L’actualité sociale est agitée en raison des grèves, du délestage et des manifestations de rue. Quel est votre commentaire ?
L’actualité sociale dans notre pays est à l’image de l’actualité politique et économique. Notre pays n’a pas encore retrouvé la sérénité. L’actualité sociale en côte d’ivoire est celle d’un pays en crise avec un manque à gagner important pour les finances publiques.
La Cote d’Ivoire est quand même premier producteur de cacao et producteur de pétrole ! L’argument de la crise n’est –il pas trompeur ?
Ecoutez, à ce jour, les plus grands pays producteurs de pétrole en Afrique reçoivent des appuis budgétaires extérieurs alors qu’ils connaissent la paix. Ces pays perçoivent en réalité moins de 15% des recettes pétrolières pour la simple raison qu’ils n’ont pas les moyens pour exploiter cette richesse. La côte d’ivoire n’est pas en reste. Pour ma part, je pense même que le président Gbagbo fait mieux. D’autres personnes seraient à sa place, la côte d’ivoire aurait déjà connu la faillite. Je rappelle toujours une phrase du premier ministre Alassane Ouattara dans « jeune Afrique » du 02 novembre 2008.Voulant indiquer les sources de financement de son programme aussi cher, il a dit ceci : « Beaucoup de pays africains reçoivent une aide extérieure supérieure à leurs ressources nationales. Je prévois que notre dette extérieure qui est de 6000 milliards de franc CFA sera considérablement allégée, voire effacée dans les deux ans et que les financements de la communauté internationale, du FMI et de la banque mondiale qui sont bloqués depuis 10 ans, seront disponibles. Je compte également sur le redémarrage des investissements privés et de la croissance dans un environnement apaisé et pacifié. »Dans cette réponse, vous retrouvez tout le réalisme de Mr Ouattara. Pendant que ses partisans croient dur comme fer que leur champion règlera tous les problèmes des ivoiriens, lui , est plus lucide en posant des conditions. Gbagbo n’est pas responsable du surendettement de la côte d’ivoire au point que les bailleurs de fonds refusent de nous prêter de l’argent. Il n’est pas à l’origine de la guerre. Or le pire ennemi d’un investisseur, c’est la guerre, l’instabilité. Aussi, sans investisseurs, il n’y a pas de créations d’emplois. Souvenez-vous que Mrs Ouattara et Bédié avaient utilisé le prétexte de la crise économique pour justifier la suppression de la gratuité de soins dans les hôpitaux, les salaires à double vitesses des enseignants, la hausse et la création de certaines taxes, la suppression de certains avantages des fonctionnaires, élèves et étudiants. L’un ou l’autre serait à la place de Gbagbo dans cette crise que nous connaissons, les salaires des fonctionnaires auraient été déjà réduits, le coût de la vie aurait été hors de portée que ce qu’il est aujourd’hui. Si vous avez bien suivi les premiers moments de la gouvernance de Gbagbo, vous constaterez qu’il a lui aussi augmenté certaines taxes. Mais le but était comme tout bon socialiste d’augmenter les capacités financières de l’état en vue d’investir dans le social. Puis est survenue la guerre, bloquant les appuis budgétaires extérieurs, l’investissement privé et la croissance. Les ressources étant ainsi réduites, il fallait malheureusement axer le budget à 90% sur le fonctionnement de l’état, sacrifiant les reformes sociales. Je pense que l’équipe de campagne de Laurent Gbagbo doit expliquer certaines choses dans les détails. C’est une erreur de penser que les ivoiriens le savent déjà.
N’êtes-vous pas satisfait de la direction de campagne de Laurent Gbagbo ?
