Au moment où la question de la fiabilité de la liste électorale fait débat, le Dnc adjoint de Gbagbo, chargé des Ntic et par ailleurs, expert-informaticien, dans cette entrevue accordée à Le Temps, met à nu les techniques de fraude.
Vous avez récemment dénoncé les actes de fraude dont s`est rendu coupable le Rhdp, sur la liste électorale. Pouvez-vous revenir sur cet aspect ?
En effet, nous avons démontré qu`il y avait effectivement fraude. Parce qu`une chose est de dire qu`il y a fraude ou qu`il n`y en a pas. Et une autre est de constater la fraude et la démontrer. Nous signons et persistons qu`il y a eu effectivement fraude sur la liste électorale. Et aujourd`hui, on tente de tribaliser ou " ivoiriser " le problème. Ce n`est pas une question d`ivoiriens ou d`étrangers. C`est une question de fraudeurs sur la liste électorale et de manipulation de fichier électronique. C`est aussi simple que ça.
Vous êtes bien formel qu`il y a eu fraude. Pouvez-vous être plus précis ?
Vous savez que pour se faire enrôler, tout ce qu`on demandait, c`était l`extrait d`acte de naissance. L`état civil ivoirien n`est pas numérisé. Donc, il n`y a aucun moyen pour s`assurer de l`authenticité d`un extrait de naissance quand on se retrouve face à un agent d`enrôlement. Il n`y a pas de sécurité à cent pour cent. La procédure mise en place était de faire du " flooding ", comme on le dit dans le jargon informatique. En fait, cette technique consiste à inonder votre système informatique de données. Et comme cela dépasse sa capacité de réaction, le système laisse entrer certaines données.
Concrètement, dans le cas des 429033 pétitionnaires, désormais appelé "cas Beugré Mambé", quelle était la situation ?
Là-bas, on a récupéré dans le 1033000 personnes du contentieux, des gens que le système a estimé qu`il y avait doute sur leur qualité d`électeurs. Et qu`il fallait que ces gens aillent au croisement populaire, pour démontrer qu`il n`y a aucun doute sur leur qualité d`électeurs. A ce niveau, il y avait deux options. Les gens vont chercher les pièces adéquates pour justifier leur qualité d`ivoiriens et d`électeurs. Ou bien l`autre raccourci, ce que l`équipe d`informaticiens de Mambé a choisi, a été de sélectionner des individus selon des critères propres à eux-mêmes. Mais, on en sait un peu plus aujourd`hui sur leurs critères. Afin de dispenser ces personnes du croisement populaire.
D`après ce qui est dit, ces informaticiens n`avaient pourtant pas accès au fichier de la Sagem ?
Bien évidemment, un des arguments des partisans de la fraude qui est tenu et qui fait rire, c`est que les informaticiens de la Cei n`ont pas accès aux fichiers de la Sagem. Mais, ils n`ont pas besoin d`avoir accès à cela. Parce que le mode opératoire disait qu`après le contentieux et les réclamations, la Cei retournait le fichier électoral définitif à la Sagem, sous le format électronique. Donc, là où il fallait, sous la base des procès verbaux, décider que X peut joindre la liste définitive. Et que Y ne mérite pas d`y être, donc il faut l`en extraire, le processus mis en place par ces informaticiens, consistait à dispenser ceux qu`ils ont choisis du contentieux populaire. Et donc, en les pré-positionnant sur le fichier définitif qui allait être remis à la Sagem. Qui ne devrait plus faire aucun contrôle. Voilà le mécanisme qu`ils ont mis en place. Parce qu`il ne revenait pas à la Sagem de dire que telle personne a la qualité d`électeur ou ne l`a pas. C`est la Cei qui devrait le faire selon le mode opératoire.
Selon vous sur quelle base, ont-ils choisi ces 429000 personnes ?
