Vice-président du FPI, il est aussi un pion clé du régime de Laurent Gbagbo. Pour une fois qu`il rompt le silence, il passe en revue l`actualité nationale, notamment la fête de la liberté du FPI. Il a surtout expliqué et justifié pourquoi le régime FPI n`avait pas fait de cadeau aux militants du G7 qui avaient voulu marcher en mars 2004 pour soutenir l`accord de Marcoussis et aux militants du RHDP qui ont manifesté en février 2010.
Le sens de la fête dans le contexte socio-politique actuel ?
La fête de la liberté est la fête du souvenir, la fête du bilan et la fête de l`engagement. Se souvenir des femmes et des hommes qui, tout au long de l`histoire des peuples, ont refusé la fatalité et se sont lèvés pour dire non à l`autoritarisme et à l`intolérance. Faire le bilan des luttes menées au plan mondial, panafricain et ivoirien pour enraciner la démocratie, consolider la nation et créer la prospérité. Le Front populaire ivoirien (Fpi), parti à la fois critique et autocritique, fait, depuis le 30 avril 1991, le point de l`évolution de son combat pour les libertés.
Qu`attendez-vous de l`édition de cette année ?
Nous allons prendre un nouvel engagement au service des libertés et de la Côte d`Ivoire. Parce que la fête de la liberté est un moment de ressourcement, de retrouvailles et de mobilisation au service de la démocratie et de la liberté. Elle doit son succès et son audience au peuple ivoirien qui lui a donné sa légitimité dès la première édition, le 30 avril 1991, là où certains estimaient que la célébration de la liberté était inopportune, irresponsable même. La fête de la liberté est donc une victoire du peuple ivoirien. Pour le Fpi, elle est devenue une institution.
Même dans le contexte actuel ?
Oh, vous savez, le contexte socio-politique actuel est celui d`un interminable processus de sortie de crise qui n`a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Du fait de la crise militaro-politique infligée à notre pays, la Côte d`Ivoire, en 2002, le Fpi a suspendu la célébration de la fête de la liberté pour concentrer ses forces sur la défense du pays et des institutions de la république. Il s`est battu, aux côtés d`autres démocrates et républicains, en vue de recouvrer l`entièreté du territoire national. Enfin, il a mobilisé ses militantes et ses militants à la recherche de la paix pour remettre la Côte d`Ivoire sur la voie du développement et de la prospérité.
Mais le contexte politique actuel est aussi celui de la célébration du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire, des 20 ans du retour au multipartisme, des 10 ans de pouvoir du président Laurent Gbagbo. L`année 2010 est aussi et surtout perçue comme l`année de l`élection présidentielle. Je veux dire que le contexte politique actuel ne modifie en rien le sens de la fête de la liberté. Mais il donne encore plus l`occasion au Fpi de réaliser combien la liberté est fragile et précieuse et combien le combat pour la liberté doit être un combat chaque jour renouvèlé.
Pourquoi la célébrer à un moment où l`horizon n`est pas encore dégagé ?
En se tenant à une période où le pays s`interroge sur sa marche passée et la quête d`un avenir plus lumineux, la fête de la liberté offre au Fpi la formidable occasion de proposer, par anticipation, une réflexion globale sur lui-même, sur l`état de la nation et son avenir. Cette réflexion associera la dimension intellectuelle et la dimension culturelle et artistique. Elle permettra aux démocrates, cruellement nostalgiques de la fête de la liberté, de mieux appréhender les batailles à venir. Celles-ci ont pour noms : la réunification du pays par le désarmement et la restauration de l`autorité de l`Etat sur toute l`étendue du territoire national ; la confection d`une liste électorale propre, préalable à l`organisation d`élections justes et transparentes ; la victoire de notre candidat, le président Laurent Gbagbo, dès le premier tour de l`élection présidentielle. Le thème général de la fête de la liberté nous y invite : " gagner les élections pour une Côte d`Ivoire libre, indépendante et souveraine ".
Les ivoiriens ont le sentiment que le Fpi qui dit s`être battu pour l`avènement du multipartisme et la démocratie est devenu aujourd`hui le bourreau de cette démocratie. Qu`en pensez-vous ?
Cher monsieur, les Ivoiriens n`ont pas ce sentiment mais ils ont plutôt une grande maturité pour décoder les signaux politiques. Respectons leur capacité d`analyse de l`actualité nationale.
Vous savez, il est difficile de vouloir cacher le soleil avec la main. Tout comme l`on ne peut nier que le lièvre court vite même si on ne l`aime pas parce qu`il a de grandes oreilles. Le combat du Fpi et de son président fondateur, Laurent Gbagbo, est inscrit en encre indélébile dans les pages de l`histoire de la Côte d`Ivoire. Et c`est cette histoire-la qui sera enseignée demain à nos enfants.
Je vous répète que le Fpi et Laurent Gbagbo n`ont pas réduit le combat politique à l`occupation unique du poste de président de la république. Pour eux, " faire de la politique " est l`une des meilleures façons d`assurer le bien-être des populations, de leur apporter un supplément de bonheur. Et seule la démocratie peut apporter le développement et la prospérité. Le Fpi va donc emprunter le parcours initiatique qui débouche sur la démocratie. L`apprentissage, l`expérience, le savoir-faire et le savoir constituent les étapes de ce parcours. L`apprentissage exige une formation. L`expérience, elle, s`acquiert sur le terrain au contact des populations et dans la souffrance. Les souffrances de Laurent Gbagbo au service de la démocratie, dans l`opposition comme au pouvoir, appartiennent à l`histoire de l`humanité et elles ne sont contestées par personne. Dans l`opposition, la prison était pour lui une seconde famille. Il a connu les assignations à résidence, les humiliations, les quolibets et l`exil. Quand, en 1990, il a été candidat contre le président Houphouët-Boigny, certains le prenaient pour un fou. Au pouvoir, il n`a pas connu d`état de grâce mais un état d`action vigilante pour ne pas tomber en disgrâce. entre autres, retenons ces " concepts-valise " employés par les ennemis de la Côte d`Ivoire pour susciter la réprobation internationale contre le régime du président Gbagbo : " enfants-esclaves ", " charnier ", " escadrons de la mort ", " xénophobie ", " ivoirité ", "exclusion ", " guerre nord-sud ", " guerre de religion ", " impunité ", " président mal élu ", " cacao du sang ", " Hitler noir "… la coupe est loin d`être pleine. Laurent Gbagbo a également souffert de " son enfance de très pauvre ", des préjugés véhiculés sur son ethnie bété.
