On le sait, les Ivoiriens, dans leur grande majorité, face aux nombreuses difficultés existentielles qui les assaillent, ne partagent pas l'idée d'utiliser 20 milliards pour célébrer le cinquantenaire de leur pays. Sans nier l'importance et surtout la symbolique de cet événement, ils pensent que cet argent peut servir à des choses plus rentables pour le pays. Mais le comité d'organisation de cette fête, dirigé par M. Pierre Kipré, pour justifier cette dépense que certains intellectuels n'ont pas hésité à qualifier de " bêtise ", ne manque pas de citer les nombreux pays africains qui, comme la Côte d'Ivoire, ont décidé de célébrer en grandes pompes, leur cinquantenaire. Et le président Gbagbo, comme M. Pierre Kipré, est de ceux qui croient dur comme fer, qu'il faut marquer cet événement d'une pierre blanche. Sans regarder à la dépense. Et la Rti, dont tout le monde sait que sa mission, entre autres choses, est de porter le message du président au peuple, même quand l'idée véhiculée par le message n'est pas forcément défendable, en a mis plusieurs louches et ne rate aucune occasion pour vendre l'idée du cinquantenaire. A telle enseigne qu'elle voit à présent dans tous les déplacements du chef de l'Etat à l'extérieur du pays, comme la réponse à l'invitation d'un de ses pairs pour participer à la célébration du cinquantenaire de son pays. Et cette façon de procéder a eu récemment pour conséquence fâcheuse d'humilier le bénéficiaire, le chef de l'Etat, au pays de Yayi Boni, le Benin. De quoi s'agit-il ? En marge de la cérémonie de prestation de serment du président togolais, M. Faure Gnasingbé, à laquelle il a pris part, le président Gbagbo s'est rendu au Bénin pour rencontrer son homologue béninois Yayi Boni. L'objet de cette visite éclair n'a pas été précisé, mais la Rti qui est toujours des voyages présidentiels, s'est arrangée pour y voir la participation du président ivoirien au cinquantenaire du Bénin, pays dont tout le monde sait qu'il a eu son indépendance en août 1960, précisément le 1er août. Et cette fausse information a été traitée de façon spéciale dans l'édition de 20 heures et de 23 h 30 du journal télévisé, le lundi 3 mai dernier. Alors qu'une équipe de la télévision était du voyage. Et c'est le chef de l'Etat, dont on sait qu'il n'a pas sa langue dans sa poche, qui a dénoncé cette façon de faire de la Rti, dès sa descente d'avion avant-hier mardi, à l'aéroport d'Abidjan. Après avoir fait lui-même l'amère expérience de ce que son opposition politique dénonce sans résultat depuis des années. " Le Bénin n'est pas en train de fêter son cinquantenaire… ça m'a fait de la peine parce que j'étais avec des ministres béninois qui m'accompagnaient et ils ont vu ça. Ils ont dit : " M. le président, ce n'est pas vrai ". Alors j'avais un peu honte pour notre télévision, parce qu'on vous regarde non seulement en Côte d'Ivoire, mais aussi partout ". A-t-il déclaré avant d'inviter la Rti à plus de sérieux dans le traitement de l'information. Les ministres béninois qui ont suivi le journal avec le président Gbagbo, ont dû, après s'être retirés, se tordre de rire devant le peu de professionnalisme de cette télévision ivoirienne qui voit des cinquantenaires partout. Et l'opposition ivoirienne doit certainement rire sous cape et se dire que " tel est pris qui croyait prendre ! ". Pourvu que cette bourde amène la Rti à revisiter la notion de professionnalisme dans un système démocratique. Et de mondialisation.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO
