volonté affichée du président de la République de faire de la gratuité de l'école le fer de lance d'une scolarisation à grande échelle ne semble pas partagée par certains acteurs de l'éducation nationale. A Soubré, malgré les ennuis financiers des parents d'élèves, ces acteurs ne cessent de lever des cotisations anarchiques et indues.


Gratuité de l'école, Soubré ne connaît pas. En lieu et place des collectivités décentralisées que sont le Conseil général et la mairie, ce sont les pauvres parents d'élèves qui font tout. Extension d'école, construction de clôture et latrines, paiement d'heures supplémentaires, paquets de rames, activités socioculturelles et organisation des examens, parfois même le matériel pédagogique, sans oublier les pourboires pour rester ou être nommé directeur d'école. Bref, tout y passe et tant pis pour les parents d'élèves dont les poches sont constamment sollicitées. Face à la généralisation des cotisations en milieu scolaire, le préfet du département de Soubré, Gombagui Gueu Georges, avait tapé du poing sur la table à la rentrée des classes. "L'école n'est pas une régie financière. Je ne veux plus de cotisations sans autorisation préalable. Ce que nous constatons ici est contraire à la volonté du chef de l'Etat de rendre l'école gratuite. Il y a trop de cotisations inutiles. Le budget de fonctionnement de l'école ne doit pas être supporté par la poche des parents d'élèves qui ont déjà du mal à faire face aux charges traditionnelles des ménages", avait-il menacé lors des différentes rencontres avec les responsables de l'école après la grève de la Fesci. Si ses menaces ont donné le résultat escompté au niveau du secondaire, tel n'est pas le cas au primaire où çà et là il y a encore des grincements de dents. Pour Zambi Marcellin, ce qui se passe au groupe scolaire hôpital de Soubré est plus que révoltant " Dans ce groupe scolaire, les cotisations sont de 3.000 Fcfa du CP1 au CM1 et 8.000 Fcfa pour les classes de CM2. On ne sait pas pourquoi car c'est une vieille école où aucune réalisation n'est encore possible. Alors, on se demande à quoi servent ces cotisations, à nous couper le souffle" , dénonce-t-il, très amer. Même son de cloche pour cet autre parent d'élève M. Kouassi Kan Donatien, photographe: "L'école 5 à l'IEP Soubré 2 est plus qu'un établissement privé. Dans cette école, les cotisations sont de 5.000, 11.000 voire 16.000 selon que vous soyez nouveau ou en classe de CM2. 16.000 c'est vraiment exagéré. Et si vous avez 3 ou 4 élèves?". Et d'ajouter que ces cotisations sont faites avec le regard complice des inspecteurs et de certains parents d'élèves qui en réalité sont des enseignants de l'école donc des faire-valoir. La maternelle et la direction des écoles ne semblent pas échapper au racket des responsables des écoles, notamment des inspecteurs. Une directrice ayant gardé l'anonymat révèle que " cette rentrée scolaire 2009-2010, c'est la somme de 100.000 que son inspection exigeait à chaque directrice." Dans le milieu du primaire à Soubré, il se murmure que, pour être directeur d'école, il faut débourser entre 150.000 et 200.000, contre 70.000 à 100.000 pour la titularisation au CAP, quand la titularisation des stagiaires sortis des CAFOP se fait à 50.000 Fcfa. Entre autres pratiques entravant la bonne marche de l'école, il y a le problème des fascicules. Il ne se passe plus de jour sans que des plaintes ne soient enregistrées. Tous les établissements du secondaire du département de Soubré sont dans la danse avec une prime pour le lycée municipal de Buyo où les fascicules font office de billet d'entrée en classe.


Des parents retirent leurs enfants


Sans fascicules, pas de cours. Mais pourquoi une telle mafia au nez et à la barbe du ministère ? Pour M. D. Clément, l'absence de réaction peut se justifier par le fait que ceux qui gèrent l'école, sont à San Pedro à la direction régionale, et n'ont pas connaissance de ce qui se passe sur le terrain. "Mais avec l'ouverture de la direction départementale de l'éducation nationale (Dden) à Soubré, le problème va se régler progressivement. Il a déjà donné le ton dans ses premiers contacts. Il semble prêt à mettre l'école sur le droit chemin à Soubré. Les parents d'élèves fondent énormément d'espoir sur Monsieur Loasset" explique M.D président de Coges dans une école primaire de la place. Les cotisations élevées avaient fortement perturbé la rentrée des classes. Et, le préfet lui-même était monté au créneau. A partir de ce constat, la nouvelle direction devait commencer à mieux cerner le problème et à y remédier au plus vite. Les cotisations sont en train de tuer l'école à Soubré. Les pauvres parents seront obligés de retirer leurs enfants des écoles. Ce n'est pas du tout normal. Et les choses ne peuvent pas continuer ainsi», a déploré un autre parent d'élève.


Le racket des patrons


Un autre mal et non des moindres dans le milieu scolaire à Soubré, c'est bien évidemment les écoles primaires clandestines qui poussent comme des champignons dans la région avec la bénédiction de certains inspecteurs qui voient en ces établissements clandestins des moyens de se remplir les poches et très rapidement. "En début d'année scolaire 2009-2010, nous avons décidé de créer des écoles primaires pour aider nos parents qui sont dans la forêt profonde et qui ne souhaitent pas voir leurs enfants aller à l'école ailleurs. Nous avons soumis le projet à l'inspecteur qui, en retour, nous exigeait la somme de 800.000 Fcfa avec la promesse ferme de nous aider à obtenir l'autorisation. Ce que nous avons accepté après des cotisations faites par les parents pour honorer cette demande. Mais, à notre grande surprise, au retour des congés de noël, cet inspecteur exige de nous encore la somme de 300.000, sinon notre école sera fermée. Nous ne savons plus où donner de la tête face à cette situation." dénoncent trois jeunes étudiants visiblement fatigués de se tourner les pouces à Abidjan, et qui ont décidé de s'essayer dans l'enseignement privé. Même son de cloche pour ce directeur d'école ayant requis l'anonymat: " Les écoles clandestines sont nombreuses et existent par la volonté de certains de nos patrons. Quand les élèves de ces écoles arrivent au CM2, on les intègre dans les effectifs du public contre forte récompense. C'est un problème réel." révèle-t-il. Comme on peut le constater, les problèmes de l'école sont nombreux et préoccupants et méritent donc que les autorités de l'école, notamment la direction départementale, se penchent sur ces différents problèmes afin de soulager un tant soit peu la souffrance des parents d'élèves du département de Soubré pour qui l'école est devenue un goulot d'étranglement.

Koffi Paul à Soubré
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