A votre avis, pourquoi toutes ces attaques s`il n`a rien fait ?
Je me pose aussi cette question. Pourquoi toutes ces attaques, tous ces déferlements de haine ? C`est parce que tout simplement Laurent Gbagbo a commis une faute congénitale. Alors que certains comptent sur l`argent ou sur les armes pour accéder au pouvoir, lui, a eu le tort de compter sur les peuples et les urnes. S`il n`est pas riche d`argent, il est riche de connaissances sur les peuples de Côte d`Ivoire.
Avec un tel leader, le Fpi ne pouvait que prendre une part décisive dans les changements démocratiques de la vie politique de notre pays. il a passé tous les examens de passage de la démocratie : transition pacifique à la démocratie, casser le parti unique et ses perversions, alternance politique, vote à 18 ans, urnes transparentes, bulletin unique, encre indélébile, transmission des procès-verbaux des résultats du scrutin aux représentants des différents candidats aux élections, commission électorale indépendante, présence des observateurs étrangers pour garantir la sincérité du scrutin.
Le Fpi a milité pour ce qui constitue à ses yeux le cœur de la démocratie : la liberté de la presse. Laurent Gbagbo est reste fidele à sa volonté maintes fois exprimée, de ne jamais emprisonner un journaliste pour délit d`opinion. Cela s`est traduit par la dépénalisation des délits de presse. Il a maintenu cet engagement même si la presse n`a pas toujours su faire preuve d`un sens élèvé de la responsabilité, d`une rigueur professionnelle exemplaire et d`un respect scrupuleux des règles déontologiques de la profession afin de garantir le devenir solidaire de la Côte d`Ivoire.
Derrière toutes ces intentions, est-ce que le Fpi ne cache pas une certaine tendance à l`extrémisme ? Par exemple, vous n`avez jamais participe à un gouvernement avec les autres avant le coup d`Etat…
Le Fpi a refusé d`entrer dans les différents gouvernements Pdci parce que ce parti foulait aux pieds les règles élémentaires de la démocratie. Souvenez-vous, le parti a protesté en 1991, 1992, 1993, au moment où le conseil national islamique (Cni) faisait des réunions dans les mosquées d`Adjamé pour sa création et que des grenades lacrymogènes étaient lancées contre les musulmans pour les vider, parce qu`on les considérait comme des étrangers.
Vous avez dit extrémisme ? Non, le Fpi s`est battu pour l`indépendance de la magistrature, le financement des partis politiques sur fonds publics, la suppression de la peine de mort, l`interdiction de contraindre un citoyen à l`exil. Le président Laurent Gbagbo, conformément à ses engagements, a procédé à l`ouverture politique, en 2000, à travers un gouvernement d`union nationale intégrant les forces politiques significatives du pays afin d`apaiser les tensions nées des différentes périodes de troubles. Les lois portant décentralisation territoriale, assurance-maladie universelle, école gratuite et obligatoire ont pour objet de renforcer la proximité, la cohésion, la justice sociale et la solidarité.
Le président Laurent Gbagbo a assuré la promotion des droits de l`homme avec la création d`une direction des droits de l`homme et d`une direction des Ivoiriens de l`étranger, la mise en place d`une commission nationale des droits de l`homme, la création d`un ministère délégué chargé des droits de l`homme, le rétablissement des salaires des enseignants raccrochés dans un souci de justice et d`équité, la ratification des traités internationaux sur le trafic des enfants et l`exploitation des enfants.
Le Fpi et son leader ont bien vite compris que la démocratie ne sera forte que par le dynamisme de la société civile. Au début de la ligue ivoirienne des droits de l`homme (Lidho), du mouvement ivoirien des femmes démocrates (Mifed), de l`association des parents d`élèves et d`étudiants de Côte d`Ivoire (Apeeci), de " qualité plus ", de " joyeux cœur ", du syndicat agricole de cote d`ivoire (Synag-ci), il y a le Fpi. Celui-ci a invité ses militants membres des syndicats et associations existants à l`époque a s`impliquer dans la plate-forme revendicative de ces forces sociales : le syndicat national de la recherche et de l`enseignement supérieur (Synares), le syndicat du secondaire (Synesci), le syndicat des étudiants (Fesci), les syndicats des travailleurs (Fesaci, Dignité, Syntras), le syndicat de l`information (Syninfo), le syndicat des transporteurs (Unitraci), le syndicat des médecins (Synacass-ci), le syndicat des postiers, (Synapostel). Ce mot d`ordre reste d`actualité.
Cette liste des conquêtes démocratiques du Fpi et de son leader, énumérée en vrac et qui est bien loin d`être exhaustive, indique clairement que le Fpi est toujours au cœur de la démocratie. Il ne peut donc en être le bourreau. Le Fpi victime de la démocratie ? Oui.
Le Fpi est victime de l`ancien régime et des forces aristocratiques qui n`ont jamais accepté de vivre en régime démocratique. Le Fpi est victime d`un coup d`Etat qui a mal tourné pour se transformer en une longue et pénible crise. Aussi n`a-t-il pas pu appliquer son programme de gouvernement afin de rendre au peuple le pouvoir qu`il lui a promis. Le Fpi est victime d`une conspiration multiforme qui ne tolère pas qu`un chef d`Etat africain puisse penser par lui-même et dans l`intérêt de ses populations.
Le Fpi n`est-il pas plutôt victime de sa mauvaise gestion du pouvoir ?
Oui, nous entendons constamment ce refrain. Il a souvent été reproché au Fpi d`être laxiste dans la gestion du pouvoir d`Etat. Certains ont même parlé de " coquetterie démocratique ".
Il faut noter qu`en matière de démocratie, il n`y a jamais d`excès. Le problème est celui de l`approfondissement de la démocratie, la consolidation du pouvoir d`Etat afin que la loi soit respectée, l`autorité de l`Etat confortée et toutes velléités de violation des lois républicaines et des principes démocratiques dissuadées. Sur ces points, il est juste de reconnaitre que les conditions politiques de notre accession au pouvoir, la situation économique de la Côte d`Ivoire, n`ont guère permis au Fpi d`hériter d`un pouvoir fort disposant des moyens nécessaires pour faire respecter la loi. Toujours est-il qu`il n`est pas sain de faire de la victime un bourreau.
