Charles Blé Goudé, directeur national de campagne adjoint du président-candidat Laurent Gbagbo chargé de la mobilisation de la jeunesse, n’est pas content de la manière dont le 1er ministre Soro Guillaume et les Forces Nouvelles conduisent le processus de sortie de crise. Il l’a affirmé haut et fort, le 21 mars dernier, à la place Laurent Gbagbo de Gagnoa, au cours d’un giga-meeting . Le leader de la jeunesse ivoirienne a accusé le 1er ministre Soro Guillaume et ses bandes armées d’user, par des conclaves et des séminaires, de subterfuges pour cacher leur refus de désarmer et d’aller à la paix véritable. “Tant que mes deux yeux seront ouverts, je n’accepterai jamais qu’on tourne Laurent Gbagbo en bourrique. L’accord politique de Ouagadougou nous a apporté l’accalmie. C’est bien. Mais il faut qu’il nous apporte maintenant la réunification et le désarmement ”, a-t-il assené. Parce que, dit-il, pour aller à des élections sereines, propres et transparentes, il faut régler les questions pendantes de réunification du pays, du désarmement et du contentieux électoral. Pour lui, sur ces questions brûlantes, il est temps que les Forces nouvelles, acteurs-clé de la crise ivoirienne, affichent clairement leur position et agissent maintenant. D’un côté, il y a les adeptes de la fraude et de l’autre, les partisans de la transparence. “De quel côté êtes-vous ?”, a-t-il demandé aux Forces Nouvelles. Parce que, pour lui, il est inconcevable que les Forces nouvelles, qui ont déclenché la crise que nous vivons, se déclarent dorénavant arbitre alors qu’ils sont toujours acteurs. “Vous n’êtes pas arbitres. Vous ne pouvez pas êtres des arbitres”, leur a-t-il dit. Charles Blé Goudé a dit ne pas comprendre l’empressement de Soro Guillaume et les siens à aller à des élections présidentielles précipitées alors que les conditions de sécurité et de transparence du scrutin ne sont pas réunies. “Où voulez-vous nous emmener ?”, leur a-t-il demandé. Parce que, a-t-il a affirmé, l’élection est comme le sel et l’eau. Si tu fais bien, cela te donne une bonne sauce. Il a rappelé aux Forces nouvelles que les élections ne sont une condition au désarmement mais c’est le désarmement qui au contraire est une condition aux élections. Pour lui, la majorité présidentielle veut aller aux élections, mais pas à n’importe que prix. “Entre celui qui veut une commission électorale indépendante et celui qui veut la contrôler pour tricher, qui est pour la transparence des élections ?”, a-t-il interrogé. D’autre part, il s’est demandé pourquoi les Forces nouvelles ont pris les armes en 2002, une année non électorale, pour réclamer les élections transparentes ? Il pense qu’elles ont pris les armes pour donner frauduleusement la nationalité ivoirienne aux étrangers. La xénophobie et l’exclusion n’ont été que des arguments fallacieux pour troubler la Côte d’ivoire en vue de mieux organiser le pillage de son économie. A titre d’exemple, il a parlé du cacao ivoirien produit dans les zones assiégées et convoyé au Burkina Faso et de l’argent qui ne quitte pas les zones assiégées pour les caisses de l’Etat. Il a dit que si le président Laurent Gbagbo a accepté de nommer Soro Guillaume, c’est pour régler les problèmes que la rébellion a créés. “Ce n’est pas parce qu’il a passé un concours ou qu’il est devenu subitement plus intelligent que tous les autres ivoiriens”, a-t-il ironisé. Avant lui, Konaté Navigué a demandé à la jeunesse de la majorité présidentielle de Gagnoa de retrousser ses manches pour mener le combat de la transparence des élections. Ce combat, a-t-il indiqué, commence par le contentieux électoral. “Tous ceux qui sont inscrits frauduleusement sur la liste électorale doivent êtres retirés. C’est une question essentielle. Nous y attachons du prix et nous serons intransigeants L’intégration africaine ne veut pas dire qu’on doit piétiner la nationalité ivoirienne”, a-t-il lancé. Il les a donc exhortés à se tenir prêts pour mener ce noble combat jusqu’à la victoire finale. “Il n’y a qu’en Côte d’ivoire que les étrangers ont le courage d’aller s’inscrire sur les listes électorales. Au Burkina Faso, un étranger peut –il regarder Blaise Compaoré droit dans les yeux pour se mettre sur la liste électorale ? Peut –il oser au Mali et au Niger ? Si nous ne faisons pas attention, dans 20,30 ou 40 ans, nous serons des étrangers sur nos propres terres. Dénonçons la fraude sur la nationalité ivoirienne. Le faire n’est pas de l’exclusion ou de la xénophobie. N’acceptons pas que des étrangers nous arrachent malicieusement notre pays. Ils doivent rester en dehors des choix de nos dirigeants politiques”, a-t-il lancé. Il a demandé aux militants de la majorité présidentielle de Gagnoa de sonner la mobilisation à chacune de leur sortie. Il les a invités à la prochaine fête de la liberté qui se déroulera à Yopougon. Le meeting de Blé Goudé et de Konaté Navigué a drainé un monde fou à la place Laurent Gbagbo au grand dam des jeunes du rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix de Gagnoa qui ont tenté de le disperser par des jets de pierre. Sanogo Salif, élève au lycée 3 de Gagnoa, l’un des lanceurs de pierre, a été appréhendé et confié à la police. Marius Dangan Kpan danganpkan@yahoo.fr
Politique Publié le jeudi 25 mars 2010 | Notre Voie