Il faut le reconnaître, c`est un travail de fourmi qu`ils ont fait en amont. C`est connu de tous que le Rhdp a collecté les numéros d`enrôlement de leurs militants. Donc, il pouvait avoir plus ou moins le nombre de leurs militants avec leurs numéros d`enrôlement. Ils ont donc constitué une base de données avec ça. Pour ensuite aller les chercher sur les différents fichiers électoraux. S`ils se retrouvent sur la liste des 5,3 millions de personnes, dite liste blanche, il n`y a pas de problème. Mais, comme ils se retrouvaient dans la base des 1033000, il fallait donc aller les chercher là-bas. Et on constate que des 429000, plus de 200000 personnes se retrouvaient dans les départements classés favorables au camp présidentiel. Et 173000 personnes se retrouvaient dans les départements défavorables au camp présidentiel et donc favorables au Rhdp. La différence étant dans les départements classés mitigés. Et nous l`avons expliqué. Les départements dits favorables, ce sont les départements où soit le président Gbagbo a remporté la présidentielle ou un des élus Fpi a remporté au moins une élection. Et ça c`est connu de tout stratège politique. Et en général pour des élections de cette dimension, ça se joue à 2 %, 3 % près. Et là, quand on injecte 8 % de l`électorat, on met pratiquement son adversaire à la touche. Et donc, on ne peut pas nous dire que c`était aussi insignifiant. La deuxième analyse, quand on regarde dans les départements favorables au camp présidentiel où ils ont injecté 200000 personnes. Théoriquement, c`est fait pour les arranger. Mais quand on regarde de plus près et par rapport à la démographie dans ces départements comme Gagnoa, Issia, Soubré, Daloa, Divo et San Pedro, on constate que plus de 90 % des noms injectés sont des noms non originaires de ces régions là. Et comme ils ont eu le temps de précollecter les numéros d`enrôlement, ils peuvent s`assurer que ce sont leurs militants qu`ils ont repêchés. L`objectif était d`affaiblir le président Gbagbo et le camp présidentiel dans les zones qui leur sont favorables. Dans les régions qui sont favorables au Rhdp, il s`agissait tout simplement de consolider leur position. En y injectant 173000 personnes. Et dans ces cas là, les noms des individus correspondent à la démographie de ces départements qui leur sont favorables.
Peut-on donc affirmer que le cas des 429000 personnes a laissé des séquelles sur la liste électorale provisoire ?
Evidemment, quand il y a tentative, on est en droit de se demander ce qui a bien pu être fait au préalable qu`on ignore ou qui est passé inaperçu. Au-delà même de ce fait, est-ce qu`on peut se permettre de dire que comme nous sommes pressés, ignorons les irrégularités. On ne peut pas avoir dit que c`est le problème de l`identité, du droit de vote qui a justifié la guerre ; on ne peut pas avoir patienté pendant 8 ans et refuser de patienter quelques mois et prendre le temps de s`assurer que le fichier électoral soit fiable, pour des élections transparentes. Nous disons que si déjà il y a eu des tentatives, il peut en avoir eu d`autres. Et il y a effectivement des indices qui le montrent.
De quels indices parlez-vous ?
Comme je l`ai dit, des indices le prouvent. Des piles de faux extraits de naissance pré-signés ont été saisies. Ces vrais faux extraits d`actes de naissance ont servi à l`enrôlement d`individus. L`état civil ivoirien n`est pas numérisé. Et donc, les agents enrôleurs n`avaient aucun moyen de vérifier l`authenticité de ces extraits d`actes de naissance. On peut aujourd`hui décider de faire un audit pour savoir la proportion des irrégularités. Si ces irrégularités sont de l`ordre de 1 %, on peut minimiser leur impact et avancer avec. Mais, si on constate qu`il y a près de 20 à 25 % d`irrégularités sur la liste électorale même dite " liste blanche ", il est clair qu`on ne peut pas aller avec une telle liste aux élections. Et espérer avoir la paix, à la fin du processus.
Justement, des voix s`élèvent de plus en plus pour réclamer l`audit de la liste électorale. Partagez-vous cet avis ?
La Côte d`Ivoire doit à ses enfants l`audit de la liste électorale. Si nous voulons avoir la paix après ces élections là, on ne peut pas se permettre de ne pas faire l`audit de cette liste électorale. Et s`assurer que toutes les parties sont d`accord pour la certification de cette liste pour aller à des élections. Et nous comprenons que ceux qui ont injecté des fraudeurs dans la liste électorale s`opposent à cet audit. La majorité présidentielle (Lmp) qui est la victime dans cette histoire, il lui appartient donc pour la Côte d`Ivoire, d`exiger l`audit de la liste électorale. Et de ne pas céder sur ce point là. La Cei ne peut pas se permettre d`aller à des élections sans auditer cette liste électorale.
Pourtant, le Rhdp affirme que la liste des 5,3 millions de personnes, dite liste blanche, a été validée par tous.
