Quand l’Etat veut enfoncer les entreprises privées
La question de la révision du barème des salaires minima conventionnels et du réajustement du Smig a refait surface, lors de la dernière fête du travail. Selon les responsables de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), l’heure serait venue pour l’application du Smig. Une situation qui pourrait enfoncer certaines entreprises privées.
La Côte d’Ivoire éprouve de graves difficultés économiques avec un taux de croissance négatif depuis 2000: -2,5% en 2000, 0% en 2001, -1,6% en 2002 et -5% en 2003. Début novembre 2009, la Banque mondiale a classé la Côte d'Ivoire dans la catégorie des pays à dette improductive. Les financements ont été stoppés. Notre classement au ‘’Doing Business 2010’’ est 168e sur 183 pays. La Côte d’Ivoire a reculé de 5 points par rapport à l’année précédente où elle occupait la 163e place. D’ailleurs, une rencontre entre la Banque Mondiale, le Gouvernement ivoirien et les opérateurs économiques en vue de rechercher les moyens pour l’amélioration de la position de la Côte d’Ivoire est prévue. Au World Economic Forum de 2010, le pays occupait le rang de 116e sur 133 pays et pour le Transparency international du 151e sur 180 pays. Ces classements sont suffisamment éloquents eu égard à notre recul dans le concert des nations et de sa visibilité par les investisseurs. Le plus dramatique pour la Côte d’Ivoire est sans aucun doute le niveau catastrophique des indices de développement humain qui ressortent des statistiques des Nations Unies. 49% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. 14 personnes sur 100 souffrent de malnutrition. Le taux de scolarisation net à l’école primaire est passé de 75% en 1980 à 56% en 2008 contre 98% en Tunisie. Pourtant, nos pays présentaient des similitudes dans les années 60, 70. Sur le plan du système sanitaire, la Côte d’Ivoire compte un médecin pour 10.000 habitants contre 13 en Tunisie. 4 lits d’hôpitaux pour 10.000 habitants contre 19 en Tunisie. L’espérance de vie est passée de 56 ans en 1980 à 45 ans en 2008. Vivre en Côte d’Ivoire, c’est s’exposer à vivre de 20 à 30 ans moins longtemps que dans des pays qui avaient le même niveau de développement dans la période des indépendances. Des forces vives disparaissent prématurément au moment où leur expérience acquise devait servir à la communauté, au reste du monde. « C’est tout cela la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, la situation est grave » avait soutenu récemment le président de la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, Jean Kacou Diagou. C’est dans ce contexte, que surgit la question de la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Une revalorisation des salaires qui a été la principale préoccupation des travailleurs ivoiriens exprimée à la faveur de la fête du travail célébrée le samedi 1er mai 2010. Cette préoccupation selon eux, se justifie par la cherté de la vie. Ainsi, pour le secrétaire général de la Confédération Ivoirienne des Syndicats libres « Dignité », Mahan Gahé, la crise socio-économique a amenuisé le pouvoir d’achat de la population et amplifié les difficultés liées au logement et au transport. « Nous avons convenu d'un montant qui est de 60.000 F CFA. Mais, il faut pouvoir l'harmoniser, revoir les minimas de salaire au niveau des barèmes, des secteurs d'activités de telle sorte que sur les catégories les plus basses, on ne se retrouve pas en deçà du SMIG ». Ces propos de M. Ebagnérin Joseph, premier secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (Ugtci) viennent conforter la position des travailleurs. Cependant, une chose est de procéder à cette revalorisation. Et une autre est de savoir si cela est possible après ces quelques statistiques que nous avons énumérées plus haut. Parce que tous savent que les entreprises du privé, dans leur grande majorité, tirent le diable par la queue. Elles éprouvent d’énormes difficultés pour, non seulement faire face aux ‘’salaires de misère’’ qu’elles ont promis à leurs employés, mais aussi, elles sont traquées par les impôts. Elles ont maille à partir avec le Trésor Public qui se fait prier pour payer les factures. Aussi, depuis le début de la crise en septembre 2002, l'économie ivoirienne connaît-elle un fonctionnement inédit, avec une administration fiscale et des emplois publics occultes. « La lutte contre la fraude est l`affaire de tous et nous devons aider la direction générale des Impôts à réussir ce combat. Toutefois, certaines pratiques anéantissent les efforts des impôts. Des taxes parafiscales sont instaurées par certains ministères qui se greffent sur le niveau de l`imposition. Les entreprises souffrent énormément de ces taxes qui ne vont pas forcement dans les caisses de l’Etat. Cette fiscalité sauvage instituée est anormale, illégale », avait asséné le président Jean Kacou Diagou. Une autre situation qui demande le retardement de la mise en application de cette règle. Ainsi, si les impayés et des créances irrécouvrables et la baisse du niveau du chiffre d’affaires constituent les causes externes, l’inadaptation du niveau de charges fixes à l’activité, l’inadéquation du financement de l’activité, la trop forte concentration du nombre de clients et le surinvestissement ou une croissance externe mal maîtrisée, en sont, elles liées directement à l’entreprise. Avec ce lot de charges, comment peuvent-elles satisfaire à cette demande de la revalorisation du SMIG ? Seuls les initiés pourront répondre.
