L’opposition ivoirienne regroupée au sein du RHDP fait des pieds et des mains pour que les Assemblées annuelles de la BAD qui vont se tenir à Abidjan soient annulées ou ne connaissent pas de succès. En annonçant, à la fin du mois de mars, devant les journalistes venus l’écouter, une gigantesque marche de protestation le 15 mai prochain, soit à plus de 45 jours de la manifestation, la jeunesse du RHDP savait très bien à qui elle parlait et ce qu’elle voulait. Cette information s’adressait directement aux organisateurs des Assemblées annuelles de la BAD qui se tiendront à Abidjan les 27, 28 et 29 mai 2010 à l’Hôtel Ivoire. Le RHDP ne veut pas de cette réunion mondiale qui va repositionner la Côte d’Ivoire aux yeux des bailleurs de fonds et des groupes financiers internationaux. D’ailleurs, selon une source proche du dossier, de la réussite de ces assises dépendra le retour de la BAD à Abidjan. Conscient de ce fait, le RHDP manœuvre depuis fort longtemps pour que les autorités ivoiriennes connaissent un fiasco dans les négociations qu’elles avaient avec les responsables de cette institution bancaire. Des courriers anonymes, des menaces adressées aux employés de la BAD, des enquêtes journalistiques pour montrer combien il est dangereux de choisir la Côte d’Ivoire sont le détail du plan diabolique concocté pour que la tenue des Assemblées annuelles de la BAD ne serve pas Laurent Gbagbo. Mais, malgré ces informations nauséeuses diffusées souvent sur le net et sur certains blogs, la Côte d’Ivoire est arrivée à convaincre le président de la BAD de la nécessité de tenir cette réunion en terre ivoirienne. Devant cet échec patent, le RHDP ne se décourage pas. Il concocte un autre plan dont l’objectif est de traumatiser les éventuels participants à cette grande réunion. Selon des informations de source diplomatique, ce qui a été arrêté est de s’attaquer au résultat que tout le monde attend : le succès. Alors il faut soit retarder le début des assises, soit créer la peur chez les invités. C’est ce qui, selon la même source, justifie le choix de la date du 15 mai pour marcher à travers Abidjan. Au moment où l’annonce de cette marche se faisait, à Tunis, se préparait une délégation qui devait se rendre en Côte d’Ivoire pour rencontrer le comité d’organisation qui est sur place. Une mission est en ce moment à Abidjan qui travaille avec le comité national d’organisation. On sait aussi qu’à partir du 13 mai ou au plus tard le 15 mai, débute l’arrivée des participants aux Assemblées annuelles. Ce sont surtout des groupes qui viennent pour la mise en place. Et le mouvement ne devrait plus s’arrêter jusqu’au dernier jour. Depuis la semaine dernière, toute la BAD est en mouvement. Les réservations ont commencé pour que les mouvements vers Abidjan commencent pour ne plus jamais s’arrêter, même après la réunion. Les Assemblées annuelles de la BAD à Abidjan, c’est toute l’économie de la Côte d’Ivoire qui va se relever. Les bagagistes des aéroports, les taxis, les marchés, les sociétés de location de véhicules, les vendeurs de carburant, les hôtels et bien d’autres secteurs seront servis royalement. Pour qui connaît l’opposition ivoirienne, cela ne peut lui plaire. C’est pourquoi, dans son plan B, elle a prévu cette marche qui, selon la même source diplomatique, devrait dégénérer et s’étendre sur deux ou trois jours de sorte à annuler la tenue de la réunion ou à la retarder. Ce qui serait un échec pour les organisateurs. Mais, surtout, une fois traumatisés, les fonctionnaires de la BAD voteraient les yeux fermés pour la délocalisation définitive de l’institution bancaire. Mais, comme Dieu ne dort pas, les femmes et les jeunes du RHDP sont allés provoquer le général Mangou, chef d’état-major de l’armée, qui les a mis à leur place en leur enseignant le civisme et le patriotisme dans un discours militaire d’une rare cohérence. Depuis, les fonctionnaires de la BAD qui redoutaient cette marche du 15 mai ont repris confiance et n’ont plus aucune crainte. Selon un diplomate onusien, les fonctionnaires de la BAD sont comme tous les autres fonctionnaires internationaux. Ils aiment la tranquillité. C’est pourquoi ils apprécient beaucoup les régimes forts. “Quand Mangou a tenu ce discours, ils se sont dit : “Ah ! le pouvoir est là”. Parce qu’à un moment donné, ils se demandaient si l’on n’allait pas les brûler comme les bus et les édifices publics”. Ça n’est certainement pas entré dans les oreilles de sourds.
Abdoulaye Villard Sanogo
Abdoulaye Villard Sanogo