En attendant d'en faire le bilan exhaustif, la récente visite d'amitié et de travail du président sénégalais, Abdoulaye Wade aura permis de remettre en selle le Facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, Blaise Compaoré.
La double décision du chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo de ne pas s'associer au programme commun de commémoration des indépendances de 14 pays du continent africain et de ne pas se rendre le 14 juillet en France, est le signe que l'horizon des relations entre Paris et Abidjan est loin d'être dégagé. Une situation qui contraste avec le réchauffement des relations avec les Etats africains, notamment les voisins.
En moins d'un mois, Laurent Gbagbo, sans sourciller, a dit niet deux fois à son homologue français Nicolas Sarkozy. Le premier refus poli opposé par le chef de l'Etat ivoirien porte sur la participation de la Côte d'Ivoire, en l'occurrence, celle de son armée, à la célébration commune de l'anniversaire de l'accession des pays d'Afrique noire francophone à l'indépendance. La lettre d'invitation adressée par l'ancienne métropole, si l'on en croit Jacques Toubon, secrétaire général français du cinquantenaire des indépendances africaines, serait restée sans suite. « La Côte d'Ivoire entend célébrer seule ce cinquantenaire dans le cadre de sa politique nationale de refondation. C'est son choix souverain », a admis le 7 avril dernier, l'ancien ministre français de la Culture qui a révélé, à son corps défendant « ne pas avoir reçu de réponse" de Laurent Gbagbo. Même si de source proche du palais présidentiel à Abidjan, on assure que MM. Gbagbo et Sarkozy échangent fréquemment au téléphone, la réaction du numéro un ivoirien n'est guère surprenante. Elle s'inscrit parfaitement dans la logique de la vraie décolonisation de l'Afrique souhaitée par le successeur du général Robert Guéï. Passées les premières tentatives de rapprochement marquées par la visite à Abidjan de Bernard Kouchner et autres Alain Joyandet et Anne Marie Idrac, les propos de Nicolas Sarkozy et de son ministre des Affaires étrangères ont vite convaincu Laurent Gbagbo qu'il ne pourra pas compter sur les Français. Le dégel qui devrait se fêter sur l'autel d'élections « justes, transparentes et ouvertes à tous », a été remis à plus tard. Du fait que les remarques des autorités hexagonales sur le processus de sortie de crise ont, à chaque fois, été jugées inopportunes par le pouvoir de Laurent Gbagbo. C'est donc le plus normalement du monde que la seconde invitation venue de l'Elysée a essuyé le même refus poli de la part du chef de l'Etat ivoirien. Arguant que son pays n'en avait pas encore fini avec la crise qui la secoue depuis bientôt dix ans, Laurent Gbagbo a prévenu qu'il ne se rendra pas à la fête du 14 juillet prochain à Paris et au Sommet France-Afrique qui se tiendra du 31 mai au 1er juin à Nice. Selon une source diplomatique que nous avons contactée, hier, l'absence annoncée de Laurent Gbagbo aux côtés de ses pairs africains à la fête nationale française doit être perçue comme la conséquence de la non-participation de Nicolas Sarkozy aux célébrations des indépendances africaines, celui-ci ayant choisi de se faire représenter. S'agissant du sommet France-Afrique, la présence de M. Gbagbo aurait été jugée illogique dans la mesure où il est un redoutable adversaire de la France-Afrique.
C'est dans cette ambiance de tiédeur apparente dans les relations franco-ivoiriennes que l'ancien président du Front populaire ivoirien (Fpi) a décidé de normaliser la coopération entre son pays et plusieurs Etats africains, notamment en Afrique de l'Ouest. Ainsi, après avoir vidé le contentieux entre Abidjan et Ouagadougou où s'est déroulé le dialogue direct inter-ivoirien, Laurent Gbagbo a réussi à raviver son amitié avec le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade. Dans la même veine, son épouse, Simone Ehivet-Gbagbo est annoncée au Mali où elle va parler avec le président Amadou Toumani Touré. Au finish, Laurent Gbagbo qui a accédé au pouvoir en 2000, dans un environnement sous-régional peu favorable, aura réussi à rallier à sa cause, tous ses voisins.
Mais compte tenu des bonnes relations que ceux-ci entretiennent avec Paris, il n'est pas exclu qu'ils contribuent à faciliter le dialogue direct entre Gbagbo et Sarkozy. La récente visite du doyen, Abdoulaye Wade pourrait se lire sous ce prisme, analysent certains diplomates.
