Dans les causeries de ce vendredi 9 avril, le député Sokouri Bohui conseil au premier ministre Soro Guillaume d’être humble dans la conduite du processus de sortie de crise. Notre Voie : Dans son dernier entretien avec Jeune Afrique, le Premier ministre Soro a indiqué qu’on peut aller aux élections sans désarmement et qu’il rassure au nom des FN, le camp présidentiel qu’aucun électeur ne sera empêché de voter et qu’aucune urne ne sera escamotée. Qu’est-ce que vous pensez de cette affirmation ? Martin Sokouri Bohui : J’ai été peiné par les propos du Premier ministre. Parce que si ces propos étaient tenus par un membre ordinaire des Forces nouvelles (FN), cela me choquerait moins. Mais que cela vienne de celui qui a apposé sa signature sur l’accord politique de Ouagadougou, cela est difficile à comprendre. Nous l’avons déjà dit et nous le répétons, l’APO stipule en son article 3 de l’accord 4 que le désarmement doit être terminé deux mois avant les élections. J’ai coutume de féliciter Guillaume Soro pour les actes majeurs qu’il a posés. A savoir le fait d’avoir donné un visage à la rébellion et le fait d’avoir accepté la main tendue du président de la République Laurent Gbagbo dans le cadre du dialogue direct. Je le fais pour ces deux actes qu’il a posés pour l’aider à se relever. Parce que le problème d’un homme, ce n’est pas de ne pas tomber. Mais comment il se relève quand il tombe. C’est donc une manière pour moi d’aider Soro à se relever de ce dérapage grave qu’est la guerre qui a dénaturé notre pays. Nous, nous avons déjà pardonné et par nos propos, nous demandons aux Ivoiriens de pardonner. Le Premier ministre devrait comprendre cela et aider les Ivoiriens, à travers les actes qu’il pose et, les propos qu’il tient, à pardonner effectivement. Ce n’est donc pas le moment pour lui de montrer une attitude d’arrogance. Parce que s’il est Premier ministre, ce n’est pas parce que le président Gbagbo lui a fait une prime à la rébellion, mais tout simplement pour qu’il pèse de tout son poids pour que le désarmement se fasse rapidement et que le pays soit réunifié. Ce n’est pas dans une attitude de défiance qu’il pourra se faire pardonner. Même s’il est permis à tout homme de penser à son avenir, il est cependant trop tôt pour Soro de penser déjà à demain, alors qu’il n’a pas encore offert la seule chose que les Ivoiriens attendent de lui : le désarmement. En d’autres termes, le premier ministre pense à demain alors qu’il n’a pas encore respecté l’engagement qu’il a pris pour aujourd’hui. Je voudrais donc lui dire que, le président Houphouet disait souvent que l’humilité n’est pas incompatible avec la dignité. Je demande au Premier ministre d’être humble et d’offrir le désarmement aux Ivoiriens pour qu’il espère être grand demain. Il a aidé Alassane Ouattara à être candidat. Nous estimons que cela suffit et que Ouattara devrait lui en être reconnaissant. Qu’il le laisse maintenant voler de ses propres ailes, en organisant des élections justes et transparentes dans un pays sécurisé. C`est-à-dire débarrassé de tous ceux qui détiennent illégalement une arme. L’heure est venue pour que le Premier ministre pense maintenant uniquement aux intérêts supérieurs de la nation. C’est à ce prix-là qu’il se fera pardonner par les Ivoiriens. Il doit maintenant désarmer ses hommes pour créer les conditions des élections que tout le monde attend. N.V. : Parlant justement d’élections, tous les sondages réalisés par Sofres confortent de plus en plus le président Gbagbo dans sa position de vainqueur de l’élection présidentielle. Le 5ème qui vient d’être publié par la même société donne encore le président Gbagbo vainqueur. Mais l’opposition rejette ces sondages qu’elle qualifie même de montage. Que lui répondez-vous ? M.S.B. : On dit que la mauvaise foi est la chose la mieux partagée en politique. C’est pourquoi l’opposition adopte une telle attitude vis-à-vis des sondages réalisés par Sofres. Sinon que rechercherait Sofres, qui est un institut de sondage français très coté dans le monde, à vouloir adouber le président Gbagbo, alors que la réalité serait autre. C’est connu de tous, l’opposition a toujours menti à ses partisans et à l’opinion internationale qu’elle est majoritaire. Et voilà que les résultats des sondages viennent lui renvoyer son vrai visage. Evidemment, les dirigeants de