Cette liste électorale ne peut pas être validée par tous. Il y a nuance à ce niveau. C`est le mécanisme de constitution qui a été validé. Et là, il faut faire la différence. Si elle était validée par tous, elle ne serait pas une liste provisoire. On parle encore de liste provisoire, cela veut dire qu`on admet qu`il peut y avoir encore des irrégularités. Et il y en a eu. La preuve, des gens qui étaient sur cette liste, sont venus eux-mêmes se dénoncer, en disant qu`ils savent qu`ils ne méritent pas de figurer sur la liste électorale. Maintenant, quel pourcentage ces personnes là représentent. C`est de cela qu`il s`agit. Il y a des techniques pour le savoir. On peut par exemple faire l`audit par sondage. On refait des prélèvements et on essaie de voir quel est le taux d`irrégularités constatées sur cette liste. Si c`est 2 % ou 3 % et qu`on estime que ça fait partie des normes acceptées de façon internationale, mais si c`est 25 %, il est évident qu`il y a un problème. Il y a des exemples simples de cas d`irrégularités. Comme par exemple, des changements de lieu de naissance ou de noms des parents. Il y a des maires qui ont signé des actes de naissance à blanc. Et qui ont été remplis plus tard par des individus. S`il n`y a pas eu de fraudes et tous ces cas de doublon qu`on retrouve. Evidemment, il faut préserver les acquis. Quand on a dépensé des centaines de milliards de Fcfa pour faire un processus, on ne peut pas avec sérieux demander de remettre tout en cause. Quand bien même ceux qui le demandent sont en droit. Donc, tout dépend du niveau de sacrifice que nous sommes prêts à faire. Mais en même temps, on ne peut pas dire que comme on est pressé, qu`on ne fasse pas l`audit. Il faut absolument auditer cette liste électorale, si on veut la paix après les élections.
La sortie de crise et la tenue d`élections transparentes passent-elles nécessairement par l`audit de la liste électorale ?
Pour une bonne sortie de crise qui passe par la tenue d`élections propres, il faut absolument régler, une bonne fois pour toutes cette question de liste électorale. Sans liste électorale acceptée par toutes les parties, on ouvre la porte à tout type de contestation après les élections. Parce qu`il y a des faits qu`on ne dit pas. Quand les croisements ont été faits, des personnes ont été identifiées comme étant étrangères. Mais, on dit comme elles ont voté en 2000, qu`elles continuent de figurer sur la liste. C`est un problème. Mais là, on est à la limite du discutable, en prenant en compte les accords de Ouaga. Mais, ceux qui ont fraudé en prenant des extraits de naissance qui ne correspondent à aucune donnée réelle sur les registres d`état civil. Et qui se sont fait inscrire sur la liste électorale. Il faut que ces personnes soient retrouvées sur les listes électorales provisoires et en être extirpées. Et il faut aussi établir l`ampleur de la fraude.
Réalisée par Frank Toti
Vous avez récemment dénoncé les actes de fraude dont s`est rendu coupable le Rhdp, sur la liste électorale. Pouvez-vous revenir sur cet aspect ?
En effet, nous avons démontré qu`il y avait effectivement fraude. Parce qu`une chose est de dire qu`il y a fraude ou qu`il n`y en a pas. Et une autre est de constater la fraude et la démontrer. Nous signons et persistons qu`il y a eu effectivement fraude sur la liste électorale. Et aujourd`hui, on tente de tribaliser ou " ivoiriser " le problème. Ce n`est pas une question d`ivoiriens ou d`étrangers. C`est une question de fraudeurs sur la liste électorale et de manipulation de fichier électronique. C`est aussi simple que ça.
Vous êtes bien formel qu`il y a eu fraude. Pouvez-vous être plus précis ?
Vous savez que pour se faire enrôler, tout ce qu`on demandait, c`était l`extrait d`acte de naissance. L`état civil ivoirien n`est pas numérisé. Donc, il n`y a aucun moyen pour s`assurer de l`authenticité d`un extrait de naissance quand on se retrouve face à un agent d`enrôlement. Il n`y a pas de sécurité à cent pour cent. La procédure mise en place était de faire du " flooding ", comme on le dit dans le jargon informatique. En fait, cette technique consiste à inonder votre système informatique de données. Et comme cela dépasse sa capacité de réaction, le système laisse entrer certaines données.
Concrètement, dans le cas des 429033 pétitionnaires, désormais appelé "cas Beugré Mambé", quelle était la situation ?
Là-bas, on a récupéré dans le 1033000 personnes du contentieux, des gens que le système a estimé qu`il y avait doute sur leur qualité d`électeurs. Et qu`il fallait que ces gens aillent au croisement populaire, pour démontrer qu`il n`y a aucun doute sur leur qualité d`électeurs. A ce niveau, il y avait deux options. Les gens vont chercher les pièces adéquates pour justifier leur qualité d`ivoiriens et d`électeurs. Ou bien l`autre raccourci, ce que l`équipe d`informaticiens de Mambé a choisi, a été de sélectionner des individus selon des critères propres à eux-mêmes. Mais, on en sait un peu plus aujourd`hui sur leurs critères. Afin de dispenser ces personnes du croisement populaire.
