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Politique Publié le mardi 18 mai 2010 | Notre Voie

Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix -L’alliance Bédié-Ouattara menacée

© Notre Voie Par DR
Sortie de crise: le RHDP veut reprendre la rue
Photo d`archives. Au premier plan, de g. à dr. Dr Alassane Ouattara (RDR) et Henri Konan Bédié (PDCI). Au centre, Dr Albert Mabri Toikeusse (UDPCI)
C’est un discours de rupture, empreint d’humanisme et de bon sens. Comme l’homme politique n’en a pas produit depuis sa chute du pouvoir en décembre 1999. Henri Konan Bédié, président du Pdci, a surpris plus d’un, le vendredi 14 mai, à sa résidence de Cocody, lors de sa conférence de presse. Il a fait une analyse sociopolitique pertinente des conséquences de la marche que projetait d’organiser le Rhdp le 15 mai dernier. Le rassemblement dont il fait pourtant partie. Le leader du Pdci a joué sur un triple tableau pour se positionner, au moins théoriquement, en homme de paix et de mesure. Face à la volonté de ses alliés du Rhdp d’en découdre, dans le sang, avec le pouvoir en place. D’abord, Henri Konan Bédié a déclaré être un disciple de feu Houphouët- Boigny. Il dit s’être imprégné de sa philosophie de paix (?). Il entend poursuivre cet idéal de paix et user, en bonne période comme en mauvaise, du dialogue comme seul moyen de règlement des conflits. «C’est le lieu de rappeler aux militants du Pdci-Rda, a-t-il affirmé, et à tous ceux qui se réclament de l’Houphouétisme que le père-fondateur nous a appris qu’en cas de conflit, il faut recourir au dialogue. Si le dialogue échoue, il faut encore faire usage du dialogue en cas de conflit armé, pour s’en sortir». Ensuite, le chef du Pdci a adopté la stature d’ancien chef de l’Etat pour dire combien il est soucieux de l’avenir de la Côte d’Ivoire. Combien il a le sens élevé des affaires de l’Etat. Et combien il tient, comme à la prunelle de ses yeux, à la survie de cet Etat-là. «Ayant contribué à bâtir ce pays pendant quarante ans, avec la sueur et l’intelligence du peuple ivoirien, il s’est imposé à moi la sagesse de Salomon. Que l’enfant vive !», a-t-il confessé. Enfin, Bédié s’est fait passer pour un humaniste des temps modernes soucieux du bien-être de l’homme. «J’ai le devoir de les (les militants) conduire au Palais de la Présidence de la République et non au cimetière». Il a, par ailleurs, ajouté : «Les élections restent, en l’état actuel des choses, la seule et unique voie pour doter notre pays d’institutions légitimes, pour renouer avec la paix et reprendre notre développement». Ce discours au parfum de paix a des allures démagogiques. Henri Konan Bédié n’a pas ce portrait robot. Il se présente, le temps d’une prise de conscience, comme un artisan de paix, qui rejette des deux mains la violence verbale et physique comme mode d’accession au pouvoir d’Etat. Depuis le déclenchement de la rébellion armée, le 19 septembre 2002, il n’a pas formellement pris position en faveur de la paix. Il n’a pas défendu la mère patrie, qui lui est si chère aujourd’hui. Le Pdci qu’il dirige n’a jamais dénoncé la constitution d’un faux charnier près de Yopougon (en octobre 2000) et la tentative de coup d’Etat (en janvier 2001) contre le régime en place. Pis, il a fait une alliance avec Alassane Ouattara qu’il indexait hier comme un usurpateur de nationalité, un déstabilisateur. Pour des raisons politiciennes, il s’est curieusement retrouvé au sein du Rhdp avec lui. Ensemble, ils ont déjà organisé une marche, le 25 mars 2004, aux allures guerrières qui s’est soldée par des pertes en vies humaines. Nous retiendrons donc, de ce discours, la volonté de Konan Bédié de marquer une rupture avec les méthodes de ses amis du Rhdp. Et de se démarquer d’eux. Il n’a pas compris qu’une véritable «insurrection» était en préparation à son insu et qu’elle devait entrer dans sa phase active lors de la marche du 15 mai. La saisie d’armes de guerre à Anyama l’a édifié sur les intentions réelles de son allié Ouattara. Il n’a pas apprécié que “l’ami” du Rdr ne lui ait pas soufflé mot. Il n’a pas compris que le Rdr lui ait caché un pan de la stratégie. Que voulait-il faire au juste ? Quel était son plan «B» ? Quelle aurait été l’ampleur de son action ? Avait-il l’intention d’attenter à la vie de certains hommes politiques dont la sienne ? Henri Konan Bédié n’a pas voulu prendre de risque. Il a opté, avec insistance, pour le report de la marche. Le président Bédié comprend également l’inutilité de l’utilisation de la force comme mode d’accession au pouvoir, parce qu’elle est vouée à l’échec en Côte d’Ivoire. Comme “des pieds nickelés”, Ouattara et lui ont échoué, depuis octobre 2000, à enlever de force Laurent Gbagbo au pouvoir. Le président du Pdci vient ainsi, sans le savoir, de mettre à mal son alliance avec son “allié” du Rdr. La méthode d’Alassane Ouattara est connue. Et c’est elle qui a prévalu jusque-là au sein du Rhdp. Il s’agit de prendre le pouvoir d’Etat par la force. Par tous les moyens. Une expression qui a servi de cri de ralliement au Rhdp. En témoignent les manifestations éclatées organisées par le Rhdp, en février dernier, sur l’étendue du territoire après la dissolution du gouvernement et de la Cei. Ces manifestations violentes, qui étaient des actes de désobéissance civile, ont causé des pertes en vies humaines à Gagnoa et la destruction de plusieurs édifices publics et privés à Abidjan, Bouaké, Korhogo, Katiola, Odienné, Vavoua notamment. En témoignent aussi les félicitations qu’il a adressées à la rébellion armée qui a endeuillé la Côte d’Ivoire. C’est la méthode Ouattara. La nouvelle posture de Konan Bédié peut être perçue comme “une déclaration de guerre” par Alassane Ouattara. Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
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