Cher monsieur, dans l`opposition, le Fpi a offert la paix au Pdci en respectant les lois et règlements en vigueur, en œuvrant à l`application scrupuleuse de ses slogans bien connus : " asseyons-nous et discutons " ; " doucement, doucement, nous sommes pressés ". Une fois le Fpi au pouvoir, l`" opposition " coalisée au sein du g7 d`abord, puis du Rhdp ensuite, a déclaré la guerre au Fpi et à son président-fondateur. Le peuple ivoirien, lui, a de la mémoire. Il sait qui s`est battu et a souffert pour qu`il ait le droit à la parole. Le moment venu, il saura se déterminer en conséquence.
Peut-on se réclamer "enfant des élections" et passer dix ans sans élection ?
Mais monsieur le journaliste, pourquoi participez-vous à consolider cette omerta, cette conspiration du silence autour de la guerre et de ses effets dévastateurs ? Pourquoi ? Voyez-vous, le président Laurent Gbagbo a choisi la démocratie. Il a choisi la démocratie comme il a choisi les diplômes pour les études. Parce que si les diplômes s`achetaient, lui qui a connu " une enfance très pauvre " ne serait jamais diplômé. Si on donnait le pouvoir par héritage, il n`allait jamais être président de la république. Son père n`était pas président, il n`était pas roi. Laurent Gbagbo n`est pas issu d`une famille monarchique. Il a fait l`armée mais le président Houphouët-Boigny n`a pas voulu qu`il y fasse carrière. Il n`a pas de réseaux d`influence. Il n`a pas de relations solides. Il ne prend pas le the avec les puissants de ce monde. C`est la compétition électorale sanctionnée par le verdict des urnes qui lui a permis d`abord d`être député de Ouragahio puis d`accéder au pouvoir. Pour lui, les élections sont la seule voie pour accéder au pouvoir. Pour devenir président de la république, il faut mouiller le maillot, affronter les contraintes d`une campagne électorale, convaincre les électeurs. C`est pourquoi Laurent Gbagbo a toujours été oppose a toute forme d`arrangement politique qui consiste à donner le pays a un individu qui ne le mérite pas. Pour lui, ne peut accéder à la magistrature suprême en Côte d`Ivoire que toute personne ayant bénéficié du suffrage du peuple selon les dispositions constitutionnelles. C`est dans cette logique qu`il a refusé en 1990, la conférence nationale dont le couronnement devait être la désignation d`un président consensuel pour conduire le processus du multipartisme naissant à l`époque, vers les élections.
Cher monsieur, le président Laurent Gbagbo est bel et bien un enfant des élections. Et cet enfant des élections que l`on devait célébrer a trouvé sur son chemin des enfants des violences, des enfants du coup d`Etat militaro-politique qui est l`art de vouloir prendre le plus court chemin pour accéder au pouvoir.
Alors, pourquoi toutes ces années sans élection ?
Souvenez-vous d`abord que la dernière élection qui a eu lieu, après l`élection du président Gbagbo, date du 7 juillet 2002. C`était les élections des conseils généraux. C`était en temps normal. Cela fait donc 8 ans et non 10 ans comme vous le demandiez plus haut. Pour l`histoire, cette précision est importante.
Quand le président Gbagbo a été élu en octobre 2000, les élections législatives ont été organisées en décembre de la même année. Les élections municipales en mars 2001 et, enfin, comme indique plus haut, les élections des conseils généraux en juillet 2002. On attendait donc paisiblement l`élection présidentielle d`octobre 2005, quand certains ont déclaré qu`ils n`attendraient pas 2005 pour rebondir et qu`ils rendraient ce pays ingouvernable. Et c`est ça que nous vivons depuis 8 ans.
Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d`Ivoire est plongée dans une grave crise consécutive à une sale guerre et une partie du territoire est occupée par une rébellion armée. Le président Gbagbo pour réunir les conditions d`un retour rapide à la normale s`est effacé au profit des intérêts de la nation en acceptant toutes les revendications de la rébellion. La seule chose qu`on demande à ceux qui ont pris les armes c`est le désarmement en vue de la réunification de notre pays ; un des obstacles à lever avant l`organisation des élections. Et l`on attend toujours le désarmement comme l`on attend godo.
Dans ces conditions, pensez-vous que l`on aura ces élections un jour ?
Pourquoi en doutez-vous ? Finissons-en avec le désarmement et la fixation de la date des élections coulera de source puisque celles-ci doivent avoir lieu deux mois après le désarmement. Veut-on ruser avec le désarmement afin d`obtenir le " pourrissement " de la situation et, la lassitude aidant, organiser des élections sans désarmement ? Ce serait l`erreur à ne pas commettre.
Cher monsieur, les différents accords (de Marcoussis à Ouagadougou) réaffirment leur attachement à la constitution, à l`indépendance, à la souveraineté, à l`unité et l`intégrité territoriales de la Côte d`Ivoire. Et l`article 39 de la constitution est explicite : " Les pouvoirs du président de la république en exercice expirent à la date de prise de fonction du président élu laquelle a lieu dès la prestation de serment… ". Donc s`il n`y a pas d`élections depuis 8 ans, ce n`est pas par la faute du Fpi. C`est par la faute de ceux qui ont amené la guerre dans ce pays. Il s`agit de ceux qui pensent, à tort, que quelqu`un qui n`en a pas droit leur a usurpé l`héritage que leur a légué leur père, le président Houphouët-Boigny ; convaincus qu`ils ne peuvent pas reconquérir le pouvoir par la voie des urnes, ils ont amené la guerre espérant revenir au pouvoir par la force. C`est donc cette guerre qui empêche la tenue des élections et non le Fpi, encore moins le président Gbagbo, qui sont plutôt des victimes.
Mais que fait concretement le Fpi pour que l`on ait ces élections ?