Jules César
La question de la révision du barème des salaires minima conventionnels et du réajustement du Smig a refait surface, lors de la dernière fête du travail. Selon les responsables de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), l’heure serait venue pour l’application du Smig. Une situation qui pourrait enfoncer certaines entreprises privées.
La Côte d’Ivoire éprouve de graves difficultés économiques avec un taux de croissance négatif depuis 2000: -2,5% en 2000, 0% en 2001, -1,6% en 2002 et -5% en 2003. Début novembre 2009, la Banque mondiale a classé la Côte d'Ivoire dans la catégorie des pays à dette improductive. Les financements ont été stoppés. Notre classement au ‘’Doing Business 2010’’ est 168e sur 183 pays. La Côte d’Ivoire a reculé de 5 points par rapport à l’année précédente où elle occupait la 163e place. D’ailleurs, une rencontre entre la Banque Mondiale, le Gouvernement ivoirien et les opérateurs économiques en vue de rechercher les moyens pour l’amélioration de la position de la Côte d’Ivoire est prévue. Au World Economic Forum de 2010, le pays occupait le rang de 116e sur 133 pays et pour le Transparency international du 151e sur 180 pays. Ces classements sont suffisamment éloquents eu égard à notre recul dans le concert des nations et de sa visibilité par les investisseurs. Le plus dramatique pour la Côte d’Ivoire est sans aucun doute le niveau catastrophique des indices de développement humain qui ressortent des statistiques des Nations Unies. 49% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. 14 personnes sur 100 souffrent de malnutrition. Le taux de scolarisation net à l’école primaire est passé de 75% en 1980 à 56% en 2008 contre 98% en Tunisie. Pourtant, nos pays présentaient des similitudes dans les années 60, 70. Sur le plan du système sanitaire, la Côte d’Ivoire compte un médecin pour 10.000 habitants contre 13 en Tunisie. 4 lits d’hôpitaux pour 10.000 habitants contre 19 en Tunisie. L’espérance de vie est passée de 56 ans en 1980 à 45 ans en 2008. Vivre en Côte d’Ivoire, c’est s’exposer à vivre de 20 à 30 ans moins longtemps que dans des pays qui avaient le même niveau de développement dans la période des indépendances. Des forces vives disparaissent prématurément au moment où leur expérience acquise devait servir à la communauté, au reste du monde. « C’est tout cela la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, la situation est grave » avait soutenu récemment le président de la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, Jean Kacou Diagou. C’est dans ce contexte, que surgit la question de la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Une revalorisation des salaires qui a été la principale préoccupation des travailleurs ivoiriens exprimée à la faveur de la fête du travail célébrée le samedi 1er mai 2010. Cette préoccupation selon eux, se justifie par la cherté de la vie. Ainsi, pour le secrétaire général de la Confédération Ivoirienne des Syndicats libres « Dignité », Mahan Gahé, la crise socio-économique a amenuisé le pouvoir d’achat de la population et amplifié les difficultés liées au logement et au transport. « Nous avons convenu d'un montant qui est de 60.000 F CFA. Mais, il faut pouvoir l'harmoniser, revoir les minimas de salaire au niveau des barèmes, des secteurs d'activités de telle sorte que sur les catégories les plus basses, on ne se retrouve pas en deçà du SMIG ». Ces propos de M. Ebagnérin Joseph, premier secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (Ugtci) viennent conforter la position des travailleurs. Cependant, une chose est de procéder à cette revalorisation. Et une autre est de savoir si cela est possible après ces quelques statistiques que nous avons énumérées plus haut. Parce que tous savent que les entreprises du privé, dans leur grande majorité, tirent le diable par la queue. Elles éprouvent d’énormes difficultés pour, non seulement faire face aux ‘’salaires de misère’’ qu’elles ont promis à leurs employés, mais aussi, elles sont traquées par les impôts. Elles ont maille à partir avec le Trésor Public qui se fait prier pour payer les factures. Aussi, depuis le début de la crise en septembre 2002, l'économie ivoirienne connaît-elle un fonctionnement inédit, avec une administration fiscale et des emplois publics occultes. « La lutte contre la fraude est l`affaire de tous et nous devons aider la direction générale des Impôts à réussir ce combat. Toutefois, certaines pratiques anéantissent les efforts des impôts. Des taxes parafiscales sont instaurées par certains ministères qui se greffent sur le niveau de l`imposition. Les entreprises souffrent énormément de ces taxes qui ne vont pas forcement dans les caisses de l’Etat. Cette fiscalité sauvage instituée est anormale, illégale », avait asséné le président Jean Kacou Diagou. Une autre situation qui demande le retardement de la mise en application de cette règle. Ainsi, si les impayés et des créances irrécouvrables et la baisse du niveau du chiffre d’affaires constituent les causes externes, l’inadaptation du niveau de charges fixes à l’activité, l’inadéquation du financement de l’activité, la trop forte concentration du nombre de clients et le surinvestissement ou une croissance externe mal maîtrisée, en sont, elles liées directement à l’entreprise. Avec ce lot de charges, comment peuvent-elles satisfaire à cette demande de la revalorisation du SMIG ? Seuls les initiés pourront répondre.
Jules César