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Politique Publié le samedi 17 avril 2010 | Reporters sans Frontières

Côte d`Ivoire: six ans après, la famille de Guy-André Kieffer ne baisse pas les bras

© Reporters sans Frontières Par DR
Presse - Campagne d`affichage public pour le journalistes franco-canadien Guy-André Kieffer disparu en 2004 à Abidjan
Six ans qu'il a disparu. Six ans que sa famille et ses proches attendent de connaître la vérité. Ils ne se font plus guère d'illusion, malheureusement: Guy-André Kieffer (dit "GAK") est probablement mort. Le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien, qui enquêtait sur les malversations présumées du régime, a été enlevé en plein jour sur un parking d'Abidjan par des hommes armés. Il avait rendez-vous avec Michel Legré, l'un de ses informateurs réguliers, par ailleurs beau-frère de l'épouse du chef de l'Etat, Simone Gbagbo. A Abidjan, une campagne d'affichage a été lancée, jeudi, par un collectif "Vérité pour Guy-André Kieffer", avec le soutien de plusieurs journaux locaux (voir photo ci-contre).

Depuis sa disparition, sa famille refuse de se résigner. Jeudi, deux de ses frères, Bernard et Eric Kieffer, et la fille de Guy-André, Canelle, tenaient une conférence de presse dans les locaux de l'association Reporters sans frontières (RSF), qui s'est constituée partie civile. Bernard Kieffer a déploré les fausses promesses de Nicolas Sarkozy. En août 2007, en recevant la famille de Guy-André à l'Elysée le chef de l'Etat avait assuré que la résolution de cette affaire était une "priorité" et qu'il ne normaliserait pas les relations entre Paris et Abidjan avant d'avoir obtenu la vérité sur la disparition de notre confrère. Certes, les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe, mais récemment la France a annulé une grosse partie de la dette ivoirienne, et Laurent Gbagbo a été officiellement invité au sommet Afrique-France, fin mai, à Nice. Il a déjà fait savoir qu'il ne viendrait pas...

Visuel réduitHasard du calendrier, vendredi, le seul suspect détenu dans cette affaire, Jean-Tony Oulaï, devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire à Paris. Cet officier ivoirien, qui est soupçonné par le juge français Patrick Ramaël, d'avoir dirigé le commando qui a enlevé "GAK", n'est pas passé aux aveux, et la justice française devait le relâcher, sous peine de devoir clôturer son enquête cet été. Malgré ce rebondissement, la famille Kieffer garde espoir. En six ans, l'enquête a progressé. Deux témoins, un chauffeur et un membre présumé de la garde présidentielle, ont indiqué que GAK avait été emmené dans les locaux de la présidence ivoirienne, pour y être interrogé, avant d'être embarqué et tué, peut-être par accident.

A Abidjan, sans surprise, le clan présidentiel dément. Laurent Gabgbo et son épouse ne cessent de répéter que cette affaire n'est qu'une peccadille et qu'ils n'y sont mêlés ni de près ni de loin. Mais, jeudi, au siège de RSF, un avocat de Simone Gbagbo avait fait le déplacement. Histoire- a-t-il dit - de "rétablir la vérité". Histoire, aussi, de perturber la réunion.

© RSF

Par Thomas Hofnung
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