Une vie au Félicia : Adieu mamie !

Mamie Koko, c’est toute une vie au Félicia. C’est un pan de la légende du football ivoirien qui s’éclipse avec le rappel à Dieu de notre chère tantie. Dans l’ancien Stade Houphouet-Boigny, sa buvette foisonne en permanence. Des supporters accoudés au comptoir parlent football. Je suis frappé par l’intuition de cette brave dame passionnée de foot de son pays et de l’Asec. « Dites à Konan de classer Tostao aujourd’hui, ça pourra aller… » . Ou dites à Konan Yobouet d’aligner N’Dri Koffi. Quand le match commence Mamie Koko passe du côté de la tribune « vivre » son match. Laissant ses filles ou ses sœurs vendre la boisson. Sa maison derrière le Stade Champroux de Marcory sert de lieu de retrouvailles des acteurs et des amis du football, tous clubs confondus. Et même de point de ralliement avant un match au Champroux. Qu’elle passe dans le monde de l’au-delà n’a rien d’affligeant pour les croyants que nous sommes tous devenus en terre d’Eburnie. C’est « son » Asec qu’elle laisse qui nous attriste le plus pour elle. Le visage de mamie Koko se mêle à la lumière des silhouettes légendaires de Lanzéni Coulibaly, M’Bahia Blé Kouadio, Guy Fabre, Vieux Mimos, Anzian Jean-Baptiste, Laurent Pokou, Thiam Belafonte…Qu’ils soient morts ou vivants, ils sont l’essence de la légende qui survivra toujours. Car qu’on soit là pour « cinquante ans » ou cent ans encore, l’homme, lui, reste éphémère, périssable, insignifiant. Seul doit compter la sauvegarde de cette identité cosmopolite rassembleuse qui créa tant de bonheur, tant de solidarité autour d’une passion commune. Cet Asec là, le vrai, l’authentique, l’historique, appartient au « peuple », aux anciens, aux enfants. A tous ceux qui ont besoin de s’y identifier pour rêver aux délices de la gloire et de l’espoir. Il ne faut donc pas confondre patrimoine national, culturel et sportif et biens mobiliers ou immobiliers… Que représentent trois cent millions de francs Cfa face à cette hécatombe populaire morale et psychologique? A cette désertification de l’oasis ? C’est trente mille actionnaires qui donnent dix mille francs chacun ! Une broutille ! S’ils sont comblés de joie, ce sont trois millions d’actionnaires qui peuvent donner dix mille francs chacun sans compter! Soit, tenez-vous bien, trente milliards de Cfa !! De quoi garder des Falikou, Dindane, Zezeto…devenir « le Real » d’Afrique…et rentrer dans la postérité… par la grande porte. Adieu mamie !

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