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Afrique Publié le mercredi 7 avril 2010 | Fraternité Matin

Sénégal : cinquantenaire de l`indépendance

La célébration du cinquantenaire du Sénégal a offert au Président Abdoulaye Wade l’opportunité de faire partager sa vision d’une Afrique qui doit s’arracher de son passé douloureux pour se tourner vers un avenir prometteur. «Le temps du décollage est arrivé pour l’Afrique», a-t-il annoncé samedi, à l’occasion de l’inauguration du monument de la Renaissance africaine, en présence d’une vingtaine de ses pairs, dont le Président Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) et de milliers de Sénégalais vêtus aux couleurs nationales (vert, jaune, rouge). Le Chef de l’Etat sénégalais estime, en effet, que les conditions sont aujourd’hui réunies pour que le continent explore de nouveaux horizons qui vont le sortir du sous-développement. «Le temps du décollage est arrivé parce que des possibilités inédites s’offrent à nous de mettre en place les Etats-unis d’Afrique, surtout au moment où les autres peuples forment de grands ensembles, politiques et économiques», a-t-il expliqué.

De son point de vue, aucun dirigeant africain ne pourrait, à l’heure actuelle, empêcher les peuples africains de briser les murs du cloisonnement imposés par le néocolonialisme. Le monument de la Renaissance africaine est l’un des moyens qu’a trouvés Me Abdoulaye Wade pour montrer au monde que l’Afrique a décidé de prendre son destin en main. Juché sur l’une des deux collines de Ouakam (les Mamelles des Almadies), Ouest de Dakar, ce monument est un bloc de 222 mille tonnes de bronze et a nécessité, selon l’architecte, Pierre Goudiaby Atepa, deux millions d’heures de travail.

Haut de 53 mètres, il présente une famille africaine, l’homme (100 tonnes) enserrant d’une main sa femme (70 tonnes) et, tenant dans l’autre son fils (30 tonnes) dont l’index est pointé vers l’océan et au-delà, vers l’avenir. «Ce monument, à travers ces trois personnages, un homme avec sa femme et son enfant, surgissant des entrailles de ce volcan éteint comme propulsés par une force invisible traduit un symbole en même temps qu’il porte plusieurs messages», a indiqué le père du Sopi. Le symbole est tiré justement du nom du monument et du thème du cinquantenaire, renaissance africaine et développement. C’est, dit-il, celui de «l’Afrique renaissante et revigorée après cinq siècles d’esclavage, de traite négrière et de colonisation, cinq siècles d’épreuves et de tragédie humaine».

Et malgré ces épreuves et cette tragédie, l’Afrique est toujours debout, «pliant parfois mais sans jamais rompre» et «plus que jamais décidée à prendre son destin en main». Pour Me Abdoulaye Wade, ce que le continent a vécu est proprement inédit. Il pense, en effet, qu’aucun autre continent n’aurait survécu à tout ce que l’Afrique a enduré. Et parce qu’elle a résisté à des siècles de pillages de ses ressources humaines et naturelles, elle doit, selon le Président sénégalais, «croire à la force de sa vitalité et à sa capacité à venir à bout de l’adversité la plus tenace».

C’est pourquoi, dans son entendement, le monument de la Renaissance africaine a été édifié pour permettre à tous d’exercer leur devoir de mémoire. Cette œuvre, à l’en croire, veut rappeler les blessures profondes infligées à l’Afrique pour que chacun puisse dire: «jamais plus cela». Mais au-delà de ce devoir de mémoire, ce monument se veut aussi, selon son concepteur, «une invite au dépassement, au pardon et à la réconciliation du peuple».

Au titre des messages que véhicule le monument de la Renaissance africaine, Abdoulaye Wade en a relevé quatre, outre celui relatif au temps du décollage. Le premier s’adresse à la jeunesse du continent sur laquelle comptent les anciens pour aller à la conquête «d’une Afrique renaissante, une Afrique nouvelle, une Afrique unie et en marche vers plus de prospérité», capable de refuser la fatalité du sous-développement. Convaincu que, contrairement au passé, la gestion des affaires sera déterminée par les grands ensembles, le Président plaide pour l’intégration politique des Etats africains par la réalisation des Etats- unis d’Afrique. Seule une telle intégration gardera, soutient-il, l’Afrique d’une marginalisation qui risque de lui être fatale. «Il faut conjuguer nos forces, nos richesses et nos intelligences pour réparer les torts du passé et prendre notre place parmi les grands ensembles et assurer notre destin», exhorte-t-il. C’est cela l’Afrique nouvelle dont rêve Me Wade. Cette Afrique nouvelle ne se fera cependant pas, relève-t-il, deuxième message, sans la diaspora qu’il qualifie d’une «autre partie de nous-mêmes» et veut faire déclarer par l’Union africaine «6e région de l’Afrique». Cette diaspora est constituée des «fils et filles qui, hier, ont été déportés par millions vers des contrées lointaines pour satisfaire la cupidité morbide de négriers sans état d’âme» et qui, donc, n’ont pas choisi leur destin. Après leur avoir rendu un hommage appuyé, l’ancien opposant historique appelle les Africains de la diaspora à la reconstruction de l’Afrique, maintenant que l’esclavage, déclaré crime contre l’humanité par le Sénégal, est terminé.

Le troisième message que le Président tire du monument de la Renaissance africaine, va à l’endroit des femmes qu’il a invitées à contribuer au combat du panafricanisme car, à son avis, la conjoncture, actuellement, est «exceptionnellement favorable». Enfin, dernier message, s’adressant aux «peuples de tous les continents et de toutes les races», le successeur d’Abdou Diouf assure qu’ils ne veulent plus de l’arme atomique et demandent aux gouvernements de s’engager davantage dans la destruction des stocks existants. «Peuples de la terre, du sommet de cette statue qui est aujourd’hui la plus haute du monde, je vous transmets un message de paix, condition indispensable à la renaissance de notre continent», a conclu le Chef de l’Etat sénégalais.

Plusieurs autres personnalités sont intervenues à sa suite, notamment l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui a participé, le 15 avril 2002, à la pose de la première pierre du monument; le Président du Malawi, président en exercice de l’Union africaine, Bingu Wa Mutharika; le représentant du Directeur général de l’Unesco, Alioune Traoré, et le Révérend américain, Jesse Jackson. Toutes ont salué le mérite du président Abdoulaye Wade qui a pris l’initiative de faire bâtir ce monument qui, selon elles, n’appartient pas au Sénégal, mais à toute l’Afrique.

Cyprien Tiessé
Envoyé spécial
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