Parce que le président Laurent Gbagbo est un enfant des élections, depuis l`éclatement de la crise, il se bat de toutes ses forces pour que la Côte d`Ivoire retrouve la paix et qu`on organise les élections le plus tôt possible. Et pour aller vite, il avait proposé qu`on prenne pour base la liste électorale de l`an 2000, avec laquelle chacun des trois principaux partis a gagné une élection. Et ce sont ceux qui font semblant de vouloir des élections rapidement, qui ont demandé un nouvel operateur technique en l`occurrence la Sagem security, pour la confection d`une nouvelle liste électorale parce qu`ils disent n`avoir pas confiance en l`institut national de la statistique (Ins). C`est donc le temps pris par la confection de cette liste qui est à l` origine des reports successifs de l`élection présidentielle. Si on avait accepté la proposition du président Gbagbo, on aurait déjà terminé la confection de la liste électorale, tout le monde aurait ensuite fait pression sur les ex-rebelles pour qu`ils désarment et on aurait déjà fait les élections.
C`est d`ailleurs le président Gbagbo qui a dit qu`on sortira définitivement de la crise par les élections. Difficile donc de dire que le président Gbagbo ne veut pas des élections. Le président Gbagbo s`évertue à faire comprendre aux hommes politiques que le temps des coups d`Etat est révolu et que seules les élections doivent conduire à la présidence de la république. Il se bat pour que les élections prennent définitivement le pas sur les coups d`Etat en Afrique. C`est tout le sens de son combat.
Peut-on célébrer la liberté et la démocratie dans un pays, quand dans ce même pays on empêche une partie de la population à manifester, quand on tire à balles réelles sur certains ivoiriens qui ne réclament que des élections ?
Ecoutez, en s`en tenant à l`actualité politique récente, nous retiendrons trois manifestations de " l`opposition " dont deux étaient de véritables insurrections. Le premier mouvement insurrectionnel est intervenu le 25 mars 2004. Ce jour-la, l`" opposition " alliée à la rébellion dans une union appelée G7 a appelé à une manifestation pour, disait-elle, réclamer l`application intégrale de l`accord de Marcoussis. A ce moment-là, la rébellion narguait encore le pouvoir en place et la Côte d`Ivoire était coupée en deux. De plus les marches avaient été interdites la demande même de la même opposition qui voulait amener ainsi les patriotes qui défendaient la république à quitter la rue. Mais malgré cette interdiction et l`intervention de plusieurs hautes personnalités dont l`ex-président ghanéen, le G7 avait maintenu sa marche insurrectionnelle. En réalité, l`objectif inavoué de cette marche était de permettre à la rébellion de prendre Abidjan en vue de réaliser un coup d`Etat. Les manifestants armés ont tué deux policiers et 23 civils. Vous convenez donc avec moi qu`il ne s`agissait pas d`une marche pacifique et que les manifestants ne réclamaient pas des élections comme vous l`affirmez. Il s`agissait plutôt d`une autre tentative de coup d`Etat qui avait une fois encore connu l`échec.
Et le deuxième évènement ?
Le deuxième mouvement insurrectionnel a été lancé après la double dissolution de la Cei et du gouvernement le 12 février 2010. L`opposition par la voix de M. Djédjé Mady, avait demandé a ses militants de ne plus reconnaitre le président Gbagbo comme président de la république et de le faire partir " par tous les moyens ". Les jeunes du Rhdp ont donc mis à exécution les instructions données par les premiers responsables de leurs partis pour brûler, casser et détruire les édifices publics et les biens privés. Là aussi, ils ne réclamaient pas les élections comme vous l`affirmez.
Enfin, la seule marche républicaine organisée a été celle des jeunes du Rhdp qui réclamaient, selon eux, la libération de la télévision. Cette marche a eu lieu dans les normes et a été encadrée par les forces de l`ordre sans aucun incident.
La vérité est que ce que vous appelez opposition, à coups de manifestations intempestives et illégales, veut pousser le démocrate Laurent Gbagbo à la faute afin de voir la réalisation de leur rêve éveillé : La comparution du président devant le tribunal pénal international. Aussi se livre-t-elle à une comptabilité macabre en renchérissant sur le nombre des victimes, en travestissant les circonstances dans lesquelles les différents événements sont survenus afin de faire porter par le pouvoir tout le poids des responsabilités. L`"opposition" allume le feu et crie à l`incendie. C`est connu en sociologie politique : on crie au loup alors qu`on est soi-même le loup. Il est démoniaque de mettre des cadavres au cœur d`une stratégie de conquête du pouvoir. Dans une république, toute vie doit être protégée. Quand, il y a mort d`homme à la suite de manifestations, ou pour toute autre cause accidentelle, seule une enquête rigoureuse peut situer les responsabilités. Laissons donc la justice suivre son cours.
La Côte d`Ivoire est notre pays à tous. Cherchons donc à la préserver ensemble en respectant les lois que nous nous sommes données. Tous nous y gagnons, opposition comme pouvoir. Tout homme politique responsable doit savoir que lorsqu`il est dans l`opposition, il ne doit parler et agir qu`en ayant conscience du fait que demain il sera au pouvoir. Et lorsqu`il est au pouvoir, il ne doit parler et agir qu`en ayant conscience du fait que demain il sera dans l`opposition. Parce que s`il faisait n`importe quoi, demain, on serait tenté de faire de même à son égard. (Edgar Pisani, dans son discours de clôture du colloque sur l`agriculture organisé en 1993 par la fondation Jean Jaurès et le Fpi).
Vous avez décide de reprendre la célébration de la fête de la liberté, l`année du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire. Cela dénote-t-il d`une simple coïncidence ou d`un opportunisme politique ?
Les raisons de la célébration de la " fête de la liberté " sont connues : la fête se situe au confluent des 50 ans de l`indépendance de la Côte d`Ivoire, des 20 ans du retour au multipartisme, des 10 ans de l`accession au pouvoir du président Gbagbo. L`année 2010 est également perçue comme l`année de l`élection présidentielle.
Le thème général de la fête de la liberté 2010 est " Gagner les élections pour une Côte d`Ivoire libre, indépendante et souveraine ". Il résume fort bien les deux événements majeurs de l`année 2010 à savoir : l`organisation du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire et des élections générales. Ces deux événements constituent des défis importants pour la cote d`ivoire et le Fpi. L`un est une rétrôspective sur 50 ans d`indépendance et l`autre pourrait ouvrir la voie à un meilleur futur pour le pays. Dans son combat pour la liberté, le Fpi doit réfléchir pour savoir d`où il vient et où il va. Doit-on enlever a un parti politique ce devoir de questionnement ?
