Le 10 mars dernier, la Commission Nationale Préparatoire du Cinquantenaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire (CNPCICI), avec à sa tête son président, l'ambassadeur Pierre Kipré, était à Abengourou, dans le cadre d'un pré-colloque de sensibilisation intitulé " Conflits Régionaux et Indépendances Nationales en Afrique : le cas de l'Afrique de l'Ouest ". Le maire de la Commune d'Abengourou, le ministre Nicolas Kouassi Akon, a saisi l'occasion pour rappeler à tous que les Ivoiriens souffrent trop pour fêter avec faste. Fût-il le cinquantenaire de l'indépendance. Il a mis chacun face au noir tableau de la vie de la Côte d'Ivoire depuis 10 ans.
Jusque-là, les gens, dans les différentes agglomérations visitées par la CNPCICI, se contentaient d'écouter et d'applaudir les discours des émissaires des fêtards. Non par inconscience, mais par prudence. Ce qui faisait penser que les populations sont pour cette fête qui s'annonce onéreuse pour les caisses de l'Etat déjà au rouge et d'un arrière-goût amer pour le peuple au creux de la vague. Quand on a été ministre du Commerce, comme le maire Kouassi Akon, on sait ce que veut dire la chute du pouvoir d'achat et la dégringolade du niveau de vie des citoyens. Il a pris son courage à deux mains pour dire haut et fort ce que chacun des Ivoiriens pense bas. Après les civilités d'usage, il a exprimé, au nom des populations de sa commune, les " préoccupations en rapport avec les réflexions qu'appelle la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance de notre pays.", non sans rappeler les différents événements qui ont rythmé l'histoire récente de la Côte d'Ivoire depuis 1990 pour permettre aux émissaires de Laurent Gbagbo de comprendre ce qui fonde le ras-le-bol des Ivoiriens. Si la Côte d'Ivoire a été bien construite depuis 1960, elle est entrée dans une phase de destruction programmée depuis 2000. Les 10 ans de règne du FPI ont défiguré les acquis des 40 ans de règne du PDCI-RDA. Dans cette situation des plus désolantes, une fête à coups de milliards est-elle nécessaire pour commémorer l'indépendance, là où une journée de réflexion suffit ?
" Les Ivoiriens sont ainsi invités à préparer et à célébrer avec faste, le cinquantenaire de leur Indépendance sur fond de plus de sept années de crise multiforme, avec ses corollaires que sont : les difficultés d'organisation des élections et l'illégitimité des Institutions de la République depuis cinq (5) ans ; la paupérisation galopante ; la chute vertigineuse de l'espérance de vie ; -l'effondrement du système éducatif ; la précarité des soins de santé ; la dégradation accélérée des infrastructures de base ; l'insécurité généralisée ; la perte des repères de moralité et d'éthique ; le désarroi de la jeunesse réduite au chômage sans espoir, l'exacerbation des grands fléaux de société tels que le tribalisme, le népotisme, l'impunité, la corruption, l'enrichissement illicite, l'incivisme, la drogue et la délinquance. Mais plus grave encore, les ravages des délestages et des coupures d'eau en vigueur qui menacent dangereusement le tissu économique et le bien-être des populations. ". Alors, avec M. Akon, on peut se demander : Que gagne la Côte d'Ivoire en fêtant avec faste ? Que perd la Côte d'Ivoire en ne fêtant pas avec faste ? Tout indique que la solide volonté de Laurent Gbagbo de fêter contre vents et marées, et ce, malgré la misère généralisée des Ivoiriens, ne repose que sur des envies personnelles de gloire individuelle. D'aucuns parleraient de fantasmes politiciens qui sont hélas mis dans la balance avec l'avenir du pays, avec la survie du peuple. Et le maire d'Abengourou d'interpeller : " De telles réalités, vous en conviendrez avec moi, n'incitent guère à la réjouissance pour le cinquantenaire de notre indépendance. Elles nous interpellent et nous questionnent à tous les niveaux. Qu'avons-nous fait de notre pays en un demi-siècle d'indépendance ? Que sont devenus les grands espoirs soulevés par le 7 Août 1960 et les résultats spectaculaires des premières décennies de l'indépendance ? Et que pourrions-nous faire pour redresser la barre et mériter davantage de notre statut d'hommes libres d'une Nation pleinement indépendante dans un monde globalisé et impitoyable ? " Le comble est que la plupart des intellectuels, passés de l'autre côté de la barre et aux frais de la princesse, se contentent de jouir égoïstement et sans retenue de cet héritage, oubliant trop souvent leur devoir sacré de le faire fructifier et d'offrir aux Ivoiriens indépendants depuis 50 ans, plus de progrès, de bonheur et de joie de vivre. Quand le maire Akon dit : " Il est temps, grand temps de situer sans complaisance, la responsabilité des cadres et intellectuels à qui incombent naturellement l'organisation et la conduite du développement, dans les errements et la décadence de la Côte d'Ivoire indépendante. Nous devons en quelque sorte mettre à profit le cinquantenaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire pour faire notre aggiornamento et remettre résolument notre pays sur le chemin d'un développement durable. ", il jette un pavé dans la mare. A chacun de savoir et pouvoir se remettre en cause ici et maintenant. Parce que l'histoire qui a de la mémoire observe et jugera.