Nous avons décidé de soutenir Laurent Gbagbo car pour nous, l’AMU dépend de sa réélection. Son équipe fait un travail remarquable de proximité. Elle ne doit pas cependant être complexée de tenir un discours résolument social. Il lui faut expliquer les engagements sociaux de Laurent Gbagbo, à commencer par l’AMU. Nous sommes surpris par exemple que la proposition de la suppression de l’entrée en 6è n’ait pas été bien exploitée et expliquée. Cette mesure a certes un caractère scolaire, académique, mais a aussi un caractère hautement social dans un pays africain. Les enfants qui sont massivement recalés par ce concours, sont ceux des pauvres qui n’ont pas les moyens pour des répétiteurs ou payer une 6è dans le privé après un échec, alors qu'ils ont de bonnes notes en classe. Cette mesure soulagera ces orphelins de la société. Même la décentralisation, au-delà de la réorganisation administrative a un caractère social qu’il faut expliquer aux ivoiriens. Prenez l’exemple de l’Allemagne qui est historiquement décentralisée. Chaque länder organise son développement industriel et sa politique sociale selon ses besoins. Pareil pour la France où certaines aides sociales comme le RMI ou maintenant le RSA sont à la charge des conseils généraux. Ce sont des modèles de réussite que les ivoiriens doivent connaître pour bien vendre notre politique de décentralisation. Dans l’ensemble, nous souhaitons un retour aux fondamentaux du discours social de Laurent Gbagbo. Nous souhaitons une offensive sociale pour faire renaître l’espoir.
Pensez-vous que l’AMU peut être mise en œuvre maintenant ?
L’AMU ne peut être mise en œuvre dans un pays divisé au plan administratif, financier, géographique et démographique. Elle ne peut exclure d’autres ivoiriens en l’occurrence ceux du nord en raison de son caractère universel. Cependant, il est nécessaire de lancer la réflexion maintenant car certaines dispositions de la loi sont dépassées après 10 ans. Le président Gbagbo, recevant les travailleurs le 1er mai leur a demandé d’exiger d’être déclarés à la CNPS et interpelé les employeurs afin qu’ils reversent les cotisations à la CNPS. Ceci est très important pour une assurance maladie. Vous savez, selon le modèle bismarckien dont nous nous sommes aussi inspirés, le travailleur doit financer sa protection sociale à travers son salaire. D’où la logique assurantielle. Ce qu’a dit le président est d’une portée sociale très importante pour le financement d’une assurance maladie.
Huberson Digbeu
L’actualité sociale dans notre pays est à l’image de l’actualité politique et économique. Notre pays n’a pas encore retrouvé la sérénité. L’actualité sociale en côte d’ivoire est celle d’un pays en crise avec un manque à gagner important pour les finances publiques.
La Cote d’Ivoire est quand même premier producteur de cacao et producteur de pétrole ! L’argument de la crise n’est –il pas trompeur ?
Ecoutez, à ce jour, les plus grands pays producteurs de pétrole en Afrique reçoivent des appuis budgétaires extérieurs alors qu’ils connaissent la paix. Ces pays perçoivent en réalité moins de 15% des recettes pétrolières pour la simple raison qu’ils n’ont pas les moyens pour exploiter cette richesse. La côte d’ivoire n’est pas en reste. Pour ma part, je pense même que le président Gbagbo fait mieux. D’autres personnes seraient à sa place, la côte d’ivoire aurait déjà connu la faillite. Je rappelle toujours une phrase du premier ministre Alassane Ouattara dans « jeune Afrique » du 02 novembre 2008.Voulant indiquer les sources de financement de son programme aussi cher, il a dit ceci : « Beaucoup de pays africains reçoivent une aide extérieure supérieure à leurs ressources nationales. Je prévois que notre dette extérieure qui est de 6000 milliards de franc CFA sera considérablement allégée, voire effacée dans les deux ans et que les financements de la communauté internationale, du FMI et de la banque mondiale qui sont bloqués depuis 10 ans, seront disponibles. Je compte également sur le redémarrage des investissements privés et de la croissance dans un environnement apaisé et pacifié. »Dans cette réponse, vous retrouvez tout le réalisme de Mr Ouattara. Pendant que ses partisans croient dur comme fer que