La lutte contre le racket pourrait s’avérer un grand coup d’épée dans l’eau car, le phénomène a la peau dure. L’état-major exaspéré, veut passer à la répression.
Ce vendredi 2 avril dans la matinée, Salif Coulibaly reprend la route, au volant de son car. Il part à Dimbokro et son véhicule de 45 places assises est plein comme un œuf. Salif est conducteur et travaille pour le compte de la Compagnie ivoirienne de transport de Dimbokro (Citd). Une ambiance bon enfant règne à la gare routière à Adjamé. «A l’approche de la fête de Pâques, on enregistre un flux de passagers. En majorité, ce sont nos frères Baoulé qui vont au village pour célébrer cette fête», lance Salif, visiblement satisfait de la cadence du trafic. Mais, les choses ne sont pas aussi roses pour lui. Interrogé sur les tracasseries et l’existence ou non du racket, il tire à boulets rouges en déclarant : «On souffre sur la route. Certains agents des forces de défense et de sécurité continuent de tendre la main. Ils exigent qu’on leur donne de l’argent bien que j’aie toutes mes pièces. Je suis arrivé jeudi de Dimbokro. Mais, sur l’autoroute du Nord, au niveau d’Elibou à 19 h, mon car a été bloqué par les agents. Ils ont exigé que je leur donne 5.000 Fcfa. Ce que j’ai fait pour avoir la paix ».
La galère des transporteurs
Selon lui, le racket existe encore malgré les différentes campagnes de sensibilisation menées par le Comité technique de la fluidité routière (Ctcfr). Cette structure est présidée par le chef d’état-major, le général de division, Philippe Mangou. Les propos de Salif sont corsés par Mme Francine Kouakou, une passagère de l’autocar. Elle se rend à Dimbokro pour faire «paquinou ». Ainsi, la persistance du racket sur nos routes, poursuit Kéita Aboubacar, un autre chauffeur de véhicule de transport en commun reliant Abidjan-Divo (Utd), est bien réelle. Nous l’avons approché au corridor de la Gesco. Son témoignage est édifiant. « Je suis arrivé au corridor de N’douci à 15h. Un gendarme de la brigade mobile a exigé que je lui donne de l’argent. Or, les pièces du véhicule sont correctes. Il a trouvé un prétexte en m’imposant de lui verser des subsides. Pour ne pas perdre du temps-car j’étais déjà en retard-je me suis exécuté en lui donnant un billet de 5.000 Fcfa après avoir marchandé», affirme M. Kéita qui se dit outré par l’attitude de certaines Fds qui foulent au pied les directives de la hiérarchie. Aboubacar indique qu’il est régulièrement racketté aux corridors et barrages qui tronçonnent l’autoroute du Nord. Il soutient qu’il n’est pas le seul, car certains de ses collègues sont dans le viseur d’agents véreux. «On est encore loin du compte. Le racket doit prendre fin car toute l’activité économique prend un coup. La cherté des denrées alimentaires, par exemple, est liée à ce fléau. C’est une lutte qui est loin de prendre fin», déplore un opérateur économique rencontré à la cérémonie de relance des opérations de la fluidité routière. Il a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. Ses récriminations sont soutenues en sourdine par un lieutenant des Fds. Selon lui, le démantèlement des corridors dans le cadre de la lutte contre le racket doit s’inscrire dans la durée. Autrement, confie l’officier, les corridors et barrages policiers vont refaire surface. « Le chef d’état-major doit veiller au grain pour que l’action commune porte fruit. Il ne sert à rien de lever des corridors aujourd’hui et deux jours après ils reviennent. Donc, il faut inscrire l’action dans le temps », estime l’homme en kaki après avoir écouté le discours du Gl Mangou. Adama Touré, président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (Cngrci), voit les choses autrement. Il estime que le phénomène a reculé depuis le début de la phase de sensibilisation initiée en 2008. «Le racket a diminué de cinquante pour cent. Nous sommes optimisme pour son éradication», se persuade-t-il.
