Six ans jour pour jour après la disparition de Guy-André Kieffer à Abidjan le 16 avril 2004, le principal suspect a été remis en liberté vendredi, ce qui va paradoxalement permettre la poursuite de l’enquête, se félicite la famille du journaliste. Après deux ans et demi en détention provisoire, l’Ivoirien Jean-Tony Oulaï, soupçonné d’avoir dirigé le commando responsable de la disparition du journaliste franco-canadien, a été libéré, hier à la suite d’une décision d’un juge des libertés et de la détention, confirmée par la cour d’appel de Paris. Mis en examen début 2006 pour enlèvement et séquestration en bande organisée, Jean-Tony Oulaï avait été incarcéré le 17 octobre 2007 après avoir violé son contrôle judiciaire. Or, en matière criminelle la détention provisoire ne peut excéder trois ans et risquait d’entraîner la clôture de l’enquête. L’avocat de la famille Kieffer, Me Alexis Gublin, s’est félicité jeudi de cette libération à l’occasion d’une conférence de presse dans les locaux de Reporters sans frontières (Rsf) marquant le sixième anniversaire de la disparition et le lancement d’une campagne d’affichage à Abidjan pour demander “la vérité” sur cette affaire. “Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette remise en liberté est pour nous extrêmement positive”, a fait valoir l’avocat. “Maintenant, nous sommes libres, nous n’avons plus d’échéance, de nombreuses investigations vont pouvoir être menées à leur terme”, a-t-il expliqué soulignant qu’“il ne s’agit pas de s’acharner sur Oulaï ou quelque exécutant que ce soit mais de remonter jusqu’aux commanditaires”. Me Gublin a évoqué notamment la demande d’entraide formulée en décembre auprès de la Cour pénale internationale sur l’éventuelle implication dans des “escadrons de la mort” d’Ivoiriens, dont Simone Gbagbo et des membres présumés du commando.
Marc Dossa
Marc Dossa