Officier des Douanes ivoiriennes, le capitaine Denis Bakeu est également le Directeur local de campagne pour le président Gbagbo dans le canton Lollé, dans le département de Zouan-Hounien. Il est constamment confronté aux actes de barbarie des hommes de Mabri. Récemment, à l’occasion du séjour de M. Affi N’Guessan, président du FPI, et Coulibaly Malick, DNC, ils se sont encore illustrés. Notre Voie : Capitaine Denis Bakeu, vous êtes le DLC du président Gbagbo dans le canton Lollé, département de Zouan-Hounien. Récemment, le président du FPI, Affi N’Guessan et le DNC, Malick, ont séjourné dans votre région. Comment cela a été ressenti sur le terrain? Capitaine Denis Bakeu : Il s’agissait pour la Direction départementale de campagne pour le président Gbagbo, d’organiser sa cérémonie d’investiture sous le patronage du DNC, le docteur Issa Malick, sous le parrainage de Siki Blon Blaise. Cette cérémonie a été une bonne chose. Les parents l’ont compris en venant très nombreux à notre appel. C’était le 26 mars 2010, à l’EEP 1 de Zouan-Hounien. Cette cérémonie a réuni tous les leaders d’opinion, tous les chefs de terre, tous les chefs de canton et de village du département de Zouan-Hounien. Les présidents des jeunes et des femmes, tout le monde a répondu présent à notre appel. C’est pourquoi ce jour-là, nous avons fait le plein de 30 bâches et nous avons été honorés par la présence de personnalités de premier rang, à savoir le Premier ministre Affi N’Guessan, le colonel-major Mangly, DG des Douanes. Ils ont rehaussé la cérémonie de leur présence. La fête s’est très bien déroulée et nous ne pouvons que manifester notre gratitude à tous ces proches collaborateurs du président Gbagbo pour avoir été les témoins privilégiés de notre succès. N.V. : Mais nous avons lu dans la presse que la cérémonie n’est allée jusqu’à son terme. Que s’est-il passé ? Cpt.B. : Je suis surpris. La cérémonie s’est très bien déroulée. Avant la cérémonie, nous avons expliqué aux parents, sous la houlette du DDC le professeur Noutoua Youdé, ce que nous voulions faire. Et, en phase avec nous, ils ont répondu nombreux à notre appel. Je ne peux pas comprendre qu’une telle cérémonie puisse échouer. Il s’agissait pour nous d’expliquer à nos parents pourquoi nous soutenons Gbagbo, pourquoi nous les invitons à le faire aussi et quelles sont les personnalités de la région qui le soutiennent. Il fallait que cela se fasse devant toute la population et c’est ce que nous avons fait ! Quand on me dit que la cérémonie n’est pas allée jusqu’à son terme et que nous sommes allés à Danané pour nous y réfugier, j’en ris. Après la cérémonie, les autorités administratives ont réservé un accueil des plus dignes au Premier ministre Affi N’Guessan et au docteur Issa Malick et au colonel-major Mangly. Mais on nous dit que Youdé, le capitaine Bakeu, ont fuit. Et que les personnalités invitées ont abandonné leur avion à Zouan-Hounien. Si cela peut consoler des personnes en détresse en ce moment, c’est tant mieux. Mais il ne faut pas rêver debout car on risque de tomber. N.V. : Il y a quand même eu des actes de violence. Un journaliste de Notre Voie a même été agressé. Comment cela a été possible ? Cpt.B. : Cela est un épiphénomène devant l’ampleur de la mobilisation constatée ce jour. Mais la nature des actes de ces individus est à condamner. Cette attitude a cours à Zouan-Hounien depuis quelque temps. Il y a deux tendances politiques à Zouan-Hounien. Le camp présidentiel et ceux qui soutiennent le ministre Mabri. Mais quand Mabri organise des cérémonies à Zouan-Hounien, tout se passe bien, sans aucune perturbation. Paradoxalement, quand, dans la même ville et le même espace nous de La Majorité présidentielle, organisons quelque chose, il y a toujours des individus qui nous attaquent. Il y a toujours des âmes en détresse pour nous perturber dans la bonne marche de nos meetings. C’est ce que je voudrais condamner et dire au camp Mabri qu’il n’oublie pas l’instauration légale du multipartisme en Côte d’Ivoire depuis 1990. En son temps, j’avais dit que Mabri entretient une milice à Zouan-Hounien. On m’avait traité de tous les noms, mais les faits me donnent raison aujourd’hui. J’ai été attaqué en 2008 lorsque j’ai organisé un tournoi de réconciliation et de soutien au président Gbagbo. On m’a attaqué dans mon village. A l’occasion