D`après ce qui est dit, ces informaticiens n`avaient pourtant pas accès au fichier de la Sagem ?
Bien évidemment, un des arguments des partisans de la fraude qui est tenu et qui fait rire, c`est que les informaticiens de la Cei n`ont pas accès aux fichiers de la Sagem. Mais, ils n`ont pas besoin d`avoir accès à cela. Parce que le mode opératoire disait qu`après le contentieux et les réclamations, la Cei retournait le fichier électoral définitif à la Sagem, sous le format électronique. Donc, là où il fallait, sous la base des procès verbaux, décider que X peut joindre la liste définitive. Et que Y ne mérite pas d`y être, donc il faut l`en extraire, le processus mis en place par ces informaticiens, consistait à dispenser ceux qu`ils ont choisis du contentieux populaire. Et donc, en les pré-positionnant sur le fichier définitif qui allait être remis à la Sagem. Qui ne devrait plus faire aucun contrôle. Voilà le mécanisme qu`ils ont mis en place. Parce qu`il ne revenait pas à la Sagem de dire que telle personne a la qualité d`électeur ou ne l`a pas. C`est la Cei qui devrait le faire selon le mode opératoire.
Selon vous sur quelle base, ont-ils choisi ces 429000 personnes ?
Il faut le reconnaître, c`est un travail de fourmi qu`ils ont fait en amont. C`est connu de tous que le Rhdp a collecté les numéros d`enrôlement de leurs militants. Donc, il pouvait avoir plus ou moins le nombre de leurs militants avec leurs numéros d`enrôlement. Ils ont donc constitué une base de données avec ça. Pour ensuite aller les chercher sur les différents fichiers électoraux. S`ils se retrouvent sur la liste des 5,3 millions de personnes, dite liste blanche, il n`y a pas de problème. Mais, comme ils se retrouvaient dans la base des 1033000, il fallait donc aller les chercher là-bas. Et on constate que des 429000, plus de 200000 personnes se retrouvaient dans les départements classés favorables au camp présidentiel. Et 173000 personnes se retrouvaient dans les départements défavorables au camp présidentiel et donc favorables au Rhdp. La différence étant dans les départements classés mitigés. Et nous l`avons expliqué. Les départements dits favorables, ce sont les départements où soit le président Gbagbo a remporté la présidentielle ou un des élus Fpi a remporté au moins une élection. Et ça c`est connu de tout stratège politique. Et en général pour des élections de cette dimension, ça se joue à 2 %, 3 % près. Et là, quand on injecte 8 % de l`électorat, on met pratiquement son adversaire à la touche. Et donc, on ne peut pas nous dire que c`était aussi insignifiant. La deuxième analyse, quand on regarde dans les départements favorables au camp présidentiel où ils ont injecté 200000 personnes. Théoriquement, c`est fait pour les arranger. Mais quand on regarde de plus près et par rapport à la démographie dans ces départements comme Gagnoa, Issia, Soubré, Daloa, Divo et San Pedro, on constate que plus de 90 % des noms injectés sont des noms non originaires de ces régions là. Et comme ils ont eu le temps de précollecter les numéros d`enrôlement, ils peuvent s`assurer que ce sont leurs militants qu`ils ont repêchés. L`objectif était d`affaiblir le président Gbagbo et le camp présidentiel dans les zones qui leur sont favorables. Dans les régions qui sont favorables au Rhdp, il s`agissait tout simplement de consolider leur position. En y injectant 173000 personnes. Et dans ces cas là, les noms des individus correspondent à la démographie de ces départements qui leur sont favorables.
Peut-on donc affirmer que le cas des 429000 personnes a laissé des séquelles sur la liste électorale provisoire ?
Evidemment, quand il y a tentative, on est en droit de se demander ce qui a bien pu être fait au préalable qu`on ignore ou qui est passé inaperçu. Au-delà même de ce fait, est-ce qu`on peut se permettre de dire que comme nous sommes pressés, ignorons les irrégularités. On ne peut pas avoir dit que c`est le problème de l`identité, du droit de vote qui a justifié la guerre ; on ne peut pas avoir patienté pendant 8 ans et refuser de patienter quelques mois et prendre le temps de s`assurer que le fichier électoral soit fiable, pour des élections transparentes. Nous disons que si déjà il y a eu des tentatives, il peut en avoir eu d`autres. Et il y a effectivement des indices qui le montrent.
De quels indices parlez-vous ?