Interview réalisée par
JULES CLAVER AKA
Le sens de la fête dans le contexte socio-politique actuel ?
La fête de la liberté est la fête du souvenir, la fête du bilan et la fête de l`engagement. Se souvenir des femmes et des hommes qui, tout au long de l`histoire des peuples, ont refusé la fatalité et se sont lèvés pour dire non à l`autoritarisme et à l`intolérance. Faire le bilan des luttes menées au plan mondial, panafricain et ivoirien pour enraciner la démocratie, consolider la nation et créer la prospérité. Le Front populaire ivoirien (Fpi), parti à la fois critique et autocritique, fait, depuis le 30 avril 1991, le point de l`évolution de son combat pour les libertés.
Qu`attendez-vous de l`édition de cette année ?
Nous allons prendre un nouvel engagement au service des libertés et de la Côte d`Ivoire. Parce que la fête de la liberté est un moment de ressourcement, de retrouvailles et de mobilisation au service de la démocratie et de la liberté. Elle doit son succès et son audience au peuple ivoirien qui lui a donné sa légitimité dès la première édition, le 30 avril 1991, là où certains estimaient que la célébration de la liberté était inopportune, irresponsable même. La fête de la liberté est donc une victoire du peuple ivoirien. Pour le Fpi, elle est devenue une institution.
Même dans le contexte actuel ?
Oh, vous savez, le contexte socio-politique actuel est celui d`un interminable processus de sortie de crise qui n`a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Du fait de la crise militaro-politique infligée à notre pays, la Côte d`Ivoire, en 2002, le Fpi a suspendu la célébration de la fête de la liberté pour concentrer ses forces sur la défense du pays et des institutions de la république. Il s`est battu, aux côtés d`autres démocrates et républicains, en vue de recouvrer l`entièreté du territoire national. Enfin, il a mobilisé ses militantes et ses militants à la recherche de la paix pour remettre la Côte d`Ivoire sur la voie du développement et de la prospérité.
Mais le contexte politique actuel est aussi celui de la célébration du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire, des 20 ans du retour au multipartisme, des 10 ans de pouvoir du président Laurent Gbagbo. L`année 2010 est aussi et surtout perçue comme l`année de l`élection présidentielle. Je veux dire que le contexte politique actuel ne modifie en rien le sens de la fête de la liberté. Mais il donne encore plus l`occasion au Fpi de réaliser combien la liberté est fragile et précieuse et combien le combat pour la liberté doit être un combat chaque jour renouvèlé.
Pourquoi la célébrer à un moment où l`horizon n`est pas encore dégagé ?
En se tenant à une période où le pays s`interroge sur sa marche passée et la quête d`un avenir plus lumineux, la fête de la liberté offre au Fpi la formidable occasion de proposer, par anticipation, une réflexion globale sur lui-même, sur l`état de la nation et son avenir. Cette réflexion associera la dimension intellectuelle et la dimension culturelle et artistique. Elle permettra aux démocrates, cruellement nostalgiques de la fête de la liberté, de mieux appréhender les batailles à venir. Celles-ci ont pour noms : la réunification du pays par le désarmement et la restauration de l`autorité de l`Etat sur toute l`étendue du territoire national ; la confection d`une liste électorale propre, préalable à l`organisation d`élections justes et transparentes ; la victoire de notre candidat, le président Laurent Gbagbo, dès le premier tour de l`élection présidentielle. Le thème général de la fête de la liberté nous y invite : " gagner les élections pour une Côte d`Ivoire libre, indépendante et souveraine ".
Les ivoiriens ont le sentiment que le Fpi qui dit s`être battu pour l`avènement du multipartisme et la démocratie est devenu aujourd`hui le bourreau de cette démocratie. Qu`en pensez-vous ?
Cher monsieur, les Ivoiriens n`ont pas ce sentiment mais ils ont plutôt une grande maturité pour décoder les signaux politiques. Respectons leur capacité d`analyse de l`actualité nationale.
Vous savez, il est difficile de vouloir cacher le soleil avec la main. Tout comme l`on ne peut nier que le lièvre court vite même si on ne l`aime pas parce qu`il a de grandes oreilles. Le combat du Fpi et de son président fondateur, Laurent Gbagbo, est inscrit en encre indélébile dans les pages de l`histoire de la Côte d`Ivoire. Et c`est cette histoire-la qui sera enseignée demain à nos enfants.
Je vous répète que le Fpi et Laurent Gbagbo n`ont pas réduit le combat politique à l`occupation unique du poste de président de la république. Pour eux, " faire de la politique " est l`une des meilleures façons d`assurer le bien-être des populations, de leur apporter un supplément de bonheur. Et seule la démocratie peut apporter le développement et la prospérité. Le Fpi va donc emprunter le parcours initiatique qui débouche sur la démocratie. L`apprentissage, l`expérience, le savoir-faire et le savoir constituent les étapes de ce parcours. L`apprentissage exige une formation. L`expérience, elle, s`acquiert sur le terrain au contact des populations et dans la souffrance. Les souffrances de Laurent Gbagbo au service de la démocratie, dans l`opposition comme au pouvoir, appartiennent à l`histoire de l`humanité et elles ne sont contestées par personne. Dans l`opposition, la prison était pour lui une seconde famille. Il a connu les assignations à résidence, les humiliations, les quolibets et l`exil. Quand, en 1990, il a été candidat contre le président Houphouët-Boigny, certains le prenaient pour un fou. Au pouvoir, il n`a pas connu d`état de grâce mais un état d`action vigilante pour ne pas tomber en disgrâce. entre autres, retenons ces " concepts-valise " employés par les ennemis de la Côte d`Ivoire pour susciter la réprobation internationale contre le régime du président Gbagbo : " enfants-esclaves ", " charnier ", " escadrons de la mort ", " xénophobie ", " ivoirité ", "exclusion ", " guerre nord-sud ", " guerre de religion ", " impunité ", " président mal élu ", " cacao du sang ", " Hitler noir "… la coupe est loin d`être pleine. Laurent Gbagbo a également souffert de " son enfance de très pauvre ", des préjugés véhiculés sur son ethnie bété.
