Le Comité préparatoire du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire a commencé avec le colloque organisé récemment à Abengourou et portant sur les relations internationales et les conflits en Afrique de l’Ouest, ses réflexions scientifiques sur le concept de l’indépendance et de la souveraineté des Etats africains. 50 ans après leur accession à la souveraineté nationale et internationale.
SEM Gnamien Yao, Conseiller spécial du Président de la république, membre de la Cellule diplomatique, l’un des panélistes a traité le thème sur portant sur « L’Afrique des conflits : une vraie menace de la sécurité internationale ». Il a mis en parallèle les grandes évolutions de l’environnement stratégique mondial et leurs impacts sur la conflictualité en Afrique de l’Ouest. Et il tente de répondre à la question de savoir si le continent africain est victime ou responsable de la recrudescence des grandes contradictions mondiales qui se muent souvent en guerres et continuent de prendre en otage son développement tout en faisant de la terre africaine, une terre de conflit et une terre en conflit.
C’est dans l’objet des relations internationales qu’il essaie de retrouver la réponse à cette interrogation : « Si l’objet des relations internationales est l’interaction complexe entre des entités politiques souveraines dans le but de garantir les intérêts vitaux de chacune d’elles, il faut simplement comprendre que la compétition, c’est-à-dire, le conflit d’intérêt est de loin le socle sur lequel elles reposent. Dans ces conditions plus vous êtes partie prenante du jeu des acteurs, plus vous avez des chances d’en modifier les règles. Plus vous êtes absent, plus vous en subissez les conséquences ». Il en vient à en déduire : « De ce point de vue, il n’est pas superflu de dire que l’Afrique de l’Ouest est progressivement passée du statut d’objet des relations internationales à partir du XVè siècle à celui de sujet des relations internationales à partir de 1960 ».
Il constate que sur un peu plus de la cinquantaine d’Etats que compte le continent africain, tous se trouvent au seuil du XXIè siècle, sous la menace d’une rébellion, ou de forces endogènes ayant tenté ou ayant en projet, « la volonté de se séparer des « autres » et de profiter seuls des richesses du pays, jusqu’alors « indûment partagés ». Il a indiqué six grandes dates à retenir qui depuis la fin du 15è siècle se présentent comme des repères marquant les changements de contexte stratégique dans le monde qui ont eu une incidence directe sur la conflictualité en Afrique de l’Ouest : la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492, la révolution industrielle de la seconde moitié du XVIIIè siècle, la fin du XIXè siècle marquée par la naissance des empires coloniaux, la fin de la seconde guerre mondiale avec l’instauration de la guerre froide au début des années 1950 et la décolonisation qui a multiplié le nombre d’Etats-nations, le 9 novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin, qui a ouvert une nouvelle ère stratégique marquant la fin de la mise sous tutelle idéologique du monde. On assiste au réveil des aspirations communautaires faisant en sorte que la culture prenne le pas sur l’idéologie, le 11 septembre 2001 avec l’attaque du World Trade Center par de simples individus et non une armée, qui ouvre une nouvelle ère stratégique où la multiplicité des acteurs a fini par transformer la pensée stratégique.
Gnamien Yao a donc par la suite analysé la conflictualité en Afrique de l’Ouest en rapport avec ces différentes périodes et ces grandes modifications des rapports de puissance, pour mieux saisir la pertinence de ce phénomène au fil du temps. Il note qu’au regard des caractéristiques du contexte stratégique actuel, il apparaît clairement que la situation conflictuelle en Afrique est dominée par « des conflits qui se déroulent à l’intérieure même des Etats et qui remettent en cause leur intégrité ou leur existence », et cela constitue une menace pour la sécurité internationale : les armées classiques des pays africains n’étaient préparées pour faire face à ces nouvelles guerres. La dégénérescence des Etats en Afrique est l’occasion de fuites diverses vers les pays développés. Conséquence, qu’on les invite ou pas, le maintien de la sécurité internationale fait obligation aux puissances occidentales et du monde d’intervenir.
