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Société Publié le mardi 6 avril 2010 | Nuit & Jour

Développement séparé : Ces cadres qui n’investissent que dans les villes

Alors que les villes ivoiriennes s’étendent, les campagnes, elles, s’abiment de plus en plus. C’est que de moins en moins et pour diverses raisons, les cadres ont tourné le dos à une partie du territoire.

L’urbanisation galopante fait que les villes ivoiriennes s’agrandissent à une allure vertigineuse, faussant toutes les estimations qui avaient été faites. La pauvreté et la crise font que les villes sont surpeuplées, toute chose rendant caduc bon nombre d’infrastructures dont les routes et les installations d’eau et d’électricité. La conséquence est que l’on assiste à des ruptures d’eau et d’électricité, dues à la vétusté et à l’inadaptation des installations. Les embouteillages sont fréquents parce que les routes ne répondent plus au nombre sans cesse croissant des populations. L’engorgement des zones urbaines crée surtout un grand problème d’insécurité et d’insalubrité, ainsi qu’un surpeuplement des centres sanitaires. En plus de la crise, l’engorgement des villes est aussi et surtout du au fait que les cadres montrent peu d’intérêt pour les zones rurales. Pour diverses raisons, ceux-ci préfèrent investir seulement en ville, toute chose contribuant à l’accroissement de la pauvreté des populations, qui empruntent alors les voies de l’exode rurale. Avec l’érosion et la déforestation, les campagnes sont de plus en plus dégarnies et vidées de leurs bras valides.

L’opulence et le dénuement se côtoient

Cette disparité dans la mise en valeur de l’environnement fait qu’en Côte d’Ivoire, l’on assiste à un développement séparé. D’un côté l’opulence des villes et de l’autre le dénuement caractérisant les campagnes. Les villes ont désormais une allure démesurée avec de nouveaux quartiers qui germent essentiellement, garnis de demeure cossue et de véhicules flambant neufs. Les populations qui y habitent sont visiblement à l’abri du besoin. Dans ces quartiers, tout le monde mange à sa faim, et les enfants fréquentent les meilleures écoles du pays, s’ils ne sont pas simplement inscrits dans des universités occidentales. Les adultes sont tous en fonction généralement dans les plus grandes entreprises, ou occupent les meilleurs postes dans l’Administration. Très tôt le matin, les personnels de maison œuvrent à ce que le bonheur de la famille s’accomplissent, avec le couvert régulièrement mis. Dans les campagnes, le scénario est tout autre avec le dénuement qui est omniprésent. Dans les campagnes, prendre un repas complet par jour est un rêve. Sur ce point, le Président de l’Assemblée Nationale Mamadou Koulibaly avait affirmé que 75% des Ivoiriens prennent moins d’un repas par jour. Les populations rurales se nourrissent essentiellement de bananes, d’ignames et de manioc braisés, accompagné d’un peu de condiments rassemblés et écrasés. Elles ont recommencé à boire l’eau des marigots, les pompes étant toutes en panne. Certes, des écoles ont été construites un peu partout, mais rares sont ceux qui peuvent convenablement financer la scolarité de leurs enfants : les recettes des récoltes ne suffisent plus pour faire face à toutes les dépenses. Les enfants n’ont donc pas leurs fournitures scolaires au complet, et ils vont à l’école en haillon. Ils suivent difficilement les cours parce qu’ils ne sont pas convenablement nourris. Les parents les préfèrent plus au champ qu’à école, ce qui fait qu’ils abordent l’avenir avec moins de chance que leurs camarades résident dans les villes. L’on assiste donc à un développement séparé et déséquilibré à souhait, qui fait que dans le même pays, les citoyens sont plus ou moins favorisés selon leur cadre de résidence. Cette disparité serait moins ressentie si les cadres avaient investi en masse dans les zones rurales. Les fermes agropastorales, et les unités de production, les ateliers et les PME / PMI qui auraient vu le jour, auraient maintenu la jeunesse sur place. Ces emplois auraient créé la richesse indispensable à la transformation positive desdites zones, avec les commodités existant dans les zones urbaines. A la faveur des moyens qu’auraient alors leurs parents, les enfants des campagnes auraient les mêmes chances de progression que leurs camarades des villes. La tendance doit donc être à la diversification des investissements, pour que toutes les contrées du pays soient dotées des mêmes infrastructures.

Franck Boyo
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