Grosse frayeur le dimanche 4 avril quand Daddy U Roy met fin à son second concert donné au Parc des Sports de Treichville. Avant de regagner sa loge, John Jay veut partager quelques émotions avec lui. «Daddy, ton peuple a quelque chose pour toi», lui dit-il. Mais, U Roy demande de souffler afin de revenir sur scène. L’on ne doute de rien. Et le public, aidé par John Jay, sollicite un bonus. A l’arrière du podium, U Roy (68 ans) soutenu par un de ses proches fait quelques marches à une dizaine de mètres de sa loge, y retourne puis en ressort pour trouver place là où la marche l’avait au départ conduit : à l’air libre, loin des regards, dans une pénombre. Les musiciens ont quitté la scène. La régie fait revivre l’ambiance de ce qu’a été le passage d’Ismaël Isaac. Après déjà dix minutes qu’il a quitté la scène (23 H 46), les choses ne se passent pas comme prévu du côté du Daddy. Une voix demande d’urgence l’ambulance de la Croix Rouge, stationnée non loin. Les badauds sont éloignés par les gendarmes pour permettre l’évacuation de l’artiste. Accompagné de Benoît, son agent, U-Roy prend place dans l’ambulance qui quitte le parc à 00 H 10, escorté par des gendarmes. Certaines voix font comprendre qu’il s’agit de la fatigue… U Roy venait de donner deux heures de concert non stop. Hier lundi, alors qu’il devait être intronisé à Grand Bassam « fils de la Côte d’Ivoire », la cérémonie n’a pu se tenir. Pourquoi ? Les organisateurs n’osent pas en parler. « On vous appellera pour un point de presse. Je ne suis pas habilité à vous en dire davantage », a informé un des membres de Bluesaphir joint hier au téléphone. De son long répertoire, le père des DJ a partagé 20 titres avec le public ivoirien très enthousiasmé et resté tout le temps en transe. C’est Richie Kanary et Winsome Benjamin (voix féminine) qui, comme à l’Espace Anoumabo le vendredi 2 avril, font monter les « Vibes » au chant de Pull up the vibes (Richie), Someone loves you honey (Winsome) et Live on (en duo). Lors de son concert du vendredi, U-Roy se fait entendre au son de Babylon burning. Avant d’entamer Wake the town, le Daddy remercie les organisateurs de l’avoir fait venir en Côte d’Ivoire. « Je vous remercie beaucoup de m’avoir fait venir dans votre pays. Je vous remercie de l’accueil que vous m’avez réservé. Vous êtes une partie de ma famille ». Une appartenance qu’il exprime et évoque dans True born African (Africain d’origine) où son personnage « comme un oiseau, est libre » de tout mouvement dans chaque pays du monde. « Peuple de Côte d’Ivoire, je voudrais vous dire combien je vous aime, j’apprécie votre hospitalité. Je vous remercie de l’accueil chaleureux. Jah vous bénisse pour toujours. Rastafari vous bénit ». Chantant le témoignage de ce que Jah est bon et juste et protège contre tout ce qui est négatif, le sage U Roy demande l’unification de l’Afrique. Au son de Jah Jah calling, l’artiste très attaché à sa culture conseille : « Sachez d’où vous venez, soyez vous-mêmes ». Les titres Flashing my whip, Tom Drunk, I shall be released, Queen Majesty, O.K Fred ont été chantés au grand bonheur du public. Avec toujours le même style qu’on lui connaît, comme l’indique le chant “Same vibe”, U-Roy a partagé une bonne dose d’ambiance plongeant le public nostalgique de Go Deh Natty Dread dans les souvenirs de Runaway Girl (Just Another Girl), Small Axe, Pass the Kutchie, Rule the Nation, Have Mercy. « A mon retour en Jamaïque, je témoignerai de votre sympathie », s’est-il réjoui avant d’inviter le public à un bal de fin de spectacle sur les notes de Wear you to the ball, Freedom Blues et Soul Rebel. Kajeem, Spy Row et Ismaël Isaac et Ras Goody Brown qui, lui, a seulement joué le dimanche, ont été honorés d’une première partie. Ils ont été accompagnés du Jahmo Band. Tiken Jah s’est donné plaisir d’être à Abidjan pour soutenir U Roy.
Koné Saydoo
Koné Saydoo