Pour bâtir une nation Ouest-africaine, Gnamien Yao a fait des propositions pour réussir l’intégration : la création d’école à vocation régionales, la gestion rationnelle des ressources naturelles, le respect de la libre circulation des biens et des personnes, l’émergence de la démocratie, le recours au « dialogue direct » comme mode de règlement pacifique de conflit, la création d’une Banque du Sud pour défendre nos intérêts et imposer nos choix, la création d’un tribunal spécial pour le foncier afin de sécuriser les investissements dans le domaine agricole en attendant l’adoption d’une loi foncière, le respect des droits de l’homme. »
Franck A. Zagbayou
zagbayou@fratmat.info
SEM Gnamien Yao, Conseiller spécial du Président de la république, membre de la Cellule diplomatique, l’un des panélistes a traité le thème sur portant sur « L’Afrique des conflits : une vraie menace de la sécurité internationale ». Il a mis en parallèle les grandes évolutions de l’environnement stratégique mondial et leurs impacts sur la conflictualité en Afrique de l’Ouest. Et il tente de répondre à la question de savoir si le continent africain est victime ou responsable de la recrudescence des grandes contradictions mondiales qui se muent souvent en guerres et continuent de prendre en otage son développement tout en faisant de la terre africaine, une terre de conflit et une terre en conflit.
C’est dans l’objet des relations internationales qu’il essaie de retrouver la réponse à cette interrogation : « Si l’objet des relations internationales est l’interaction complexe entre des entités politiques souveraines dans le but de garantir les intérêts vitaux de chacune d’elles, il faut simplement comprendre que la compétition, c’est-à-dire, le conflit d’intérêt est de loin le socle sur lequel elles reposent. Dans ces conditions plus vous êtes partie prenante du jeu des acteurs, plus vous avez des chances d’en modifier les règles. Plus vous êtes absent, plus vous en subissez les conséquences ». Il en vient à en déduire : « De ce point de vue, il n’est pas superflu de dire que l’Afrique de l’Ouest est progressivement passée du statut d’objet des relations internationales à partir du XVè siècle à celui de sujet des relations internationales à partir de 1960 ».
Il constate que sur un peu plus de la cinquantaine d’Etats que compte le continent africain, tous se trouvent au seuil du XXIè siècle, sous la menace d’une rébellion, ou de forces endogènes ayant tenté ou ayant en projet, « la volonté de se séparer des « autres » et de profiter seuls des richesses du pays, jusqu’alors « indûment partagés ». Il a indiqué six grandes dates à retenir qui depuis la fin du 15è siècle se présentent comme des repères marquant les changements de contexte stratégique dans le monde qui ont eu une incidence directe sur la conflictualité en Afrique de l’Ouest : la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492, la révolution industrielle de la seconde moitié du XVIIIè siècle, la fin du XIXè siècle marquée par la naissance des empires coloniaux, la fin de la seconde guerre mondiale avec l’instauration de la guerre froide au début des années 1950 et la décolonisation qui a multiplié le nombre d’Etats-nations, le 9 novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin, qui a ouvert une nouvelle ère stratégique marquant la fin de la mise sous tutelle idéologique du monde. On assiste au réveil des aspirations communautaires faisant en sorte que la culture prenne le pas sur l’idéologie, le 11 septembre 2001 avec l’attaque du World Trade Center par de simples individus et non une armée, qui ouvre une nouvelle ère stratégique où la multiplicité des acteurs a fini par transformer la pensée stratégique.
Gnamien Yao a donc par la suite analysé la conflictualité en Afrique de l’Ouest en rapport avec ces différentes périodes et ces grandes modifications des rapports de puissance, pour mieux saisir la pertinence de ce phénomène au fil du temps. Il note qu’au regard des caractéristiques du contexte stratégique actuel, il apparaît clairement que la situation conflictuelle en Afrique est dominée par « des conflits qui se déroulent à l’intérieure même des Etats et qui remettent en cause leur intégrité ou leur existence », et cela constitue une menace pour la sécurité internationale : les armées classiques des pays africains n’étaient préparées pour faire face à ces nouvelles guerres. La dégénérescence des Etats en Afrique est l’occasion de fuites diverses vers les pays développés. Conséquence, qu’on les invite ou pas, le maintien de la sécurité internationale fait obligation aux puissances occidentales et du monde d’intervenir.
Pour bâtir une nation Ouest-africaine, Gnamien Yao a fait des propositions pour réussir l’intégration : la création d’école à vocation régionales, la gestion rationnelle des ressources naturelles, le respect de la libre circulation des biens et des personnes, l’émergence de la démocratie, le recours au « dialogue direct » comme mode de règlement pacifique de conflit, la création d’une Banque du Sud pour défendre nos intérêts et imposer nos choix, la création d’un tribunal spécial pour le foncier afin de sécuriser les investissements dans le domaine agricole en attendant l’adoption d’une loi foncière, le respect des droits de l’homme. »
Franck A. Zagbayou
zagbayou@fratmat.info