Invité de la Première le dimanche dernier, Charles Blé Goudé n’a pas usé de langue de bois pour dire ce qu’il pense du processus de sortie de crise. On le savait remonté contre les auteurs des fraudes sur la liste électorale. Mais on n’imaginait pas qu’il en avait terriblement gros sur le cœur par rapport à l’attitude des autorités des Forces nouvelles dans la gestion de la sortie de crise. En tout cas sur le plateau de la télévision ivoirienne le dimanche dernier, Charles Blé Goudé, le leader de la jeunesse patriotique n’est jamais paru aussi ferme et direct. Sur la question du désarmement, il a indiqué qu’il y a bien des soucis à se faire quand la porte-parole des Forces nouvelles soutient que ce n’est pas un préalable à l’élection présidentielle. Car, selon lui, l’accord politique de Ouagadougou affirme stipule bel et bien que cette opération doit se dérouler deux mois avant les élections. Dès lors, il s’est demandé s’il s’agit d’un refus des autorités des Forces nouvelles de réaliser le désarmement ou si elles ne peuvent pas le faire. « Si elles ne peuvent pas le faire, alors qu’elles le disent pour qu’on cherche celui qui peut », a tranché Charles Blé Goudé. Car pour lui, si le Chef de l’Etat a nommé Guillaume Soro au poste de premier ministre, reconnu les grades des militaires ex-rebelles, recruté les enseignants bénévoles, et fait bien d’autres sacrifices encore, c’est pour que les Forces nouvelles déposent les armes pour créer les conditions d’élections libres et équitables. Mais Charles Blé Goudé ne s’est pas arrêté là. Il a dénoncé le double jeu des Forces nouvelles qui met à mal l’économie ivoirienne. Il a particulièrement mis en cause Dosso Moussa, ministre de l’industrie et qui est en même temps le directeur des régies financières de l’ex-rébellion. Charles Blé Goudé a révélé que M. Dosso Moussa a créé une banque appelée Crédit du nord en sa qualité de premier responsable des finance des Forces nouvelles, alors que l’Etat ne profite pas des recettes générées par les activités qui se déroulent au nord. Il a également dénoncé les activités d’un certain Alphonse Soro « cousin de Guillaume Soro » qui contrôle la filière agricole au nord et donc la fuite du cacao, du café et du coton ivoirien vers les pays voisins. « Les Forces nouvelles détruisent l’économie ivoirienne », a-t-il répondu quand les journalistes Lanciné Fonafa (RTI) et Morgan Palmer (Télésud) lui ont demandé s’il pense que les Forces nouvelles ne participent pas à l’économie ivoirienne. « Je ne supporte pas que des ministres qui sont payés par la république continuent de faire fuir l’argent de la Côte d’Ivoire », a-t-il fait savoir. Parlant des la liste électorale, Charles Blé Goudé a fait remarquer que c’est parce que Beugré Mambé a été convaincu de fraude que la commission a été dissoute. Il est donc tout à fait raisonnable que la liste soit auditée pour qu’on sache l’ampleur de la fraude. A ce propos, il s’est demandé si les Forces nouvelles ont pris les armes pour régulariser la situation des Ivoiriens sans papier ou bien pour permettre aux étrangers de devenir Ivoiriens sans passer par la procédure normale. Aussi, leur ne leur reconnaît-il pas le rôle d’arbitre que les Forces nouvelles prétendent être. Ce n’est parce qu’elles pas de candidat à l’élection présidentielle, a affirmé Charles Blé Goudé, qu’elles sont les arbitres. « Les Forces nouvelles sont des belligérants », a-t-il affirmé. Et quand on lui a demandé qui bloque le processus de sortie de crise, Charles Blé Goudé est très clair : « J’accuse les Forces nouvelles de ne pas vouloir aller aux élections ». Et cela du fait qu’elles continuent d’avoir les armes alors que les accords disent qu’elles ne doivent plus les avoir. En plus, Charles Blé Goudé soupçonne Guillaume Soro et ses amis de vouloir discréditer les acteurs politiques pour se positionner. Il a conclu qu’il faut que l’on rappelle les Forces nouvelles à leur devoir, à savoir créer les conditions des élections crédibles et transparentes. Ce qui consiste à déposer les armes, à ne plus entretenir une économie parallèle et à réaliser la réunification politique et économique du pays. Augustin Kouyo
Politique Publié le mardi 6 avril 2010 | Notre Voie