A votre avis, pourquoi toutes ces attaques s`il n`a rien fait ?
Je me pose aussi cette question. Pourquoi toutes ces attaques, tous ces déferlements de haine ? C`est parce que tout simplement Laurent Gbagbo a commis une faute congénitale. Alors que certains comptent sur l`argent ou sur les armes pour accéder au pouvoir, lui, a eu le tort de compter sur les peuples et les urnes. S`il n`est pas riche d`argent, il est riche de connaissances sur les peuples de Côte d`Ivoire.
Avec un tel leader, le Fpi ne pouvait que prendre une part décisive dans les changements démocratiques de la vie politique de notre pays. il a passé tous les examens de passage de la démocratie : transition pacifique à la démocratie, casser le parti unique et ses perversions, alternance politique, vote à 18 ans, urnes transparentes, bulletin unique, encre indélébile, transmission des procès-verbaux des résultats du scrutin aux représentants des différents candidats aux élections, commission électorale indépendante, présence des observateurs étrangers pour garantir la sincérité du scrutin.
Le Fpi a milité pour ce qui constitue à ses yeux le cœur de la démocratie : la liberté de la presse. Laurent Gbagbo est reste fidele à sa volonté maintes fois exprimée, de ne jamais emprisonner un journaliste pour délit d`opinion. Cela s`est traduit par la dépénalisation des délits de presse. Il a maintenu cet engagement même si la presse n`a pas toujours su faire preuve d`un sens élèvé de la responsabilité, d`une rigueur professionnelle exemplaire et d`un respect scrupuleux des règles déontologiques de la profession afin de garantir le devenir solidaire de la Côte d`Ivoire.
Derrière toutes ces intentions, est-ce que le Fpi ne cache pas une certaine tendance à l`extrémisme ? Par exemple, vous n`avez jamais participe à un gouvernement avec les autres avant le coup d`Etat…
Le Fpi a refusé d`entrer dans les différents gouvernements Pdci parce que ce parti foulait aux pieds les règles élémentaires de la démocratie. Souvenez-vous, le parti a protesté en 1991, 1992, 1993, au moment où le conseil national islamique (Cni) faisait des réunions dans les mosquées d`Adjamé pour sa création et que des grenades lacrymogènes étaient lancées contre les musulmans pour les vider, parce qu`on les considérait comme des étrangers.
Vous avez dit extrémisme ? Non, le Fpi s`est battu pour l`indépendance de la magistrature, le financement des partis politiques sur fonds publics, la suppression de la peine de mort, l`interdiction de contraindre un citoyen à l`exil. Le président Laurent Gbagbo, conformément à ses engagements, a procédé à l`ouverture politique, en 2000, à travers un gouvernement d`union nationale intégrant les forces politiques significatives du pays afin d`apaiser les tensions nées des différentes périodes de troubles. Les lois portant décentralisation territoriale, assurance-maladie universelle, école gratuite et obligatoire ont pour objet de renforcer la proximité, la cohésion, la justice sociale et la solidarité.
Le président Laurent Gbagbo a assuré la promotion des droits de l`homme avec la création d`une direction des droits de l`homme et d`une direction des Ivoiriens de l`étranger, la mise en place d`une commission nationale des droits de l`homme, la création d`un ministère délégué chargé des droits de l`homme, le rétablissement des salaires des enseignants raccrochés dans un souci de justice et d`équité, la ratification des traités internationaux sur le trafic des enfants et l`exploitation des enfants.
Le Fpi et son leader ont bien vite compris que la démocratie ne sera forte que par le dynamisme de la société civile. Au début de la ligue ivoirienne des droits de l`homme (Lidho), du mouvement ivoirien des femmes démocrates (Mifed), de l`association des parents d`élèves et d`étudiants de Côte d`Ivoire (Apeeci), de " qualité plus ", de " joyeux cœur ", du syndicat agricole de cote d`ivoire (Synag-ci), il y a le Fpi. Celui-ci a invité ses militants membres des syndicats et associations existants à l`époque a s`impliquer dans la plate-forme revendicative de ces forces sociales : le syndicat national de la recherche et de l`enseignement supérieur (Synares), le syndicat du secondaire (Synesci), le syndicat des étudiants (Fesci), les syndicats des travailleurs (Fesaci, Dignité, Syntras), le syndicat de l`information (Syninfo), le syndicat des transporteurs (Unitraci), le syndicat des médecins (Synacass-ci), le syndicat des postiers, (Synapostel). Ce mot d`ordre reste d`actualité.
Cette liste des conquêtes démocratiques du Fpi et de son leader, énumérée en vrac et qui est bien loin d`être exhaustive, indique clairement que le Fpi est toujours au cœur de la démocratie. Il ne peut donc en être le bourreau. Le Fpi victime de la démocratie ? Oui.
Le Fpi est victime de l`ancien régime et des forces aristocratiques qui n`ont jamais accepté de vivre en régime démocratique. Le Fpi est victime d`un coup d`Etat qui a mal tourné pour se transformer en une longue et pénible crise. Aussi n`a-t-il pas pu appliquer son programme de gouvernement afin de rendre au peuple le pouvoir qu`il lui a promis. Le Fpi est victime d`une conspiration multiforme qui ne tolère pas qu`un chef d`Etat africain puisse penser par lui-même et dans l`intérêt de ses populations.
Le Fpi n`est-il pas plutôt victime de sa mauvaise gestion du pouvoir ?
Oui, nous entendons constamment ce refrain. Il a souvent été reproché au Fpi d`être laxiste dans la gestion du pouvoir d`Etat. Certains ont même parlé de " coquetterie démocratique ".
Il faut noter qu`en matière de démocratie, il n`y a jamais d`excès. Le problème est celui de l`approfondissement de la démocratie, la consolidation du pouvoir d`Etat afin que la loi soit respectée, l`autorité de l`Etat confortée et toutes velléités de violation des lois républicaines et des principes démocratiques dissuadées. Sur ces points, il est juste de reconnaitre que les conditions politiques de notre accession au pouvoir, la situation économique de la Côte d`Ivoire, n`ont guère permis au Fpi d`hériter d`un pouvoir fort disposant des moyens nécessaires pour faire respecter la loi. Toujours est-il qu`il n`est pas sain de faire de la victime un bourreau.