de la visite du président Gbagbo à Zouan-Hounien, les cadres se sont réunis et ont demandé à celle que nous appelons maman Daléba, Directrice nationale des cantines scolaires, d’être le porte-parole des populations de Zouan-Hounien, les gens de Mabri se sont opposés. Et cette dame a été molestée. On l’a agressée. Ce mercredi 26 mars 2010, c’est lorsque les personnalités invitées ont quitté les lieux pour se rendre au domicile du préfet afin de prendre leur repas, que ces personnes ont pris pour cible, un groupe d’instituteurs. Ils ont pris en otage, un directeur d’école qui n’a été relâché qu’après une intervention de la gendarmerie. Ils se sont attaqués à un journaliste de Notre Voie. Pourquoi ? Seul Mabri qui commandite ce genre de projets peut nous l’expliquer. Mais je pense honnêtement que nous avons mieux à faire au lieu de présenter cette image négative de Zouan-Hounien. N.V. : Avez-vous la preuve que les agresseurs sont à la solde du ministre Mabri ? Cpt.B. : Ce sont les mêmes éléments qui m’ont agressé dans mon village pour attenter à ma vie. Ce sont eux qui s’en sont pris à notre maman Daléba. Ces mêmes éléments se signalent aujourd’hui. Et il s’agit d’une milice entretenue par M. Mabri pour réduire au silence tous ceux qui ne pensent pas comme lui. Un d’entre eux a été pris et se trouve en ce moment aux mains de la gendarmerie. Ils agissent à visage découvert, ils ne se cachent pas. Et chose, grave, quand ils nous perturbent, ils appellent aussitôt Abidjan pour dire à leur mentor qu’ils ont fait échouer la cérémonie qui devait être organisée à l’honneur de Gbagbo. Et lui, il fait appel à ses hommes pour sabler le champagne. Voilà ce qu’ils font, mais je pense qu’il faut plutôt instaurer un débat d’idées constructif qui puisse nous permettre de faire avancer ce jeune département, fruit de la politique de décentralisation du président Gbagbo. N.V. : N’ont-ils jamais été interpellés par les autorités coutumières? Cpt.B. : C’est le devoir que je me suis imposé. Toutes les fois que je suis en tournée dans le département de Zouan-Hounien, je n’ai cessé d’interpeller nos parents, les chefs coutumiers pour qu’ils donnent des conseils aux politiciens. Zouan-Hounien figure au nombre des départements les moins avancés en Côte d’Ivoire. Sur les 39 villages de mon canton, seulement trois sont électrifiés. Devant ce constat, que doit faire un cadre ? Il doit penser aux voies et moyens pour amener le développement. C’est ce que nous faisons. Mais cela ne peut venir d’un seul individu. C’est la somme de toutes les réflexions qui peut amener le développement dans la paix. Les actions de Mabri sont sans avenir. C’est un mauvais choix et bientôt, il va s’en rendre compte. Aujourd’hui, la violence ne peut pas payer. Il faut penser au développement. Blon Blaise le lui a dit, mais il n’a pas compris. Le professeur Noutoua Youdé le lui a dit, il n’a pas compris. Ces personnes l’ont lâché aujourd’hui. A Zouan-Hounien, la vérité a rattrapé le mensonge. Et ceux qui faisaient la promotion de ce mensonge, sont entrés dans tous leurs états et font feu de tout bois. Mais Zouan-Hounien ne brûlera pas. Je suis en train de sensibiliser la jeunesse sur la promotion des bonnes idées au détriment de la violence animale. Avant cette malheureuse guerre, nous n’avions connu la violence à Zouan-Hounien qu’en 2000. Avec le positionnement de Mabri. Les Dioula vivaient en bonne intelligence avec leurs tuteurs depuis des siècles. Mais quand Mabri a fait irruption sur la scène politique en 2000 où il était candidat, la violence est venue. Il y a eu la bagarre entre Yacouba et Dioula. Aujourd’hui, les deux peuples regrettent. Ils avaient cru qu’après sa réélection, Mabri aurait pris des initiatives pour réconcilier les deux peuples. Il ne l’a pas fait et c’est par sagesse que les deux peuples ont enterré la hache de guerre. Après son départ forcé du gouvernement à la suite de l’affaire Mambé, M. Mabri,pour se consoler est allé dire aux parents qu’il a démissionné en vue de mieux préparer sa campagne. Cela me surprend car tous les Ivoiriens savent que ce monsieur a été chassé du gouvernement après de vaines négociations auprès du président de la République. C’est pourquoi je souhaite que les politiciens aient un minimum de respect pour nos parents.
Politique Publié le jeudi 1 avril 2010 | Notre Voie