Comme je l`ai dit, des indices le prouvent. Des piles de faux extraits de naissance pré-signés ont été saisies. Ces vrais faux extraits d`actes de naissance ont servi à l`enrôlement d`individus. L`état civil ivoirien n`est pas numérisé. Et donc, les agents enrôleurs n`avaient aucun moyen de vérifier l`authenticité de ces extraits d`actes de naissance. On peut aujourd`hui décider de faire un audit pour savoir la proportion des irrégularités. Si ces irrégularités sont de l`ordre de 1 %, on peut minimiser leur impact et avancer avec. Mais, si on constate qu`il y a près de 20 à 25 % d`irrégularités sur la liste électorale même dite " liste blanche ", il est clair qu`on ne peut pas aller avec une telle liste aux élections. Et espérer avoir la paix, à la fin du processus.
Justement, des voix s`élèvent de plus en plus pour réclamer l`audit de la liste électorale. Partagez-vous cet avis ?
La Côte d`Ivoire doit à ses enfants l`audit de la liste électorale. Si nous voulons avoir la paix après ces élections là, on ne peut pas se permettre de ne pas faire l`audit de cette liste électorale. Et s`assurer que toutes les parties sont d`accord pour la certification de cette liste pour aller à des élections. Et nous comprenons que ceux qui ont injecté des fraudeurs dans la liste électorale s`opposent à cet audit. La majorité présidentielle (Lmp) qui est la victime dans cette histoire, il lui appartient donc pour la Côte d`Ivoire, d`exiger l`audit de la liste électorale. Et de ne pas céder sur ce point là. La Cei ne peut pas se permettre d`aller à des élections sans auditer cette liste électorale.
Pourtant, le Rhdp affirme que la liste des 5,3 millions de personnes, dite liste blanche, a été validée par tous.
Cette liste électorale ne peut pas être validée par tous. Il y a nuance à ce niveau. C`est le mécanisme de constitution qui a été validé. Et là, il faut faire la différence. Si elle était validée par tous, elle ne serait pas une liste provisoire. On parle encore de liste provisoire, cela veut dire qu`on admet qu`il peut y avoir encore des irrégularités. Et il y en a eu. La preuve, des gens qui étaient sur cette liste, sont venus eux-mêmes se dénoncer, en disant qu`ils savent qu`ils ne méritent pas de figurer sur la liste électorale. Maintenant, quel pourcentage ces personnes là représentent. C`est de cela qu`il s`agit. Il y a des techniques pour le savoir. On peut par exemple faire l`audit par sondage. On refait des prélèvements et on essaie de voir quel est le taux d`irrégularités constatées sur cette liste. Si c`est 2 % ou 3 % et qu`on estime que ça fait partie des normes acceptées de façon internationale, mais si c`est 25 %, il est évident qu`il y a un problème. Il y a des exemples simples de cas d`irrégularités. Comme par exemple, des changements de lieu de naissance ou de noms des parents. Il y a des maires qui ont signé des actes de naissance à blanc. Et qui ont été remplis plus tard par des individus. S`il n`y a pas eu de fraudes et tous ces cas de doublon qu`on retrouve. Evidemment, il faut préserver les acquis. Quand on a dépensé des centaines de milliards de Fcfa pour faire un processus, on ne peut pas avec sérieux demander de remettre tout en cause. Quand bien même ceux qui le demandent sont en droit. Donc, tout dépend du niveau de sacrifice que nous sommes prêts à faire. Mais en même temps, on ne peut pas dire que comme on est pressé, qu`on ne fasse pas l`audit. Il faut absolument auditer cette liste électorale, si on veut la paix après les élections.
La sortie de crise et la tenue d`élections transparentes passent-elles nécessairement par l`audit de la liste électorale ?
Pour une bonne sortie de crise qui passe par la tenue d`élections propres, il faut absolument régler, une bonne fois pour toutes cette question de liste électorale. Sans liste électorale acceptée par toutes les parties, on ouvre la porte à tout type de contestation après les élections. Parce qu`il y a des faits qu`on ne dit pas. Quand les croisements ont été faits, des personnes ont été identifiées comme étant étrangères. Mais, on dit comme elles ont voté en 2000, qu`elles continuent de figurer sur la liste. C`est un problème. Mais là, on est à la limite du discutable, en prenant en compte les accords de Ouaga. Mais, ceux qui ont fraudé en prenant des extraits de naissance qui ne correspondent à aucune donnée réelle sur les registres d`état civil. Et qui se sont fait inscrire sur la liste électorale. Il faut que ces personnes soient retrouvées sur les listes électorales provisoires et en être extirpées. Et il faut aussi établir l`ampleur de la fraude.
Réalisée par Frank Toti