Cher monsieur, dans l`opposition, le Fpi a offert la paix au Pdci en respectant les lois et règlements en vigueur, en œuvrant à l`application scrupuleuse de ses slogans bien connus : " asseyons-nous et discutons " ; " doucement, doucement, nous sommes pressés ". Une fois le Fpi au pouvoir, l`" opposition " coalisée au sein du g7 d`abord, puis du Rhdp ensuite, a déclaré la guerre au Fpi et à son président-fondateur. Le peuple ivoirien, lui, a de la mémoire. Il sait qui s`est battu et a souffert pour qu`il ait le droit à la parole. Le moment venu, il saura se déterminer en conséquence.
Peut-on se réclamer "enfant des élections" et passer dix ans sans élection ?
Mais monsieur le journaliste, pourquoi participez-vous à consolider cette omerta, cette conspiration du silence autour de la guerre et de ses effets dévastateurs ? Pourquoi ? Voyez-vous, le président Laurent Gbagbo a choisi la démocratie. Il a choisi la démocratie comme il a choisi les diplômes pour les études. Parce que si les diplômes s`achetaient, lui qui a connu " une enfance très pauvre " ne serait jamais diplômé. Si on donnait le pouvoir par héritage, il n`allait jamais être président de la république. Son père n`était pas président, il n`était pas roi. Laurent Gbagbo n`est pas issu d`une famille monarchique. Il a fait l`armée mais le président Houphouët-Boigny n`a pas voulu qu`il y fasse carrière. Il n`a pas de réseaux d`influence. Il n`a pas de relations solides. Il ne prend pas le the avec les puissants de ce monde. C`est la compétition électorale sanctionnée par le verdict des urnes qui lui a permis d`abord d`être député de Ouragahio puis d`accéder au pouvoir. Pour lui, les élections sont la seule voie pour accéder au pouvoir. Pour devenir président de la république, il faut mouiller le maillot, affronter les contraintes d`une campagne électorale, convaincre les électeurs. C`est pourquoi Laurent Gbagbo a toujours été oppose a toute forme d`arrangement politique qui consiste à donner le pays a un individu qui ne le mérite pas. Pour lui, ne peut accéder à la magistrature suprême en Côte d`Ivoire que toute personne ayant bénéficié du suffrage du peuple selon les dispositions constitutionnelles. C`est dans cette logique qu`il a refusé en 1990, la conférence nationale dont le couronnement devait être la désignation d`un président consensuel pour conduire le processus du multipartisme naissant à l`époque, vers les élections.
Cher monsieur, le président Laurent Gbagbo est bel et bien un enfant des élections. Et cet enfant des élections que l`on devait célébrer a trouvé sur son chemin des enfants des violences, des enfants du coup d`Etat militaro-politique qui est l`art de vouloir prendre le plus court chemin pour accéder au pouvoir.
Alors, pourquoi toutes ces années sans élection ?
Souvenez-vous d`abord que la dernière élection qui a eu lieu, après l`élection du président Gbagbo, date du 7 juillet 2002. C`était les élections des conseils généraux. C`était en temps normal. Cela fait donc 8 ans et non 10 ans comme vous le demandiez plus haut. Pour l`histoire, cette précision est importante.
Quand le président Gbagbo a été élu en octobre 2000, les élections législatives ont été organisées en décembre de la même année. Les élections municipales en mars 2001 et, enfin, comme indique plus haut, les élections des conseils généraux en juillet 2002. On attendait donc paisiblement l`élection présidentielle d`octobre 2005, quand certains ont déclaré qu`ils n`attendraient pas 2005 pour rebondir et qu`ils rendraient ce pays ingouvernable. Et c`est ça que nous vivons depuis 8 ans.
Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d`Ivoire est plongée dans une grave crise consécutive à une sale guerre et une partie du territoire est occupée par une rébellion armée. Le président Gbagbo pour réunir les conditions d`un retour rapide à la normale s`est effacé au profit des intérêts de la nation en acceptant toutes les revendications de la rébellion. La seule chose qu`on demande à ceux qui ont pris les armes c`est le désarmement en vue de la réunification de notre pays ; un des obstacles à lever avant l`organisation des élections. Et l`on attend toujours le désarmement comme l`on attend godo.
Dans ces conditions, pensez-vous que l`on aura ces élections un jour ?
Pourquoi en doutez-vous ? Finissons-en avec le désarmement et la fixation de la date des élections coulera de source puisque celles-ci doivent avoir lieu deux mois après le désarmement. Veut-on ruser avec le désarmement afin d`obtenir le " pourrissement " de la situation et, la lassitude aidant, organiser des élections sans désarmement ? Ce serait l`erreur à ne pas commettre.
Cher monsieur, les différents accords (de Marcoussis à Ouagadougou) réaffirment leur attachement à la constitution, à l`indépendance, à la souveraineté, à l`unité et l`intégrité territoriales de la Côte d`Ivoire. Et l`article 39 de la constitution est explicite : " Les pouvoirs du président de la république en exercice expirent à la date de prise de fonction du président élu laquelle a lieu dès la prestation de serment… ". Donc s`il n`y a pas d`élections depuis 8 ans, ce n`est pas par la faute du Fpi. C`est par la faute de ceux qui ont amené la guerre dans ce pays. Il s`agit de ceux qui pensent, à tort, que quelqu`un qui n`en a pas droit leur a usurpé l`héritage que leur a légué leur père, le président Houphouët-Boigny ; convaincus qu`ils ne peuvent pas reconquérir le pouvoir par la voie des urnes, ils ont amené la guerre espérant revenir au pouvoir par la force. C`est donc cette guerre qui empêche la tenue des élections et non le Fpi, encore moins le président Gbagbo, qui sont plutôt des victimes.
Mais que fait concretement le Fpi pour que l`on ait ces élections ?
