Fête de la liberté 2010, Mamadou Koulibaly, Président du Comité scientifique : “Il est temps de réfléchir au-delà de la Côte d`Ivoire”

Pr. Mamadou Koulibaly, président du Comité scientifique de la fête de la liberté, explique, dans cet entretien, pourquoi le Front populaire ivoirien a choisi de consacrer l`entièreté des festivités à la réflexion.

Notre Voie : Quels sont les grands thèmes de débats que vous avez prévus? Mamadou Koulibaly : Le président du comité d`organisation a demandé que l`on place la fête de la liberté 2010 sous le signe de la réflexion. Dix ans d`exercice du pouvoir, nous nous arrêtons, nous mettons un miroir face à nous, nous nous regardons, nous face à notre image, et nous réfléchissons. C`est dans ce cadre-là que nous avons consacré l`entièreté de la fête à la réflexion avec deux jours de conférences. Le vendredi et le samedi, au Palais de la culture, les populations ivoiriennes, les militants, les cadres du Front populaire ivoirien (FPI) et même les non-FPI sont appelés à venir écouter. La 1ère conférence parlera de ce qu`est la Refondation. «La refondation à l`épreuve du pouvoir» : qu`est-ce qu`on a appris et qu`est-ce qu`on n`a pas appris ; qu`est-ce qu`on a bien fait et qu`est-ce qu`on n`a pas bien fait ; qu`est-ce qu`on aurait dû faire et qu`est-ce qu`on n`aurait pas dû faire. Le thème de la conférence étant de gagner les élections pour une Côte d`Ivoire libre, indépendante et souveraine. La deuxième conférence porte sur la fête de la liberté elle-même. Pourquoi ce concept a été adopté par le FPI ? La fête de la liberté, ça fait 20 ans d`anniversaire et pourquoi nous ne l`avons célébrée que 13 fois seulement ? Pourquoi on ne l`a pas célébrée à certains moments? Qu`est-ce que la liberté a apporté à la Côte d`Ivoire et est-ce que notre conception de la liberté a entraîné la Côte d`Ivoire à la guerre, à la crise ? Ou alors, est-ce que nous avons semé de l`espoir dans le cœur des Ivoiriens ? Quelle est la conception de la liberté par nos adversaires ? etc. Le troisième thème porte sur la souveraineté nationale. Est-ce que la Côte d`Ivoire souveraine peut exercer cette souveraineté entièrement au sens où la Refondation l`entend ? Ou est-ce que notre souveraineté se limite à faire quelques élections entre nous et à ne pas oser aller jusqu`à la recherche de l`indépendance pour notre pays, pour notre continent ? Le thème suivant porte sur le regard des autres. Ces non-FPI, ces non-Ivoiriens, qu`est-ce qu`ils voient du concept de la Refondation ?

Comment est-ce qu`ils voient le FPI et quelle idéologie voient-ils quand ils regardent le FPI ? Autant ceux qui sont favorables au FPI que ceux qui sont contre. Qu`est-ce qu`ils disent et est-ce que ce qu`ils disent est important ? Comment est-ce que nous devons prendre tout ce qu`ils disent ? Est-ce que c`est vrai ou c`est faux ? Est-ce que c`est à moitié vrai ou à moitié faux ? L`avant dernière conférence porte sur une table ronde qui va réunir un certain nombre d`intellectuels africains, d`hommes de culture qui vont débattre de souveraineté nationale aujourd`hui. Comment comprendre que les pays africains soient dans des associations régionales ou internationales, et que l`on viole parfois ou en permanence les règlements qui sont dans ces associations ? Nous sommes dans l`UEMOA, la CEDEAO, l`UA. Comment refonder le cadrage pour que les différents pays membres respectent cette souveraineté ? Nous aimerions qu`au sortir de cette table ronde, il y ait une déclaration d`Abidjan qui engage ceux qui comprennent la Refondation, c`est-à-dire les Refondateurs, à travailler dans ce sens afin de réaffirmer la souveraineté de nos pays. La dernière conférence est celle qui va porter sur la paix.

Comment le FPI entend construire la paix ? Est-ce que notre conception de la paix est différente de la conception de paix de nos adversaires ? Qu`est-ce que nos adversaires disent dans la paix et qu`est-ce que nous disons de la paix ? On va confronter ces approches, et, de là, je pense que les participants et les Ivoiriens repartiront avec une idée plus claire de ce que c`est que la Refondation, surtout des perspectives d`avenir pour les dix, vingt, trente ans et pour les générations futures. N.V. : C`est assez important les thèmes que vous allez développer. Est-ce que vous êtes prêt ? Les conférenciers sont-ils déjà prêts ?

M.K. : Tout est prêt. Les communications sont en train de rentrer, les derniers vont arriver mi-avril. N.V. : A travers le programme des conférences que vous venez de donner, on a le sentiment d`être de plain-pied dans le bilan des cinquante ans de toute l`Afrique ?

M.K. : Absolument, il faut refonder la Côte d`Ivoire, et les dix ans de pouvoir nous ont appris que nous ne pouvons pas refonder la Côte d`Ivoire sans penser toute l`Afrique.

Et, maintenant, il est temps que nous sortions du cocon pour réfléchir plus loin, au delà de la Côte d`Ivoire.

Propos recueillis Abdoulaye Villard Sanogo et Abel Djè