Eddy PEHE
Jusque-là, les gens, dans les différentes agglomérations visitées par la CNPCICI, se contentaient d'écouter et d'applaudir les discours des émissaires des fêtards. Non par inconscience, mais par prudence. Ce qui faisait penser que les populations sont pour cette fête qui s'annonce onéreuse pour les caisses de l'Etat déjà au rouge et d'un arrière-goût amer pour le peuple au creux de la vague. Quand on a été ministre du Commerce, comme le maire Kouassi Akon, on sait ce que veut dire la chute du pouvoir d'achat et la dégringolade du niveau de vie des citoyens. Il a pris son courage à deux mains pour dire haut et fort ce que chacun des Ivoiriens pense bas. Après les civilités d'usage, il a exprimé, au nom des populations de sa commune, les " préoccupations en rapport avec les réflexions qu'appelle la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance de notre pays.", non sans rappeler les différents événements qui ont rythmé l'histoire récente de la Côte d'Ivoire depuis 1990 pour permettre aux émissaires de Laurent Gbagbo de comprendre ce qui fonde le ras-le-bol des Ivoiriens. Si la Côte d'Ivoire a été bien construite depuis 1960, elle est entrée dans une phase de destruction programmée depuis 2000. Les 10 ans de règne du FPI ont défiguré les acquis des 40 ans de règne du PDCI-RDA. Dans cette situation des plus désolantes, une fête à coups de milliards est-elle nécessaire pour commémorer l'indépendance, là où une journée de réflexion suffit ?
" Les Ivoiriens sont ainsi invités à préparer et à célébrer avec faste, le cinquantenaire de leur Indépendance sur fond de plus de sept années de crise multiforme, avec ses corollaires que sont : les difficultés d'organisation des élections et l'illégitimité des Institutions de la République depuis cinq (5) ans ; la paupérisation galopante ; la chute vertigineuse de l'espérance de vie ; -l'effondrement du système éducatif ; la précarité des soins de santé ; la dégradation accélérée des infrastructures de base ; l'insécurité généralisée ; la perte des repères de moralité et d'éthique ; le désarroi de la jeunesse réduite au chômage sans espoir, l'exacerbation des grands fléaux de société tels que le tribalisme, le népotisme, l'impunité, la corruption, l'enrichissement illicite, l'incivisme, la drogue et la délinquance. Mais plus grave encore, les ravages des délestages et des coupures d'eau en vigueur qui menacent dangereusement le tissu économique et le bien-être des populations. ". Alors, avec M. Akon, on peut se demander : Que gagne la Côte d'Ivoire en fêtant avec faste ? Que perd la Côte d'Ivoire en ne fêtant pas avec faste ? Tout indique que la solide volonté de Laurent Gbagbo de fêter contre vents et marées, et ce, malgré la misère généralisée des Ivoiriens, ne repose que sur des envies personnelles de gloire individuelle. D'aucuns parleraient de fantasmes politiciens qui sont hélas mis dans la balance avec l'avenir du pays, avec la survie du peuple. Et le maire d'Abengourou d'interpeller : " De telles réalités, vous en conviendrez avec moi, n'incitent guère à la réjouissance pour le cinquantenaire de notre indépendance. Elles nous interpellent et nous questionnent à tous les niveaux. Qu'avons-nous fait de notre pays en un demi-siècle d'indépendance ? Que sont devenus les grands espoirs soulevés par le 7 Août 1960 et les résultats spectaculaires des premières décennies de l'indépendance ? Et que pourrions-nous faire pour redresser la barre et mériter davantage de notre statut d'hommes libres d'une Nation pleinement indépendante dans un monde globalisé et impitoyable ? " Le comble est que la plupart des intellectuels, passés de l'autre côté de la barre et aux frais de la princesse, se contentent de jouir égoïstement et sans retenue de cet héritage, oubliant trop souvent leur devoir sacré de le faire fructifier et d'offrir aux Ivoiriens indépendants depuis 50 ans, plus de progrès, de bonheur et de joie de vivre. Quand le maire Akon dit : " Il est temps, grand temps de situer sans complaisance, la responsabilité des cadres et intellectuels à qui incombent naturellement l'organisation et la conduite du développement, dans les errements et la décadence de la Côte d'Ivoire indépendante. Nous devons en quelque sorte mettre à profit le cinquantenaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire pour faire notre aggiornamento et remettre résolument notre pays sur le chemin d'un développement durable. ", il jette un pavé dans la mare. A chacun de savoir et pouvoir se remettre en cause ici et maintenant. Parce que l'histoire qui a de la mémoire observe et jugera.
Eddy PEHE