Parce que le président Laurent Gbagbo est un enfant des élections, depuis l`éclatement de la crise, il se bat de toutes ses forces pour que la Côte d`Ivoire retrouve la paix et qu`on organise les élections le plus tôt possible. Et pour aller vite, il avait proposé qu`on prenne pour base la liste électorale de l`an 2000, avec laquelle chacun des trois principaux partis a gagné une élection. Et ce sont ceux qui font semblant de vouloir des élections rapidement, qui ont demandé un nouvel operateur technique en l`occurrence la Sagem security, pour la confection d`une nouvelle liste électorale parce qu`ils disent n`avoir pas confiance en l`institut national de la statistique (Ins). C`est donc le temps pris par la confection de cette liste qui est à l` origine des reports successifs de l`élection présidentielle. Si on avait accepté la proposition du président Gbagbo, on aurait déjà terminé la confection de la liste électorale, tout le monde aurait ensuite fait pression sur les ex-rebelles pour qu`ils désarment et on aurait déjà fait les élections.
C`est d`ailleurs le président Gbagbo qui a dit qu`on sortira définitivement de la crise par les élections. Difficile donc de dire que le président Gbagbo ne veut pas des élections. Le président Gbagbo s`évertue à faire comprendre aux hommes politiques que le temps des coups d`Etat est révolu et que seules les élections doivent conduire à la présidence de la république. Il se bat pour que les élections prennent définitivement le pas sur les coups d`Etat en Afrique. C`est tout le sens de son combat.
Peut-on célébrer la liberté et la démocratie dans un pays, quand dans ce même pays on empêche une partie de la population à manifester, quand on tire à balles réelles sur certains ivoiriens qui ne réclament que des élections ?
Ecoutez, en s`en tenant à l`actualité politique récente, nous retiendrons trois manifestations de " l`opposition " dont deux étaient de véritables insurrections. Le premier mouvement insurrectionnel est intervenu le 25 mars 2004. Ce jour-la, l`" opposition " alliée à la rébellion dans une union appelée G7 a appelé à une manifestation pour, disait-elle, réclamer l`application intégrale de l`accord de Marcoussis. A ce moment-là, la rébellion narguait encore le pouvoir en place et la Côte d`Ivoire était coupée en deux. De plus les marches avaient été interdites la demande même de la même opposition qui voulait amener ainsi les patriotes qui défendaient la république à quitter la rue. Mais malgré cette interdiction et l`intervention de plusieurs hautes personnalités dont l`ex-président ghanéen, le G7 avait maintenu sa marche insurrectionnelle. En réalité, l`objectif inavoué de cette marche était de permettre à la rébellion de prendre Abidjan en vue de réaliser un coup d`Etat. Les manifestants armés ont tué deux policiers et 23 civils. Vous convenez donc avec moi qu`il ne s`agissait pas d`une marche pacifique et que les manifestants ne réclamaient pas des élections comme vous l`affirmez. Il s`agissait plutôt d`une autre tentative de coup d`Etat qui avait une fois encore connu l`échec.
Et le deuxième évènement ?
Le deuxième mouvement insurrectionnel a été lancé après la double dissolution de la Cei et du gouvernement le 12 février 2010. L`opposition par la voix de M. Djédjé Mady, avait demandé a ses militants de ne plus reconnaitre le président Gbagbo comme président de la république et de le faire partir " par tous les moyens ". Les jeunes du Rhdp ont donc mis à exécution les instructions données par les premiers responsables de leurs partis pour brûler, casser et détruire les édifices publics et les biens privés. Là aussi, ils ne réclamaient pas les élections comme vous l`affirmez.
Enfin, la seule marche républicaine organisée a été celle des jeunes du Rhdp qui réclamaient, selon eux, la libération de la télévision. Cette marche a eu lieu dans les normes et a été encadrée par les forces de l`ordre sans aucun incident.
La vérité est que ce que vous appelez opposition, à coups de manifestations intempestives et illégales, veut pousser le démocrate Laurent Gbagbo à la faute afin de voir la réalisation de leur rêve éveillé : La comparution du président devant le tribunal pénal international. Aussi se livre-t-elle à une comptabilité macabre en renchérissant sur le nombre des victimes, en travestissant les circonstances dans lesquelles les différents événements sont survenus afin de faire porter par le pouvoir tout le poids des responsabilités. L`"opposition" allume le feu et crie à l`incendie. C`est connu en sociologie politique : on crie au loup alors qu`on est soi-même le loup. Il est démoniaque de mettre des cadavres au cœur d`une stratégie de conquête du pouvoir. Dans une république, toute vie doit être protégée. Quand, il y a mort d`homme à la suite de manifestations, ou pour toute autre cause accidentelle, seule une enquête rigoureuse peut situer les responsabilités. Laissons donc la justice suivre son cours.
La Côte d`Ivoire est notre pays à tous. Cherchons donc à la préserver ensemble en respectant les lois que nous nous sommes données. Tous nous y gagnons, opposition comme pouvoir. Tout homme politique responsable doit savoir que lorsqu`il est dans l`opposition, il ne doit parler et agir qu`en ayant conscience du fait que demain il sera au pouvoir. Et lorsqu`il est au pouvoir, il ne doit parler et agir qu`en ayant conscience du fait que demain il sera dans l`opposition. Parce que s`il faisait n`importe quoi, demain, on serait tenté de faire de même à son égard. (Edgar Pisani, dans son discours de clôture du colloque sur l`agriculture organisé en 1993 par la fondation Jean Jaurès et le Fpi).
Vous avez décide de reprendre la célébration de la fête de la liberté, l`année du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire. Cela dénote-t-il d`une simple coïncidence ou d`un opportunisme politique ?
Les raisons de la célébration de la " fête de la liberté " sont connues : la fête se situe au confluent des 50 ans de l`indépendance de la Côte d`Ivoire, des 20 ans du retour au multipartisme, des 10 ans de l`accession au pouvoir du président Gbagbo. L`année 2010 est également perçue comme l`année de l`élection présidentielle.
Le thème général de la fête de la liberté 2010 est " Gagner les élections pour une Côte d`Ivoire libre, indépendante et souveraine ". Il résume fort bien les deux événements majeurs de l`année 2010 à savoir : l`organisation du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire et des élections générales. Ces deux événements constituent des défis importants pour la cote d`ivoire et le Fpi. L`un est une rétrôspective sur 50 ans d`indépendance et l`autre pourrait ouvrir la voie à un meilleur futur pour le pays. Dans son combat pour la liberté, le Fpi doit réfléchir pour savoir d`où il vient et où il va. Doit-on enlever a un parti politique ce devoir de questionnement ?
Interview réalisée par
JULES CLAVER AKA