x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le vendredi 7 mai 2010 | Nuit & Jour

Désenclavement du Nord ivoirien : La contribution positive de l’ivoirité

Jusque dans un passé récent, les localités du Nord présentaient un spectacle des plus regrettables, par rapport au niveau d’enrichissement de leurs ressortissants résidents dans les villes de la partie sud du pays. « Ils sont grands commis dans l’Administration. Ils ont le commerce, les transporteurs et les secteurs de l’artisanat en main. Ils sont propriétaires des réalisations les plus rentables, en plus des maisons en locations partout. Malgré cette prospérité qui les caractérise, leurs villages sont comme des taudis ». C’est en ces termes que les Ivoiriens d’ailleurs taquinaient leurs frères du Nord lors des échanges amicaux. C’est que depuis l’aube des temps, les Ivoiriens du Nord avaient tourné le dos à leurs localités d’origine, résidant essentiellement dans les localités autres que celles du Nord. Cet exode a généré la quasi-totalité des zones urbaines ivoiriennes, et non moins créé des générations entières de citoyens qui ne savaient même pas le chemin de leurs villages. A cet effet, la légende affirme même que lorsqu’un petit Dioula disait « je vais au village », c’est qu’il allait à Daloa, Gagnoa, Sinfra, Divo, etc.

nantis de toutes les formes de richesses, les ressortissants du Nord avaient pourtant derrière eux, des villages et surtout des parents demeurés en zones rurales, dont ils ne se préoccupaient que très peu. Les images du Nord faites de désolations, de dénuement et de tristesse ont d’ailleurs été montrées au reste du monde, lors de la récente grande tournée du Président Laurent Gbagbo. C’est avec étonnement que l’on a découvert le village de certains cadres et gens fortunés du Nord, qui vivent pourtant comme des princes à Abidjan. Le chef de l’Etat a donc profité de ses visites pour demander aux cadres du Nord d’investir chez eux, messages venant compléter la prise de conscience déjà opérée à la faveur de la polémique sur l’ivoirité.

Or donc ces cadres du Nord ont des villages

Créée par Henri Konan Bédié, l’ivoirité était censée mettre en exergue les valeurs culturelles à même d’identifier le citoyen ivoirien. Ce concept a malheureusement été par la suite récupéré par les ultranationalistes de certains bords politiques, qui l’ont vidé de son contenu originel. Habités par des instincts d’une autre époque, ceux-ci y ont trouvé le moyen idéal de classifier les Ivoiriens en deux catégories : ceux ‘’de souche multiséculaires’’, et ceux ‘’ayant d’autres points de chute’’, selon leurs propres termes. Automatiquement classés dans la seconde catégorie, les cadres et gens fortunés du Nord se sont donc réveillés d’un long sommeil, pour se convaincre de l’évidence : le morceau de bois aura tant duré dans l’eau, il ne se transformera jamais en caïman.

Après tant d’années et d’efforts de constructions, ils ont été blessés dans leur amour propre qu’on leur dise « vous n’êtes pas d’ici, allez chez vous ». Jadis individuellement et par petits groupes par la suite, c’est en masse que ces cadres et gens fortunés parcourent aujourd’hui le chemin de leurs localités d’origine. La prise de conscience des citoyens du Nord a aussi été motivée par des soucis sécuritaires. Dans leurs thèses tribalistes, séparatistes et xénophobes, les ultranationalistes taxaient d’étranger, tout ce qui s’apparentaient au Nord, les citoyens en première ligne. Parce qu’ils étaient qualifiés de Burkinabè, de Maliens et de Guinéens, ceux-ci se résolurent donc à prouver qu’ils sont originaires de villages géographiquement localisables en Côte d’Ivoire. Le Nord a donc largement profité du contenu séparatiste et ivoiritaire donné à l’ivoirité par ceux qui l’ont défigurée. Le développement communautaire s’est amplifié, avec le nombre sans cesse croissant des participants aux réunions de villages, toute chose ayant entraîné un investissement massif dans les zones rurales du Nord. Les cadres du Nord se concurrencent depuis quelques années dans la recherche du financement des projets de développement de leurs villages respectifs. A l’instar des villes du Sud, les localités du Nord s’agrandissent donc de plus en plus, à l’aide d’investissements à caractère productif, réalisés par leurs ressortissants. Ceux-ci ne se gênent plus d’y construire des maisons louées aux fonctionnaires de passage, en même temps que leurs maisons de retraite. En somme, les cadres et gens fortunés du Nord n’ont plus honte de situer leurs villages ou même d’y aller très souvent, parce que ces derniers ne sont plus les taudis dont on parlait jadis. De là à affirmer que l’ivoirité a eu une contribution positive dans le désenclavement des localités du Nord ivoirien, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi les ressortissants desdites cités, avec la garantie de ne plus être taxés de ‘’citoyens ayant d’autres points de chute’’.

Franck Boyo
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