Le Cema veut frapper fort
Même si le Gl Mangou se dit satisfait du travail accompli par ses hommes dans le cadre de la lutte contre le racket parce qu’ils travaillent dans des conditions pénibles. Il n’en demeure pas moins qu’il y a encore du chemin à parcourir pour réduire voire éradiquer ce fléau qui gangrène le tissu socio-économique. «Une minorité bafoue le travail collectif. Nous allons nous employer à sensibiliser cette minorité afin qu’elle quitte la médiocrité pour s’inscrire dans le combat entrepris par les Fds. Le retour progressif de la paix doit permettre à la population de vaquer librement à ses occupations. La libre circulation des biens et des personnes est le gage du décollage économique de notre pays. Je tiens à rappeler que les éléments doivent éviter de tendre la main pour prendre de l’argent de qui que ce soit. Celui qui se fera prendre, sera purement et simplement viré des rangs des Fds», insiste le Cema président du comité technique de contrôle de la fluidité routière. Il annonce que la phase répressive a pris forme depuis le 2 Avril. Toutefois, il plaide auprès du ministre de l’Economique et des Finances pour que des moyens matériels soient dégagés pour entretenir les troupes qui sont postées aux différents corridors disséminés à travers tout le pays. En pleine crise, souligne le Gl Mangou, «nos éléments ont escorté les camions pour renflouer les caisses de l’Etat.» Pour lui, l’heure est venue pour que ces éléments soient récompensés de leurs efforts. «Il s’agit de donner des moyens logistiques aux éléments pour leur permettre d’être plus efficaces dans la lutte contre le racket», se rassure le président du Ctcfr en procédant au démantèlement du corridor d’Elibou pour mettre en place, le Détachement militaire d’intervention rapide (Dmir). C’est une unité mixte composée de gendarmes, de douaniers, de policiers et de militaires. Le Dmir d’Elibou est commandé par le lieutenant de vaisseau Ehui Daniel qui remplace à ce poste le maréchal des logis (Mdl) chef, N’goli Konan Victor. L’étape de Nzianouan (autoroute du Nord) a été ajournée pour des raisons d’agenda du Cema, apprenons-nous auprès du commandant Abénan du service de communication de l’état-major (Bipa). Bien avant, le chef d’état-major a insisté auprès de ses hommes pour le bannissement du racket au sein des troupes. Pour lui, cette lutte est concomitante avec celle des coupeurs de route. « Nous ne devons plus entendre parler de coupeurs de route. Car, la quintessence de notre mission est d’assurer la défense des institutions de la République et de veiller à la sécurité des personnes et des biens», a dit le chef des militaires.
Ouattara Moussa, envoyé spécial à Elibou
Ce vendredi 2 avril dans la matinée, Salif Coulibaly reprend la route, au volant de son car. Il part à Dimbokro et son véhicule de 45 places assises est plein comme un œuf. Salif est conducteur et travaille pour le compte de la Compagnie ivoirienne de transport de Dimbokro (Citd). Une ambiance bon enfant règne à la gare routière à Adjamé. «A l’approche de la fête de Pâques, on enregistre un flux de passagers. En majorité, ce sont nos frères Baoulé qui vont au village pour célébrer cette fête», lance Salif, visiblement satisfait de la cadence du trafic. Mais, les choses ne sont pas aussi roses pour lui. Interrogé sur les tracasseries et l’existence ou non du racket, il tire à boulets rouges en déclarant : «On souffre sur la route. Certains agents des forces de défense et de sécurité continuent de tendre la main. Ils exigent qu’on leur donne de l’argent bien que j’aie toutes mes pièces. Je suis arrivé jeudi de Dimbokro. Mais, sur l’autoroute du Nord, au niveau d’Elibou à 19 h, mon car a été bloqué par les agents. Ils ont exigé que je leur donne 5.000 Fcfa. Ce que j’ai fait pour avoir la paix ».
La galère des transporteurs
Selon lui, le racket existe encore malgré les différentes campagnes de sensibilisation menées par le Comité technique de la fluidité routière (Ctcfr). Cette structure est présidée par le chef d’état-major, le général de division, Philippe Mangou. Les propos de Salif sont corsés par Mme Francine Kouakou, une passagère de l’autocar. Elle se rend à Dimbokro pour faire «paquinou ». Ainsi, la persistance du racket sur nos routes, poursuit Kéita Aboubacar, un autre chauffeur de véhicule de transport en commun reliant Abidjan-Divo (Utd), est bien réelle. Nous l’avons approché au corridor de la Gesco. Son témoignage est édifiant. « Je suis arrivé au corridor de N’douci à 15h. Un gendarme de la brigade mobile a exigé que je lui donne de l’argent. Or, les pièces du véhicule sont correctes. Il a trouvé un prétexte en m’imposant de lui verser des subsides. Pour ne pas perdre du temps-car j’étais déjà en retard-je me suis exécuté en lui donnant un billet de 5.000 Fcfa après avoir marchandé», affirme M. Kéita qui se dit outré par l’attitude de certaines Fds qui foulent au pied les directives de la hiérarchie. Aboubacar indique qu’il est régulièrement racketté aux corridors et barrages qui tronçonnent l’autoroute du Nord. Il soutient qu’il n’est pas le seul, car certains de ses collègues sont dans le viseur d’agents véreux. «On est encore loin du compte. Le racket doit prendre fin car toute l’activité économique prend un coup. La cherté des denrées alimentaires, par exemple, est liée à ce fléau. C’est une lutte qui est loin de prendre fin», déplore un opérateur économique rencontré à la cérémonie de relance des opérations de la fluidité routière. Il a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. Ses récriminations sont soutenues en sourdine par un lieutenant des Fds. Selon lui, le démantèlement des corridors dans le cadre de la lutte contre le racket doit s’inscrire dans la durée. Autrement, confie l’officier, les corridors et barrages policiers vont refaire surface. « Le chef d’état-major doit veiller au grain pour que l’action commune porte fruit. Il ne sert à rien de lever des corridors aujourd’hui et deux jours après ils reviennent. Donc, il faut inscrire l’action dans le temps », estime l’homme en kaki après avoir écouté le discours du Gl Mangou. Adama Touré, président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (Cngrci), voit les choses autrement. Il estime que le phénomène a reculé depuis le début de la phase de sensibilisation initiée en 2008. «Le racket a diminué de cinquante pour cent. Nous sommes optimisme pour son éradication», se persuade-t-il.
Le Cema veut frapper fort
Même si le Gl Mangou se dit satisfait du travail accompli par ses hommes dans le cadre de la lutte contre le racket parce qu’ils travaillent dans des conditions pénibles. Il n’en demeure pas moins qu’il y a encore du chemin à parcourir pour réduire voire éradiquer ce fléau qui gangrène le tissu socio-économique. «Une minorité bafoue le travail collectif. Nous allons nous employer à sensibiliser cette minorité afin qu’elle quitte la médiocrité pour s’inscrire dans le combat entrepris par les Fds. Le retour progressif de la paix doit permettre à la population de vaquer librement à ses occupations. La libre circulation des biens et des personnes est le gage du décollage économique de notre pays. Je tiens à rappeler que les éléments doivent éviter de tendre la main pour prendre de l’argent de qui que ce soit. Celui qui se fera prendre, sera purement et simplement viré des rangs des Fds», insiste le Cema président du comité technique de contrôle de la fluidité routière. Il annonce que la phase répressive a pris forme depuis le 2 Avril. Toutefois, il plaide auprès du ministre de l’Economique et des Finances pour que des moyens matériels soient dégagés pour entretenir les troupes qui sont postées aux différents corridors disséminés à travers tout le pays. En pleine crise, souligne le Gl Mangou, «nos éléments ont escorté les camions pour renflouer les caisses de l’Etat.» Pour lui, l’heure est venue pour que ces éléments soient récompensés de leurs efforts. «Il s’agit de donner des moyens logistiques aux éléments pour leur permettre d’être plus efficaces dans la lutte contre le racket», se rassure le président du Ctcfr en procédant au démantèlement du corridor d’Elibou pour mettre en place, le Détachement militaire d’intervention rapide (Dmir). C’est une unité mixte composée de gendarmes, de douaniers, de policiers et de militaires. Le Dmir d’Elibou est commandé par le lieutenant de vaisseau Ehui Daniel qui remplace à ce poste le maréchal des logis (Mdl) chef, N’goli Konan Victor. L’étape de Nzianouan (autoroute du Nord) a été ajournée pour des raisons d’agenda du Cema, apprenons-nous auprès du commandant Abénan du service de communication de l’état-major (Bipa). Bien avant, le chef d’état-major a insisté auprès de ses hommes pour le bannissement du racket au sein des troupes. Pour lui, cette lutte est concomitante avec celle des coupeurs de route. « Nous ne devons plus entendre parler de coupeurs de route. Car, la quintessence de notre mission est d’assurer la défense des institutions de la République et de veiller à la sécurité des personnes et des biens», a dit le chef des militaires.
Ouattara Moussa, envoyé spécial à Elibou