l’opposition ne pouvaient le supporter. Ils sont donc obligés de faire croire que ces sondages sont du faux, pour continuer à nourrir leurs partisans de leur fausse illusion. Ils poussent même le ridicule jusqu’à dire que si ces sondages étaient vrais, le président Gbagbo se serait précipité à organiser les élections. Je voudrais leur dire que depuis qu’Alassane Ouattara a envoyé la guerre dans ce pays et que le président Bédié l’a soutenu, et que les deux opposants, hier ennemis, se sont solidarisés dans le mal, contrairement à la philosophie du président Houphouet leur mentor, qui disait, “Oui à la solidarité dans le malheur. Mais non à la solidarité dans le mal”, les Ivoiriens n’ont d’yeux que pour le président Gbagbo. Ils attendent donc patiemment les élections pour l’exprimer dans les urnes. C’est cette réalité du terrain politique que les sondages viennent simplement confirmer. Ce n’est donc pas surprenant pour les Ivoiriens. Mais est-ce parce qu’on sait que le président Gbagbo va gagner qu’il faut laisser organiser les élections dans la fraude ? Nous disons non ! N’oublions pas que nous avons toujours dit que nous ne transigerons jamais sur la transparence des élections. C’est pourquoi nous exigeons une liste électorale propre et la réunification totale du pays avant d’aller aux élections. Mais que croyait l’opposition ? Que les sondages soient en sa faveur ? De quels atouts dispose-t-elle pour qu’il en soit ainsi ? Au nom de quoi un Ivoirien voterait Alassane Ouattara? Parce qu’il a défiguré notre pays ? Parce qu’il a fait tant d’orphelins, de veuves ? Parce qu’il a fait tant de mutilés ? Parce qu’il change de nationalité au gré de ses intérêts ? Parce qu’il a eu l’idée saugrenue d’être candidat dans un pays qui n’est pas le sien ? Non, les Ivoiriens n’ont pas le nez percé pour voter Ouattara. Je voudrais dire aux cadres du RDR et aux journalistes qui croient encore en cet homme que, malgré toute la bataille de communication qu’ils déploient, rien ne peut laver Ouattara de toutes les souillures qui l’ont totalement éloigné des Ivoiriens. Au nom de quoi un Ivoirien voterait également Bédié ? Parce qu’il a pactisé avec le diable pour détruire le pays d’Houphouet ? Parce qu’il a soutenu la guerre espérant que Ouattara et lui tomberaient facilement le président Gbagbo pour qu’il en tire profit en sa qualité d’Ivoirien authentique par rapport à Ouattara qui a une nationalité douteuse ? Non, les Ivoiriens ne peuvent confier le destin de leur pays à un homme qui a son avenir dans le passé. De toute évidence, Bédié creuse sa propre tombe en aidant Ouattara à inscrire des fraudeurs sur la liste électorale. Croit-il que ces fraudeurs vont voter pour lui? Il gagnerait plutôt à nous soutenir dans ce combat que nous menons pour l’obtention d’une liste électorale propre. Pour éviter un naufrage collectif à ce parti cinquantenaire, j’appelle donc les cadres du PDCI à l’y inviter. Au vu de toutes ces données, on se rend compte que les résultats des sondages de Sofres ne font que traduire les réalités du terrain. Mais comme l’opposition les remet en cause, qu’elle prenne l’initiative de commanditer d’autres sondages auprès d’autres instituts. Il y a par exemple, IFOP Opinion-Way et BVA qui sont des instituts aussi crédibles que Sofres. N.V. : Tous les sondages donnent le président Gbagbo vainqueur au 2ème tour. Et pourtant vous vous battez pour gagner au 1er tour. Qu’allez-vous faire alors? M.S.B. : Nous gagnerons à coup sûr au 1er tour. Parce que tous ces sondages ont été faits pendant que notre candidat est encore dans les vestiaires. Il n’a pas encore fait campagne. Contrairement aux deux autres candidats qui ont déjà parcouru tout le pays. Vous verrez que quand le président Gbagbo va descendre dans l’arène et faire le tour de toute la Côte d’Ivoire et porter aux Ivoiriens ses ambitions pour la Côte d’ivoire, les sondages vont remonter très rapidement et montrer que le match est terminé au 1er tour. Il ne peut en être autrement, car le président Gbagbo est ce digne fils qui élève le continent vers le haut. Et donc, que tout le continent attend pour entrer dans une nouvelle ère. L’ère de l’indépendance totale, de la souveraineté et du développement.
Entretien réalisé par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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