Marc Dossa
La double décision du chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo de ne pas s'associer au programme commun de commémoration des indépendances de 14 pays du continent africain et de ne pas se rendre le 14 juillet en France, est le signe que l'horizon des relations entre Paris et Abidjan est loin d'être dégagé. Une situation qui contraste avec le réchauffement des relations avec les Etats africains, notamment les voisins.
En moins d'un mois, Laurent Gbagbo, sans sourciller, a dit niet deux fois à son homologue français Nicolas Sarkozy. Le premier refus poli opposé par le chef de l'Etat ivoirien porte sur la participation de la Côte d'Ivoire, en l'occurrence, celle de son armée, à la célébration commune de l'anniversaire de l'accession des pays d'Afrique noire francophone à l'indépendance. La lettre d'invitation adressée par l'ancienne métropole, si l'on en croit Jacques Toubon, secrétaire général français du cinquantenaire des indépendances africaines, serait restée sans suite. « La Côte d'Ivoire entend célébrer seule ce cinquantenaire dans le cadre de sa politique nationale de refondation. C'est son choix souverain », a admis le 7 avril dernier, l'ancien ministre français de la Culture qui a révélé, à son corps défendant « ne pas avoir reçu de réponse" de Laurent Gbagbo. Même si de source proche du palais présidentiel à Abidjan, on assure que MM. Gbagbo et Sarkozy échangent fréquemment au téléphone, la réaction du numéro un ivoirien n'est guère surprenante. Elle s'inscrit parfaitement dans la logique de la vraie décolonisation de l'Afrique souhaitée par le successeur du général Robert Guéï. Passées les premières tentatives de rapprochement marquées par la visite à Abidjan de Bernard Kouchner et autres Alain Joyandet et Anne Marie Idrac, les propos de Nicolas Sarkozy et de son ministre des Affaires étrangères ont vite convaincu Laurent Gbagbo qu'il ne pourra pas compter sur les Français. Le dégel qui devrait se fêter sur l'autel d'élections « justes, transparentes et ouvertes à tous », a été remis à plus tard. Du fait que les remarques des autorités hexagonales sur le processus de sortie de crise ont, à chaque fois, été jugées inopportunes par le pouvoir de Laurent Gbagbo. C'est donc le plus normalement du monde que la seconde invitation venue de l'Elysée a essuyé le même refus poli de la part du chef de l'Etat ivoirien. Arguant que son pays n'en avait pas encore fini avec la crise qui la secoue depuis bientôt dix ans, Laurent Gbagbo a prévenu qu'il ne se rendra pas à la fête du 14 juillet prochain à Paris et au Sommet France-Afrique qui se tiendra du 31 mai au 1er juin à Nice. Selon une source diplomatique que nous avons contactée, hier, l'absence annoncée de Laurent Gbagbo aux côtés de ses pairs africains à la fête nationale française doit être perçue comme la conséquence de la non-participation de Nicolas Sarkozy aux célébrations des indépendances africaines, celui-ci ayant choisi de se faire représenter. S'agissant du sommet France-Afrique, la présence de M. Gbagbo aurait été jugée illogique dans la mesure où il est un redoutable adversaire de la France-Afrique.
C'est dans cette ambiance de tiédeur apparente dans les relations franco-ivoiriennes que l'ancien président du Front populaire ivoirien (Fpi) a décidé de normaliser la coopération entre son pays et plusieurs Etats africains, notamment en Afrique de l'Ouest. Ainsi, après avoir vidé le contentieux entre Abidjan et Ouagadougou où s'est déroulé le dialogue direct inter-ivoirien, Laurent Gbagbo a réussi à raviver son amitié avec le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade. Dans la même veine, son épouse, Simone Ehivet-Gbagbo est annoncée au Mali où elle va parler avec le président Amadou Toumani Touré. Au finish, Laurent Gbagbo qui a accédé au pouvoir en 2000, dans un environnement sous-régional peu favorable, aura réussi à rallier à sa cause, tous ses voisins.
Mais compte tenu des bonnes relations que ceux-ci entretiennent avec Paris, il n'est pas exclu qu'ils contribuent à faciliter le dialogue direct entre Gbagbo et Sarkozy. La récente visite du doyen, Abdoulaye Wade pourrait se lire sous ce prisme, analysent certains diplomates.
Marc Dossa