leur champion règlera tous les problèmes des ivoiriens, lui , est plus lucide en posant des conditions. Gbagbo n’est pas responsable du surendettement de la côte d’ivoire au point que les bailleurs de fonds refusent de nous prêter de l’argent. Il n’est pas à l’origine de la guerre. Or le pire ennemi d’un investisseur, c’est la guerre, l’instabilité. Aussi, sans investisseurs, il n’y a pas de créations d’emplois. Souvenez-vous que Mrs Ouattara et Bédié avaient utilisé le prétexte de la crise économique pour justifier la suppression de la gratuité de soins dans les hôpitaux, les salaires à double vitesses des enseignants, la hausse et la création de certaines taxes, la suppression de certains avantages des fonctionnaires, élèves et étudiants. L’un ou l’autre serait à la place de Gbagbo dans cette crise que nous connaissons, les salaires des fonctionnaires auraient été déjà réduits, le coût de la vie aurait été hors de portée que ce qu’il est aujourd’hui. Si vous avez bien suivi les premiers moments de la gouvernance de Gbagbo, vous constaterez qu’il a lui aussi augmenté certaines taxes. Mais le but était comme tout bon socialiste d’augmenter les capacités financières de l’état en vue d’investir dans le social. Puis est survenue la guerre, bloquant les appuis budgétaires extérieurs, l’investissement privé et la croissance. Les ressources étant ainsi réduites, il fallait malheureusement axer le budget à 90% sur le fonctionnement de l’état, sacrifiant les reformes sociales. Je pense que l’équipe de campagne de Laurent Gbagbo doit expliquer certaines choses dans les détails. C’est une erreur de penser que les ivoiriens le savent déjà.
N’êtes-vous pas satisfait de la direction de campagne de Laurent Gbagbo ?
Nous avons décidé de soutenir Laurent Gbagbo car pour nous, l’AMU dépend de sa réélection. Son équipe fait un travail remarquable de proximité. Elle ne doit pas cependant être complexée de tenir un discours résolument social. Il lui faut expliquer les engagements sociaux de Laurent Gbagbo, à commencer par l’AMU. Nous sommes surpris par exemple que la proposition de la suppression de l’entrée en 6è n’ait pas été bien exploitée et expliquée. Cette mesure a certes un caractère scolaire, académique, mais a aussi un caractère hautement social dans un pays africain. Les enfants qui sont massivement recalés par ce concours, sont ceux des pauvres qui n’ont pas les moyens pour des répétiteurs ou payer une 6è dans le privé après un échec, alors qu'ils ont de bonnes notes en classe. Cette mesure soulagera ces orphelins de la société. Même la décentralisation, au-delà de la réorganisation administrative a un caractère social qu’il faut expliquer aux ivoiriens. Prenez l’exemple de l’Allemagne qui est historiquement décentralisée. Chaque länder organise son développement industriel et sa politique sociale selon ses besoins. Pareil pour la France où certaines aides sociales comme le RMI ou maintenant le RSA sont à la charge des conseils généraux. Ce sont des modèles de réussite que les ivoiriens doivent connaître pour bien vendre notre politique de décentralisation. Dans l’ensemble, nous souhaitons un retour aux fondamentaux du discours social de Laurent Gbagbo. Nous souhaitons une offensive sociale pour faire renaître l’espoir.
Pensez-vous que l’AMU peut être mise en œuvre maintenant ?
L’AMU ne peut être mise en œuvre dans un pays divisé au plan administratif, financier, géographique et démographique. Elle ne peut exclure d’autres ivoiriens en l’occurrence ceux du nord en raison de son caractère universel. Cependant, il est nécessaire de lancer la réflexion maintenant car certaines dispositions de la loi sont dépassées après 10 ans. Le président Gbagbo, recevant les travailleurs le 1er mai leur a demandé d’exiger d’être déclarés à la CNPS et interpelé les employeurs afin qu’ils reversent les cotisations à la CNPS. Ceci est très important pour une assurance maladie. Vous savez, selon le modèle bismarckien dont nous nous sommes aussi inspirés, le travailleur doit financer sa protection sociale à travers son salaire. D’où la logique assurantielle. Ce qu’a dit le président est d’une portée sociale très importante pour le financement d’une assurance maladie.
Huberson Digbeu