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Politique Publié le samedi 17 avril 2010 | Nord-Sud

Noces d’or de la Côte d’Ivoire: Les palabres politiciennes menacent le cinquantenaire

© Nord-Sud Par DR
Politique nationale - Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d`Ivoire
Malgré les efforts des autorités ivoiriennes, le cinquantenaire de l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance risque de ne pas connaître l’éclat escompté. C’est presque dans l’indifférence que se déroulent les préparatifs des festivités, à l’ombre des querelles politiciennes.

La crise qu’elle traverse, depuis septembre 2002, risque de déteindre fortement, négativement du reste, sur la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Toute chose qui ne garantit pas le succès de cette commémoration. C’est que, dans l’attente de cette fête célébrée par tous les pays africains, anciennement colonies françaises, les Ivoiriens ne sont pas sur la même longueur d’onde. Là où les uns estiment que cet anniversaire devrait permettre à la Côte d’Ivoire d’affirmer de manière particulière son indépendance vis-à-vis de son ancienne métropole, les autres soutiennent, a contrario que l’heure n’est pas à la fête mais à la sortie de la crise qui dure depuis dix ans. Les tenants de la première thèse se recrutent surtout dans le camp du chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo qui a, pour les festivités, promis d’importantes sommes d’argent au comité d’organisation piloté par l’ambassadeur Pierre Kipré. Le budget prévisionnel du cinquantenaire s’élèverait à 20 milliards Fcfa. La contribution de l’Etat avoisinerait les 4 milliards F Cfa. C’est d’ailleurs la valeur des moyens dégagés qui semble ulcérer les opposants à la fête colorée. Dédji Amondji Pierre, gouverneur du district d’Abidjan et très proche de Laurent Gbagbo, s’est toujours posé en défenseur de ces noces d’or. Pour lui, le coût ne doit effrayer personne. « Qui réussit une fête à Abidjan, l’a réussie au plan national. On ne badine pas avec l’âge d’or parce que beaucoup d’Ivoiriens n’auront pas la chance de voir les 100 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Nous devons donc célébrer ces noces d’or avec faste », a-t-il soutenu lors d’une conférence de presse organisée en décembre dernier. Loin de cet enthousiasme, les premiers à marquer leur opposition au caractère fastueux de la fête ont été les opérateurs économiques. Approchés début février dernier, par le président de la Cnpcici qui aurait sollicité leur participation au budget de la commémoration, les opérateurs auraient clairement opposé un niet catégorique à Pierre Kipré. Outre les opérateurs économiques, les opposants à la commémoration avec faste du cinquantenaire se recrutent dans les partis de l’opposition, notamment le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui soupçonne Laurent Gbagbo de privilégier le cinquantenaire du pays au détriment des élections de sortie de crise. « Les Ivoiriens sont invités à préparer et à célébrer avec faste, le cinquantenaire de leur Indépendance sur fond de plus de sept années de crise multiforme, avec ses corollaires que sont : les difficultés d’organisation des élections et l’illégitimité des Institutions de la République depuis cinq (5) ans (…). Mais plus grave encore, les ravages des délestages et des coupures d’eau en vigueur qui menacent dangereusement le tissu économique et le bien-être des populations. Dans cette situation des plus désolantes, une fête à coups de milliards est-elle nécessaire pour commémorer l’indépendance, là où une journée de réflexion suffit ? », s’était interrogé le maire, Nicolas Kouassi Akon, à la faveur d’un séminaire organisé le 10 mars dernier par la Commission nationale préparatoire du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire (Cnpcici). Cette passe d’arme entre le cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) et la Cnpcici n’est pas bon signe pour la fête puisque c’est dans cette même logique que s’inscrit le chef du gouvernement ivoirien. Dans une interview accordée, le lundi 5 avril dernier au panafricain, Jeune Afrique, Guillaume Soro a implicitement laissé entendre qu’il n’imagine pas la Côte d’Ivoire en train de célébrer son cinquantenaire sans élections. La Coalition pour le changement de comportement (Cpc), à l’image de plusieurs autres organisations de la société civile ne dit pas autre chose. « On ne fête pas l’anniversaire d’un enfant malade », proclame son président, Touré Mamadou. Comme on le voit, en dépit des sommes importantes qui seront dégagées, les festivités du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire risquent de ne pas connaître tout l’éclat souhaité vu que les élections que réclament une partie des Ivoiriens continuent chaque jour de s’éloigner un peu plus.

Marc Dossa
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