Le 17 mars dernier, s’est tenue au siège des Nations unies à New-York, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Côte d’Ivoire. A cette occasion, l’ambassadeur Alcide Djédjé,représentant de la Côte d’Ivoire, a prononcé un discours que nous vous proposons en intégralité. Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, La présente session du Conseil de sécurité m’offre l’occasion de faire le point de l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire depuis notre réunion du 28 janvier 2010. Monsieur le Président, Au cours de la période sous examen, la situation en Côte d’Ivoire a été marquée par une grave crise causée par l’affaire des fraudes sur la liste électorale au profit de l’opposition. Le Président de la Commission électorale indépendante, membre d’un des partis de l’opposition a fait inscrire frauduleusement plus de 429 000 personnes sur la liste électorale. Ce chiffre représente près de 8% de l’électorat. Après la découverte de ces fraudes, le Président de la Commission électorale indépendante a refusé de démissionner, créant ainsi une paralysie de cette institution et le blocage du processus de paix. Le Président de la République a donc décidé de dissoudre la CEI pour procéder au remplacement de M. Mambé, auteur des fraudes. Le Gouvernement a, par la même occasion, été dissous puisque certains Ministres, obéissant aux mots d’ordre de leurs partis politiques, soutenaient ouvertement M. Mambé pendant que le Premier ministre demandait sa démission. Un nouveau Président de la CEI a été élu et un nouveau Gouvernement a été formé. Monsieur le Président, La priorité doit, à présent, être accordée à la confection d’une liste électorale fiable pour l’organisation d’élections propres et crédibles. Pour ce faire, deux actions essentielles doivent être menées: -Premièrement : la suppression du fichier des 429.030 personnes que l’ex-Président de la CEI a voulu inscrire frauduleusement sur la liste électorale ; -Deuxièmement : la réalisation d’un audit complet de la liste provisoire pour en sortir toutes les personnes qui n’ont pas le droit d’y être et valider, dans le même temps, l’inscription de toutes celles qui ont le droit d’être sur la liste électorale. Ces opérations prendront un à deux mois. Au bout de ce délai, la liste électorale définitive sera établie pour aller aux élections. Monsieur le Président, Outre la liste électorale, il reste un autre défi important à relever pour aller à des élections crédibles. Il s’agit du défi du désarmement et de la réunification. Les récents événements ont démontré la nécessité d’aller très rapidement au désarmement et à la réunification pour avoir des élections libres conformes aux critères définis par les Nations unies. Le dispositif actuel de sécurité dans les zones Centre Nord et Ouest contrôlées par les rebelles a montré ses limites. Il n’a pas permis d’empêcher les attaques contre les symboles de l’Etat et les édifices appartenant aux membres du parti du Président de la République notamment. Le siège du Front populaire ivoirien, parti auquel appartient le Président de la République a été saccagé, à Korhogo ; les résidences du Directeur national de campagne du Président de la République ainsi que celles d’autres cadres de ce parti ont été saccagées et incendiées, dans la même localité. La résidence du Porte-parole du Président de la République a été saccagée dans la ville de Katiola, toujours dans le Nord du pays contrôlé par la rébellion. Les bureaux du Préfet de Bouaké, dans le centre du pays, ainsi que ceux du Sous-préfet à Vavoua, dans le centre-Ouest, ont été saccagés. Monsieur le Président, La liste des dégâts causés par les partis de l’opposition est longue et cela prendrait trop de temps d’en faire une mention exhaustive ici. Le temps est venu de désarmer et de réunifier la Côte d’Ivoire. Ce point essentiel qui figure à l’article 3 du quatrième avenant de l’Accord Politique de Ouagadougou ne peut plus être différé si nous voulons des élections libres en Côte d’Ivoire, conformément aux critères définis par les Nations unies. La Côte d’Ivoire est une et indivisible et l’unité de la Nation se traduit par l’unité de l’armée de la République, par l’unicité des caisses de l’Etat, par le déploiement des Préfets et Sous-préfets, seuls représentants légaux de l’Etat dans les circonscriptions territoriales, par le déploiement des Forces de Défense et de Sécurité qui doivent accomplir les missions régaliennes de l’Etat dans leurs circonscriptions. Les Nations unies qui consacrent dans sa Charte le sacro saint concept de souveraineté ne peuvent pas faire la promotion d’une souveraineté morcelée au gré de tel ou tel intérêt. Les Nations unies ne peuvent pas valider un scrutin dit national sur un territoire coupé en deux avec interdiction d’accès aux partisans d’un des candidats sur une partie du même territoire et avec une télévision privée dans la zone contrôlée par la rébellion qui fait la propagande d’un seul des 14 candidats. Les Nations unies doivent tout mettre en œuvre pour appuyer le facilitateur dans la crise ivoirienne qui s’active actuellement avec abnégation pour trouver une solution à la question de la réunification. Monsieur le Président, Les processus électoraux ne doivent pas être érigés en dogmes servis presque aveuglement à toutes les sorties de crise. La Côte d’Ivoire ira aux élections, le plus rapidement possible, en ayant à l’esprit que les articles 3 et 8 du quatrième avenant de l’Accord de Ouagadougou relatifs à la réunification contiennent la solution à la crise ivoirienne et ne doivent pas rester lettre morte.
Je vous remercie.
Je vous remercie.